Auteur Sujet: Racontons notre histoire...  (Lu 117396 fois)

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Caroline3

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #105 le: 27 avril 2012 à 12:58:43 »
Merci les filles.

Je vois que mon vrai gros deuil - et il y en a plusieurs - c'est l'idée que je me faisais de ma vie en Afrique,

Ce deuil n'est franchement pas passé.

Le fait que Lowell ne reviendra jamais, c'est intégré dans ma vie, dans mon corps, même si je vois bien que je pleure toujours son départ, la façon dont il a fini sa vie, son propre "suicide", disons qu'il l'a cherché son cancer et son accident et, même si mes rêves ne pouvaient pas concorder avec les siens, qui ont changés au cours de notre vie commune.

Cette Afrique-là, si vous saviez comme je l'ai racontée, comme je voudrais toujours en parler, toujours l'écrire. Elle me brûle les doigts et le reste. Je vois tous ces gens.

Tiens, hier j'ai été voir votre film fétiche du moment: Les intouchables. Et bien, le film était bon, mais ne m'a pas touché, en tout cas, jamais autant qu'on autre film, Monsieur Lazhar. Par contre, je ne cessais de voir dans les yeux de l'acteur sénégalais, Omar Sy, un ami, qui était en fait le chauffeur du projet, Mama Gaye. Son rire contagieux me manque, ses croyances, ses idées sur la religion, nos petits déjeuners dégueulasses, sur une table sale, des fourmis, des cafards partout... C'était un vrai de vrai ami (je garde toujours contact avec beaucoup de monde de là-bas).

Depuis 2007 je vis dans cette maison ordinaire de banlieue, avec une vie de banlieue, son petit jardin, une neige qui n'en fini plus, une société qui ne se touche pas, qui ne se parle pas. Qui vit dans son noyau fermé et je me sens vide de vie, surtout depuis que je sais que plus jamais je ne vivrai avec un compagnon qui "sait"  l'Afrique, pour partager cette vie, même si je retourne souvent là-bas.

Non, ça me met en colère.

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #106 le: 27 avril 2012 à 13:08:41 »
Qui sait Caroline, qui sait ?...
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Caroline3

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #107 le: 27 avril 2012 à 21:38:28 »
Oui, PiMa, qui sait, qui sait.

En fait, je sais que mon processus doit avoir comme objectif de ne plus me voir comme victime. Que ce soit vrai ou pas.

J'ai un profil de "gagnante", de "forte" mais dans ma tête, je me sens agressée.

Par contre, certains faits sont là. Par exemple, à l'hôpital. On n'a pas reçu de bon soutien. ETK, à vous lire, je le vois bien. Quand on a entendu l'annonce du décès, dans le bureau du médecin, il n'y avait pas de mouchoir, que du papier brun dur pour la face. Lowell n'a rien dit (pour faire changement). Je suis allée dans le corridor et j'ai pleuré (très fort). Une infirmière en recherche est venue me dire qu'elle travaillait et que si je voulait avoir un peu d'intimité, je pouvais aller aux toilettes, pas trop loin. Après, on est partis, seuls, vidés, avec juste la mort dans nos mains.

Ou bien, 4 mois après le décès, quand j'ai demandé à mon médecin un arrêt de travail, je pleurais beaucoup, lui faisant ma liste de choses interminables à faire: aller aux États-Unis, au Sénégal, au Ghana, en République Dominicaine, faire le ménage, la bouffe, m'occuper des assurances en provenance d'Angleterre, le compte en banque de Belgique, celui des États-Unis, le livre de Lowell qu'il voulait tant finir, mon travail qui prenait toute la place, les déplacements pour le travail et ma petite de 7 ans, que j'avais sur les bras... bref, c'était trop.

Il a éclaté, me demandant de ne plus "contrôler". Il avait besoin de savoir quoi écrire pour que les assurances payent mon arrêt de travail. J'ai compris que  j'avais affaire à une personne incapable de juste dire: je t'écoute. En fait, il n'avait pas le temps. Au-Qc-les-docteurs-n'ont-pas-le-temps. Et ils nous le font sentir: y'a toujours des cas pire.

