Auteur Sujet: Aider mon ami tout en surmontant ma propre peine  (Lu 5897 fois)

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Missdii

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Aider mon ami tout en surmontant ma propre peine
« le: 04 juillet 2015 à 14:38:28 »
Bonjour, je ne suis pas une grande habituée des forums, mais j'ai le besoin de parler. Voici mon histoire :
J'ai 22 ans. Depuis près de 2 ans maintenant, j'ai quitté ma famille pour faire mes études dans le Sud de la France. Nouveau tournant dans ma vie. J'ai écrit une nouvelle page, démarré une nouvelle aventure.  Pendant 2 ans donc, le paradis : réussite scolaire, des amis proches, et un copain formidable. Ma relation avec ce dernier est devenu très sérieuse. Nous avions une relation très fusionnelle. 2 fois par mois, nous allions chez sa mère. Une femme formidable avec qui je me suis liée d'amitié. Il y avait aussi ses petites sœurs (20, 18, 14 et 8 ans) qui sont devenues des camarades, des confidentes. Étant fille unique, cette univers était nouveau pour moi, et merveilleux. Un havre de paix, de rires et de bonheur. Et puis l'année dernière, on a diagnostiqué un cancer du sein à la mère de mon ami. Mais c'était une sacrée battante. Après le stress des premiers temps, tout rentrait dans l'ordre et 6 mois plus tard, elle était sur pied. La belle vie reprenait. Mon copain part finir ses études à Barcelone. On se voit peu, mais nous restons très proches.  Tout allait bien. Et puis, on diagnostique à sa mère un cancer du foie. Là, la nouvelle est dure à encaisser. Mais nous ne perdons pas espoir. C'est une femme forte, elle guérira. Je vais régulièrement la voir. C'est une personne que j'admire profondément. Forte, detreminée, avec des valeurs et des principes moraux. Le genre de femme que j'aimerai être. Le genre de personne qui dégage une aura, avec qui on se sent si bien. Elle me disait être son amie, que "je faisais partie des meubles" de la maison, de la famille. Bref, nous gardions espoir et la vie poursuivait son court. Avec mon ami, nous avions des projets de vacances, de voyage, même le projet que je vienne m'installer à Barcelone à la fin de mes études. Je commence à lui planifier une belle fête pour son anniversaire qui tombe le 21 août. Le bonheur à l'état pure. Puis la chute. Il y a de cela 2 semaines, sa mère perd la tête, la mémoire, plonge en dépression...  Chacun fait de son mieux pour appréhender cette nouvelle, mais, même s'il me faut quelques jours pour l'accepter, je sais ce que c'est : le cancer se généralise au cerveau.  Coup de massue. Nous n'avons pas encore les résultats des médecins. Je dépense mes petites économies pour aller soutenir mon ami à Barcelone. Il semble tenir le coup. Nous passons un formidable week end, avec petit restaurant et belles promesses d'avenir. J'ai le cœur serré de devoir repartir mais il le faut. Et puis le 16 juillet, nous fêtons nos deux ans. On se retrouvera alors pour de merveilleux moments. Je repars donc confiante, pleine d'espoir pour la suite. Et puis lundi 29 juin, les résultats tombent :le cancer est généralisé, il reste à sa mère quelques jours. Même si je m'en doutais, c'est une douleur atroce.  Depuis, c'est une véritable descente aux enfers.  Mon beau petit monde s'écroule. Mon ami part retrouver toute sa famille pour l'accompagner pour ses derniers instants. De mon côté, j'attends. Une attente horrible. Je ne cesse de pleurer, je perds l'appétit, le goût de tout. Et cette colère ! Pourquoi, pourquoi maintenant ? Et je m'en veux également de me trouver si égoïste ! Ils doivent vivre un cauchemar là bas. Et je ne peux rien faire pour aider.... Je voudrais venir les rejoindre, mais mon ami ne le souhaite pas. Il se renferme sur  lui même, ne répond pas à mes messages de soutien.  Je sais juste qu'ils vont voir leur mère tous les jours et sont dans une attente ignoble. Et de mon côté, même si je sais que ma peine est incomparable à la leur, je souffre terriblement. Savoir que je perds une amie, ma "maman du Sud" comme je l'appelle, mais aussi tout l'univers qui s'y rapporte, savoir que mon ami et ses sœurs, si chers à mon cœur sont plonger dans une souffrance que je ne peux soulager me font atrocement mal... Je suis profondément malheureuse et j'ai très peur pour la suite. Comment aider l'homme que j'aime alors que moi même je souffre ? Je dois me montrer forte. Sauf que dans ce genre d'instants, je recherche son attention. Je voudrai que l'on se soutienne à deux, tandis que lui m'exclut et se referme sur lui même. Je peux le comprendre et me montrerai patiente.  Mais j'ai peur. Peur de ne pas être en mesure de l'aider. Peur de ne plus jamais le revoir sourire. Il est en train de perdre sa maman, avec qui il avait une relation si fusionnelle ! Et je ne peux rien faire.... Cette impuissance me ronge. Je sais que les prochains mois seront affreux...  J'aimerais être son soutien, son repère, sa source de joie.... Mais j'ai peur qu'il refuse mon aide.  Et j'ai peur de ne pas réussir à l'aider convenablement alors que je souffre de la perte de mon amie, mais aussi  de mon univers trop parfait.

