FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Les mots qui apaisent => Témoignages => Discussion démarrée par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 13:58:56

Titre: Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 13:58:56
Après bien des hésitations, je décide d'ouvrir ce nouveau fil.

Lecture après lecture des post et mon histoire personnelle, je me suis rendue compte que nous avions vraiment besoin de parler, de raconter et de se sentir entendu et compris. D'où l'importance de ce forum.

Autour de nous, la famille, qui souffre et que nous ne voulons pas charger d'avantage.
Les amis, qui ont déjà tourné la page, mal à l'aise avec nos larmes et nos questions.
Les autres, qui savent ou ne savent pas, mais que l'on tient à distance.
Le corps médical, souvent pressé, souvent trop "médical".
Enfin bref, il n'y a que nous. Nous qui savons la dureté. Nous qui savons l'insoutenable.

Nous partageons beaucoup ensemble, au fur et à mesure des messages, mais, en ce qui me concerne, j'ai parfois un peu de mal à me souvenir de l'histoire de l'un ou de l'autre, des dates importantes, des angoisses, des convictions... Et cela m'empêche d'être plus proche et de trouver les mots justes sans faire de terribles et douloureuses gaffes.

Alors je me dis : parlons, écrivons, pour que les autres nous comprennent, lisons, écoutons pour aider ceux qui en ont besoin.
Pas un dialogue comme sur les autres fils, pas un question-réponse, non, notre histoire vraiment. Pas des petits bouts, notre histoire.
Notre vie d'avant, notre histoire, le choc, la maladie, les derniers moments, les détails qui nous ont fait du bien, ceux qui nous ont fait mal, et puis, maintenant. Les doutes, les espoirs. Livrons tout en une ligne ou en cent, en une page ou en cent.
Parlons de façon anonyme ou non.

Qu'en pensez-vous?

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Vivie le 03 janvier 2012 à 14:43:14
Bonjour Pima,
Merci à toi pour cette initiative .Peut etre a t'elle dejà eu lieu mais etant inscrite depuis peu!!!!
En tous les cas  les messages que tu delivres ne peuvent etre en aucun cas maladroit ils sont de tels reconfort car toi tu sais ce qu'est la perte d'un etre cher alors meme si on oublie un detail ce n'est pas ca le plus important c'est LE RECONFORT des mots de chacun .C'est ce que je recherche sur ce forum car je me sens incomprise des miens .
je n'ose pas commencer et te laisse le soin de le faire .
Merci encore pour ton mail qui m'avait fait tres plaisir
Bises Vivie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 15:39:18
Alors, je commence

Je signe mes messages PiMa, mon prénom est Marina et celui de mon mari Pierre.
Pierre/Marina = PiMa. J’ai 55 ans.

Je ne peux me résoudre à parler de lui au passé. Souvent je dis : Pierre adore ceci, ou Pierre dit souvent cela…

Nous nous sommes rencontrés en 1981, « découverts » en 1982 et épousés en 1984, après deux ans de vie commune. Pour moi, Pierre cela a été un coup de foudre, un vrai comme dans les romans. A l’instant où je l’ai vu, j’ai su que c’était lui et personne d’autre. Pour lui, il a fallu plus de temps, d’autant plus qu’il était encore marié et qu’il s’en voulait de son ménage qui battait de l’aile. Pierre, c’est un homme rare, d’une honnêteté exceptionnelle, généreux, travailleur, artiste (peintre), … une belle âme dans un beau corps et une belle tête.
Oui, je sais, je suis amoureuse !

Nous avons 11 ans de différence mais cela ne se voit pas. Notre couple est équilibré, pas de dominant, pas de décideur. Nous choisissons ensemble et chaque fois, nous savons tenir compte des goûts de l’autre. Ce ne sont pas des efforts, c’est de l’Amour. L’autre passe avant soi. En réalité, ce n’est pas difficile, c’est même un vrai grand bonheur de rendre celui (celle) que l’on aime heureux. En plus, nous avons majoritairement les mêmes goûts.

Nous l’avons été heureux, pleinement malgré un méchant caprice de la nature qui nous a privé d’enfant. Une épreuve difficile avec échec sur échec malgré beaucoup de bonne volonté du corps médical. Nous avons aussi partagé cela, même si j’en ai plus souffert que lui, car j’avais l’impression de le priver de cette joie puisque la responsabilité m’incombait.
C’est comme cela. Nous étions si heureux que l’on ne pouvait pas exiger de bonus. Nous avons construit notre vie sans enfants… Notamment en gâtant nos parents respectifs. Et nos nièces, et nos filleuls…

Pierre est né avec une maladie, une polykystose rénale, maladie génétique : des kystes qui envahissent lentement les reins et cela abouti à une insuffisance rénale, dialyse et greffe. L’évolution est très lente mais la surveillance doit être régulière. Pas de négligence, nous avons soigneusement fait le nécessaire chaque année. Evolution lente, mon beau-père, atteint de la même maladie a commencé les dialyses à 85 ans, nous avions la vie devant nous !

Mais en octobre 2009, de violentes douleurs l’ont amené à consulter.
Et nous voilà entrés dans le cycle infernal des examens médicaux, en tous genres, attentes interminables dans des salles d’attente plus hostiles les unes que les autres, nouveaux médecins, compte-rendu d’examens scellé sous enveloppe – à ne lire que pas des initiés !- attentes des résultats, inquiétudes, soulagements, coup de massue… La polykystose a masqué un cancer du rein qui a eu le temps de se développer, caché par les kystes. 
C’est à cette époque que Bernard Giraudeau parlait de son cancer du rein et de sa rémission incroyable, 10 ans. Nous avons décidé de garder espoir. Nous parlions déjà de la greffe, je voulais faire les analyses nécessaires pour lui donner un de mes reins, et n'avons pas compris que les médecins ne nous suivent pas sur ce chemin de l'espoir.
Une maladie grave certes, mais Pierre est en bonne santé, pas ou peu d’alcool, pas de tabac, un corps sain, et une volonté de s’en sortir inébranlable. Je veux y croire aussi, bien que plusieurs médecins amis m’encouragent "à m’organiser", au cas où. Les salauds, je leur en ai voulu longtemps de détruire ma volonté de gagner et de m’obliger à mentir à Pierre. Mais ils avaient raison, finalement.

Ablation du rein droit le 22 décembre 2009. Noël en réanimation. Première dialyse le 31 décembre 2009, et ensuite 3 fois par semaine.

