Auteur Sujet: Une question de résilience ?  (Lu 9467 fois)

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macherry

  • Invité
Une question de résilience ?
« le: 08 février 2012 à 16:05:17 »
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9silience_(psychologie)

Bonjour,

Voici mon histoire,
Ma mère est décédé le 9 février 2011, demain, cela fera 1 an qu'elle est partie.
J'ai mal au coeur depuis quelques jours à l'idée de vivre le 1 an. Juste l'idée de
vitre la première fois. Premier noël, premier anniversaire sans elle etc.
Depuis la dernière année, je n'ai pas vu l'année passer, le temps a accéléré.
On dirait que je manque de temps. Et c'est pour ça que je n'ai pas pu vraiment vivre mon deuil.
Maintenant que tout le monde ne voit plus ma tristesse, il pense que je suis bien mais en fait
je souffre (comme tout le monde ici)

Ma mère souffrait de l'emphysème et son coeur a laché subitement. Outre ce problème dû à la cigarette
elle souffrait des deux pires maladies mentales bipolaire et bordeline. On vivait donc
avec une mère instruite, intelligente, et en même temps
on avait son côté déprimer, colérique et culpabilisateur. Vous comprendrez qu'on a fait
beaucoup de famille d'accueil durant notre enfance.

Je suis deuxième sur 5 enfants. J'avais 24 ans, maintenant 25. Sans père.
Aucune famille proche. Et un frère de 31 ans qui a décidé de fuir cette étape,
donc je me suis ramassé à m'occuper des paperasses funérailles tous ça
avec les études et le travail...

Ma soeur de 14 et mon frère de 18 ans sont orphelins.
Mon autre frère de 23 ans s'occupe de mon petit frère de 18 ans qui semble
perdu et très instable psychologiquement. C'est lui qui était à la maison quand elle est morte.
Ma soeur de 14 ans en attendant que je finisse mes études attend impatiemment que
je la prenne avec moi. Elle vit chez sa maraine...

Vu la situation de notre mère, nous avons vécus beaucoup de traumatisme durant notre enfance.
Et je me demande si c'est cela qui m'a permis de continuer les études et le travail quelques semaines après son décès.
J'ai pleuré beaucoup parce que je suis la plus sensible de la famille. J'ai aussi été la plus proche de ma mère. Je me
sentais responsable d'elle et des plus jeunes.
J'ai seulement 25 ans, et comme mon copain me dit je suis beaucoup plus vieille dans l'âme.

J'ai vu ma soeur pleurée une fois. Je sais qu'elle vivra le deuil plus tard.
J'ai peur que mon frère de 18 ans fasse une bétise un jour.
À quel point on peut être résilient....

macherry

  • Invité
Re : Une question de résilience ?
« Réponse #1 le: 13 février 2012 à 14:33:43 »
Finalement, ce n'est pas ici que je vais traverser le deuil....

johann02

  • Invité
Re : Une question de résilience ?
« Réponse #2 le: 13 février 2012 à 19:15:42 »
 Bonsoir Macherry et pardon pour le retard dans ma réponse...Pourtant j'ai "relu ton histoire" chargée d'émotions et d'affects plusieurs fois...Je peux te dire qu'elle m'a touché et ému, parce que j'y ai "vu en filigranes" des éléments de mon histoire...
Pour ce qui est de la résilience, je ne peux te répondre, "mon domaine" étant plutôt celui de la psychanalyse....Et pourtant, toutes ces années "de divan" ne m'auront cependant pas "permis" de faire "mon deuil"  autrement ou plus "aisément" qu'un Autre....
L'inconscient est "seul" maître de toutes nos réactions, et de tout ce qui nous construit ou dé-construit...et nous en "savons tous quelque chose ici".... "L'état de deuil" est un terrible "espace de refoulement(s)...Il "met en veille" certains faits de notre passé avec celui qui nous a quitté ou alors "fait éclater" tout ce qui a été enfoui et intériorisé.Tu sais les Autres ne savent pas toujours et ont parfois tendance à nous identifier à eux, à mettre en place un "copier-coller" qui ne peut nous ressembler et ne peut nous "atteindre", puisque nous sommes hors de portée de leurs réactions parfois bien "futiles" ou fuyantes...Nous avons énormément de mal à accepter ce "deuil", mais ces Autres là ont du mal aussi à le considérer "comme tel"...
Laisse-toi aller à quelque manifestation que ce soit et qui puisse te permettre de "vivre ton deuil" ..."Vivre son deuil": que cette expression est donc antagoniste....
Personnellement je suis toujours aussi atteint et désarmé ...
Bon courage à toi Macherry et prends soin de toi. Amicalement.
Johann

macherry

  • Invité
Re : Re : Une question de résilience ?
« Réponse #3 le: 14 février 2012 à 21:41:08 »


Non, je ne crois pas que les épreuves vécues dans sa jeunesse nous renforcent !