Juste lundi, ma nouvelle doc a commencé par me dire "Vous savez, au Qc, il n'y a pas des médecins et y'a beaucoup de cas de cancer"... c'est ça, comme si je ne le savais pas.

ETK. Comme vous voyez, je suis encore la pôvre victime et j'en ai marre.

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #108 le: 28 avril 2012 à 08:24:35 »
Bonjour Caroline,

8 :00 AM en France.
Je crois pouvoir dire que le processus de deuil, c’est aboutir à la conclusion que nous ne sommes pas/plus des victimes, soumis aux crises de larmes, aux envies de fuir, de tout abandonner, tournés vers le passé, écrasés par le présent. Une reprise en mains de notre vie, de notre présent et aussi, plus dur, de notre avenir.
Pour moi, c’est cela, en tout cas.
Mais cela ne peut pas se faire qu’en franchissant les étapes, une à une, pour les comprendre, les assimiler, revenir en arrière, recommencer…

Peu à peu, tu nous livres ta vie, enfin, quelques éléments et je comprends mieux pourquoi tu n’as pas pu prendre le temps de les franchir ces étapes.
L’essentiel, c’est que tu le prennes enfin, que tu laisses tomber pendant quelques semaines, mois ton profil de « gagnante », et que tu acceptes les faiblesses causées par le chagrin et la douleur, pour toi et pour Lou.

Alors, maintenant, doucement Caroline. Oublis le stress, l’impatience, si ton médecin ne te conviens pas, cherches en un autre.
Et puis, pourquoi ne pas reprendre le livre de Lowell ? Le finir à sa place ?

Allez, pose tout en vrac, et sans précipitation, remets de l’ordre et choisis ce qui te fait du bien, ce qui t’amène plus loin.

Bises, Caroline-toujours-sous-la-neige ?

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Caroline3

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #109 le: 29 avril 2012 à 05:26:28 »
Une chose importante pour ma part. Je parle du deuil de mon conjoint. C'est vrai, c'est là. Mais il y a aussi le deuil du reste: ma propre famille, un père et une mère qui n'ont pas été suffisamment satisfaisants, des frères et soeurs peu présents, puisque malades, et de ma part, des mauvais choix.

Alors, chère Marina, si
Citer
le processus de deuil, c’est aboutir à la conclusion que nous ne sommes pas/plus des victimes, soumis aux crises de larmes, aux envies de fuir, de tout abandonner, tournés vers le passé, écrasés par le présent. Une reprise en mains de notre vie, de notre présent et aussi, plus dur, de notre avenir.
alors, j'ai un sacré travail à faire.

Ce six mois ne sera pas de trop.

J'espère juste le prendre ce six mois. Je sais que mon patron, mes collègues espèrent que ça ne durera que quelques semaines. Mais je ne devrai pas écouter leurs appels.

---

J'ai peur de trop en mettre, ici. Je pourrai rédiger plein, plein de mes histoires. Mais je dois raconter qu'il y a quelques années, j'écrivais sur un site français (au sujet des ordinateurs) et je me suis faite rattraper par des gens, mais de façon assez violente. On ne rédige pas de la même manière qu'on soit en France ou au Québec. Bien sûr, ici, on est sur une autre planète: celle du deuil, et ça rassemble, au delà des différences culturelles.

---

Marina, le livre de Lowell, je l'ai fait. Il a été publié en décembre passé. Ça faisait partie de cette liste sans fin.

Caroline3

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #110 le: 29 avril 2012 à 05:48:37 »
Yohann. Que de sagesse. Ton expérience est évidemment présente et tes mots, bien ciblés.

Citer
En regardant en face ce qu'il faut faire et dont tu as conscience : lâcher !

Lâcher quoi... c'est la question à laquelle je dois réfléchir.