Les jours passent, Pierre se retape de cette opération, puis peu à peu s’épuise avec les dialyses. Lui, si costaud, si fort, perd l’appétit, devient gris de peau. La cancérologue prescrit de la radiothérapie. Angoisse. Nous la surmonterons ensemble, car je ne le quitterais pas un instant, car il a besoin de moi et me le dit souvent. Je suis partout avec lui, et je me moque bien de harceler les gens pour savoir comment, pourquoi et quand… Je retransmets à Pierre en édulcorant un peu pour adoucir le programme. Les médicaments sont méchants, il ne garde pas longtemps le peu qu’il peut avaler. Il a des angoisses la nuit, le cœur qui s’emballe, des crampes…
Il est maintenant si anémié que l’ablation de second rein programmé en presque urgence ne peut se faire qu’après de longues transfusions sanguines. Il se traine alors du lit au fauteuil et le 30 juin 2010, j’appelle le cardiologue car son cœur est en arythmie et il est très angoissé. Emmené le cette après midi, je l’hospitalise pour un bilan complet. Je l’entends encore, mon Pierre, me dire : Encore l’hôpital, Mimi, on sait quand on y entre, on ne sait pas quand on en sort.

Il m’a quitté le 22 juillet 2010.

Oui, j'ai bien cru qu'il reviendrait à la maison, enfin, je me suis aveuglée, les résultats étaient mauvais, les infirmières trop gentilles avec nous, les médecins fuyants, sauf un qui m'a parlé franchement le 12 juillet : Plus rien à faire et espérer que "cela" va arriver vite, pour lui comme pour vous. "Cela", c'est la mort de mon mari! Un cataclysme. Ce n'est pas possible. C'est une erreur, pas tout de suite, pas si tôt, pas maintenant. Pourquoi? Mais pourquoi?

J'ai passé ces derniers jours et ces dernières nuits auprès de lui. Je lui ai menti, faisant semblant de le trouver mieux que la veille, lui apportant des petits plaisirs de bouche, attentive à son confort, juste là quand il avait besoin de quelque chose. J'allais respirer en dehors de l'hôpital, il faisait très chaud, même la nuit. Cet hôpital, vide et sombre la nuit, quelques malades ou accompagnants comme moi qui trainaient dehors, pour reprendre leur souffle. Tous les détails sont là, dans ma tête. Pendant ces journées là, je ne pensais à rien d'autre qu'à Pierre, là, et à ce que je pouvais faire pour lui. Je ne ressentais ni fatigue, ni peur, il fallait qu'il soit bien, à n'importe quel prix et que je profite de lui quoiqu'il en coûte.
Je ne saurais jamais s'il a compris qu'il était au bout. Je crois que non. Il n'a voulu voir personne pendant ces 3 semaines d'hôpital, personne sauf moi. Il a dit : Je verrais tout le monde à la maison, à mon retour. Il voulait prendre tous ses médicaments même ceux qui le rendaient encore plus malade : il faut que je sois en forme pour la greffe. Il ne comprenait pas pourquoi on avait arrêté la radiothérapie, puis les dialyses. J'ai encore menti : les résultats sont bons, ils veulent que vous vous reposiez un peu - (oui, nous nous sommes toujours dit vous avec mon mari, un jeu au départ, et après, impossible de s'en défaire!)-.

Et puis, le semi coma, celui où on manipule le corps qui ne réagit presque plus, celui où l'on parle sans savoir s'il nous entend, enfin, si, moi, il m'entendait car il ouvrait les yeux, un regard déjà passé dans un autre espace, quand je lui parlais. Moi seule lui faisait ouvrir les yeux. Un cadeau, son dernier, le plus beau pour moi.
Et puis le coma complet. Coma hépatique, empoisonnement total du sang. Coma très agité, très pénible, pour lui je ne sais pas, pour moi, épouvantable. Il s'est battu toute la nuit du 21 au 22 juillet en criant : non, non, pas maintenant, pas maintenant. Trop de lumière.
A minuit j'ai supplié l'infirmière de garde de lui faire une injection calmante, même si c'était celle de trop. Il semblait si mal. Elle m'a rassurée sur son ressenti, lui a injecté un peu de morphine et m'a entrainé vers la chambre voisine, vide, pour que je dorme un peu. Epuisée je cherchais à fuir ses cris et tendais quand même l'oreille pour l'entendre s'apaiser.
Il s'est calmé vers 6:00. Je me suis endormie lourdement.
Et il est parti seul, sans moi, à 6:50.

Je vais m’arrêter là.
Cela m’a fait mal et aussi beaucoup de bien de raconter un bout de notre histoire.
Cela peut vous paraître très impudique, je le regrette alors.
 
Je sais que je reprendrais quand même mon récit, plus tard. 

A vous lire, mes amis.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 17:38:35
Jolie idée, j'en ai une belle histoire à raconter, c'est la mienne elle ressemble à un roman en 4 ou 5 tomes peut-être plus..
Une vie riche et pas toujours facile, plein de métiers, et la dernière tranche fut la plus beau, la plus merveilleuse et aussi la plus déchirante et la plus triste...

le temps me manque un peu maintenant, j'entame un nouveau tome , je suis à l'introduction... je vous le raconterai au fur et à mesure...

Je vous lirez ... merci Marina, raconte nous, la mienne, j'en ai déjà beaucoup parler ici sur ce site c'est un peu décousu il n'y a pas tout mais ça donne une petite idée...

On m'appelle la Louve parce que depuis toute petite, je courais pied nus et me perdais dans les grandes forêts Ardennaises jusqu'a la nuit tombée, et je chantais à tue tête parfois... et puis Jacques m'appellait sa Louve et ça est resté, tout le monde le savait et maintenant je suis solitaire et avec mes 2 grands chiens qui ressemblent à des loups et bien voilà ça est resté... j'ai '47 ans....et mon dernier métier est boulanger-pâtissier... j'ai aussi passé mon permis camion, vendu des fruits et légumes en primeur, j'ai été cariste, j'assistais aussi des personnes agées, vendu des matériaux de construction, comptabilité pure dans une société, mis au point des programmes informatiques...aah oui j'ai été facteur et livreuse de pain... Et je dois en oublier un ou deux... j'ai fait du cheval, de la course à pied, du tennis, du rallye voiture, et j'aimerais faire de la moto, de la plongé, sauter en parachute , et monter dans une montgolfière mais je sais pas nager et pas voler... je veux apprendre l'Anglais et le chinois ben oui, ce peuple me fascine ainsi que les indiens d'Amérique et puis comme mon tit fantôme qui n'a pas pu y aller de son vivant, j'irai voir les derniers orang-outang à Macao ...

Et puis, il y a encore tant de choses à voir, d'abord remettre ma boulangerie en route et puis j'irai creuser des puits là où il fait soif...

Il faudra que je revienne sur cette terre, je n'aurai pas assez d'une vie....

Bisous à vous tous, il y a un vent à décorner les cocus ici c'est la tempête, ça aussi je l'ai été.. (Cocue, mais c'est une autre histoire)...

Pascale la Louve
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 17:45:03
Pascale,

J'adore le début de ton histoire!
J'attends la suite avec impatience.

