Auteur Sujet: Deni d'un proche malade face au décés ineluctable  (Lu 8825 fois)

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Hors ligne vanech

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Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« le: 29 mars 2016 à 22:33:13 »
Bonsoir,
Je ne sais pas ou poster...
Voilà, j'ai dans mon entourage proche une personne en fin de vie, cancer du pancréas en phase terminale.
Son fils qui est comme un frère pour moi et notre famille, est dans le déni .Il vit à Londres et n'a pas vu sa mère perdre ses forces au fil des semaines.
Le médecin a demandé a ce qu'il vienne rapidement, par peur qu'ensuite la communication ne soit plus possible.
Il ne réalise pas du tout, il pense que cela est du à un coup de fatigue due à l'alimentation, du coup il lui achete des fruits en pensant que ça la remettra sur pieds.Il évite aussi de rencontrer le médecin par peur de ce que celui ci pourrait lui dire.
Hier, ma sœur et moi étions seules avec sa mère, et elle nous a dit "c'est la fin, les médecins me l'ont dit", on n'a pas su quoi dire, je lui ai juste tenu la main, ensuite son fils est entré dans la chambre et On a voulu les laisser seuls pour parler.
Comme elle remange un tout petit peu, son fils y voit un espoir d'aller mieux, et pense qu'avec une bonne alimentation, ça s'arrangera...
On est désemparés, on a tenté de lui parler sans le brusquer.Les infirmières ont été honnêtes en nous disant bien qu'il lui restait quelque jours à vivre.
J'ai peur pour lui qui ne semble pas du tout préparé et pour elle, peur qu'elle n'ose pas du coup parler de ses appréhensions, ses volontés ect...
Il est fils unique, n'a pas de père et sa famille éloignée est à l’étranger.
Est ce que vous pensez que je peux l'aider ou alors que les choses se feront toutes seules?C'est un jeune homme fragile à la base..Et ils ont une relation fusionnelle .

 

Hors ligne Bulle 777

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #1 le: 30 mars 2016 à 10:45:01 »
ah oui,Vanech  il faut lui permettre de dire au revoir à sa mère, affronter la réalité et favoriser le dialogue.... tout cela avec tact!!!

Difficile....TRES difficile mais ce sera pire si ils ne peuvent pas se parler sincèrement avant la séparation physique.

il a déjà été prévenu par les infirmières, vous pouvez vous appuyer la dessus.
Sinon, y a t-il dans le service une psychologue qui pourrait amorcer le dialogue?

Certes il ne veut pas voir pour se protéger de la souffrance...
Certes il est fragile et seul mail il vous a et c'est l'essentiel d'avoir au moins une épaule.

vous trouverez les mots, j'en suis sûr !

Maman, tu es partie trop brutalement !
Maman, Requiescat In Pace.

Tu as pris de l'avance au pays de la Vie.

Hors ligne Eva Luna

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #2 le: 30 mars 2016 à 13:21:10 »
Que c'est difficile de choisir entre respecter sa défense qui le protège .. et lui ouvrir les yeux pour qu'il "profite" au mieux des derniers jours avec sa maman...
C'est au médecin de dire la vérité normalement...pas aux proches...et vous voyez bien qu'il évite de le rencontrer... peur de savoir ce qu'il sait déjà au fond?et ne peut pas croire.. surtout si leur relation est fusionnelle...
Sa maman peut aborder le sujet avec lui? en évoquant ses désirs pour l'après...par exemple...
vous pouvez le faire par petites touches en parlant de vous, de votre inquiétude, de votre désir de partager avec elle des moments forts...?
la psy du service est effectivement une bonne ressource...
Parler à coeur ouvert est le plus beau cadeau qu'il puisse lui faire , avant sa mort..mais c'est terrible , il faut avoir un peu accepté l'inéluctable... et c'est rarement le cas...
Au moins l'encourager à venir la voir le plus possible, elle a besoin de lui... qu'il ne regrette pas.. " après"...

Hors ligne vanech

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #3 le: 30 mars 2016 à 18:16:49 »
Merci Eva et Bulle pour vos réponses.
J'ai eu sa maman au tel qui 'ma dit qu'ils communiquaient beaucoup,enfin autant que ses forces lui permettent.
Il passe beaucoup de temps avec elle, les visites sont filtrées pour la fatiguer le moins possible et profiter au maximum des visites de son fils.
J'ai du rentrer chez moi mais je vais revenir l’épauler et tenter de lui parler d'une aide psychologique. Seulement vu qu'il est dans le déni, il ne va pas trop comprendre pourquoi  je lui parle de cela..
Hier on a parlé de mon compagnon décédé lui, ma sœur et moi , du coup on a évoqué les croyances de l’après vie.Il y a quelques temps, on en avait déjà parlé, des épreuves de la vie, du fil qui n'est jamais coupé avec l'être aimé...
Hier il m'a emprunté un livre sur le bouddhisme, il cherche sans doute un apaisement, une part de lui comprend sans doute ce qui est en train de se passer et une part se raccroche.Il m'a dit qu'il allait lire le lire à sa mère, j’espère que ça les aidera à aborder le sujet de la mort.

