Auteur Sujet: Tout l'amour que je te porte, Ô mon enfant chérie, le sauras-tu ?  (Lu 8406 fois)

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Mammj

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Bonjour à Toutes et Tous,

Je me décide à me manifester, moi qui égoïstement vous ai lus, ai trouvé des courts moments  d'accalmie à travers vos divers témoignages.
Nous sommes très différents les uns des autres dans nos réactions ; ainsi  de mon côté je n'attends pas de réponse particulière, toutes vos réponses réunies étant pour moi un furtif instant  d'apaisement dans mes crises de larmes, de détresse, étant donné que nous avons en commun une même douleur qui nous déchire et nous pétrifie ! Aussi je vous remercie d'être là même pour ceux qui restent dans l'ombre le coeur dans un étau...
 
Mi-juillet dernier, ma fille (46 ans) -maman de deux enfants- "a mis fin à ses jours". Je suis toujours sous le choc !
Nous n'avons pas compris, n'avons pas été avertis  qu'elle souffrait d'une dépression sévère (suite  un divorce qui ne s'est pas passé dans les conditions prévues au départ)  dans laquelle elle s'avançait à un point de non retour et qui l'éloignait chaque jour un peu plus de ses enfants dont  elle ne pouvait, depuis mi-mars, assurer sa semaine de garde..

Le soir où elle est passée à l'acte dans son ex-maison familiale, elle a cru perdre l'amour de ses enfants voulant les voir alors que son ex-conjoint la sommait en quelque sorte de guérir d'abord!
Fière elle cachait souvent les difficultés qu'elle vivait que  je n'ai  découvertes hélas qu'après... n'ayant pas su interpréter ses silences, sa fébrilité, sa grande souffrance.... toutes les difficultés auxquelles elle était confrontée.
Nous avons tous voulu la booster alors que l'urgence était qu'elle se soigne, qu'elle voit   fréquemment ses petits, même  que quelques heures !
 
Evidemment on l'a de surcroît  taxée  d'avoir pris la fuite et abandonné ses enfants, après  son geste de violence d'abord envers elle-même, ,  alors que c'est le corps médical et l'entourage qui n'ont pas été à la hauteur,  ni tendres avec elle, qui devraient  lui demander pardon ! Pour ma part je ne cesse de le faire depuis plus de quatre mois.... j'ai l'impression que c' était hier !
Elle m'avait quittée il y a plus de vingt ans et,   revenue chercher un peu d'aide,  elle se trouvait chez moi en attendant d'être
mieux pour repartir sur d'autres bases ! Je n'étais pas suffisamment informée de sa situation, et  j'ai conscience d'avoir ignoré
ce qu'il fallait faire ou ne pas faire... Il aurait fallu que je consulte de mon côté....
J' aurais tant souhaité qu'elle sorte de son mutisme, elle si communicative, indépendante et  décidée avant cette sournoise maladie, ne réagissait plus à force de médicaments qui la rendaient apathique, ce qu'elle n'a pas supporté !

Voilà, c'est à mon tour de souffrir de ne plus la savoir à sa vie, de ne plus avoir un coucou, un sms, une visite, un sourire,  un bisou,  
de ne plus avoir à lui faire quelques courses, lui offrir des petits cadeaux, de ne plus l'entendre  me dire "Maman ou "Mam""
C'est également à mon tour de souffrir de ne pas voir ses enfants.... ayant dit à l'ex-conjoint ce que je pensais de son attitude,
ce qui immanquablement l'a  conduit à m'éviter alors que  je sais  qu'il me faudra  bien respecter le père que les enfants aiment !
Que de chemin à parcourir...
Je compte y aller tout doucement, espérant ne pas devoir trop attendre quand même... les années passent pour moi !

Un drame... une histoire lourde pour mon enfant qui en a été victime, lourde de conséquences  pour ceux qui restent....
Je m'occupe un peu de mon appartement... tout ce que j'arrive à faire en me forçant.... outre certaines formalités non terminées...
Je suis très seule depuis....  J'ai eu  un coup de main au moment des obsèques, un coup de main  dont nous aurions eu besoin AVANT   cette tragédie,  nous nous  sommes tellement senties démunies toutes les deux parfois, je dirais plutôt souvent  ;  par contre  des conseils nous en avons reçu tant et plus,  plutôt  contre-productifs la plupart du temps  ; aujourd'hui, comme cela se produit  souvent en pareil  cas, mes proches n'ont pas envie que je les attriste outre mesure, c'est très clair !
Je m'abstiens de tout jugement, chacun fait ce qu'il peut faire...