Merci Yohann, d'avoir pris le temps à répondre à mon cris du coeur.
J'ai consultée gratuitement une psychologue à mon école, et une chance parce que j'en aurais pas eu la possibilité financière.
C'est elle qui me parlait de résilience...
J'ai un copain, qui n'a pas eu  beaucoup de perturbation dans son enfance,
et il a donc des réactions asser exagérées sur des choses qui me paraient bénins justement parce que j'ai vécue des choses différentes.
Et cela c'est accentué avec le décès de ma mère.

C'est pour cela que je voulais, sans vraiment poser la question en effet, voir si la résilience part de l'enfance et du vécue.
À moins que je sois très endurante... J'ai peur justement d'éclater parce que même si je me permet de pleurer dans mon coin,
Je sens que je me ronge par l'angoisse, car je ne suis pas croyante. Et cela me crée un vide immense.
On me dit que c'est un ange qui veille sur moi. Mais je reste négative, et pour ma part c'est comme lorsqu'on éteint la lumière.
Il n'y a plus rien. :( est-ce que tu crois à ce quelques chose après? Je veux dire aucun argument logique me vient à l'esprit...

Voilàa, merci encore d'avoir pris le temps de me lire...

macherry

  • Invité
Re : Re : Une question de résilience ?
« Réponse #4 le: 14 février 2012 à 21:50:26 »
  "L'état de deuil" est un terrible "espace de refoulement(s)...Il "met en veille" certains faits de notre passé avec celui qui nous a quitté ou alors "fait éclater" tout ce qui a été enfoui et intériorisé.

Bonjour johann02,

merci d'avoir pris le temps de me relire. C'est jamais facile de lire la peine des autres en vivant la notre en même temps.
C'est encore pire pour ceux qui ne l'ont jamais vécu ou qui ne sont pas concerné, ils ne savent pas quoi dire. C'est mon côté égoïste j'imagine, qui
aurait voulu avoir du soutien plus longtemps mais il faut se mettre à l'évidence, il faut passer à autre chose.

C'est frustrant en même temps, mais je sens pas vivre ma peine. J'ai pensée aller à des rencontres en personne.
Mais lorsque j'ai appris que le seul organisme qui faisait cela dans ma ville, se basait sur la bible et la religion j'ai décrochée
tout de suite... Donc, j'ai attendu longtemps avant de chercher un site où l'on pouvait partager en quelque sorte.

Je suis dans une étape de colère, après 1 an... c'est comme si cela m'avait pris 1 an pour traverser l'étape du déni.
J'ai l'impression d'avoir pris 10 ans en quelques mois et même si la mort fait partie de la vie, je suis angoissée à l'idée
de perdre d'autres gens... :(

Je voulais te remercier d'avoir pris le temps de me montrer ton point de vue sur les étapes du deuil...


Courage, à toi aussi....

Mammj

  • Invité
Re : Une question de résilience ?
« Réponse #5 le: 14 février 2012 à 22:07:14 »

On peut être  fin psychologue mais ne pas pour autant pouvoir se soustraire à  l' épreuve de la perte d'un être très cher... sachant que
cette épreuve devra tôt ou tard trouver son issue, et à chacun la nôtre, pas forcément de notre choix !
Toutefois, je pense qu'il ne faut pas confondre "résilience" avec "carapace"....
Sans avoir la réponse, j'ai pour ma part réussi à me forger  une carapace suite aux vicissitudes de mes parents puis aux miennes !
Aujourd'hui que j'ai perdu ma fille, mon unique enfant, ma carapace est en train de s'éclipser avec elle ! Elle me verrait, elle ne me
reconnaîtrait pas... En effet, j'avais de la force pour elle et moi, après en avoir eu, avant elle,  pour mes soeurs...
N'ayant plus de but après son départ, je ne suis plus rien, je m’effondre...
La résilience  serait -selon ce que j'en sais- de réussir à faire en sorte  qu'un malheur puise être  dépassé pour construire après quelquechose d'autre de positif....
C'est ce que je vous  souhaite à tous, mais  "après"  l'inévitable  période de grand chagrin que l'on ne peut contourner !
Espoir et douceur à Tous.  Mammj