Bises.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 17:49:50
Merci PiMa la tienne est jolie aussi,

Bizz
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: flemming le 03 janvier 2012 à 17:52:36
Bonjour à tous et à toutes,
C'est une bonne idée, à suivre....
Moi j'ai déjà commencé mon histoire dans mes deux posts, il y a quelques temps, j'ai écrit puis réécrit et rereécrit......
Grosses bises à tous  :-*  :-*  :-*  :-*  :-*
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 18:28:08
C'est vrai Yohann, qu'en proposant de raconter notre histoire, je pensais plus lire les votres qu'écrire la mienne. Mieux vous connaitre pour mieux vous répondre et vous accompagner, c'était mon objectif.
 
Vivie m'a proposée de commencer et je l'ai fait, pour montrer qu'on pouvait le faire, pour ME montrer que JE pouvais le faire.
Je vais même te dire qu'en écrivant, je n'ai pas versé une larme. Je me suis arrêtée parce que cela devenait lourd soudain, ce récit, mais je sais que je le reprendrais.

Et oui, du coup, je mesure le chemin parcouru.
Je n'aurais sans doute pas pu le faire début décembre, j'étais trop mal, mais aujourd'hui, cela m'a semblé facile, et même utile.
C'est cela, j'ai posé mon bagage et je me suis retournée. Choisir les bons mots, retrouvrer les détails, ceux qui font du bien et ceux qui font mal, c'est faire un bilan.
Il ne s'agit pas de "réécrire mon histoire et toute MON évolution depuis, ça, là, c'est pire qu'une travail introspection." Cela ne doit pas être un travail. Il ne s'agit pas de psychanalise, mais de s'abandonner un instant.
Pour moi, cela a été bénéfique, je ne vais pas dire que j'ai pris du plaisir, mais je parlais de moi et de Pierre à des interlocuteurs attentifs et indulgents. Je "racontais" Pierre, je racontais Pierre et moi, j'écrasais cette peur de l'oubli de lui par les autres que je redoute, je laissais une trace de notre histoire.

Voilà. Une histoire simple. Une histoire d'Amour.

A suivre... ou non.

Marina


Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: chagrin64 le 03 janvier 2012 à 19:44:56
Chère Pima quelle bonne idée, ton histoire que tu nous a livré m'a fait pleurer.
Je vous raconterai la mienne plus tard, trop dur aujourd'hui.
A ce sujet j'ai une question : MEME les bons souvenirs me ramènent la larme à l'oeil, quelqu'un a t-il connu ça?

Je m'appelle Christine et je peux par contre vous expliquer mon pseudo : chagrin car je me sentais et me sent toujours vide, avec un manque immense et seule, tellement seule...
64 est mon année de naissance. Pour moi il était évident que nous ne pouvions perdre notre moitié que lorsque nous étions "vieux" (je sais c'est absurde!!!!). Il me reste tellement d'années à vivre et contrairement à toi Pascale, je n'ai aucun projet.

Je vivais pour lui, il vivait pour moi. Il est parti, je n'ai plu rien à faire.

Je vous embrasse
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 20:06:51
Chagrin,

la vie m'a toujours poussé en avant même dans la douleur et la tristesse.
Ca fait partie de la vie aussi, je vous raconterais bien la mienne d'histoire, depuis le début, tout se coupe et se recoupe, c'est compliqué et simple à la fois...

Chagrin, cet homme je l'ai aimé et l'aime toujours plus que moi, mais je sais que si je ne continuais pas, il viendrait me tirer la nuit par les doigts de pied et me secouer comme un prunier, il me disait " ben, t'as jamais fini, t'as toujours quelque chose à investir"

Avancer oui, et je n'avance pas toute seule, j'avance avec lui, ce qu'il m'a laissé, ce qu'il m'a donné et ce qu'on s'est donné, ma fille, mon fils, son fils et petit fils et sa Maman malade... je n'ai pas d'enfant avec lui...

J'espère y arriver, je flippe comme une malade, je verrai... AHHHHH... Au secours.... Pourquoi, t'es mort, Bordel!!!C'est malin, maintenant!!!!  mais je m'en veux très vite, il me connaît, une chance....

C'est tout moi, je dis les choses comme elles sont: t'es carrée, t'as rien à cacher me disait-il!! et non même pas mes cheveux blancs , je lui répondais...

Ce fut une courte mais superbe histoire d'amour...

Oufti!! la tempête ici...

Allez, plein de force à vous tous...et un bisous affectueux

Pascale la Louve

Ps les administrations : Grrrr... j'ai dit a un Monsieur que si il ne se secouait pas, je serait son pire cauchemars... Et c'est reparti...


Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Vivie le 03 janvier 2012 à 20:10:18
Chere Marina ,

J'ai envie de dire que la vie est dure (injuste) lorsque 2 etres se sont trouves de les separer .Non pas que je souhaite à quiconque de vivre cela mais je n'ai pu pendant un temps me resigner à penser pourquoi 2 personnes  (enfin 3 avec le petit loup) heureuses doivent elles etre separees.?
Quand je lis ton vecu je me dis qu'une telle complicite un tel amour ne devait pas etre brise!!!
Quelle force tu as eu d'etre toujours là à ses cotes de le soutenir le faire positiver (meme si a un moment donne tu as su)Quelle preuve il t'a donne il n'ouvrait les yeux qu'à toi.Il n'est pas parti seul tu etais là ou plutot lui etait là je le vois comme ca.
Quelle force tu as eu pour survivre .Moi j'ai mon petit loup qui est là .Il m'aide et je me dis que sans lui j'aurais sombrer.Meme si mon ange n'aurait pas voulu .Je me dis dans des moments de grande tristesse de desaroi qu'il y a des personnes encore plus malheureuse plus seules mais qui sont fortes .Tu en est la preuve .
Je reprendrais si je peux dans un moment car mon petit me reclame .

Je vous embrasse

Vivie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: chagrin64 le 03 janvier 2012 à 20:10:46
larmes puis sourire après ton message Pascale.
Moi aussi je suis râleuse, un peu trop peut être
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 20:15:02
Je suis contente, Christine de pouvoir t'appeler autrement que Chagrin, même si je me doutais bien de la motivation de ton pseudo.

Si tu as lu quelques lignes de mon histoire, tu auras compris que j'étais totalement indissociable de Pierre, mon mari, une union parfaite, une entente idéale, une osmose totale. Son départ a été... apocalyptique. Oui, c'est le mot, apocalyptique. Impossible de vivre sans lui, de respirer sans lui.

17 mois se sont écoulés.
J'ai survécu.
Mal souvent, très mal, et moins mal parfois, et même bien de temps en temps, et puis de nouveau mal, et de nouveau bien.

Je suis contente d'avoir démarré ce fil. J'ai un peu de recul et même si je reste prudente, avec le temps l'horizon finit par apparaitre. Juste une petite ligne, à peine visible, mais c'est un espoir. Un jour, peut-être cela sera plus net. Un jour cela sera plus clair. Un jour, nous saurons refaire des projets.