Citer
Car, lorsqu'on arrive à une harmonie entre ce que l'on est et ce que les autres voient de nous, apparaît une sérénité et surtout une paix interne, comme un peu ce qu'on ressent dans l'inverse du mensonge.

Je suis à des Univers de là. Je n'ai atteint aucune sérénité parce que oui, il y a mensonge.

À +

Caroline xx

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #111 le: 29 avril 2012 à 06:23:33 »
Bonjour Caroline,

Ouille, ouille, ouille… Oui, tout doucement, tu livres des petits bouts de ta vie et, c’est vrai que cela ne parait pas simple. Tu as vraiment bien fait de faire cette pause, pour remettre de l’ordre dans ta tête, ma belle. Le travail t’a permis sans doute de surmonter beaucoup de choses et de montrer ta valeur, mais il a aussi étouffé les difficultés et n’a pas résolu les problèmes. Tu n’as plus rien à prouver aux autres, tu dois te retrouver, toi.

Ch. Fauré l’écrit clairement, et même si son livre n’est pas une Bible, je le constate ici, un deuil douloureux fait resurgir toutes les autres douleurs que l’on garde tapies au fond de soi et qui reviennent soudain, se cumulent au deuil et … explosent.
On va éviter l’explosion au Qc !

La priorité et le but ultime, c’est toi et ta Lou.
Ces 6 mois, il ne faut pas lâcher et retourner au bureau, ou prendre des dossiers à la maison, pour dépanner ou rendre service.
Je sais que cela fait du bien de sentir que l’on a besoin de nous. Je sais aussi que reprendre un peu du service, c’est un petit sparadrap sur une vilaine plaie.   
C’est si difficile de mettre à jour tous les blocages, de trouver les clefs qui ouvrent toutes les portes, une à une. Maintenant, tu as du temps pour cela. Du temps pour toi.

Plusieurs d’entre nous ont émis l’idée que « des personnes mal-intentionnées » pourraient profiter de ce forum. Je ne vois pas bien pour quoi, mais tu sembles aussi inquiète. Mais comme tu le dis aussi, ici, nous sommes sur une autre planète.
Alors, besoin d’écrire, envie d’écrire, besoin de réponses… c’est encore ici que je me sens le mieux.

Allez Caroline, en route vers la sérénité, tu as déjà ouvert cette porte là, et envie d’avancer. Et si nous pouvons t’aider…

Je t’embrasse.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Caroline3

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #112 le: 29 avril 2012 à 18:52:17 »
Bonjour Marina,

Non, je n'ai pas peur de personnes mal intentionnées, ça ne me dérange pas trop que des individus perdent leur temps à prendre une autre identité, qui sait, ils ont aussi besoin d'avancer dans cette voie. De toute façon, ici, si les mots sont méchants, ces individus vont se faire retourner assez rapidement. En fait, je parlais d'un vécu sur un forum de discussion d'un certain type d'ordinateur et les "gars" étaient assez durs. À l’époque, ça  m’avait vraiment blessé. Et là bas, c'était quelques chose de bien: frapper pour mieux contrôler, on voit ça souvent sur le net.

Merci pour ton soutien, il me reste encore, ce soir, à rédiger un Plan de travail annuel. Après, j'ai aussi une autre liste, la mienne...

---

Je viens de me relire… On dirait une indigestion… c’est peut-être trop. Je suis désolée si ça paraît lourd.... Ne me lisez pas si c’est « too much ».  Ça me fait du bien de l’écrire.

---

J'ai vécu cette belle Afrique décrite par Suzie, celle généreuse, mais j'ai surtout ressentie l'autre, celle qui fait que je ne pouvais plus y rester.

De cette époque, celle du Ghana, qui a duré 2 ans, je suis soulagée d'en être partie. De l’avis de Lowell et moi, il était préférable que nous (Lou et moi) partions de ce milieu. Lowell y est resté 1 an de plus.  Et moi, je suis revenue vivre à Québec, dans cette maison de banlieue. Un gros choc de retour. Une autre histoire.

