Je vous remercie pour vos réponses qui m'ont fait plaisir car elles me permettent de sortir de ma solitude, car c'est bien ce sentiment que je crains le plus que je suis bien décidée à mettre en échec lorsqu'elle s'assimile à de la souffrance.
En fait l'annonce de cette terrible maladie a été précédée d'une très grave crise qui m'a boulversée. En effet, la veille d'aller préciser le disgnostic, alors que nous craignions tout au fond de nous qu'il s'agisse de la troisiéme hypothèse formulée par le spécialiste, à savoir un cancer du pancréas et sans en connaitre encore la portée réelle, mon mari a été pris de si violentes douleurs qu'il n'a même pas eu la force de m'appeller à l'aide. Ce soir là, je regardais la télé, histoire de moins angoisser et lui ,était dans la chambre à l'étage supérieur. C'est lorsque je suis allée me coucher que j'ai découvert des râles de douleur comme jamais je n'avais entendu. Jamais malade, il pensait faire face seul. je l'ai emmené en catastrophe aux urgences et il a été traité à la morphine. j'ai attendu qu'il soit plus serain pour rentrer chez moi. Cette nuit là, j'ai pris la dimension du drame qui s'abattait sur nous et les larmes que j'ai versées ne venait pas de ma tête, ni de mon coeur, mais de mes entrailles. je n'ai jamais pleuré comme ça, mes angoisses d'enfance ont refait surface de manière violentes et j'en ai appellé à tous les morts qui ont aimé mon mari : sa grand-mère, son père qu'il a perdu à 20 ans pour leur supplier ne le laisser encore un peu sur terre à mes cotés, que ce n'était pas encore le moment, que s'il fallait que nous soyons séparés, qu'ils me laissent encore du temps. C'était hallucinant et j'ai bien cru sortir folle de cette nuit là, aussi incroyable que cela puisse paraitre, j'ai ressenti un très grand calme après ces supplications, comme une réponse... Le lendemain, le diagnostic était sans appel, je me suis précipitée sur internet avec mon fils et nous avons compris que notre vie ne serait plus jamais pareille.
Le résultat de ces circonstances, c'est que je n'arrivais pas à le laisser seul dans une pièce, encore moins de sortir de la maison. Je culpabilisais tout le temps et je me disais que si je n'étais pas là, il pourrait mourir et que je devais veiller sur lui. Je me suis levée la nuit comme une mère inquiète qui vient vérifier que son nouveau-né respire encore. Je n'arrivais plus à travailler et j'ai craquer six mois plus tard pour dépression. ce climat d'angoisse a duré une année. Au début, mon mari pris dans sa tourmente s'est fait opéré, seul moyen de prolonger sa vie, était touché par cette proximité, mais il a finit lui-même par me demander de prendre de la distance, me dire qu'il avait envie d'une compagne coquette, pleine de vie qui le tirait par le haut. J'ai défusionné petit à petit, en même temps durant mon congé de maladie, nous en avons profité pour faire quelques voyages entre deux repos de chimio contre avis médical, peut-être étions nous fous, mais avec le recul je pense que nous avions raison.
Maintenant, j'ai toujours l'impression de flotter, parfois je deviens amnésique et je me dis que tout va bien, c'est presque comme avant. Mon mari, déjà hyperactif, vit une vie à 500%. il a tellement de rêves et de projets. Chaque jour est une richesse tellement belle.
D'autre fois, le visage de douleur qu'il ne partage qu'avec moi pour m'appeller à l'aide, les rendez-vous médicaux me rappellent brutalement que la réalité est là, quelques soient les efforts que mon cerveau soit capable de faire.
Malgré la douleur, j'ai l'impression d'être plus humaine avec les autres et de débrider mes réactions, les personnes autour de moi qui connaissent ma situation, me font part de leur souffrances et je m'autorise à les prendre dans mes bras.C'est pour l'instant la meilleure parade que j'ai trouver pour les réconforter. j'en ai fini avec ma timidité, il est l'heure de grandir et d'être soi, d'accepter l'idée de maladie et de mort et de les combattre par de l'amour.
Vous me parlez d'écouter ses désirs, en fait ce qui le préoccupe le plus c'est l'avenir de notre fils de 19 ans, mais il sait qu'il peut compter sur moi et si je suis préte à me battre c'est surtout pour veiller sur ce fils fragilisé lui aussi, avec lequel des liens de grande proximité se sont renforcés depuis cette épreuve. je voudrais lui démontrer à lui et à tous nos descendants futurs que malgré les épreuves les plus dures, le bonheur a croisé, croise et croisera leur vie.
Je suis d'accord avec toi lili563, même s'il s'agit d'un sursis le premier choc a été digéré et nous avons de la chance, c'est pour cette raison que j'oscille toujours entre espoir et réalité. Ceci dit j'ai l'impression parfois d'être en parfait décalage avec le monde réel. Des amis nous ont fait part de leur projet de divorce et je ne suis pas sure que ma réponse soit appropriée dans de telle circonstance. je n'ai rien trouvé d'autre à dire que puisqu'ils étaient tous deux en parfaite santé, ce n'était pas bien grave et que n'était peut être qu'une crise passgère. Tout devient étrangement complétement relatif.
Au plaisir de vous lire