Je vivais aussi pour lui et il vivait pour moi. Il est parti, et j'ai cru que je n'aurai plus rien à faire. Et je suis sur le forum a tenter de vous redonner un peu de bleu dans une vie en gris.
Parce qu'il y a autre chose que notre chagrin. Que notre chagrin, c'est notre épreuve. Et que nous arriverons à le surmonter.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 20:18:52
Non, Vivie, je n'ai rien d'une héroîne, je dirais même que J'AI EU LA CHANCE de pouvoir l'accompagner jusqu'au bout ou presque.
Je savais que vous seriez tendres et indulgents.
Cela aussi me fait énormément de bien.

Alors racontez, franchissez le pas, vous verrez, c'est dur mais c'est doux

 :-*

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 20:38:54
Et bien vas-y chagrin râle, mords, schoot dans des trucs la vie revient en nous comme ça aussi...
injurie, n'ai pas peur...je me dispute avec lui... mais dis-moi!! au plus profond du désespoir on fait des trucs mais c'est humain, c'est peut-être ridicule mais ça ne tue pas et parfois, dans une de mes bêtes réflexion je m'imagine sa tête et je ris...
Je crois que c'était bien que je sois seule...

Moi, j'ai même plus peur d'ailleurs... le chagrin ne rend pas fou...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 20:40:29
Hiiiiii!!! voilà Caroline!! chut...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 20:42:24
C'est pour rire, je vous jure je n'ai rien bu!!! je décompresse!!

PiMa, tu crois que c'est grave, je ne sais pas si je suis récupérable!!!! ;D :-\ :-*
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 20:44:39
C'est promis Marina, je te raconterai encore une petite tranche de cette vie étrange!!!comment à 40 ans j'ai rencontré l'homme de ma vie que je connaissais depuis 16 ans...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 03 janvier 2012 à 20:48:32
Non, Pascale, je crois que tu n'es pas récupérable, et HEUREUSEMENT!
Surtout, restes comme tu es, passionnée et emportée, rien dans la demie mesure, comme on aimerait être un peu tous, quoi.

Oui, racontes ta rencontre avec ton tit fantôme. J'ai toute la nuit.

J'écoute...

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 20:56:05
Allo!!! je vais un peu abréger peut-être!!
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 22:06:59
J'ai écrit mon histoire pendant 1h30 , l'ordi me l'a perdue et voilà, j'ai du dire un truc qui ne lui plaisait pas elle est partie même de l'historique...
Comme si elle n'avait jamais existé...enfin comme si je ne l'avais jamais écrite...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: chagrin64 le 03 janvier 2012 à 22:17:04
C'est bon de vous savoir là, à coté...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 22:17:39
Oh oui tout à côté...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: chagrin64 le 03 janvier 2012 à 22:26:07
Demain je vais encore avoir du mal à me lever pour aller travailler.

Dis moi Pascale, as tu redémarré ta boulangerie?

Ici, c'est la tempête, les volets claquent et mes chiens aboient (j'en ai deux), ils ont peut être peur, pas moi, je suis tranquille. Je ne suis pas pressée d'aller me coucher, ça fait quelques temps que mes nuits sont agitées, peuplées de cauchemars, je ne sais pas pourquoi maintenant ??? ??? 
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 22:35:32
ll y a toujours une période de cauchemars avant d'aller un peu mieux
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 22:36:40
le 1 er février, j'aimerais mais je me heurte à l'administration, ca va aller , je veux je veux!!!!
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 03 janvier 2012 à 22:39:22
ici la tempête est passée, tu habites où!!
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: chagrin64 le 04 janvier 2012 à 21:42:07
Salut Pascale,

J'habite en Picardie et aujourd'hui plus de vent, juste la pluie (comme d'ab).
Les soirées sont rudement tristounes, je n'aime pas ce silence, je crois que c'est ce qui me semble le plus difficile en ce moment

Bises
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 04 janvier 2012 à 22:02:16
Bonsoir Christine,

C'est vrai que le silence c'est souvent angoissant.
Moi, j'ai mes chats qui sautent partout, montent et descendent des meubles, trouvent un stylo, une pièce, et jouent comme des fous, cela meuble le silence.

Comment vas tu ce soir?

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: flemming le 05 janvier 2012 à 00:31:05
Bonsoir,
Chez moi, du silence très peu : je garde des chiens et des chats, donc meme le soir quand les chiens dorment, il y a toujours qui lappe de l'eau, un qui fait sa toilette, ce qui meuble l'atmosphère.
 :-*  :-*  :-*
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 05 janvier 2012 à 16:09:03
Bonjour PiMa, vous toutes et tous

Chaque jour je vous lis sans apporter mon témoignage de façon constante, mais plutôt ponctuelle.
J’ai raconté un peu de mon histoire lors de mon inscription le 16 décembre de l’année dernière. La partie la plus sombre bien évidemment, un besoin sans doute d’évacuer un trop plein de souffrance. Prise de conscience aussi d’une réalité, après 5 mois, que l’absence se prolongerait à l’infini alors que je m’y refusais de toutes mes forces (et que je ne parviens toujours pas à accepter)… puis j’ai essayé de continuer à écrire, à vous écrire, sans y parvenir bien souvent… Parfois je commençais un début de réponse ou de soutien et puis les mots ne venaient plus. Parfois j’y suis arrivée, mais régulièrement je sentais, comme un « écho », que votre désolation,  vos émotions,  me renvoyaient aux  miennes et que petit à petit je me renfermais dans ma coquille, comme un animal blessé qui se cache pour lécher ses plaies.

Puis j’ai lu ta proposition, PiMa (Marina) de raconter notre propre histoire et j’ai découvert la tienne : une belle histoire d’amour, très émouvante.
Alors je me suis forcée à retracer le chemin fait au coté de Gilles. Je dis bien « forcée » car depuis presque 3 semaines, je ne voyais plus que ses derniers instants, je revivais en boucle la dernière fois que je l’ai vu vivant comme si je voulais perpétuer cet instant éternellement…
Cette idée que tu as lancée m’a fait finalement beaucoup de bien car elle me permet de revivre des moments merveilleux que j’avais complètement occultés tellement j’étais obsédée par les dernières images que j’avais de mon amour.
Et là, j’ai revu son visage, son regard clair, son sourire, le premier jour de notre rencontre et ce coup au cœur que j’ai ressenti à cet instant précis…

Alors, oui, j’adhère à cette ouverture du livre de mes souvenirs pour les partager avec vous. Juste le temps de retrouver la clé du tiroir « bonheur » de mon cerveau et de mon cœur et de ressortir tous ces moments…
Bises