Il faut le dire : Kintampo est très pauvre. Pas le pire, mais pauvre à tous les niveaux, sauf celui de la chaleur humaine.

Et encore. Chaleur humaine à travers les filtres de l’immense différence qui existera toujours, entre des Occidentaux scolarisés et de loin plus riches et des Africains très, trop pauvres. Quand on ne mange des protéines animales qu'une fois par 2 ou 3 mois, il y a des conséquences désastreuses sur le corps. Surtout celui des enfants.

Toujours désirer la connaissance de l’autre, avoir sa curiosité et partager le quotidien est certainement ce qui motive le plus des étrangers lorsqu’ils entreprennent la découverte d’un nouveau monde. Mais ça ne dure qu’une période. Le quotidien rattrape un jour ou l'autre. Surtout avec un "visage pâle" de 4 ans et demi, qui se prend pour une petite reine, devant des enfants qui feraient tout pour avoir accès à quelques jouets et rencontrer le Blanc.

Ne plus avoir d’intimité, être toujours examinée, perdre le goût de se promener, puisque le regard de l’autre est omniprésent, voire agressant – et "ce" regard est multiplié de nombreuses fois. « Qu’est-ce que je fais là », les deux pieds dans le sable brûlant et la crotte de chèvre, en direction du  marché public. Ne plus prendre une petite marche sympa, parce qu'il peut y avoir un jet de pierre qui m’arrive dessus. Les enfants trouvent ça drôle. Préparer à manger dans une cuisine cuisante, remplie de sable, de fourmis, durant au moins 4 ou 5 heures par jour, pour que ce soit mangeable, pour être sûr que personne ne tombe malade. Se laver les mains au minimum 10 fois par jour, s'assurer que le filtre à eau est toujours en fonction, expliquer à Dorkas, l'aide de la maison, pourquoi l'eau du robinet est dangereuse, et lui prouver par la rouille restée sur le filtre à eau.

Manquer de courant 1 jour sur 3. S’asperger d’un spray contre les moustiques, tous les soirs. Installer des spirales contres les moustiques dehors, après 17H30.  

Vérifier chaque jour si le cadenas du puits est bien barré. Vivre avec un puits  m'a fait terriblement peur. Avec une Lou curieuse de tout. Elle a déjà été à un pas de tomber dans un puits à 18 mois, sur la Petite Côte, au Sénégal, dans une pépinière. J’en tremble toujours. Et si notre puits était bien cadenassé, celui des autres ne l'était pas - tous les voisins en ont et la Lou se promenait souvent librement.

J'avais peur de beaucoup de choses, surtout à la fin. Pourtant, j'étais en Afrique depuis 17 ans et j'en avais vu d'autres. Mais il y avait cette petite de 4 ans, qui elle, n'avait peur de rien.  Et un mari qui perdait la tête.

Lowell s'enfonçait dans sa réelle obsession du Moringa (un arbre, qui de par son feuillage, est exceptionnellement nutritif, la raison de notre présence au Ghana). J'étais seule très souvent, avec Lou et ses petits amis ghanéens. ET Lowell, qui se levait à midi, des fois plus tard… Je le voyais faire et j'étais tellement mais tellement découragée! Il prenait des pilules très fortes, contre l'épilepsie, suite à son accident de scooter à Dakar, en 2003 qui avait bien failli lui causer la mort. J’avais passé un mois en France, avec Lou de 9 mois. Lowell était  soigné à l’hôpital américain de Paris. IL était dans un coma provoqué. Un de ses poumons avait été blaste et il avait eu un traumatisme crânien.

Il s’en est remis, mais avec des séquelles mentales moyennes.

Et il buvait toujours ses 8 bières par soir... il parlait de moins en moins. Je crois qu’il était déjà dans une détresse intérieure terrible.