En ligne Stana

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #4 le: 31 mars 2016 à 11:48:13 »
  Bonjours Vanesh.
  Cette situation est délicate. Je comprends très bien de quoi il s'agit: moi-même, quand ma mère était enfin de vie j'ai été dans le déni presque jusqu'aux derniers jours. Elle avait un cancer qui n'a pas été détécté à temps et qui s'ètait généralisé. On ne pouvait pas lui faire de chimio parce-qu'elle ètait trop maigre et qu'on n'arrivait pas à lui faire reprendre de poids. Mon père avait essayé de m'expliquer la vérité, mais je voulais rester dans ce déni même si au fond de moi je savais parfaitement bien ce qu'il en était. Elle mangeait bien et, la plupart du temps, elle ne souffrait pas grace aux médicaments-jusqu'aux derniers jours je ne voulais pas savoir qu'il s'agissait de morphine parce-que je ne voulais pas comprendre qu'elle ètait en phase terminale et qu'il n'y avait plus rien d'autre à faire pour elle. Je voulais croire qu'elle n'allait pas si mal, et qu'elle pouvait reprendre du poids, qu'on allait la soigner, que le moral faisait beaucoup etc
  Ce n'est que la dernière semaine qu'un proche a demandé devant moi à une infirmière s'il ètait certain que ma mère allait mourir; elle a confirmé ce que je savais déjà, et je n'ai donc pas vraiment été surprise. POurtant je n'ai pas pus en parler avec ma mère, lui dire adieu, et-bien qu'elle ai très bien sus la vérité, je sais qu'elle comprenait. Ces derniers jours on s'est parlé comme si de rien n'ètait, très affectueusement. Je sais que ça lui a fait du bien et que, d'une certaine façon, je l'ai accompagnée à ma manière.

  Je pense qu'il en est de même pour ce jeune homme; il doit bien savoir, tout au fond de lui, le véritable état de sa maman, mais il ne peux pas l'accepter consciemment, pas encore. Peut-être qu'il a besoin d'y croire sans y croire si tu vois ce que je veux dire...peut-être qu'il a besoin de passer du temps avec elle mais sans èvoquer la mort, d'être auprès d'elle comme il l'a toujours été.  Il se prépare peut-être sans en avoir l'air, pour pouvoir le supporter.
  Il serait utile de lui dire que "même s'il pense qu'elle vas s'en remettre, il devrait passer le plus de temps possible avec elle, èchanger avec elle, lui tenir affectueusement la main, au cas où..."

  J'espère que pour lui le "reveil" ne sera pas trop dur et qu'il ressentira, en dépit de la douleur, un certain soulagement à ne plus être dans le déni.
 
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

Hors ligne vanech

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #5 le: 31 mars 2016 à 20:45:17 »
Merci beaucoup pour ton témoignage Stana.
Il passe toutes ses journées auprès d'elle. Comme tu dis même si il n’évoque pas la mort, c'est sa façon à lui de l'accompagner.

Hors ligne Antonia Sophia

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #6 le: 26 avril 2016 à 06:05:42 »
J'ai réagi exactement de la même manière à la mort annoncée de mon mari pour une raison simple.
Lorsque la survenue imminente d'un évènement tellement traumatisant et si impossible à envisager approche irrémédiablement, l'intellect et le psychisme  se protègent comme il peuvent et mettent conjointement  en place des barrières psychologiques propres à nous éloigner d'un éclatement du réel. Et de notre personnalité.
Moi aussi, je lui apportais de la nourriture pour qu'il prenne des forces afin de résister face à la destruction. Moi aussi je pensais qu'il allait aller mieux face au cancer en phase terminale.... :'( Moi aussi, je me tenais loin des toubibs. Pas par peur avouée de ce qu'ils diraient. Par terreur instinctive et inavouée. Enfouie tout au fond. Impossible à sortir.
Ce n'est pas de l'indifférence et ce n'est pas de l'inconscience. C'est juste trop énorme pour être appréhendé. C'est tout.
Un peu comme si un navire se trouvait à 2 centimètres de ta tête. Tu ne le vois pas. Parce que tu ne peux tout simplement pas.
Un peu comme lorsque l'on t'explique qu'il y a des milliards de milliards d'étoiles dans l'univers. Je mets au défi quiconque d'être capable de réaliser vraiment ce que cela implique  pour la raison simple qu'au delà d'une certaine mesure, l'intellect se bloque.
 Et la mort irrémédiable et annoncée de la seule personne avec laquelle tu es en phase fusionnelle est juste impossible à imaginer. Encore moins à réaliser lorsque ce moment survient.
Moi, il m'est arrivé une chose peu banale et je reste convaincue que mon subconscient a pris le relais afin de me protéger.
La nuit du jour de son enterrement je l'ai passée entière à rêver que nous faisions l'amour et toute la nuit je l'ai passée  à baigner dans un océan de plaisir avec lui beau comme un dieu. Au matin, j'étais emplie de bien être et j'ai pu ainsi affronter cette journée terrible.
Je remercie ce dieu du mal d'avoir eu un peu pitié de moi cette nuit là.
Dis toi que nos êtres disparus sont quelque part. Vis pour toi. Porte en toi cet amour vibrant comme une flamme ardente. Et fais de cet amour ta force.

