Bonjour Caletpat,
Je ne sais pas quel âge tu as, si tu as ta vie à construire, ou si tu as déjà commencé à la construire. Je pense que le cheminement du deuil est aussi différent selon notre âge, notre vécu et notre type d'attachement à la personne décédée. Ce qui ne change pas, quel que soit notre âge, c'est comme tu le dis ce sentiment d'isolement, cette impression d'incompréhension de la part de gens qui nous aiment (autres membres de la famille, ou dans mon cas amis et collègues). Au travail je sens que les collègues "m'étudient", mais seule une sur une quarantaine avec qui je parle régulièrement a OSE me demander comment j'allais. J'étais tellement contente que je l'ai remerciée avant de lui répondre ! Elle m'a dit que j'avais l'air d'aller, de l'extérieur, et je lui ai répondu "de l'extérieur, oui"…De toute façon, comme tu dis, on sent qu'il ne vaut mieux pas en parler, histoire de ne pas "casser l'ambiance" au boulot ou lors de repas entre amis censés être remplis de joie. Résultats des courses, je n'ai pas invité d'amis à manger à la maison depuis le mois de juillet! Moi, j'ai envie d'être limpide, gaie quand je le peux et triste quand je le suis. Les gens ne sont pas courageux ou se voilent la face. J'ai une collègue qui a perdu son frère cet été. Elle fait sa rentrée, comme moi l'année dernière deux semaines après la mort de ma soeur. Je vais vers elle, lui presse le bras et lui demande comment elle va. "Ca va", me répond-elle deux semaines après le décès de son frère... Le nombre de personnes qui se voilent la face, et qui croient qu'en niant les faits, on résout tout!
Tu sais, je crois qu'il ne faut pas dire que tu ne t'en remettras jamais. Il faut nous dire que nous parviendrons à être apaisés, malgré notre perte. La vie continue pour nous. Nos défunts voudraient qu'elle continue. Nous sommes irrémédiablement changés, c'est certain, mais nous devons honorer la vie qui nous est donnée, par respect pour ceux que nous aimons qui l'ont perdue.
Je pense bien fort à tous ceux qui vivent l'anniversaire du décès. La route est longue, mais nous y parviendrons,
Bonne journée à vous,
Madâme