Bonjour, je ne suis pas une grande habituée des forums, mais j'ai le besoin de parler. Voici mon histoire :
J'ai 22 ans. Depuis près de 2 ans maintenant, j'ai quitté ma famille pour faire mes études dans le Sud de la France. Nouveau tournant dans ma vie. J'ai écrit une nouvelle page, démarré une nouvelle aventure. Pendant 2 ans donc, le paradis : réussite scolaire, des amis proches, et un copain formidable. Ma relation avec ce dernier est devenu très sérieuse. Nous avions une relation très fusionnelle. 2 fois par mois, nous allions chez sa mère. Une femme formidable avec qui je me suis liée d'amitié. Il y avait aussi ses petites sœurs (20, 18, 14 et 8 ans) qui sont devenues des camarades, des confidentes. Étant fille unique, cette univers était nouveau pour moi, et merveilleux. Un havre de paix, de rires et de bonheur. Et puis l'année dernière, on a diagnostiqué un cancer du sein à la mère de mon ami. Mais c'était une sacrée battante. Après le stress des premiers temps, tout rentrait dans l'ordre et 6 mois plus tard, elle était sur pied. La belle vie reprenait. Mon copain part finir ses études à Barcelone. On se voit peu, mais nous restons très proches. Tout allait bien. Et puis, on diagnostique à sa mère un cancer du foie. Là, la nouvelle est dure à encaisser. Mais nous ne perdons pas espoir. C'est une femme forte, elle guérira. Je vais régulièrement la voir. C'est une personne que j'admire profondément. Forte, detreminée, avec des valeurs et des principes moraux. Le genre de femme que j'aimerai être. Le genre de personne qui dégage une aura, avec qui on se sent si bien. Elle me disait être son amie, que "je faisais partie des meubles" de la maison, de la famille. Bref, nous gardions espoir et la vie poursuivait son court. Avec mon ami, nous avions des projets de vacances, de voyage, même le projet que je vienne m'installer à Barcelone à la fin de mes études. Je commence à lui planifier une belle fête pour son anniversaire qui tombe le 21 août. Le bonheur à l'état pure. Puis la chute. Il y a de cela 2 semaines, sa mère perd la tête, la mémoire, plonge en dépression... Chacun fait de son mieux pour appréhender cette nouvelle, mais, même s'il me faut quelques jours pour l'accepter, je sais ce que c'est : le cancer se généralise au cerveau. Coup de massue. Nous n'avons pas encore les résultats des médecins. Je dépense mes petites économies pour aller soutenir mon ami à Barcelone. Il semble tenir le coup. Nous passons un formidable week end, avec petit restaurant et belles promesses d'avenir. J'ai le cœur serré de devoir repartir mais il le faut. Et puis le 16 juillet, nous fêtons nos deux ans. On se retrouvera alors pour de merveilleux moments. Je repars donc confiante, pleine d'espoir pour la suite. Et puis lundi 29 juin, les résultats tombent :le cancer est généralisé, il reste à sa mère quelques jours. Même si je m'en doutais, c'est une douleur atroce. Depuis, c'est une véritable descente aux enfers. Mon beau petit monde s'écroule. Mon ami part retrouver toute sa famille pour l'accompagner pour ses derniers instants. De mon côté, j'attends. Une attente horrible. Je ne cesse de pleurer, je perds l'appétit, le goût de tout. Et cette colère ! Pourquoi, pourquoi maintenant ? Et je m'en veux également de me trouver si égoïste ! Ils doivent vivre un cauchemar là bas. Et je ne peux rien faire pour aider.... Je voudrais venir les rejoindre, mais mon ami ne le souhaite pas. Il se renferme sur lui même, ne répond pas à mes messages de soutien. Je sais juste qu'ils vont voir leur mère tous les jours et sont dans une attente ignoble. Et de mon côté, même si je sais que ma peine est incomparable à la leur, je souffre terriblement. Savoir que je perds une amie, ma "maman du Sud" comme je l'appelle, mais aussi tout l'univers qui s'y rapporte, savoir que mon ami et ses sœurs, si chers à mon cœur sont plonger dans une souffrance que je ne peux soulager me font atrocement mal... Je suis profondément malheureuse et j'ai très peur pour la suite. Comment aider l'homme que j'aime alors que moi même je souffre ? Je dois me montrer forte. Sauf que dans ce genre d'instants, je recherche son attention. Je voudrai que l'on se soutienne à deux, tandis que lui m'exclut et se referme sur lui même. Je peux le comprendre et me montrerai patiente. Mais j'ai peur. Peur de ne pas être en mesure de l'aider. Peur de ne plus jamais le revoir sourire. Il est en train de perdre sa maman, avec qui il avait une relation si fusionnelle ! Et je ne peux rien faire.... Cette impuissance me ronge. Je sais que les prochains mois seront affreux... J'aimerais être son soutien, son repère, sa source de joie.... Mais j'ai peur qu'il refuse mon aide. Et j'ai peur de ne pas réussir à l'aider convenablement alors que je souffre de la perte de mon amie, mais aussi de mon univers trop parfait.
Désolée pour ce long récit , mais écrire mon ressenti me fait du bien. J'en avais besoin.