bonjour
celui avec lequel j'ai partagé toute ma vie d'adulte - notre histoire a commencé lorsque j'avais 22 ans et j'en ai 50 - est parti le 27 octobre 2019.
il avait un cancer que les médecins ont qualifié d'incurable et mortel rapidement. nous ne les avons pas suivis. j'ai soigné mon mari en tant que naturopathe. il était guéri... et pourtant, il est parti... nous pensions qu'il nous restait encore 30 ans, nous nous apprêtions à enfin nous marier officiellement, nous nous apprêtions à ouvrir un nouveau chapitre dans notre vie,... et il est parti. il venait de me dire qu'il voulait passer toute sa vie avec moi. et il est parti moins de 10 minutes après... rupture d'anévrisme... nous avons réussi à changer le chemin, mais ni le jour, ni l'heure...
j'oscille entre des moments où je me dis que je dois survivre, qu'il me voulait libre et heureuse et que donc je dois l'être,... et je m'écroule à tout bout de champ. et toutes ces démarches administratives hyper violentes, et son ex qui m'insulte et, sans même me demander où, quand, comment, me demande les papiers pour avoir la pension de réversion... alors qu'elle ne touchait aucune pension, et qu'ils sont divorcés depuis 28 ans... oui, c'est vrai, il n'avait pas le sens de la réalité sociale, même si je ne cessais de le lui dire, mais aurais-je dû le quitter parce qu'il était ainsi et qu'aujourd'hui j'en paie le prix ?
dois-je en vouloir à celui auquel j'ai toujours pardonné cette inconséquence ? encore aujourd'hui je n'arrive pas à lui en vouloir. je l'aime et c'est tout. mais je dois vivre et c'est loin d'être simple.
et puis ces gens... ça fait à peine 3 semaines qu'il est parti, celui qui était tout pour moi... et on m'explique que je dois prendre acte : il n'est plus là, faut en tirer les conséquences... ou encore : vous avez vos enfants - 23 et 26 ans - ils comptent plus qu'un homme... mais non ! ça n'a rien à voir ! ils ne valent ni plus ni moins : ça n'a rien à voir. mon homme, c'était ma vie ; c'est son regard qui me construisait ; c'est son amour constant qui me rendait forte ; ce sont ses bras qui me faisait me sentir invincible... mes enfants, eux, ben j'essaie de ne pas trop les polluer... eux, en fait, ça va mieux que moi, il faut bien le dire. eux, c'était leur père, et ils commençaient déjà à sortir du nid. nous, nous en étions heureux pour eux, et pour nous... et puis, eux, ben, ils ont la personne qu'ils ont choisie pour pouvoir faire face... moi, justement, c'est lui qui n'est plus là !
ou encore ces gens qui voyaient tout le temps mon mari avec les chiens et qui ne cessent de me demander comment vont les chiens, me dire que je dois bien m'en occuper, me dire qu'ils ressentent tant les choses - ben, pas franchement remarqué... mais les humains, ils s'en tapent ces gens-là...
j'en peux plus de ces gens.
ou encore l'assistante sociale qui m'explique que je dois réagir et que je dois trouver un job... sérieux ?!... et je fais quoi ? je pleure devant les gens comme une imbécile
et je me reconstruis à quel moment ? et je me retrouve quand ? il y a tant de choses que j'ai besoin de remettre en ordre, dans ses affaires, dans les miennes, dans ma tête...
pour l'instant, quand je vais à peu près bien, en fait, je parle à sa photo, je l'embrasse comme si c'était lui, je pars à sa rencontre partout où je peux, je n'arrive plus à porter mes habits, uniquement les siens, nuit et jour... qu'on me laisse souffrir tranquillement ! j'ai le droit d'avoir mal ! c'était l'amour de ma vie ! il était le centre de ma vie ! il était ma vie ! j'ai le droit de m'arrêter et de pleurer ma vie, de pleurer tout ce que je ne connaîtrai plus, de pleurer tout ce qui ne sera plus, parce qu'il n'est plus...