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 06 janvier 2012 à 22:57:18
Voilà, cela m’a pris un peu de temps mais je suis parvenue à rassembler ce qui me paraissait important, ce qui m’a marquée… Il y aurait encore bien des pages à écrire, mais vous finiriez par vous lasser… Déjà, là, je ne suis pas sure que vous lirez tout du début à la fin, mais qu’importe, ce retour en arrière m’a fait beaucoup bien car j’ai réussi à dépasser ce moment où je restais bloquée sur un seul souvenir : son dernier regard… Merci PiMa…

Avant Lui…

Je viens d’avoir 59 ans et je vis à Melun.
Originaire de la région ouest de Paris. Ma première vraie histoire d’amour a été douloureuse, doublement trahie par celui que j’aimais comme une folle et une amie (du moins je la considérais comme telle). J’ai eu du mal à m’en remettre et je me suis jurée : plus jamais ça… Lorsque j’ai rencontré celui qui fut mon premier mari, je n’étais pas amoureuse. Il me faisait rire et je « l’aimais bien », nous aimions les mêmes choses et cela me paraissait suffisant. Je pensais que la tendresse faisait moins mal que l’amour. Une phrase, pourtant, de ma grand-mère est restée gravée dans ma mémoire lorsque je lui ai annoncé que j’avais accepté d’épouser JP : «ma chérie, il faut beaucoup d’amour pour vivre à deux car il faut beaucoup pardonner, tu es sure de toi ?» Peut-être avait-elle deviné mon état d’esprit… Je suis donc partie vivre en Bretagne pour me marier avec mon Breton et je suis restée mariée 26 ans avec lui. J’ai eu 3 garçons de ce premier mariage, qui ont été mes plus belles réussites et mes plus grands réconforts… La petite phrase de ma grand-mère me revenait souvent lorsque je sentais un grand vide en moi, mais il suffisait que je pense à mes enfants que j’adorai pour combler ce vide. Je n’étais plus femme mais simplement une mère je m’en contentais plus ou moins… Et puis j’avais fermé les yeux sur ce que je considérais au début de mon mariage comme un « travers » de JP en ce qui concerne l’alcool, mais au fil des années, je me suis aperçue que c’était bien plus grave et qu’il refusait de l’admettre en m’affirmant qu’il pouvait s’arrêter quand il voulait. Alors, à plusieurs reprises, il promettait et « voulait » pendant quelques mois, puis il reprenait ses habitudes… avec  tous les problèmes que cela engendrait. Ma tendresse pour lui s’est transformée peu à peu en rejet, je ne le supportais plus mais j’ai voulu attendre que mes garçons soient en âge de comprendre et de voler de leurs propres ailes pour quitter leur père.
J’avais 48 ans quand je suis partie « avec » rien, sans travail, ni logement, mais avec la certitude que je m’en sortirais. Pour ce faire je suis revenue vivre en région parisienne chez une de mes tantes qui m’a hébergée le temps qu’il a fallu. Après une remise à niveau, j’ai eu la chance de trouver un emploi de secrétaire dans le BTP, et à la suite, un logement.

Avec lui…

Trois années se sont écoulées, je me suis reconstruite tout doucement et je pense que j’étais prête pour une nouvelle histoire. C’est à ce moment de ma vie, début octobre 2003, que j’ai fait la connaissance de Gilles dans le cadre de mon travail. Gilles était chauffeur-routier et de façon tout à fait exceptionnelle il a fait une livraison de matériel dans l’entreprise où je travaillais.
Nous nous sommes plus au premier regard et nous avons pu parler un peu en buvant un café. Beaucoup de mots en quelques minutes : j’ai appris qu’il habitait Melun, en Seine et Marne, où il vivait seul, qu’il avait également 3 enfants, que le dernier avait 13 ans. Puis, au moment de se quitter, sur un morceau de papier vite griffonné : nos numéros de portables échangés… Très vite il m’a appelée, puis le lendemain, le surlendemain et puis tous les jours jusqu’à ce qu’il me demande un vrai rendez-vous.
Nous nous sommes retrouvés un 22 novembre, c’était en 2003 (date inscrite dans ma mémoire pour toujours).

Notre première vraie rencontre a été magique, nous étions très à l’aise, comme si nous nous connaissions depuis très longtemps et j’ai retrouvé instantanément cette attirance que j’avais eu la première fois que je l’ai vu. Nous avons passé la journée ensemble, il faisait beau ce jour-là : promenade sur les bords de Seine, restaurant… Nous nous sommes découvert des trésors de points communs, nous avions les mêmes goûts dans différents domaines… Puis l’heure de la séparation est arrivée très vite, trop vite : nous avons eu du mal à nous dire au revoir. C’est à cet instant que nous avons échangé notre premier baiser, juste avant qu’il ne me quitte. Il m’avoua par la suite que de son coté il était tombé amoureux dès notre premier regard. J’ai eu du mal à y croire, mais il m’assurait que c’était réel.
Nous ne pouvions nous voir que le week-end, alors chaque matin et chaque soir il m’appelait. Je prenais la route chaque vendredi soir, après la fermeture du bureau, pour le retrouver chez lui, mais chaque fin de week-end les séparations étaient de plus en plus difficiles. Alors très rapidement il m’a demandé de venir vivre avec lui. Ce que j’ai bien sur accepté avec un immense bonheur. 

Avec lui je me suis « re-sentie » femme… femme aimée, femme désirée. Je me sentais belle à ses yeux, et ses bras me rassuraient.
Malgré l’amour que j’avais pour lui, je ne tenais pas me remarier : la peur d’un nouvel échec, peut-être… Mais Gilles ne se décourageait pas et il  me refaisait sa demande tous les ans. Jusqu’en 2010 où j’ai fini par accepter. Je me souviens que nous étions en week-end chez mon fils ainé et sa petite famille, nous dormions dans le canapé de la salle à manger, c’était le matin de très bonne heure, nous avions mal dormi et j’étais dans ses bras. Plusieurs fois il m’a répété : « épouse-moi, mon cœur, épouse-moi… » je lui souriais, sans répondre, alors il m’a regardé me disant d’un air faussement étonné « Bébé, tu ne veux pas de moi ? » Puis nous avons ri, c’était presque devenu un jeu entre nous… Ce n’est qu’une fois rentré chez nous le soir que je lui ai murmuré à l’oreille « oui, mille fois oui, je veux de toi ». J’ai vu ses yeux s’illuminer… Mon dieu quel moment inoubliable… c’était en mars 2010 et nous nous sommes dit « oui » le 16 juillet 2010, en Bretagne, chez mon père.
Gilles, après 25 ans de conduite, avait droit à un genre de pré-retraite, il ne travaillait donc plus depuis février 2009 et nous pensions bien profiter de cette nouvelle vie.
Il m’a donné des jours extraordinaires parce qu’il était spécial ; tous ceux qu’ils l’ont bien connu m’ont dit que c’était quelqu’un qui marquait les esprits et qu’on ne pouvait faire autrement que de l’apprécier, il avait gardé ce coté enfant qui me faisait rire, il cultivait ce petit grain de folie dont il s’amusait beaucoup, il avait un cœur en or, une belle générosité et une grande sensibilité. Je me souviens l’avoir vu pleurer quand l’émotion était trop forte, qu’il soit concerné ou non. Dans ces moments-là, il s’isolait car il ne voulait pas qu’on le voit. J’avais beau lui dire qu’il n’y avait pas de honte à montrer sa sensibilité, il voulait continuer à montrer l’image d’un homme « fort ». Je pense que cela est du à sa petite enfance avec un père qui n’était pas digne de l’être. D’ailleurs il en parlait très peu et le minimum qu’il m’en ait dit était abominable.
Nous partagions l’amour des voyages et m’en a offert de très beaux. Le premier de ces voyages, certainement le plus beau parmi ceux que j’ai eu la chance de faire avec lui, a été le Vietnam en 2005. Une découverte magique, des paysages magnifiques, un peuple humble, accueillant, souriant. Puis il y a eu la Bulgarie, la Tunisie, La Californie. Cette année, nous devions faire une croisière sur le Nil, il savait que pour moi c’était un rêve de longue date, puis en 2013 un safari photo au Kenya (la photo était une de ses passions) et puis l’Inde en 2014…