betty

  • Invité
Re : Une question de résilience ?
« Réponse #6 le: 15 février 2012 à 19:36:10 »
Bonsoir,
Je reviens régulièrement sur le forum et je m'en veux presque de mes coups de cafards quand je lis des histoires comme celle de macherry pour qui la vie a été spécialement dure dès l'enfance.
Ce que je sais c'est que, ayant connu des déracinements réguliers (déménagements quelque fois en pleine année scolaire), de gros soucis financiers et découlant de là des gros problèmes de couple avec celui qui m'a quittée en juin 5alors que tout allait mieux !...), je ne me suis pas forgée une carapace mais j'ai trouvé le plus important : je sais que après être descendue bas, je suis remontée à chaque fois. Je sais, actuellement, que si je déprime fort, cela m'est déjà arrivé et je ne panique plus comme avant. Le problème c'est que la perte de mon mari me fait descendre à chaque fois plus bas, mais j'ai déjà eu des idées "noires" auparavant et la vie m'a alors présenté qq chose ou qq un qui m'a fait rebondir. Avec le recul, c'était même étonnant. Je crois vraiment que, plus que les épreuves elles-mêmes, c'est le fait de savoir que l'on s'en est sorti à chaque fois qui permet de ne pas sombrer. On est pas paniqué, c'est un processus que l'on connaît. On "apprivoise" la douleur comme si on était extérieur; Enfin,  c'est mon vécu

Hors ligne bruno

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Re : Une question de résilience ?
« Réponse #7 le: 16 février 2012 à 09:08:04 »
              Ocytocine ou pas ocytocine...Qui commande quoi au cerveau humain? Religion,foi ou pas religion et pas foi...

    Vie incarnee,vie dans l'au- dela....

  Toujours est- il que la science sait prouver l'Adn,l'existence des cellules,les mutations genetiques,les echanges chimiques et

 electriques du cerveau pour expliquer ou dementir aussi certaines choses....

  Mais ce qu'elle ne sait toujours pas faire par exemple, c'est demontrer les formes de toutes choses,comment la "nature" se

debrouille pour agencer la structure de tout cet infiniment petit que la science decortique sans savoir comment tout ca s'agence

depuis la nuit des temps... A qui ou quoi est ce du?

              Alors,l'Ame,la conscience, leur existence propre independamment de la vie,des cellules et influx electrique et bio-chimique....   

Mammj

  • Invité
Re : Une question de résilience ?
« Réponse #8 le: 16 février 2012 à 21:02:34 »

Bonsoir Bruno ,  Pour ce qui est du cerveau,  la science en est encore au "clair-obscur" ! Pensez qu'on ne sait pas encore
comment soigner une dépression ? Bizarrement ma fille a jugulé un cancer de la thyroïde mais on n'a pas pu ou su
diagnostiquer cette maladie sournoise et non palpable : la dépression !!!  Un mal, d'abord  nié puis  mal soigné,  qui
eu raison de sa vie...  et laisse deux enfants sans maman. Non seulement  ils ont vécu  douloureusement la séparation
de leurs parents mais  peu  après ils ont perdu leur tendre maman qui n'a pas réussi à remonter la pente !
Alors, je comprends votre réaction... car moi j'en suis encore à me demander, sept mois après la mort "par suicide" de
mon unique enfant, ce qui s'est passé, pourquoi elle si enthousiaste, spontanée, si communicative a perdu du jour au
lendemain le goût de vivre, elle  qui souffrait de ne pas pouvoir " redevenir la maman d'avant" !
Il faut dire qu'on ne lui a pas facilité les choses du fait  que  les dépressifs sont souvent incompris ce qui  aggrave leur état,
ce qui a dû  se passer pour elle !  Je reste  indignée quant à la désinvolture du corps médical, révoltée quant aux réactions
de l'entourage...
La science a du pain sur la planche.... c'est ce qui ressort de bien des récits douloureux sur ce forum !
Espoir Force et Douceur à tous.  Mammj