Auteur Sujet: de l'indifférence aux insultes  (Lu 7003 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

écho

  • Invité
de l'indifférence aux insultes
« le: 16 avril 2016 à 18:29:05 »
Bonjour, j'ai perdu mon filleul il y a quinze jours et je me tourne vers ce forum pour exprimer ma peine et mon dégout des réactions de mon entourage. Mon filleul est mort à l'age de quinze ans, suite à une maladie du foie, on l'avait envoyé se reposer au bon air et il est mort deux jours après son arrivée. Le choc a été terrible et j'ai pleuré des jours et des nuits entières. J'habite à l.étranger et j'ai annoncé à ma famille en Europe ce que je vivais et comme réponse je n'ai eu que de l'indifférence suivi ensuite de la part d'un de mes frère d'insultes , je cite : "si j'ai pas envie d'ètre là pour toi, c'est mon droit, j'ai mes propres problèmes, de toute facon t'es pas ma soeur t'es que ma demi-soeur "...bref ...ca m'a enfoncée encore plus surtout que ma mère est morte l'an dernier et que c'est moi qui ait vécu son agonie pendant un mois à la maison et qu'aucun membre de sa famille ne s'est déplacée à son enterrement. C'est en lisant des lettres dans ce forum que je réalise que nous sommes nombreux à vivre ce genre de réactions qui nous font prendre conscience combien les gens ont le coeur dur ou pas de coeur du tout.
Je suis enseignante et un de mes collègue qui avait mon filleul dans sa classe lui avait dit : de ne pas se cacher derrière sa maladie pour ne rien faire en classe et puis lorsque je suis partie à l'enterrement de mon filleul, ce mème prof, dont j'ai la fille dans ma classe est allé se plaindre à la direction que les cours et le programme ne seraient pas assurés
Je suis choquée par toute cette méchanceté, ce manque de compassion et le fait que nul membre de ma famille ne se soucie de savoir si je vais bien, si je suis encore debout après cette perte d'un enfant qui était comme mon propre fils.

Hors ligne loulou15

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 653
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #1 le: 16 avril 2016 à 19:34:14 »
Les gens se foutent de tout, surtout lorsque ça ne les "touche" pas !
je te souhaite du courage et n'hesite pas à ecrire ici, il y a toujours quelqu'un pour lire et répondre

Hors ligne Stana

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 1489
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #2 le: 16 avril 2016 à 19:38:29 »
  Bonjours écho. Ton témoignage m'a profondément émue et indignée.  Ces gens-y compris de ta propre famille, manquent cruellement de sensibilité et d'empathie. Je ne comprends pas comment on peut être comme ça. Tu vaux mieux qu'eux tous, n'en doute pas une seconde: toi tu as un cœur, la preuve c'est que tu souffres. Je te conseille vivement de te tourner vers les bonnes personnes et de t'ouvrir sur ce forum autant que tu en èprouveras le besoin. Ici, personne ne minimisera ta peine ni ne verra ce que tu èprouve avec indifférence ou agacement, comme le font malheureusement beaucoup d'autres. Je ne sais que trop ce que ça fait, tu peux me croire sur parole-comme un certain nombre d'entre nous je pense.
  Courage! Nous nous savons.
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

écho

  • Invité
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #3 le: 17 avril 2016 à 21:11:34 »
Il y a le silence, les quelques moments de la journée où on s'occupe, où on vit, et puis tout reviens par vague, sans arrèt. Quand je suis partie à l'enterrement de mon filleul, j'étais en taxi brousse pour un voyage de douze heures à travers Madagascar, on avait loué un taxi brousse entier pour que les jeunes amis de mon filleul puissent monter avec moi. Le voyage dure douze heures, il fait froid, le chauffeur roule à pleine vitesse et de temps en temps je parviens à somnoler mais à chaque fois que je me réveille j'ai cette pensée : il est mort et je ne parviens pas à le croire. Les jeunes derrière, ses amis, ont pleuré toute la journée, ils sont venus sans hésiter, en cinq minutes on a décidé de partir, et c'était important. Comment expliquer cela à des européens comme mes amis et ma famille qui sont riches, égocentriques,  et individualistes. Je vis en Afrique depuis neuf ans, j'ai quatre filleuls , celui qui est mort était celui qui m'était le plus proche. Cela faisait un an qu'il était malade mais on n'aurait jamais imaginé que c'était si grave. J'ai du faire l'aller retour en une journée, car le boulot m'attendait, au moins m'ont-ils permis d'y aller, car en France on ne m'aurait surement pas accordé ce temps-là. Quand je suis rentrée chez moi, je ne parvenais pas à trouver le sommeil, ni l'appétit, je me force à aller au travail, mais je ne prépare rien , je suis instit, je devrais préparer mes cours, je n'en ai pas envie, j'improvise sur place. Dans ma classe, il y a la soeur de celui qui est mort, elle est aussi ma filleule, elle est très courageuse mais elle s'exprime dans ces écrits, l'autre jour elle a écrit un calligramme avec le visage d'un clown aux yeux tristes et elle écrivait: je suis comme ce clown, je souris pour avancer dans le monde mais à l'intérieur mon coeur saigne,Ca m'a tellement émue de lire ce texte que j'ai du sortir de la classe pour ne pas pleurer devant mes élèves. Je m'efforce d'ètre forte pour la famille qui reste, ils sont quatre, les deux parents et le grand frère et la petite soeur. Mais j'ai ensuite du mal, car j'ai aussi besoin que quelqu'un me console, c'est pour ca que je me suis tournée vers ma famille et mes amis en France, tout cela pour finir par me faire insulter par mon propre frère. C'est dur, c'est très dur, il n'y a pas de mots. Je sais juste que mon filleul n'aurait pas aimé que je le pleure trop longtemps, après la mort de ma mère il est venu souvent dormir chez moi, pour me soutenir et ne pas me laisser seul, il était heureux quand je lui souriais, quand je m'accrochais à la vie malgré la peine

