Bonjour ma chère cate,
C'est bien dépourvue que je viens vers toi ...
Oui, j'ai les mains vides, et à quoi bon un cadeau, quand rien ne pourrait te faire plaisir ...
Et j'ai la tête des mauvais jours, mais bon, les gens qui rient et parlent passionnément de leurs projets nous éberluent, n'est-ce pas ?
Et voilà, je viens vers toi avec mes yeux qui ont vu ce qu'ils n'auraient pas dû voir ...
Avec mon cœur qui n'aurait pas dû brûler, avec mon esprit qui n'aurait pas dû se fracturer une nouvelle fois ...
Avec mes mots qui savent qu'ils ne trouveront pas ce qu'ils cherchent, tout au plus des échos lointains ... si lointains ...
Avec mes raisonnements dérisoires ...
Et j'ai même paumé mon humour en lisant ton histoire ... il s'est faufilé, il a glissé de ma poche, il s'est dit "j'me barre, salut, quand faut y aller faut y aller, c'est pour les soldats!" ...
Et l'humour est un piètre soldat ...
Et me voilà, sur ton champ de bataille, seule, petite cate ...
C'est noir, c'est gris, dévasté, tu es seule à l'horizon ...
Pourtant plus je m'approche de toi et plus je ressens que ma place n'est pas en un endroit plus confortable, d'ailleurs, si tu veux bien, un jour, je t'inviterai dans mes décors à l'envers à peindre et à dessiner ...
J'habite plus les communs ...
Mon neveu Kalahan avait 14 ans et demi quant il est passé à l'acte suicidaire, réussi du premier coup, comme tout ce qu'il entreprenait ...
Alors ... je viens te tenir compagnie cet après-midi, si tu veux bien, cate, toi et moi au milieu des ruines ... tu mes raconteras des choses si tu veux, ou on dira rien, on partagera une boisson bien chaude un thé aux agrumes et au miel ...
Tendrement, solidairement, Martine.