Seule chez moi, au moins je peux pleurer la mort dans l'âme, toutes les larmes de mon corps. Je les croyais taries mais non,
elles n'ont cessé de couler depuis que je suis levée.... Je ne rêve pas de ma fille hélas ... Cette nuit, c' était plutôt de son ex-mari,
un cauchemar qui m'a empêchée de dormir !

Une fois par semaine je vais  chez une Psy et j' assiste à un groupe de paroles deux fois dans le mois ! Et le reste du temps ?
Quoi d'autre que de  réussir peut-être enfin un jour  à prendre sur soi ?

Très chaleureusement à Toutes et Tous, je partage votre peine et vos efforts et suis de tout coeur avec vous.
 Mammj

 
« Modifié: 29 septembre 2012 à 19:37:10 par Mammj »

Hors ligne angelik

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Re : Tout l'amour que je te porte, Ô mon enfant chérie, le sauras-tu ?
« Réponse #1 le: 25 novembre 2011 à 15:57:36 »
Bonjour Mammj
Je comprends votre peine, mon fils allait avoir  bientôt 20 ans quand il a mis fin à ses jours en avril. La dépression est une terrible maladie difficile à cerner et à combattre surtout quand on fait tout pour la cacher.

Difficile de ne pas se faire de reproches quand on est une maman mais aurions nous pu faire quelquechose... je n'en suis pas sure.
Moi j'ai consulté pendant deux ans pour aider mon fils, mais je n'ai pas réellement compris ce qui lui arrivait, ni la psy...
Bref, j'ai lutté et porté mon fils pendant des années en vain. Maintenant, je suis épuisée, vidée... et pourtant, je dois rester debout pour mes deux autres garçons. C'est pas toujours facile.

Bien affectueusement
chaque fois que tu sentiras le vent sur ton visage, c'est moi qui vient t'embrasser...

Mammj

  • Invité
Re : Tout l'amour que je te porte, Ô mon enfant chérie, le sauras-tu ?
« Réponse #2 le: 26 novembre 2011 à 11:24:37 »
Bonjour Anjelik et merci.
Nos enfants ont souffert d'une maladie sournoise, encore mal cernée et donc mal soignée !
Nous n'avons pas lutté en vain, nous avons essayé de les sortir de là avec les moyens que
nous avions ! Certains s'en sortent à condition d'être bien suivis !!!

Je suis en colère contre le corps médical qui en plus  a induit en erreur l'entourage qui
de ce fait  voulait la booster alors qu'elle était sans ressort, sous l'effet de traitements lourds
en outre .... Notre incompréhension a ajouté à sa souffrance et un dimanche soir d'un week end
difficile pour elle, elle a décidé d'en finir ! Je l'en aurais jamais cru capable et pourtant..
Nous aurions dû être informés du danger existant en cas de dépression "majeure" !

Je ressens un  profond sentiment d'échec... Je n'avais qu'elle, elle qui faisait le lien entre ses enfants et moi.
Pour le moment il ne me reste que mes larmes.... Je ne suis pas aussi forte qu'elle le croyait étant donné"
que je cherchais à l'aider à remonter la pente ! Nous n'avons  pas vu qu'elle la descendait....

J' ai besoin pour quelque temps d'être seule avec ma douleur et tout l'amour que je porte à ma fille...
Ce qui  je m'éloigne de ma famille qui vit mal mon chagrin (tout le monde culpabilise dans ces cas-là)
Les miens (peu nombreux)  ne  peuvent  que ce qu'ils peuvent , je le reconnais, mais mon  épreuve de deuil
je ne peux en faire l'économie...

Vous avez deux garçons qui vous "somment" en quelque sorte  de tenir debout, eux qui ont leur place
aussi ! Alors je vous souhaite beaucoup de force.... pour vous tous.
Mes affectueuses pensées.    Mammj