Hors ligne kompong speu

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 1621
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #4 le: 17 avril 2016 à 22:49:45 »
Difficile à te répondre tant ça semble ahurissant
Écrit ici pour vider ce chagrin
Amicales pensées

écho

  • Invité
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #5 le: 19 avril 2016 à 19:17:21 »
toujours ce silence, cette indifférence, ces sourires forcés, je marche dans les allées de l'école où je travaille et où mon filleul disparu faisait ses études, ca y est les gens sont passés à autre chose, ils te parlent comme si tu n'avais rien traversé et toi tu es là , tu ne les entends pas, tu es comme sonné. Il y a le frère de mon filleul que je croise, il a sur la tète la casquette du mort (une casquette du psg que je lui avais ramené de mon voyage en France il y a un an) je le lui fais remarquer, est ce que c'est normal que ca me fasse quelque chose de le voir avec cet objet, tout comme il a aussi récupéré le téléphone que j'avais offert à mon filleul quelques jours avant sa mort, avant qu'il parte se soigner afin que nous restions en contact. Et là je vois le téléphone dans les mains de son frère, ca me touche, je sais que lui aussi vit son deuil mais cela me fait malade voir toutes ses affaires redistribuer aussi vite, ca fait juste un peu plus de deux semaines qu'il est mort.
Demain je dois rencontrer les parents d'élèves pour la remise des livrets et je sais que parmi eux il y a ce couple qui s'est permis de dire des horreurs à la fois sur mon filleul de son vivant  ( disant qu'il se cachait derrière sa maladie pour ne rien faire en classe alors qu'en fait il se battait comme un fou contre son épuisement, sa douleur. J'avais rencontré le prof en question et je l'en avais averti mais il n'avait visiblement pas pris au sérieux ce que je lui avais expliqué) et sur moi lorsque je me suis absentée deux jours pour aller à l.enterrement ( 12heures de route aller douze retour), est ce que je vais arriver à rester neutre , à ne pas leur dire que je sais qu'ils ont dit des choses sans la moindre humanité, que malgré tout je les accueille mais que j'ai envie de les mettre à la porte et ne pas leur parler.
J'aimerais qu'il y ait ne serait-ce qu'une personne qui me dise : je sais ce que tu vis, tu peux me parler si tu en as besoin, est-ce que tu as envie de parler à quelqu'un?

Hors ligne Magi

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 146
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #6 le: 20 avril 2016 à 07:08:56 »
Bonsoir  écho,

J'ai peine à imaginer autant d'indifférence face à cette perte que tu vis.  Il y avait un lien très fort entre ton filleul et toi. Mais souvent, on a tendance à penser que seuls les parents souffrent de la perte d'un enfant...  Les frères et soeurs, les tantes, les amis  sont souvent incompris dans leur douleur...  Mon propre frère  ( oncle de ma fille  disparue) qui était très proche d'elle me  disait hier que ses amis croient que  la page est tournée  pour lui... Il n'était qu'un "oncle" ... 

Tu dois te tourner vers les gens qui peuvent comprendre ta peine...
Ici tu trouveras écoute et compréhension sans jugement.

Il n'y a pas de hyérarchie dans la douleur de la perte...
Nous vivons tous notre peine comme si c'était le plus insupportable de toutes : notre enfant, notre filleul, notre conjoint, notre parent...c'est "une partie de nous"  envolée ... à jamais...