Hors ligne Noëlle

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #7 le: 26 avril 2016 à 09:17:04 »
bonjour Sophia,
Je ne pense pas du tout que ce soit un "Dieu du mal" qui t'ait permis de faire ce rêve. Ce sont de "fausses croyances"; Bien au contraire, dans cette terrible souffrance, pour te permettre de faire face, ne serait ce que quelques instants, c'est une grâce qui t'a été donnée. On dit que lorsque nous rêvons de nos défunts, c'est qu'ils nous rendent visite. Pour le moment j'ai rêvé deux fois de mon amour. Trop dans l'émotionnel, je préfère confier l'interprétation de ces rêves à un ami Africain, loin de notre "agitation" occidentale, qui a une approche profondément spirituelle, que je trouve objective, intelligente et qui me convient. Et ce qu'il m'a dit m'a paru tout à fait plausible et m'a fait du bien.
Ce sont des "ressources" bonnes à prendre.
Bien à toi,
Noëlle

Hors ligne Faïk

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #8 le: 26 avril 2016 à 10:48:34 »

"Par terreur instinctive et inavouée. Enfouie tout au fond. Impossible à sortir.
Ce n'est pas de l'indifférence et ce n'est pas de l'inconscience."


Ce sentiment m'a accompagnée pendant des mois, j'y pense encore aujourd'hui et j'imagine que cela sera ainsi jusqu'au bout.
Ce départ annoncé était tout simplement impossible à "intellectualiser". Juste une réaction animale face à un gouffre de douleur ... Rationnellement, bien sûr je savais, cela n'a jamais fait aucun doute ...Mais si tant est qu'on puisse avoir une âme, de toute mon âme, mon coeur et mon corps se révulsaient à cette issue. Mais pouvait-il en être autrement ? la vérité de l'inéluctable n'a jamais été pour moi une évidence, le chemin d'une acceptation consciente.

Essayer de poursuivre ce bout de route qui nous était compté, non dans le déni, mais dans une réalité transcendée, un peu comme dans "La vie est belle ",  a été ma seule option. En ce qui me concerne,  non par choix délibéré, mais parce que je n'étais pas capable "raisonnablement" d'autre chose , et parce que cela semblait être plus "recevable" émotionnellement, autant qu'il est possible dans telle situation ...
Ainsi nous mourions tous les deux un peu plus chaque jour ...
Il m'a devancée.

« Modifié: 26 avril 2016 à 10:57:35 par Faïk »

En ligne Stana

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #9 le: 26 avril 2016 à 13:05:15 »
  Moi aussi il m'est arrivé, quelque fois, d'avoir ce que je sais être des songes concernant mon compagnon défunt. Ils n'étaient pas aussi intimes que ceux de Sophia-j'aimerais bien, parce-que nous ne faisions qu'un dans ce domaine aussi  ;)-mais il ètait là, auprès de moi, il me parlait, je le voyais aussi nettement que de son vivant, il ètait beau, il avait l'air heureux  :)

  Pour ce qui est du déni, je l'ai connu moi aussi vis-à-vis de lui-pas autant que pour ma mère, mais tout de même: je ne voulais pas croire qu'il allait mourir, je m'accrochais à cette (dernière) étincelle de vie qui restait dans son cerveau, le moindre frémissement de paupières me faisait penser-ou du moins je voulais m'en persuader, j'en avais besoin-qu'il n'ètait pas dans un état déséspèré, qu'on allait le soigner. J'ètais prète à attendre des mois, des années s'il le fallait, même si c'ètait égoïste. Maintenant j'ai une meilleure perspective des choses, mais à ce moment-là je ne pouvais pas faire autrement, penser autrement. Mais je savais au fond de moi et je lui ai dis adieu à ma manière-davantage et mieux que je l'ai fais avec ma mère...l'expèrience aidant peut-être  :'( :)
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Hors ligne Antonia Sophia

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #10 le: 28 avril 2016 à 03:24:13 »
      C'est juste incroyable, inadmissible, aberrant, inconcevable que la nuit de sa messe, j'aie pu faire un rêve aussi intime comme tu dis Stana.
      L'on s'attendrait plutôt à une réaction de pleurs,  :'( de malheur  :'(, d'insomnie  :'(, d'arrachage de cheveux  :'( et de tapage de la tête contre les murs :'(

     Je ne m'attendais pas du tout à faire ce rêve. Mais alors pas du tout. Au contraire, j'angoissais car je me disais que je n'allais pas fermer l'oeil de la nuit et que le lendemain, je serais totalement crevée. Impossible à réveiller.

