FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Discussions Générales => Discussion démarrée par: Zu le 11 janvier 2013 à 13:22:23
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Allô! J'ai un ami proche qui lui reste peu de temps, car il a des métastases. Il refuse de voir ses deux seuls amis qu'il lui reste (mon frère et moi), il se dit plate et fatigué, écoeuré. Personnellement, il ne répond plus à mes messages. Il n'a plus d'estime de lui-même et ne voit que sa mort arriver. Nous croyions qu'il mérite encore du bon temps, mais il s'entête à dire que cela ne mène à rien au bout du compte.
J'ai beaucoup de peine et de mal à vivre ce deuil prématuré, car je m'attendais à en profiter avec lui jusqu'à sa mort physique. Je crois qu'on ne devrait pas mourir ce qui nous reste de vie ainsi. Il est probablement au stade de la dépression, mais j'ai peur que ce soit sans retour et j'ai peur de ne plus pouvoir le revoir et ni même en avoir de nouvelles.
Je pensais aller le voir en personne, mais j'ai peur de sa réaction, puisqu'il ne répond plus à mes textes et il ne répondrait probablemetn pas à mes téléphones non plus. Pour lui c'est fini, pour moi, non.
Serait-il mal d'insister en allant lui rendre visite, disons, après avoir laissé une semaine ou deux passer?
Je veux juste être présente pour lui, sans le forcer à me parler, car je sais qu'il ne veut pas .
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Bonjour Zu,
Notre famille a connu ce problème ... mon fils Antoine, âgé de 37 ans, atteint d'une maladie incurable, resté très lucide jusqu'à la fin ne voulait pas que ses amis lui rendent visite, ni ses cousins et cousines, seuls nous ses proches : parents, beaux parents, frères et soeurs l'avons accompagné dans son dur combat.
Il ne supportait pas que ses copains et copines, ses cousins le voient ainsi dans ce corps si atteint, ne pouvant même plus parler ! Nous avons respecté cette volonté car il s'agit pour le malade de garder sa dignité, et seul, lui savait ce qui était bon pour lui.
Son épouse et nous, ses parents avons expliqué à tous ceux qui semblaient ne pas comprendre sa décision que nous devions, avant tout respecter le malade ... certains nous ont reproché de nous enfermer dans la maladie avec Antoine, peu importe, nous sommes fiers d'avoir fait exactement ce qu'il souhaitait, sinon je pense qu'il aurait été très en colère contre nous.
Ce qui compte c'est de ne jamais aller contre la volonté de celui qui souffre physiquement et psychologiquement, c'est déjà assez douloureux pour lui !
... tous ses amis et amies, ses cousins, cousines, oncles et tantes, même sa mamie ont respecté ce choix, ainsi ils gardent le souvenir d' "Antoine" pétillant de vie ... ils ont fait un acte de générosité en ne forçant pas la porte.
Accepter de ne plus revoir la personne, respecter sa dignité ... voilà un beau geste d'amour.
Amicalement,
Marithé
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Merci Marithé, sincères condoléances, la perte d'un enfant doit être difficile pour un parent...
ça prend des exemples d'expériences vécues pour cheminer...
je ne l'accepterai pas tout de suite, mais je suppose que le temps et la discussion arrangera.
Disons que je ne m'y attendais pas, il faisait encore des activités avec moi le 30 janvier et là il dit que ça ne sert plus à rien, c'est comme si être joyeux seulement quelques heures lui fait mal pour le reste du temps où il se retrouve seul. Il était pourtant toujours content de recevoir mes appels et quand je lui proposais qu'on se voit. il dit ne pas comprendre qu'on l'aime tel qu'il est. :(
En parler aidera à comprendre sa situation.
:) merci
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Bonjour à toutes et tous,
Je crois qu'il faut respecter les volontés de votre ami.
Une personne avec qui j'ai travaillé pendant plus de 20 ans et avec qui j'avais une grande complicité lutte contre une grave maladie.
Je ne lui rend pas visite mais lui écrit une carte, une lettre, lui envoie un texto avec les choses de la vie, des fois des choses bien futiles aux yeux de certains mais qui lui font du bien.
Pafois elle me répond, parfois elle ne me répond pas, parfois elle me répond longtemps après. Cela dépend de beaucoup de choses, la psychologie humaine pour les personnes en fin de vie est très complexe et même si cela est difficile à accepter pour nous qui sommes en pleine santé il faut respecter ce cheminement.
Même s'il ne répond pas, il sait que vous pensez à lui, c'est cela le plus important et cela lui fait surement grand bien.
Douce journée
BLUEVELVET
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Coucou,
Mon père était pareil.
Il ne voulait voir personne.
Mais franchement.
Il ne reste plus beaucoup de temps et après c'est trop tard.
Moi, je regrette de ne pas y être aller plus souvent.
Pas pour parler de maladie, même pas pour parler tout court.
Juste être là, regarder la télé avec..
Rien de plus.
