J’ai été gentil toute ma vie avec tout le monde, car seule la gentillesse, la paix et l’empathie m’intéressent dans toute relation.
« Tout le monde «, cela veut dire : les enfants, les proches, les collègues, la famille, les amis, les voisins, les commerçants, être gentil avec la terre entière...
Tout ce monde-là appréciait le couple joyeux que nous formions, Marilyn et moi.
Puis elle est morte, en 2006, cela fera bientôt dix ans, donc.
Et peu à peu je me suis retrouvé dans le désert.
Les collègues m’ont tourné le dos, les amis n’ont plus cherché à entretenir l’amitié, et le plus dur aura été de se rendre compte que mes propres filles, que j’avais tant choyées, à qui j’ai fait l’école dans ma classe maternelle, dont j’ai eu la garde à leur demande lors de mon divorce, quand mon premier mariage a cessé, mes propres filles se sont éloignées, prétextant, pour ne plus m’écrire de mails, de sms, pour ne plus me téléphoner, pour ne plus me rendre visite, prétextant de leur travail, de leurs activités, de leurs soucis personnels... Et peu à peu montrant des signes d’irritation lorsque je leur faisais remarquer la rareté de leurs interventions dans ma vie.
Et peu à peu devenant totalement absentes et silencieuses.
C’est alors que le terme très laid et brutal de « Pue La Mort « est venu à mon esprit.
J’ai compris que les Pue-La-Mort sont comme les lépreux d’autrefois, leur crécelle c’est la connaissance qu’on a de leur situation d’endeuillés, et qu’il auraient double-peine : celle de la perte terrible d’une personne indispensable, avec en supplément la peine de voir leur monde d’autant plus déserté.
Le Pue-La-Mort que je suis devenu est en train de réfléchir à une stratégie pour se refaire un monde nouveau, car l’ancien semble avoir disparu avec ma compagne.