La maladie…

En mai l’année dernière, nous devions aller en Thaïlande pour notre voyage de noce… mais en ce début d’année 2011, la maladie est venue bouleverser tous nos projets et nous avons été contraints de tout annuler…« ce n’est pas grave, on ira plus tard… » M’a-t-il dit
Fin février, les médecins ont diagnostiqué un cancer du poumon à Gilles, non opérable. Après maints examens, il a commencé son traitement de radiothérapie et chimio, début mai. Lorsque nous avons appris cette nouvelle, j’ai eu très peur car je sais que le pourcentage de guérison d’un cancer du poumon est très peu élevé, mais au fur et à mesure que Gilles avançait dans son traitement, l’espoir est vite revenu car il le supportait très bien, de plus, il avait un moral à toute épreuve et les médecins eux-mêmes étaient optimistes en nous répétant qu’il était sur la bonne voie de guérison.
Mais le 22 juin, appel du pneumologue : Gilles avait un taux de globules blancs extrêmement bas et donc plus aucune défense immunitaire. Résultat : hospitalisation d’urgence, dans une chambre en isolement. Rien de vraiment inquiétant puisque cela lui était déjà arrivé une fois et après 2 transfusions et 3 jours d’hospitalisation, tout était rentré dans l’ordre.
Mais cette fois, le médecin ne parvenait pas à faire remonter ses globules blancs et à endiguer l’infection malgré les transfusions et les antibiotiques qu’il lui administrait. Sa fièvre oscillait entre 38° et 40°, elle ne baissait pas et puis, il ne mangeait plus. Je passais tous mes après-midi avec lui (avec les précautions d’usage), souvent il s’endormait en ma présence et lorsqu’il se réveillait, il s’en excusait. Je lui disais bien évidemment qu’il pouvait dormir tant qu’il en avait besoin, que j’étais là et heureuse d’être près de lui, qu’importe s’il dormait ou non. Il avait besoin d’aide pour se lever car il y arrivait difficilement jusqu’au jour où il ne parvint même plus à s’assoir. Je lui faisais sa toilette (il ne voulait pas que ce soit les infirmières qui le fassent) et des massages sur ses points d’appui qui devenaient douloureux. Je me souviens que lorsque nous nous sommes connus, il pesait 80 kg pour 1.78 m et avant son hospitalisation, il ne faisait plus que 56 kg. Je sais que pendant son hospitalisation il avait encore perdu du poids. Je le voyais s’affaiblir chaque jour, Lui, mon homme fort et musclé n’avait plus que la peau et les os…Le pneumologue me parlait de l’endormir et de l’intubé si son était venait à s’aggraver, tout cela afin de parvenir à mieux combattre son infection avec des antibiotiques beaucoup plus puissants tout en l’aidant à respirer et en le mettant sous morphine pour qu’il ne souffre pas. La veille du jour où cette décision a été prise, Gilles m’avait promis que, même si c’était difficile, il continuerait à se battre. Je lui ai dit que je le savais courageux, que j’avais confiance en lui et surtout que je l’aimais très, très fort.
Dans la nuit qui a suivi, le 5 juillet, le téléphone a sonné à 5 h 30 : c’était l’hôpital qui me prévenait que Gilles a été en grande détresse respiratoire et qu’il avait été emmené en réanimation dans un autre établissement, hors de Melun. Lorsque je suis arrivée dans ce nouveau service à 20/25 mn de Melun, j’ai été reçue par un médecin qui m’a annoncé sans ménagement que même s’il parvenait à le guérir de son infection, Gilles allait (textuellement) « de toute façon mourir de son cancer ». Inutile de vous décrire le choc que j’ai eu à cet instant,  je crois que c’est plus la manière dont ce médecin me l’a annoncé que l’annonce elle-même qui m’a porté ce coup en pleine face, comme un uppercut qui m’a laissée KO… A l’hôpital de Melun, 1 pneumologue et 1 cancérologue le suivaient, ils m’avaient prévenue que l’état de Gilles étaient préoccupant et qu’il était difficile de se prononcer sur son pronostic vital tant que ses globules blancs ne remontaient pas et tant qu’ils ne parviendraient pas à le guérir de son infection, mais ils avaient pris des précautions, ils m’avaient tout de même un peu ménagée en me laissant malgré tout un tout petit espoir… mais là !!! Plus rien, le néant…
Gilles est resté en réanimation 12 jours… 12 jours où j’oscillais entre espoir et désespoir car un jour il allait mieux, un autre jour il allait plus mal puis le lendemain son état était stationnaire… L’avant-veille de son décès un médecin (pas le même que la première fois où je suis arrivée) parlait même d’envisager de le réveiller, de stopper les antibiotiques et de le désintuber car son état s’améliorait. L’espoir revenait de nouveau… il fut de courte durée car le jour suivant ce même médecin m’annonçait que l’état de Gilles s’était profondément dégradé en peu de temps et qu’il fallait que je me prépare car ce n’était plus qu’une question d’heures, voire peut-être une nuit. Là, je me suis effondrée, anéantie, je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi ; je voyais et j’entendais les infirmières autour de moi, mais j’avais l’impression d’être ailleurs, dans un monde où le temps n’existait plus… J’ai appelé ses enfants, sa mère, ses frères, son meilleur ami dans un état second pour leur dire que Gilles allait nous quitter puis je suis allée dans sa chambre... attendre… lui dire combien je l’aimais… que je le relevais de sa promesse… qu’il pouvait partir sereinement, sans crainte… que tout irai bien… qu’il ne s’inquiète pas…
Pendant ces 12 jours de réanimation, des petites bandelettes collantes lui maintenaient les yeux fermés, mais ce dernier jour, ses yeux étaient ouverts (oubli des infirmières ??). J’ai plongé les miens dans son regard en priant pour qu’il me voie… je le suppliais à voix basse de me faire un signe s’il m’entendait, ses yeux ont légèrement bougé alors j’y ai cru… Ont-ils vraiment bougé ? Était-ce seulement une illusion parce que c’était ce que je souhaitais plus que tout ? Même si son regard semblait absent, vide de toute vie, j’ai voulu y croire…