Les personnes qui dépriment ne veulent voir personne, mais après, quand le gens sont là, ils sont quand même content de les voir.
Quand on souffre, qu'on se trouve moche à voir, minable, mais en réalité... sincèrement, je pense qu'on a besoin des gens.
D'abord, il râle, mais après il va peut être relacher la pression et se laisser.
Je pense que tu devrais tester quand même.
Quand ils sont plus là, c'est trop tard.
Mourir seul ? personne ne le souhaite au fond.
Même si on dit le contraire.
Les deux points de vue se valent... mais c'est toi qui va rester et souffrir de regrets si tu n'écoutes pas ton coeur.
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Sincères merci de toutes vos réponses, je me sens vraiment accompagnée par vos témoignages. Je me change les idées pour l'instant et je partage à mon frère aussi qui était si proche de lui... :-\
Zu
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Un instant s'il vous plait!!!!
Zu, il nous manque un détail.....Ton ami est-il seul, complètement seul???
Parce que c'est bien beau de te dire que tous doivent respecter le futur défunt, mais comment sont ses conditions?!?!
J'ai un ami qui s'est retrouvé à l'hopital gravement malade, et dont la "si belle grande maudite famille" nous à dit au téléphone qu'il était "très bien entouré" (9 frères et soeurs plus sa mère, beaux-frères, belles-soeurs....etc...etc...)qu'il n'avait besoin de personne d'autre mais dont j'ai découvert lorsqu'il en est sorti de l'hopital ..... Q'il a eu de la visite environ une demi heure par jour ET MOINS......
Pour qu'il me dise par la suite que sa famille n'était en faite qu'une gagne de jaloux possessif qui ne s'en était pas dutout occupé!!!!!!!
Alors Zu ton ami est-il aussi bien entouré que le mien l'était???? SOUVENT, j'ai remarqué dans ma vie que les amis/es valent BEAUCOUP MIEUX et AIMENT encore plus que les familles!!!!
Désolée pour les esprits fermés qui ne voient que le bien à l'intérieur de la famille et le mal à l'extérieur de la famille, mais malheureusement la réalité est toute autre chose et beaucoup plus souvent que plusieurs ne veulent bien le voir!! C'est trop tabou de parler de ca....
BIEN QU'IL AILLE CHEZ LE DIABLE LE TABOU >:(
Zu moi je dis que tu as le droit d'aller cogner à sa porte....
Lui dire que tu t'inquiète.....
Lui dire qu'il compte pour toi, et que tu veux être là, mais que tu ne le dérangeras pas....
Tu auras peut-être la surprise de le voir très malade, et te sentir inutile, mais tu peux être là si il est seul....
Tu peux être là sans le déranger... à ses côté... sans parler parce qu'il est trop mal ou épuiser...
L'aider à se lever de son lit pour aller au toilette...
Lui refroidir le front d'une lingette humide....
Ouvrir les toiles parce qu'il voudrait voir le soleil, ne serait-ce que pour quelques minutes......
Juste être là.....Pour qu'il comprenne que TU L'AIMES.......
Juste être là à le regarder dormir....
Pour ta mémoire.. lorsqu'il ne sera plus là! :'(
Zu fais de ton mieux pour ne pas regretter...parce qu'après...il sera trop tard!!!!
Désolé de m'être facher....mais il existe bien d'autre réalité, que les supposer familles parfaites !!!
Amitiée Sylvie
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Ma pauvre Germinou ... si tu savais !!!!
Nous ne lui prenions pas son énergie, il n'en n'avait plus tellement il souffrait alors de grâce ne juge pas.
Marithé
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Oh la Germinou attention à tes jugements à l'emporte pièce, j'ai été un peu froissée de tes propos dans ton dernier message !!!
Nous avons fait ce que nous avons pu avec ce que nous sommes, en toute humilité hélas, nous nous sentions tellement démunis devant la souffrance de notre fils.
C'est vrai que chaque cas est un cas, on ne peut parler que de ce que l'on connait. Mais je ne vais plus parler de notre cas personnel sur le forum. En tout cas pour Antoine, il n'y avait aucune ambiguité, il a toujours voulu être accompagné de sa famille proche dans sa grande souffrance, et dans son accompagnement, je t'assure que nous nétions pas trop ! et il est mort entre nous comme il l'avait souhaité.
D'ailleurs je n'ai pas à nous justifier devant qui que ce soit !
Ton message m'a beaucoup fait pleuré, alors je t'en prie, mesure tes propos ... sois un peu bienveillante.
Marithé
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Oh làlà tous...
Je dois des excuses très sincère à Mamita....
Je l'ai blessée sans le vouloir, puisque ce n'était pas dutout elle et sa famille exemplaire que je visais....mais bien plusieurs autres familles!!
Alors à tous ceux à qui le chapeau fait, il vous appartiens de le prendre ou non! Mais de grace s'il ne vous fais pas, et bien ne le portez pas, s'il vous plait ne vous faites pas de mal avec mes propos, nous en vivons déja bien assez comme ca!!