Désolée pour ce long récit , mais écrire mon ressenti me fait du bien. J'en avais besoin.

Missdii

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Re : Aider mon ami tout en surmontant ma propre peine
« Réponse #1 le: 04 juillet 2015 à 14:43:37 »
Bref, je me sens impuissante et égoïste, égoïste de pleurer la perte de mon amie, de mon idéal, de mon bonheur et de mes rêves, alors qu'eux perdent tellement plus.
Est ce normal de souffrir autant ? Est ce normal d'avoir si peur de la suite ? Comment puis je aider mon ami quand je cherche à lui offrir tout mon amour et mon soutien, alors que lui recherche la solitude ?

Hors ligne zabou

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Re : Aider mon ami tout en surmontant ma propre peine
« Réponse #2 le: 04 juillet 2015 à 16:48:58 »
Bonjour Missdii,

C'est normale oui d'avoir peur de perdre ses rêves, l'avenir que l'on avait imaginé, c'est malheureusement normal aussi de souffrir autant, tu n'est peut être pas près de cette personne qui termine sa vie , mais tu l'aimes, tu es proches d'elle, et ton égoïsme c'est surtout de la tristesse.

Tu peux aider ton ami en étant là, présente, lorsqu'il aura besoin de toi, aujourd'hui c'est très difficile pour lui, comme toi, il assiste impuissant à la fin de son monde d'avant, au changement de sa maman tout en sachant que cela ne durera pas, qu'elle va partir vers d'autres cieux et tout son être est surement focalisé sur sa maman, peu ou pas de place pour le reste , chacun d'entre nous le sait, lorsque l'on à perdu une personne que l'on aime pardessus tout....

Ton ami a besoin pour l'instant de cette solitude, et puis qu'on le veuille ou non , il reste un homme, plus pudique, moins de larmes, avec la souffrance dedans, comme malheureusement, socialement parlant, il l'a appris.

C'est très dur pour un homme de ne pas se montrer fort.....

Lis quelques fils sur ce forum, cela te permettra de mieux comprendre son état d'esprit actuel, et ce que tu peux faire éventuellement.

Pas facile de conseiller nous sommes tous si différents, et puis je suis une femme, alors je vois les choses de façon différentes, tout ce que je peux te dire, c'est que mon mari est décédé d'un cancer que je suis restée à ses cotés jours et nuits jusqu'au bout, et que j'étais heureuse que mon fils ses trois derniers jours soit à mes cotes, à nos cotés, tout en sachant que ce qui a été destructeur pour moi le fut aussi pour lui..... peut être aussi, que ton ami cherche  a t'épargner.

D'autres viendront avec d'autres mots , d'autres idées, pour t'aider.

Je t'embrasse et te souhaite de la force.

zabou
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

Missdii

  • Invité
Re : Aider mon ami tout en surmontant ma propre peine
« Réponse #3 le: 05 juillet 2015 à 17:01:46 »
Merci beaucoup de cette réponse. Effectivement, lire les fils de ce forum m'aide beaucoup à comprendre ce que je ressens et ce qu'il doit éprouver.
Sa maman est parti dans la nuit. Elle a été entourée de ses enfants, jusqu'au bout, même si elle perdait la mémoire et ne se souvenait même plus d'eux...  Ils ont été présents et se soutiennent maintenant pour traverser cette épreuve. Son meilleur ami et moi même nous nous soutenons mutuellement, pour surmonter notre propre peine (nous la connaissions tout les deux très bien) et être forts pour soutenir mon ami et ses sœurs.
L'idée de reprendre mon travail demain est une torture. (Je suis actuellement en stage en Espagne). Je vais tenter de poser quelques jours, pour au moins être présenté au moment des obsèques et apporter un peu de soutien dans ce cauchemar qui est le leur.