Voilà ; je viens de vivre un drame affreux.

Mon fils unique schizophrène vient de se défenestrer. il y a trois semaines à peine.  Il était hospitalisé et c'est au cours d'une " sortie" accompagnée qu'il s'est "envolé". L'éducateur qui était avec lui, à la demande de mon fils, l'a laissé seul dans son appartement du 5ème étage. Il voulait rester un peu avec ses deux petits chats, l'éducateur devait aller le chercher vers 17 heures pour le ramener à l'hopital.

Je le savais très mal ; le dernier médicament ne lui réussissait pas ; il lui donnait des contractions et des  angoisses terribles.
Quand j'allais le voir, chaque semaine, lui qui d'habitude utilisait tout le temps dont il disposait, pour boire un pot, choisir un restaurant, acheter un livre ou un cd, échanger avec moi ( nous avions des discussions riches et profondes, très souvent) etc ... depuis quelques semaines, il était "éteint" et me demandait de le ramener avant l'heure à l'hôpital.
J'avais bien sûr signalé cela au personnel médical et aux psychiâtres qui suivaient mon fils et que je voyais régulièrement.

En vain.

Quand cela s'est passé, j'étais à l'étranger, pour justement "décompresser", une petite semaine ; je croyais avoir tout préparé pour qu'un tel drame soit irréalisable ! J'avais prévenu et prévenu qu'il fallait faire attention ! ...

Le drame est arrivé et je me sens comme amputé. Je suis encore sous le choc ; c'est sûr !

J'ai vu le Professeur qui s'occupait de mon fils ; il m'a longuement reçue et entendue. Pour lui, mon fils a eu une pulsion, subissant des angoisses intolérables ; ce sont elles qui l'ont conduit à l'action. Il m'a avoué que les médecins étaient démunis face à cette cruelle et terrible maladie incurable. Ils n'ont pas assez de moyens, par rapport par exemple à la mucovicidose et d'autres maladies. Il serait intéressé à ce que j'écrive mon témoignage ( sur la maladie de mon fils ; un cas d'école, pour lui). Selon lui encore, cela aiderait la médecine ( en ce qui concerne la schizophrénie si méconnue et qui fait si  peur). Les familles aussi pourraient être intéressées par ce "témoignage". Ce Professeur, médecin  prendrait tout en compte et commenterait cliniquement chaque chapître. Si ce "livre" prenait forme d'abord et s'il  était vendu par chance, le produit des ventes irait bien sûr à défendre  cette cause : la schizophrénie.

J'avoue que je suis dubitative. Je suis actuellement dans la douleur et quand je pense à cette proposition, je me demande si cela serait pour moi un exutoire ou au contraire si ça ne remuerait pas trop de mauvais souvenirs en moi. Souvenirs qui accentueraient encore mon chagrin. D'un autre côté, le "départ" de mon fils pourrait servir ; alors !

Peut-être que ce post n'entre pas dans le cadre habituel de ce que l'on "attend" ici ; je ne sais pas. Si c'était le cas, je vous prie de bien vouloir m'excuser et de "sauter" ma demande ; de ne pas en tenir compte.

Merci à tous ceux qui voudront bien me donner leur avis car j'ai vraiment besoin de votre soutien, quel qu'il soit.

Yuna

  Merci à vous, Thalie, de m'avoir répondu aussi rapidement.

Je sais bien que c'est à moi seule de prendre la décision ; juste j'aimerais recevoir des mots de soutien, en cette période ô combien douloureuse et difficile ; comme votre message. Courage à vous aussi ...

Yuna

Bonsoir Yuna,
Je suis de tout coeur avec vous, ayant moi même perdu un être cher mais dans d'autres circonstances : surtout, ne vous excusez pas ; sur ce site toute personne, qui est dans la souffrance d'avoir perdu un être cher, est la bienvenue. Il y a différentes  rubriques et chacun ou chacune raconte "son récit, ses douleurs, ses souffrances, ses interrogations".
Nous ne sommes pas là pour juger mais, pour apporter un peu de soutien, de réconfort à toute personne qui en fait la demande.....
C'est une chose terrible que de perdre un enfant surtout par suicide. Et malheureusement, nous sommes impuissants devant cette maladie, médecins, parents, amis etc....
Peut-être que le fait de donner votre témoignage et ensuite la sortie d'un livre serait un plus pour faire connaitre cette maladie. La question est, et pour vous ? Cela ne sera t-il pas trop difficile pour vous ? Mais il ne faut  surtout pas vous renfermer sur vous, il faut en parler au contraire. Pour moi la douleur étant trop dure (au bout de quatorze mois) je me fais aider par un psy.
Sur ce site, vous pouvez écrire tous les jours si vous le voulez, il y aura toujours quelqu'un pour vous répondre.
Si vous ressentez le besoin de pleurer, surtout n'hésitez pas, c'est notre soupape ; vous avez le droit de montrer votre souffrance. Toutes les personnes de ce site souffrent d'avoir perdu un être cher et nous comprenons la souffrance des autres, et nous essayons du mieux que nous le pouvons de les soutenir.
Je ne vous connais pas, mais permettez moi de vous serrer dans mes bras et je vous envoie tout le courage (enfin le peu qui me reste) pour vous soutenir dans ces moments très douloureux.

Bonjour Yuna,

Si vous vous sentez capable faites -le , avec émotions, avec sa souffrance et la vôtre, avec le bonheur qu'il vous a donné et celui que vous lui avez donné, et vous commenceriez votre livre comme vous avez commencé ce post. Et puis revenir au début de la maladie, son parcourt et le vôtre.

Et si je puis me permettre, je suis une grande lectrice, je veux bien vous lire.