Finalement, j'ai décidé de partir en septembre 2007, à la fin de la lecture d'un livre intitulé  "Les yeux dans les arbres" de Barbra Kingsolver. Lowell m’avait offert ce livre après 4 ans de mariage, alors qu’on vivait encore à Dakar. Il l’avait commandé via ma sœur, qui vivait au Québec. C’est l’histoire d’une famille américaine vivant en Congo belge durant les années '50-’60, au pire temps de Mobutu. Cette famille s'enfonçait pas mal plus que nous. Pourtant, j'aurais pu écrire la même chose, comme sur la présentation du livre, en changeant le nom de Nathan pour Lowell et Évangélisation par "Moringanisation". Lowell avait aussi été élevé par des Baptistes, au Nigeria en plus et il était à sa manière complètement inflexible et oui, le chaos était là. Au moins, il n’était pas un fanatique de la religion.

Citer
Nathan Price, pasteur baptiste américain  fanatique, entraîne sa famille dans les confins de Kinanga. Se sentant investi d’une mission divine impérieuse, il rêve d’évangéliser tous ceux qui croiseront sa route, de gré ou de force. Inflexible, rigide jusqu’à l’idiotie, il est celui par qui naît le chaos.

Quand il est mort au Québec en avril 2010, notre maison de Kintampo était remplie de tous nos effets – de l’atelier avec outils, aux décorations africaines datant des années ’80, tout notre linge, quelques jouets, ses livres, ses rapports, les outils pour le Moringa, son auto, notre cuisine, le frigo, la cuisinière, un salon complet, deux chambres…  et il a fallu, 9 mois après son décès, que je la vide. J'avais une mission à faire au Congo et en même temps, j'ai été, seule, à Kintampo. Quatre jours à réfléchir, à regarder notre vie finie, nos espoirs, les siens surtout. Les enfants qui sont revenus me voir.

C'était dur, mais dur!

À mon retour, seule, à Kintampo, j’ai demandé à Dorkas -- une jeune femme qui travaillait pour Lowell depuis des années. Elle est restée un an et demi, seule, dans notre maison, pendant que Lowell se mourrait au Québec – Donc, je lui ai demandé m’accompagner dans la « vidage de maison ». J'ai trouvé des vieilles lettres de Lowell, toutes ses lettres d'amour, datant de 1988. Plusieurs femmes, dont sa première épouse lui écrivaient avec passion. Je les ai lues, pas toutes, il y en avait trop. Et j'ai décidé de les garder. Pour Laure, pour qu’elle les lise lorsqu’elle serait une grande. Qu’elle connaisse son papa. Sa vie en Afrique. Son amour de l’Afrique. Lowell aimait plus l’Afrique que sa propre famille.

Je les ai donc traînées dans une valise rouge, jusqu'au Congo, parce que j’avais une mission à faire là-bas, après celle de Kintampo. Durant notre retour du Bas Congo, vers Kinshasa, quelqu'un, sur la route, a piqué la valise où j'avais sélectionné quelques souvenirs, une excellente bouteille de Bordeaux et... les lettres d'amour de Lowell.

J’ai un peu pleuré. Tout ça pour ça…

Quel pied de nez. Lowell aurait détesté que je garde ses lettres. Je le connais. S’il était capable de me voir faire, il devait jubiler, prenant la main du voleur pour l’aider. Lou ne les lira jamais et ne connaîtra jamais le Lowell de cette époque.

Hey, Lo, tu dois être content, d’en haut, je t’entend rigoler, tranquillement.

---

Maintenant, je retourne en Afrique pour des raisons professionnelles, deux semaines par voyage, 2 ou 3 fois par an. Mais avec des objectifs précis, qui ne sont pas toujours atteints. On travaille pour la formation professionnelle et universitaire et ça devrait me donner une magnifique énergie, mais je n'y vois que le cynisme de l'exercice: tant d'argent dépensé pour si peu... alors qu'il manque le minimum à la majorité de la population. Je me dis qu'au moins, par cet argent provenant des poches des Occidentaux, il y aura un peu plus de diplômés, ce qui est heureusement vrai. On vient de sortir 8 diplômés ingénieurs techniciens forestiers en RDC, et ça n'était pas arrivé depuis 25 ans.

