Bonsoir Johann,
Il est minuit passé et je suis devant l'ordi dans le bureau alos que je devrai etre couchée et dormir auprès de mon mari. Et bien non, je suis là en larmes, à voir à peine les touches de l'ordi et à essayer de comprendre mon état. Cela ne changera rien, maman ne reviendra jamais. Je le sais et je crois que je perds pied, petit à petit. Je pleure toujours, à n'importe quel moment. Un rien me fait penser à elle, un fruit, un met, c'est horrible, je voudrai ne plus souffrir, je suis fatiguée. J'ai l'impression que plus rien n'a d''importance, c'est terrible. Je ne veux pas me droguer avec des anti-dépresseurs, j'ai déjà de la morphine, suite à des fractures dans le bassin (des fractures de fatigue). Cela fait plus d'un an que "maman" est partie, c'est long à la fois et j'ai l'impression en meme temps que c'était hier.
Lorsque maman était à la chambre funéraire, j'étais contente d'aller la voir : j'y suis allée chaque jour pendant une semaine : je la peignais, je lui ai meme mis de son parfum et de sa crème de jour sur son visage ; je lui caressais le bras, lui tenais la main et je lui parlais, parlais. Je restais assise à la regarder, inerte sur la table ; c'est terrible de dire cela mais j'aurais bien voulu la garder comme ça, simplement comme ça, cela m'aurait suffit, j'appréhendais cette terrible journée du 9 juillet, le lendemain de mon anniversaire. Et j'avais raison, car je la revis cette horrible journée en boucle.
J'appréhende de me réveiller le matin, car rien n'a changé : c'est idem, je me réveille, déjà avec la boule dans la gorge, les yeux pleins de larmes. Et c'est comme ça depuis plus d'un an. J'ai peur d'exaspérer mon mari de me voir toujours en pleurs, je me mets dans une pièce à l'écart, mais il s'en doute. Heureusement que trois fois par semaine, il fait du bénévolat, et je suis mieux toute seule pour pleurer, personne pour me juger. Je suis tellement stressée que j'en ai mal à l'estomac.
Ici, tout est calme, tout le monde dort, chacun est en paix, sauf moi, à ruminer. On n'est jamais préparé à perdre un etre cher, c'est un terrible choc émotionnel, qui est difficile pour moi à surmonter. Il est bientot 1h du matin, je vais essayer d'aller dormir un peu.
Serrons nous les coudes pour surmonter ces terribles moments et ensemble nous parviendrons peut-etre à espérer vivre des jours meilleurs.