Sans Lui…

Le lendemain mon fils ainé Yannick et sa femme Claire sont venus déjeuner avec moi pour qu’ensuite nous allions voir Gilles. Mais la terrible nouvelle est tombée  lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital : Gilles était décédé à 13 h 15. Les infirmières avaient essayé de me joindre, mais nous étions sur la route…
Chaque jour, pendant ces 12 jours de réanimation, j’allais le voir à 13 heures (c’était l’heure du début des visites) quelquefois même un peu avant, les infirmières étaient très compréhensives. Mais le jour où il est parti, j’ai pris un peu de retard du fait que Yannick et Claire étaient venus à la maison et je suis arrivée ¼ d’heure trop tard. Je m’en veux terriblement de ne pas avoir été là au moment de son départ, il est parti seul, sans que je sois près de lui.
J’ai beau me dire que c’était peut-être son choix, mais je me dis aussi qu’il n’a peut-être pas eu la force d’attendre encore ¼ d’heure…
Une amie m’a dit récemment qu’elle était en colère contre lui, elle lui en voulait d’être parti. Je lui ai répondu qu’il ne fallait pas parce que lui aurait préféré continuer, il aimait tellement la vie, il l’a croquait à pleines dents, il profitait de tout ce qu’elle pouvait lui offrir, il était la gaieté personnifiée et malgré cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, il continuait à faire des projets d’avenir.
Non, moi, je n’ai pas de colère envers Gilles car je sais qu’il a fait tout ce qu’il a pu pour rester vivant, qu’il est allé jusqu’au bout de ses forces. Je l’ai admiré et je l’admire encore pour tout ce courage.
J’aimerais avoir sa force et son courage pour continuer le chemin sans lui mais je ne sais pas où les puiser...

Voilà, c’est mon histoire, notre histoire à Gilles et moi.
La fin de l’histoire, vous la connaissez car vous vivez la même…
Affectueusement,
Ghislaine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 07 janvier 2012 à 09:22:52
Chère Ghislide,

Non seulement j'ai lu ton histoire jusqu'au bout, mais je l'ai lu avec passion, avec des sourires et des larmes.
Je ne sais pas si cela t'a fait un peu de bien de te raconter ainsi, mais moi, cela m'a profondément touchée.

Et l'idée générale qui en ressort, c'est ce bel Amour, profond, sincère au point de s'oublier soi même.
J'ai ressenti les même sentiments avec Pierre et pendant la maladie de Pierre et maintenant sans Pierre.

Comme toi, j'ai longtemps gardé en tête le visage de Pierre, immobile à jamais sur son lit. En plus, il était très beau, très serein, mais si... immobile. Pour quitter cette image, je me suis plongée dans nos photos (une de mes passions) et j'ai redonné vie à son visage et à son corps. Maintenant, je le vois rire et faire le clown.

J'imagine que ce retour en arrière n'a pas été facile pour toi (comme pour nous tous), mais je crois aussi que cela peut débloquer la mémoire et redonner un peu de courage pour avancer un peu plus loin.

Un grand merci, Ghislide.
Je t'embrasse fort.

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: suzy le 08 janvier 2012 à 00:24:58
Oui , chère Ghislide, moi-aussi, j'ai lu ton histoire jusqu'au bout, d'une seule traite, sans lever les yeux... Et comme PiMa, j'en ai été profondément touchée...Et j'ai toujours aimé les histoires d'amour...
Ce soir, je suis seule chez moi ...j'ai fait un feu de cheminée; je me sens sereine et , pourquoi  ne pas raconter la mienne d'histoire...
Alors voilà...

Avant lui

J'ai toujours été très fleur bleue depuis mon plus jeune âge. J'adorais les histoires d'amour, j'écrivais des poèmes d'amour; je rêvais du prince charmant...Vous pouvez bien imaginer que j'ai connu maintes déceptions. Je tombais très souvent amoureuse, mais contrairement à la plupart de mes amies, pour moi, cela ne durait jamais. J'étais l'éternelle " plaquée", l'unique qui me retrouvais seule au début des vacances, la plus apte à tenir la chandelle au milieu des couples qui se formaient autour de moi.
Et puis, j'ai obtenu mon premier poste d'enseignante et j'ai décidé de m'installer dans mon propre appartement. A la même époque, je venais de rencontrer un garçon qui me draguait un peu, il n'était pas mal et finalement, j'ai accepté ses avances. Oh, ce n'était pas le grand amour dont je rêvais, mais je le trouvais sympa et gentil et quand il m'a dit qu'il souhaitait s'installer avec moi, j'ai été tellement surprise qu'un garçon veuille bien de moi, que je n'ai pas refusé! Imaginez: A moi,l'éternelle plaquée, un garçon me disait qu'il avait envie de vivre avec moi! Nous nous sommes installés; notre vie n'a jamais rien eu de passionnant, mais tout se passait sans heurts dans une sorte de relation un peu copain-copain. Quand il a commencé à parler mariage, je savais bien, tout au fond de moi, que je rêvais d'une vie différente, mais j'avais peur du qu'en dira-t-on et à l'époque, j'avais 24 ans et après tous mes anciens déboires sentimentaux, j'avais peur de ne trouver personne.... Nous nous sommes donc mariés et nous avons quitté la région. J'ai rapidement compris que j'avais fait le mauvais choix. mon mari était terriblement instable. Il ne parvenait pas à garder un emploi. Nous déménagions régulièrement chaque année. Il était aussi devenu très colérique, ne manquait pas une occasion de me rabaisser et de m'humilier. Lorsqu'il a été question, au bout de 5 ans, d'entreprendre un nouveau déménagement, je l'ai quitté et je suis revenue vivre dans la ville de mon enfance avec notre fils, qui alors, avait 2 ans. Je me suis pris un petit appartement, j'ai recommencé à travailler en faisant des remplacements, ma maman me gardait mon fils lorsque je travaillais et peu à peu, j'ai pu redevenir moi-même et recommencer la vie que j'aurais dû avoir au moment où j'ai obtenu mon premier poste et où j'aurais dû profiter de mon autonomie. Je me sentais libérée, enfin, car mon mari avait eu un côté macho qui peu à peu m'étouffait...Je savais que j'avais plein de choses à rattraper... Je n'avais que 28 ans...