Je me suis "relu" et euh...ichhh...c'est vrai que mes propos écris à Mamita aurait dû l'être d'une tout autre facon ou peut-être même pas dutout.....Alors encore une fois Mamita...bien humblement PARDON!!
Bon alors voila j'ai décidée de supprimer cette phrase inutile!!!
Sylvie
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Bon, j'ai bouclé la boucle, je suis allée directement chez lui avec quelques films. Il venait de se coucher, sa colloc m'a dit «je peux aller le réveiller», j'ai dit «non surtout pas», je ne viens pas le déranger, et j'ai parlé un bon 45 minutes avec elle, avec son accord. Je suis triste de ne pas l'avori revu, mais je sais qu'il ne pouvait recevoir ma visite dans ce nouvel état...
J'ai donné mon numéro de téléphone et celui de mon frère sur un papier à la dame, et lui ai demandé de nous téléphoner pour donner des «nouvelles», éventuellement.
Il ne voulait visiblement plus d'amis près de lui, car il se sentait dépérir et ne voulait pas nous en faire part. Je l'ai entendu tousser comme jamais et elle m'a fait part de ses douleurs qu'il tentait de pallier chez le chiro, sans succès.
Il a préféré inventer des histoires, il faut donc lui pardonner le manque de communication et le laisser aller, tel qu'il le désire. Au moins j'ai été en quête de nouvelles, car je suis du genre audacieuse et je vais au bout de mes convictions, ce qui était important pour que je passe mieux à travers après ces 3 semaines sans réponse.
Donc, je sais qu'il ne sera pas seul et je suppose que si nous avons à savoir quelque chose, je dois avoir confiance...
Merci à tous, et ne vous disputez pas, le deuil est déjà si difficile à traverser...
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Oui Merci Zu....
Mes pensées vont dans le même sens que ceux d'Éphémere....
amitiée Sylvie :-*
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Bonjour Zu,
J' ai perdu ma soeur d'une maladie auto-immune extrêmement dégradante physiquement. Et comme ton ami, à la fin de sa vie, elle avait réduit le nombre de personnes qui pouvait la voir au minimum, moi, son ex compagnon de 20 ans (pour moi son âme soeur) et une amie d'enfance. Elle ne voulait même plus voir pendant un temps son dernier compagnon qui n'a pas toujours été à la hauteur pour l'accompagner. Elle refusait catégoriquement de voir ses autres amis, ma tante (comme une deuxième mère pour nous car elle n'a pas eu d'enfants), et mes filles.
Comme je te l'ai dit, elle était extrêmement dégradée, et nous qui l'avons accompagnée jusqu'à son dernier souffle, avons du mal à oublier les images.
Je comprends ma soeur qui n'avait pas envie de lire dans les yeux de ses amis toute la détresse de son âme et de son corps. Elle a choisi "les plus vaillants". Et après sa mort, j'ai dit à mon meilleur ami que si je me retrouvais dans le même état que ma soeur, je lui interdirais de me voir. Il m'a répondu "c'est hors de question, j'en ai rien à faire que tu sois dégradée". Je lui ai dit 'tu ne comprends pas, c'est pour moi, pas pour toi. Il faut laisser leur dignité aux gens qui vont mourir. Il faut respecter leur décision."
Accompagnez votre ami par la pensée. Envoyez-lui des sourires, des mots d'amour. Et choisissez un intermédiaire pour lui manifester votre présence. Je vous souhaite bon courage
Madâme
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Bonjour Adèle,
Merci pour ton message qui me fait verser des larmes que je sens rouler sur mes joues comme si Carole était partie hier. L'accompagnement d'une personne qui va mourir est un moment qu'on n'oublie jamais. J'ai utilisé le terme "vaillant" que tu as repris, parce que je me rappelle les instants où après avoir réconforté et massé ma soeur, je la quittais, et fondais en larmes à peine après avoir refermé la porte.
Et en pleurant, je me dis qu'il faudra qu'un jour j'aille voir un psychologue pour pouvoir déposer toute cette douleur propre à l'accompagnement, dont le souvenir vient s'ajouter au travail de deuil.
Bravo à ton Oli qui avait dépassé le stade du paraître. Je pense que Carole savait qui pouvait supporter son accompagnement. C'est pour ça qu'elle avait catégoriquement dit non à certaines personnes. Ma tante est à nouveau sous anti dépresseurs. Elle ne se fait pas à la mort de Carole. Je pense que ça aurait été encore plus dur si elle avait vu la dégradation de Carole. Comme elle le dit "Au moins, j'ai gardé une belle image d'elle".
Je réitère mes conseils à Zu. Je suis persuadée que la pensée (celle de l'âme) atteint ceux qu'on aime. J'ai une amie en deuil de son père. Parfois je lui envoie un texto pour lui dire que je pense à elle et que je suis là, à ses côtés. Elle me répond "je sais, je le sens". C'est ça la magie de la vie, la communication de nos âmes à distance…
Je t'envoie plein de courage
Madâme