Claire,
La durée du deuil est souvent bien difficile, tant à prédire qu'à vivre !
Deux ans, c'est à la fois long et très court.
Lorsque mon père est décédé, il y a quelques années, toutes les premières semaines, j'ai tenu, bien tenu, même.
Au point de croire que je franchirais ce cap sans trop d'embûches.
Je me disais : "La mémoire de mon enfance qui s'est effacée" doit certainement en être la cause.
Et cette situation s'est poursuivie plusieurs mois, sans trop de souffrances.
Et puis un jour, plutôt un soir, d'ailleurs, près de 6 mois après, j'ai tout lâché; "c'était mon père !"
Sont revenues alors en vagues continuelles des bribes de mon enfance, très peu cohérentes, mais, où sans comprendre, j'apercevais un chemin qui avait conduit de ce moment à sa mort !
Une sensation surprenante (mais compréhensible pour moi) d'immense gâchis d'une vie, la sienne, prise en étau entre l'amour et la haine.
En adulte, cette vision du passé qui rejaillit même incomplet, c'était sans doute pour moi cette forme de culpabilité qui nous habite tous, à un moment du deuil. Comme inévitable !
"Si j'avais ..., j'aurais dû ..., et si je ..."
Culpabilité comme sentiment et non comme fait.
Même le deuil accompli, il me semble qu'il n'efface en rien les sentiments qui nous habitaient et donc nous habitent encore.
Car les souvenirs restent en nous.
Comme tu le dis, "Je ne pleure plus", mais n'est-ce pas simplement là l'effet normal qui veut que les souvenirs soient toujours là, détachés de leur dose émotionnelle du début ?
Et qu'alors, finalement si, il y aurait une "normalité" dans ce ressenti actuel !
Ce qui ferait un sacré pas en avant d'accompli !

Yohann