Bonjour Laurence
Comme je vous comprends... mon fils allait bientôt avoir 20 ans quand il s'est suicidé. C'était le 22 avril dernier. La différence c'est que j'ai su tout de suite la cause du décès car il avait laissé des textos l'annonçant à son ex copine (qui n'a rien fait et ne m'a pas prévenue). Je le croyait également chez un copain. Par contre, au vu de ces textos et du fait qu'il n'était pas toujours bien dans sa peau, les gendarmes et pompiers qui l'ont retrouvé ont déclaré immédiatement le décés sans enquête et sans autopsie. J'ai eu de la chance dans mon malheur car on m'a dit qu'ils auraient pu le faire pour confirmer. Je suis tombée sur des gens intelligents et humains qui n'ont pas voulu ajouter au choc et au chagrin toutes ces démarches. Par contre, je n'ai pas eu le droit de monter dans l'ambulance ni de le voir avant le lendemain au funérarium...
Dans votre cas, on peut comprendre qu'il y est eu nécessité d'écarter toute hypothèse de crime ou autre mais pas que cela dure depuis si longtemps. Vous pouvez faire appel à une association d'Aide aux Victimes, il y en a dans chaque département (coordonnées dans annuaire, commissariat ou gendarmerie). Ce sont des juristes qui gratuitement vous guideront et vous donneront des pistes. Rappelez le Procureur et insistez !! Ayant travaillé dans cette association, je me souviens d'un père qui a remué ciel et terre pour avoir la lettre laissée par son fils plusieurs mois après... Intolérable !! Il a eu gain de cause.
Vous pouvez compter sur notre aide et soutien.
De tout coeur avec vous

Un Grand merci Angelik et Melasulli pour avoir pris le temps de me lire, qui plus est, de m'avoir répondu avec autant d'empathie. Pour cela, mon coeur se réchauffe un peu ... Contrairement à vous, j'ai été confronté à ce qu'il y a de plus INHUMAIN au sein de la police à laquelle j'ai eu à faire. A titre d'exemple (et ils sont nombreux), alors que le papa de Marwen et moi-même étions au commisariat pour  tenter d'obtenir une autorisation d'inhumer, qu'ils ont tardé à nous remettre ( pour des sois-disant indisponibilité du procureur) je me suis vu entendre dire par l'un des policiers, je cite: "vous ne voulez pas non plus qu'on vous accueille avec des fleurs?"... Les détails de violences verbales sont nombreuses, les incohérences, l'absence d'humanité également, ce qui me laisse à penser qu'ils ont porté d'emblée un jugement sur moi, sur nous... comme si son père et moi étions coupable du décès de notre enfant ! La culpabilté est déjà le premier sentiment qu'un parent endeuillé ressent, avec leur méthode ils ne font que renforcer mon sentiment initial. S'en est trop, vraiment trop !!! Suite à un entretien avec un Médiateur de la République ce jour, ce dernier (touché et questionné par mon histoire) va saisir à son tour le Procureur pour tenter d'éclairer et de comprendre ce qui se passe, la raison pour laquelle, on nous laisse désespéremment et depuis le début, sur le bas coté de la route. Il m'a par ailleurs vivement conseillé en parallèle, de rencontrer un avocat car, comme il le ressent et le souligne, "il semble qu'il y ait des zones d'ombres dans cette histoire, et qu'il ne faut surtout pas laisser passer....". Je me battrais jusqu'au bout, tel est mon combat pour mon fils,  avec je l'espère encore et encore votre soutien à vous tous... et pour que jamais personne ici-bas, ne vive encore pareil horreur, en plus de la souffrance initiale, de perdre un enfant, un proche.... AVEC TOUTE MON AFFECTION.
Laurence

Bonjour Laurence
Vous avez raison, chercher les raisons et comprendre est la seule chose que l'on puisse faire et ce n'est qu'après que l'on peut se laisser aller à notre chagrin... et c'est très important. Moi aussi, j'ai voulu tout savoir. J'ai chercher dans son ordinateur, sa chambre et son téléphone portable dès que nous avons pu le récupérer, c'est à dire un mois après et cela m'a éclairé sur bien des points. certains proches m'ont dit que je me faisais du mal pour rien... je ne le crois pas, il fallait que je sache et une psy m'a répondu que c'était une réaction normale et nécessaire de la part d'un parent. Et c'est comme ça, au bout d'un mois, que j'ai trouvé le mot qu'il nous avait laissé (caché dans sa chambre). Et j'ai compris certaines choses même si je n'ai pas toutes les réponses.
Donc je vous souhaite de trouver rapidement les causes de son départ. Ne vous laissez pas abattre, c'est votre droit !! Et vous avez raison de dire qu'il ne faut pas que cela se reproduise pour d'autres... Après, tout ça, vous pourrez prendre soin de vous et peut être en parler avec un professionnel pour ne pas que cette culpabilité imposée par des gens ignobles vous ronge.
Bon courage pour la suite. Bien affectueusement