     Et c'est ce qui me fait encore penser que ce fût une aide de mon subconscient car je me suis réveillée reposée, baignant pendant un moment dans le bien être et  heureuse au souvenir de moi contre lui. Comme s'il n'était absolûment pas mort.
      Et, en effet, jle lendemain, je ne suivais pas un c. mais une boite. Juste une boite. Et je me disais, mais enfin, c'est lui là dedans et tu ne ressens rien. Je n'arrivais pas à faire la liaison.

    D'un côté une boite. De l'autre Marc. Je n'arrivais pas à faire se rejoindre ces deux informations. A les connecter entre elles.

     J'étais à l'évidence atteinte de crétinisme aggravé de sidération. Je continuais à sourire, à parler, à marcher et à me tenir debout; sauf que je répétais 50 fois le même mot avant de pouvoir achever ma phrase. Comme un bégaiement bizarre. Débile totale. Et les gens amusés riaient autour de moi. Sauf un qui a dû comprendre que j'étais sous l'effet du choc. Et qui m'a souri. Incroyable comme, dans des moments pareils, un simple sourire peut vous aider et vous soutenir.

   Heureusement, j'avais commandé une branche d'orchidées blanches à déposer sur le c. et  j'avais interdit le cartouche. Lorsque j'ai demandé pourquoi ils n'avaient  pas suivi mes instructions, réponse me fût faite que c'était légal. Et obligatoire.

    Sans vraiment regarder, juste en tenant ma tête droite, j'ai détaché chaque fleur et je l'ai déposée sur le cartouche. Ainsi, j'ai pu ne voir qu'une boite. Et j'ai pu la regarder.
 
    Encore une fois, mon cher subconscient était venu à mon secours.
« Modifié: 28 avril 2016 à 03:45:02 par Sophia »
Dis toi que nos êtres disparus sont quelque part. Vis pour toi. Porte en toi cet amour vibrant comme une flamme ardente. Et fais de cet amour ta force.

Hors ligne jadma

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Re : Deni d'un proche malade face au décés ineluctable
« Réponse #11 le: 22 mai 2016 à 21:46:00 »
Bonsoir,

Mon papa est décédé d'un cancer de l'oesophage déjà généralisé lorsqu'il a été découvert. Il a vécu 5 mois après le diagnostic. Ni moi, sa compagne ou mon frère n'avons pu aborder le sujet de sa maladie, ou de ses dernières volontés, en profondeur. Il disait qu'il avait un cancer, même s'il prononçait rarement ce mot, mais ne parlait jamais des autres tumeurs.
Je sais que les médecins lui ont expliqué que plusieurs organes étaient atteints, après je n'y étais pas et je ne sais donc pas ce qu'ils ont dit exactement.

Mon père semblait donc être dans le "déni" de la gravité de sa maladie. Pour moi ça a été très douloureux de ne pas pouvoir évoquer certains sujets. Mais le dialogue était impossible à amorcer. J'ai toujours pensé que mon père "sentait" ce qui lui arrivait, mais qu'il ne voulait (ou ne pouvait) pas en parler, pour des raisons qui lui étaient propres.

Après son décès, c'est moi qui me suis retrouvée face au déni.
C'est un mécanisme psychique très étrange, et sans avoir lu sur le sujet j'aurais cru être complètement folle.
Parce qu'on "sait" mais en même temps "ce n'est pas possible". Et on ne peut rien y faire !

Par la suite j'ai appris que c'était un mécanisme de protection psychique. Le rôle du déni est de nous "protéger" d'une souffrance qu'on n'est pas prêt à affronter. Je pense donc que mettre quelqu'un face à une réalité qu'il n'est pas apte à supporter n'est pas un cadeau à lui faire. Ton ami sait très certainement au fond de lui que sa maman est très malade mais pour l'instant il ne peut pas accepter cette réalité. Peut-être sa maman peut-elle laisser des directives anticipées concernant "l'après"? C'est à elle de savoir si elle peut en parler à son fils. Quant à l'entourage ce qu'il peut faire de mieux dans ses moments là c'est être présent, aimant et respecter la façon dont l'autre réagit (ou pas).
Quoi qu'on fasse ou pas, on a toujours des regrets.... enfin je crois.

De belles pensées lumineuses pour vous.

Jadma