Bon, désolée de toutes ces histoires rocambolesques et toutes mélangées. J'ai encore un gros ménage à faire.
« Modifié: 29 avril 2012 à 18:54:23 par Caroline3 »

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #113 le: 29 avril 2012 à 19:32:54 »
Caroline,

J’ai aimé te lire, raconter et j’ai senti aussi que cela te faisait du bien. Non ? Enfin, surement du mal, avant tout et puis, un peu de soulagement après.
C’est une vie extraordinaire que tu nous livres ici !

Je connais un tout petit petit peu l’Afrique. Celle des touristes uniquement, alors que mes deux parents sont de grands amoureux de ces pays terribles de charmes et de répulsion. Ils en parlent souvent. Je comprends bien ce que tu as pu vivre et je suis très admirative que tu ais tenu le coup pour ton Lowell.
Oui, ton Lowell. Passionné et absent, passionnant et égoïste (pardonnes moi), unique et invivable (pardonnes moi encore), magnifique et détestable, si entier et si absent, à l’image de cette Afrique qui l’a complètement possédé. Je suppose que son livre parlait de cet arbre, le moringa, « The Miracle Tree (Wikipédia) ?
Quant aux lettres reçues par Lowell… tu as raison, il a dû guider la main du voleur ! Pas de regret. Jamais de regret. Sentiment stérile et tellement déstabilisant.
Si tu veux que Laure sache qui est son père, alors, reprend ta plume et tes pages blanches et raconte, relate, décris…

Non, Caroline, ton récit n’a rien d’indigeste, comme le puzzle dont parle Yohann, les pièces se mettent en place et j’ai la sensation que c’est la première étape importante pour toi sur ce chemin.

Je sais que cela ne doit pas être facile de transcrire ici quelques bribes de ta vie, et j’y ai lu des choses graves et sombres, une histoire vraie et de beaux souvenirs aussi.
Non, pas « too much ». Et je ne suis pas opposée à ce que tu reprennes et continue ton histoire.

Alors, faisons ton « gros ménage » ensemble. Je suis partante !

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

elo73

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #114 le: 29 avril 2012 à 20:06:03 »
Bonjour Caroline,

Non ton message n'est pas "too much", ni ton histoire, un peu décousue certe mais l'émotion fait que la cohérence n'est pas toujours au rendez-vous et tout le monde ici peut bien le comprendre.

Tu as eu une vie passionante mais difficile, l'amour n'est pas toujours un long fleuve tranquille c'est même souvent plein de hauts et de bas. On tentes de faire les bons choix, on aime à s'en perdre. Bref, on fait de son mieux et oui on est pas dans un dysney la preuve.

Alors continue à te raconter, à vous raconter, à te délivrer....

Je t'embrasse
Elodie

Chris-ka

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #115 le: 29 avril 2012 à 21:52:31 »
Caroline,

J'ai aimé lire ton histoire, m'y suis perdue de temps en temps ....

Tu as bien fait de nous la faire partager.

Amicalement,
Karine

Caroline3

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #116 le: 29 avril 2012 à 22:42:35 »
Merci Karine, Élodie, Marina. Oui, un peu décousu, ça sort comme ça, tout mélangé.

Marina, j'aime bien les rapports d'opposition que tu fais de Lowell, c'est bien ça.

Tout et rien.

Je me souviens, quand son frère aîné a su qu'il allait mourir du cancer du poumon, il a dit qu'il le trouvait horriblement égoïste: il n'avait pas pensé à sa famille qui allait souffrir de ses choix sans penser aux conséquences. David était son frère préféré et la peine qu'il a vécu est peut-être plus terrible que la mienne. Son frère, c'était son alter égo.


Oui Marina, c'est bien son livre, il y a deux éditions, une de 1996 et l'autre de 2001. Durant un an et plus, il a travaillé à rédiger la troisième édition - et avec l'aide de chercheurs, soit celle de 2010. Je crois qu'il avait fini, mais je n'ai jamais trouvé tous les chapitres dans son ordinateur.