A VOUS QUI ME LIREZ,

Je ne sais toujours pas de quoi mon fils unique est décédé le 9 Avril 2011, ni le procureur ni le commissariat ne s'est encore manifesté,malgrè mes diverses démarches, déplacements, courriers, rdv (?). Je ne peux donc pas m'empêcher d'en chercher moi même la ou les réponses. Autant dire que toutes les hypothèses me passent par la tête...et je me questionne, sur cet appel téléphonique que j'ai reçu de MON FILS le 8 Avril au soir.....d'avec une voix douce et posée, m'informait venir à la maison le lendemain (samedi 9) pour y passer  le we (il était étudiant à la faculté des sciences, et ne venait pas systématiquement le we à la maison...ce que j'avais finalement fini par accepter...n'ai-je pas eu moi non plus 20 ans?). Puis, lors de l'échange téléphonique d'avec lui, il rajoute avoir envi de passer un peu plus de temps avec moi, et me rassure en me disant: " Ma mamounette, ce n'est pas parce que je ne viens pas tous les we, que je ne veux pas venir....je sais que où que je sois, tu es...!" J'ai trouvé cette phrase d'une grande splendeur, et me suis dis qu'il avait enfin compris ce que je lui disais souvent, que sa vie étudiante, affective avec ses amis, amoureuse avec sa compagne (relation très très forte (si ce  n'est fusionnelle) qu'il entrenait avec elle, depuis un an), n'était pas incompatible avec la vie familiale...qu'il fallait juste qu'il apprenne à orienter ses priorités, et ce, à la bonne distance....faisant en sorte que l'une ne prenne pas trop le dessus sur l'autre...Mon fils avait cette soif de tout découvrir, de tout faire, de tout apprendre....comme si il avait compris bien avant moi, que le temps était précieux, lui était compté, que chaque seconde ici-bas était à vivre....Mais n'avait-il pas raison finalement, n'es ce pas le commun des mortels, de n'être que de passage ici-bas ? (autant dire que le 8 avril (veille de son décès, je ne tenais pas le même discours...). Aujourd'hui, oui je sais, que ma douleur d'avoir perdu mon fils vivra au fond de moi jusqu'à mon dernier souffle....aujourd'hui, oui je sais, que je ne suis pas immortelle....aujourd'hui, oui je sais, que le temps m'est compté....aujourd'hui, oui je sais que je n'ai pas peur de mourir parce que mon fils ne pleurera pas ma mort (je l'épargne de cela, Lui qui a aimé et aime "sa mamounette" de manière incondiscionnellle)....aujourd'hui, oui je sais que la vie ne sera jamais plus comme avant, mais que je reste à jamais la mère de Mon unique enfant.....aujourd'hui, oui je sais, que j'ai peur de vivre, peur de suivre mon chemin, peur d'aimer la vie et de réaliser ce que je souhaitais faire de ma vie, une fois que lui aurait pris son chemin d'adulte en devenir....Et je "l'entend" me dire encore et encore :"vas-y maman, fais-le, pars en Afrique, ta place est là-bas....tu t'es battu pour moi ici-bas pendant tant d'années, je veille sur toi, profites comme j'ai profité, et saches qu'un jour toi et moi seront à nouveau réuni..." Je terminerai mon commentaire en publiant le texte ci-dessous, qu"étrangement" j'ai publié sur mon mur facebook le 9 avril 2011 à 9h30 du matin, soit une heure avant que l'on vienne m'annoncer le décès de mon fils (?). Es-ce que je parlais de moi, où es-ce mon fils qui m'aurait envoyé ce message ? Dieu seul le sait


"Je veux libérer mon âme afin qu'elle puisse jouir de tous les dons que possèdent les esprits. Lorsque ce sera possible, je ne tenterai pas de connaître les cratères de la Lune, ni de suivre jusqu'à leur source les rayons du soleil. Je ne tenterai pas de comprendre la beauté de l'étoile, ni la désolation artificielle de l'être humain. Lorsque je saurai comment liberer mon âme, je suivrai l'aurore et je remonterai le temps avec elle. Lorsque je saurai libérer mon âme, je plongerai dans les courants magnétiques qui se jettent dans un océan où toutes les eaux se rencontrent pour former l'Ame du Monde. Lorsque je saurai libérer mon âme, j'essayerai de lire depuis le début, la page splendide de la Création"

John Muir

Affectueusement à vous tous qui m'aurait lu....

Bonsoir Laurence
Vos questions auront une réponse un jour mais il faudrait bien qu'ils s'activent. Tout ça est incompréhensible et intolérable et je vous comprends. Cela me met en rage pour vous... Nous n'avons pu récupérer les affaires que mon fils avait sur lui qu'un long mois après et en réclamant, ils attendaient que l'on se manifeste... et c'est là que l'on a eu connaissance de ces derniers échanges sur portable avec son ex où il lui demandait comme dernier service de me prévenir et de dire qu'il avait caché un mot d'adieu dans sa chambre... Elle n'a fait ni l'un ni l'autre ?? Il était seul dans ce bois pendant toutes ces heures et j'imagine sa détresse. Son décés a été estimé à 01h environ, les parents m'ont prévenu vers 9h30 le lendemain dès qu'ils ont su et on ne l'a retrouvé qu'à 11h30. Je suis en colère contre elle. Alors qu'au moment du décès je l'ai soutenue même si je ne la connaissais pas avant et que depuis nous n'avons eu aucun contact, j'ai parfois une folle envie de lui dire ce que je pense. Elle est jeune mais elle aurait du comprendre que ce mot était très important. un mois après ça m'a bouleversé et ramené au point de départ. J'ai cru pendant tout ce temps qu'il n'avait rien laissé donc qu'il nous en voulait... c'était faux.
tout ça pour vous dire que c'est important de savoir mais aussi très déstabilisant. Je sais que vous devez imaginer toutes les hypothèses et que cela doit vous envahir à longueur de journée et de nuit...
J'espère de tout coeur que vous saurez très vite même si cela ne vous rendra pas votre fils. Nous vivrons toujours avec ce manque en nous. Comme vous, je sais que désormais rien ne sera plus comme avant... Mais j'ai "peur" de mourir pour mes 2 autres fils qui ne supporteraient pas de me perdre après leur frère. Je me sens tellement impuissante devant leur douleur. Alors, je vais tenir le coup en espèrant que le jour venu, peut être que je pourrais enfin le revoir...
Courage à vous. On attend de vos nouvelles.