Affectueusement

écho

  • Invité
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #7 le: 25 avril 2016 à 20:00:16 »
Demain je vais aider la mère de mon filleul à ranger et distribuer les affaires qui lui appartenait
je ne sais pas si j'en aurais la force mais je veux le faire pour la famille qui souffre tant
J'ai pris soin d'eux, des parents, du frère et de la soeur, me demandant ce que j'aimerais qu'on fasse pour moi dans de telles circonstances
L'an dernier c'est ma mère qui est morte et on a aussi rangé et distribué ses affaires, aux pauvres de Madagascar où je vis
Je ne remonte pas la pente mais j'avance, doucement, en me battant contre l'appel du vide, le chagrin, il y a des jours sans , des jours meilleurs, surtout quand je suis occupée
J'ai revu les profs qui avaient dit des choses horribles sur mon filleul et j'ai réussi à ne pas leur crier dessus mème si j'ai pour cela tellement serré les dents que je m'en suis cassée une
Ici, à Madagascar, on ne voit pas la mort de la mème facon qu'en France car elle est omniprésente et fait parti de notre quotidien, mais quand je parle de ce que je vis à ma famille de France , ils ne répondent pas , toujours pas. Pas un qui aurait pris son téléphone pour me demander comment je vais, ils ont un coeur de pierre. Ils ont peur de parler de sentiments qui les dépassent, je ne leur en veux mème pas, ils sont à plaindre
Mon frère qui m'a insulté et rejeté n'a plus donné signe de vie, il m'ignore, il est dans sa petite vie tranquille, égoiste, ca fait mal,
Je commence à comprendre que je ne reverrai jamais mon filleul, il me manque, terriblement. J'ai des flashbacks constants, de bons souvenirs, de moins bons aussi, que je regrette,
Je prie, car j'ai la foi, mais je garde cette cicatrice dans mon coeur qui saigne, mème si j'arbore un sourire fatigué lorsque je sors, il n'y a que dans le privé que je me laisse aller, j'écris beaucoup, ca aide
Je suis en vacances, je ne voulais pas de ces vacances , parce que je ne voulais pas ètre sans rien à faire, alors je multiplie les sorties, mème juste pour marcher vite , jusqu'à ce que je n'en puisse plus


Hors ligne Antonia Sophia

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 153
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #8 le: 26 avril 2016 à 05:37:46 »
Je ne suis pas du tout surprise par ce que tu nous racontes.
C'est dans les grands moments de la vie  que notre humanité et notre empathie se révèlent. Et le moins que l'on peut en dire c'est que la malveillance, la méchanceté et la cruauté sont de mise le plus souvent.
J' ai vécu aussi ce genre de réaction mais, ainsi que j'ai coutume de répondre à ces crétins dérébrés sans âme, la mort est notre lot commun  et chacun d'entre nous est non seulement confronté à sa propre mort programmée mais aussi à la mort de ceux qu'ils aiment. Et la souffrance et le chagrin seront leur lot commun. Et eux aussi connaîtront le rejet et l'abandon.
« Modifié: 23 décembre 2019 à 04:10:20 par Sophia »
Dis toi que nos êtres disparus sont quelque part. Vis pour toi. Porte en toi cet amour vibrant comme une flamme ardente. Et fais de cet amour ta force.

écho

  • Invité
Re : de l'indifférence aux insultes
« Réponse #9 le: 26 avril 2016 à 17:48:34 »
oui, tu as raison, les gens se révèlent dans les épreuves, c'est souvent ce qu'on dit mais en pleine tempète ils se révèlent sous leur vrai jour et ce n'est souvent pas beau, c'est mème assez atroce. Cela permet de faire le tri, et surtout de se dire, je ne veux pas ètre comme eux, face à la détresse ses autres je saurais ce qu'il faut faire et surtout ce qu'il ne faut pas faire. Il y a deux catégories de gens sur cette Terre: les ètres humains et les autres, et les autres sont nés sans coeur, sans àme et oui le jour où ca leur arrivera ils ne sauront pas gérer, je ne leur souhaite pas de vivre ce que je vis en ce moment,
J'ai réussi à ranger les affaires scolaires de mon filleul mort. J'ai revu les cahiers d'exercices que je lui avais fait lorsque je l'aidais à rattraper son retard. On avait travaillé comme des fous pour le remettre à niveau, il avait manqué beaucoup de cours à cause de sa maladie commencée l'an dernier. Il avait quand mème eu  son brevet et en était si fier. Mais la seconde c'était trop dur pour lui, il était trop fatigué tout le temps. Alors en triant ses affaires j'ai eu tous ces souvenirs qui sont venus. Il n'avait que quinze ans. Son sourire restera dans mon regard jusqu'à mon dernier jour. Il était si courageux, il ne se plaignait pas.Il n'avait que quinze ans.