Beaucoup de force et je crois que ça pourrait servir à d'autre et ce serait une expérience enrichissante pour vous et d'autres et puis un bel hommage pour votre fils et un soutien pour d'autres parents...

Bien à vous.

Pascale la Louve.

Ps: mon mari est décédé d'une vascularite cérébrale due à une maladie inconnue...
Il a développé toutes les maladies cérébrales de la thrombose, en passant par la paranoïa, la paralysie temporaire, le dédoublement de personnalité, l'anévrisme, et la schizophrénie en a fait partie un moment aussi... Je ne connais pas cette maladie, je sais qu'il y avait un grand mathématicien qui était schizophrène, il y a eu un film, c'était assez déstabilisant... . Là tout de suite, je ne me rappelle plus son nom.  C'est vrai que cette maladie est inconnue.

Bonjour Yuna,

De tout coeur avec vous, je peux comprendre votre douleur et votre chagrin pour avoir vécu un drame semblable, mon fils s'est pendu il y a 3 ans, il avait 31ans.

Pour répondre à votre question, si vous vous en sentez capable, écrivez, depuis le décès de mon fils j'écris dans un cahier réservé à cet usage, moins maintenant, mais souvent au début, c'était plutôt un journal de deuil pour écrire ma douleur, ma colère, mes rêves... ça m'a beaucoup aidé, certains jours je lui écrivais à lui et il me semblait qu'il lisait par dessus mon épaule et que je pouvais ainsi communiquer avec lui... on se raccroche comme on peut...

Ecrire sur la maladie de votre fils, et votre vécu peut vous faire du bien, surtout si le psychiatre travaille avec vous; laissez-vous quand même du temps pour votre chagrin... Votre témoignage peut aider d'autres parents qui vivent la même chose, la schizophrénie et les maladies mentales en général font encore peur à beaucoup et pourtant combien de souffrances énormes, moins visibles que les souffrances liées à une maladie "physique" , mais autant douloureuses et je dirais même pire car plus difficiles à reconnaître par le malade et par son entourage et aussi par les médecins, combien de temps avant de poser le bon diagnostic???

Continuer à venir ici chercher du réconfort, vous serez entendue! Je vous embrasse

 Merci pour toutes ces réponses que je trouve judicieuses et qui vont m'aider.

Ce matin, j'ai retrouvé dans les affaires de mon fils un journal couvrant les années 2001, 2002 et 2003.  J'ai tremblé en ouvrant ce cahier et j'ai tenu à le lire jusqu'au bout.  Mon fils était déjà suicidaire et préparait son "départ". Il explique ses angoisses atroces, ses souffrances terribles, avec détails parfois et commentaires philosophiques. Il raconte l'humiliation qu'il subissait continuellement , dès qu'il sortait. Un exemple : "je suis sorti avec V. nous sommes allés dans un bar et là, le barman s'est adressé à V. en lui disant qu'il fallait lui ramener ici des filles mais pas des casos ! ( cas sociaux), j'ai pris cette réflexion pour moi bien sûr et cela m'a bousillé"...

Il se sentait défaillir ; sa mémoire faiblissait à cause des médicaments qu'il prenait et cette perte l'obsédait. Il avait peur aussi de devenir une charge trop lourde pour la société et pour sa famille. Il a fini par rédiger son testament, fin décembre 2003, déjà.

   Perdre son enfant est horrible. La douleur est toujours là qui surgit à l'improviste et s'installe en moi, Je laisse les larmes couler alors, sans les retenir, quand je suis seule ... elle s'atténue peu à peu ; je me dis et répète que pour mon fils, la solution qu'il a choisie était une délivrance ... qu'il ne souffre plus ... cela atténue très peu la tristesse mais c'est déjà cela !

  Pour le livre, je n'ai pas encore pris ma décision ; elle viendra d'elle-même, plus tard ; je suppose ; après tout,  ce n'est pas une commande et je me donne le droit de choisir en toute liberté ; seulement et seulement si je pense que pour moi aussi cela  sera bénéfique. J'ai décidé de m'aimer et d'être heureuse. C'est ce que mon fils voudrait; je le sens ...

  Encore merci pour votre soutien si précieux.

Yuna 

Bonjour Yuna,

J'ai moi-même un fils psychotique de 18 ans, pas encore diagnostiqué, il reste seul à la maison pendant que je suis au travail et j'ai peur tous les soirs en rentrant à la maison...

Je comprends votre douleur et votre chagrin, je vis au quotidien cette maladie terrible avec mon fils.

Je pense qu'il serait utile d'écrire votre histoire, pour les familles qui comme moi sont désemparées. J'ai déjà lu de très nombreux livres de témoignages de parents, ils sont précieux.

Je vous embrasse.

bonsoir yuna
il y a plusieurs jours que je ne suis pas venu en visite sur le site aussi je decouvre a nouveau qu'un de nos jeunes s'est suicidé !
mon philippe est parti ce 15 aout seul car nous etions en vacances a 2000kms de lui .Le samu nous a appelé pour nous prevenir et nous avons replié notre tente de camping pour faire le trajet et voir notre jeune homme au funerarium C'est un tsunami qui est entre dans notre foyer .
depuis j'ai beaucoup de mal ,je suis tres fatiguée et passe beaucoup de temps a ressasser et surtout maintenant j'ai réalisée que physiquemaent je ne le verrai plus
Aussi reçois mes encouragements pour faire face car nous n'avons pas d'autres choix mais prends le temps de te ressaissir repose toi car psychologiquement c'est tres difficile et entoure toi de personnes sinceres sache fermer tes volets si tu es fatiguée et que tu ne veux pas raconter pour la énième fois ce qui s'est passé et respecter le parcours de ton enfant
je t'embrasse