Lowell ne me parlait pas de ce qu'il faisait. Et pourtant... je suis dans le domain "et même plus", expérience en l'environnement sahélien, en  agroforesteire et pourtant...  il ne me parlait pas de ce qu'il faisait. Ou si peu.....

Le livre. Alors, comme il avait déjà payé la maison d'édition 1200$ environ - la dernière version devait être publiée à compte d'auteur, j'ai demandé à son frère (l'autre) de retranscrire ses lettre du temps où il vivait à Kamina, au Zaïre, durant 3 ans. En 1986. Ça donné le livre que j'ai sorti un an et demi après son décès, en décembre passé, en anglais, publié sous son nom. Pas pire: mon mari est décédé depuis plus d'un an et il sort un livre!

On parle de livre, mais à la base, il y a surtout une idée: trouver une solution à la malnutrition en Afrique. Et Lowell l'avait trouvée.

Bien sûr, en partie. Mais son idée était assez efficace. Et ça, Lowell le savait.

---

J'étais très fière d'avoir fait ce livre, parce que ça m'a pris tout mon petit "change" (monnaie) et que même si je n'avais en main que 10 livres - je n'en aurai pas plus, à cause des photos couleurs, il est trop cher et invendable - j'ai pu le distribuer à sa famille, en Arizona, durant le Noël dernier.

Bah, oui, c'est trop. Trop lourd comme histoire. Bien sûr, il y a "pire", mais je crois que mon petit corps ne pouvait pas en prendre plus. Surtout que peu de monde sont au courant de tout ça. J'ai mis quelques éléments sur un blogue, durant mon voyage à Kintampo, et ça m'a aussi fait du bien. Mais comme c'était archi publique, je ne mettais que les bons côtés de toute l'histoire. Rien ne démontrant qu'on était dans un cul de sac.

Mais me connaissant, je sais qu'il faut que je redonne cette information, ces images, cette histoire.

Merci encore à vous,

Amitiés, Caroline

« Modifié: 30 avril 2012 à 06:11:49 par Caroline3 »

Caroline3

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #117 le: 29 avril 2012 à 22:44:26 »
Yohann, on posté en même temps.

Citer
l'expression des émotions étant la clé de la sérénité à venir

Je retiens cela, merci, Yohann

Caro

Claudahoa

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #118 le: 30 avril 2012 à 09:20:07 »
Bonjour Caroline,

Je te lis et je tenais à te remercier de nous faire partager une vie si riche et aventureuse qui cependant ne t'a pas épargnée!
Je me permets de te conseiller de t'accorder tout le temps nécessaire pour te reconstruire et profiter de ta petite Lou,tu le mérites bien.Cette vie terrestre,loin d'être un long fleuve tranquille ne fait aucun cadeau "gratuit",heureux ceux qui la vivent paisiblement ils ne savent pas leur bonheur!Mais le bonheur ne le saisit-on pas quand il s'envole?Quel mot employé pour ce courage qui a été le tien au cours d'une vie pas toujours facile!J'ai vécu avec deux hommes alcooliques,que de souffrance pour mes enfants et moi-même!Que de gâchis pour des hommes brillants ou qui auraient pu l'être...
Je n'arrive plus à écrire ,trop de douleur remonte...
Tendrement
Claudia

marité bert

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #119 le: 01 mai 2012 à 21:55:58 »
bonjour ,
je m'appelle marie therese je vient de perdre mon marie le 16 avril d,un cancer des cordes vocales qui c,est généralisé il est parti en
trois semaine et je n'arrive pas a le croire il me hante je le vois partout je ne crois pas ce qui m'arrive je pleure toute la journée j'ai
envie de hurler de cogner de tous casser il me manque il me manque tellement je ne sais si je peux continuer sans lui il etait tellement
vivant présent malgres nos nombreuses disputes il me manque tout le temps a chaque instant qui passe a chaque moment ...