Avec lui

Il m'a bien fallu plus de 2 ans pour faire le deuil de ce mariage raté. J'ai commencé enfin de vivre ma vie. J'ai pris différents cours ( danse, poterie...); je sortais assez souvent ( je prenais une baby-sitter); j'avais une amie dans la maison qui m'a présentée Jean-Daniel. Oh ! Ca n'a pas été le coup de foudre...Au moment où elle me l'a présenté, je n'étais tout simplement pas prête...Il était mon voisin. Quelques mois plus tard, j'ai eu un problème avec ma voiture, et , comme c'était l'hiver, je l'ai liquidée et ai décidé d'en reprendre une au printemps. Comme j'avais un garage, je l'ai sous-loué à Jean-Daniel pour la période hivernale. Et c'est ainsi que tout a commencé. Il venait me payer le loyer chez moi, et peu à peu, j'ai commencé à attendre la fin du mois avec de plus en plus d'impatience. Et j'ai fini par lui offrir un verre...comme il avait des horaires irréguliers et qu'il avait parfois congé l'après-midi, je me suis permise de l'appeler pour lui proposer un café...Peu à peu, sa présence m'est devenue indispensable...Il n'a pas tardé à me déclarer son amour...Et ça a été une révélation! J'ai su tout de suite que , oui, enfin  je l'avais trouvé le grand amour que j'attendais depuis toujours! Nous nous sommes mariés une année plus tard. Il a accepté mon fils ( qui avait 6 ans alors) comme si ç'avait été le sien. Et ça a été 24 ans d'amour absolu, 24 ans d'amour fou...Nous avions tout-à-fait les mêmes intérêts; nous faisions TOUT ensemble...Voyages, sorties au resto, petits jeux le soir, au coin du feu, petits repas en tête-à-tête à la maison...2 ans après notre mariage, j'ai encore eu une petite fille. Notre bonheur était total...Quelques années plus tard, nous avons acheté la maison de nos rêves que nous avons aménagée avec amour. Que de fêtes nous avons fait dans notre jardin! Pour nous, chaque occasion était un prétexte à faire la fête...Avec mon Jean-Daniel, la vie était un éternel éclat de rire...Nous avions beaucoup d'amis, mais nous adorions rester seuls tous les deux. Nous nous accordions chaque année deux ou trois week-ends rien qu'à nous où nous partions sans les enfants pour un week-end romantique ou quelques jours pour visiter une grande ville. Les grandes villes, on adorait...
Nous avons aussi passé de magnifiques vacances en famille. Chaque année, une nouvelle destination...Ca a été du vélo dans les Landes, a a été des croisières sur la méditerranée, des locations en Grèce...des moments inoubliables qui nous permettaient de nous rapprocher en famille. Et puis nos enfants ont grandi et nous nous sentions redevenir indépendants comme de jeunes amoureux. Qu'est-ce qu'on a profité de cette indépendance retrouvée: sorties, week-ends surprise dans des auberges de charme, petits voyages imprévus...Je demandais souvent à mon Jean-Da si nous avions vraiment mérité un tel bonheur. Et lui me répondait toujours avec son petit sourire : " On n'a que le bonheur qu'on mérite..." Quand j'y repense, je ne peux m'empêcher de me demander ce que j'ai fait pour mériter ce que j'ai vécu... Jean-Daniel souffrait d'un problème cardiaque héréditaire. Son père est décédé à 38 ans et son frère à 40 ans. Lui-même a eu 3 petites alertes,mais il a radicalement changé son hygiène de vie et avec le suivi médical qu'il s'imposait, nous nous disions qu'il était du bon côté...Et de toute façon, ça ne pouvait pas nous arriver à nous...on s'aimait trop...on avait trop de projets en attente...
Et pourtant, ce fameux 18 décembre 2009, 2 jours avant ses 52 ans et une semaine avant Noël, il s'est effondré...Il s'est effondré de la même façon que s'est effondré son père presque 50 ans auparavant...Et en une fraction de seconde, ma vie, ma belle vie si harmonieuse a volé en éclats...

Après lui

Et voici depuis un peu plus de deux ans que je vis seule dans ma grande maison vide; que je dors seule dans mon grand lit froid...
Plus de " Bonjour belle enfant..." le matin au réveil; plus de " tu sais que j'taime ma super nana..." au moins une fois par jour...plus de sifflement admiratif lorsque je me faisais belle pour lui...plus de petits jeux le soir au coin du feu, plus d'échanges, plus de rires...plus rien que le silence...Plus aucun plaisir à manger. Je mange le plus souvent debout dans ma cuisine; le soir, c'est toujours le même plateau-télé. Heureusement, je vais tout-de-même manger au resto assez souvent. Je ne m'isole pas ; je fais une quantité d'activités. J'ai même recommencé à inviter du monde à manger, mais le plaisir n'est et ne sera plus jamais le même. Je ne supporte plus de vivre dans ma grande et belle maison. Au début, cela me rassurait, aujourd'hui, cela m'oppresse...C'est pour cela que je sais que je dois totalement changer de vie pour pouvoir me reconstruire. J'ai encore trop d'années à vivre pour me contenter de vivre dans ce que j'appelle " la carcasse de mon bonheur"... A quoi bon ma belle maison puisqu'il n'y a plus mon essentiel ? A quoi bon ma jolie voiture,mon job ( bien payé mais qui ne me plaît pus ) ? Et dans cette région, tout me parle de lui...les balades, les magasins, les restos...Il n'y a qu'en Afrique où je parviens à être bien...Parce que à-bas, je vis dans un contexte totalement différent où je n'ai aucun souvenir. Et là-bas, je me sens utile et revalorisée...Cette année 2012 sera un tournant de ma vie. J'ai mis ma maison en vente, je vais essayer de vendre aussi tout mon mobilier. Et je vais partir vers une nouvelle vie...Oh tous les beaux souvenirs, je les emporterai avec moi; ils seront à jamais au fond de mon coeur...Mais ces souvenirs vont m'aider à avancer...Ce projet d'humanitaire en Afrique, il faut que je le mène à terme. Peut-être que dans 6 mois j'aurai envie de revenir vivre en Europe. Si c'est le cas, je reviendrai,mais je vivra i dans un autre appart, dans un autre décor, dans une autre commune...Et je n'aurai plus, chaque matin en me levant, tous ces souvenirs de ce bonheur révolu qui me rappelleront tout ce que j'ai perdu à tout jamais...Je sais que Jean-Daniel ne voudrait pas que je me laisse couler; j'ai aussi découvert que, contrairement à ce que je croyais, je suis une battante. Je sais que j'ai encore quelque chose à faire de ma vie, peut-être une mission à remplir. Et je veux que mon Jean-Da, de là-haut, soit fier de moi...Car on se retrouvera, j'en suis persuadée...

Voilà l'histoire de ma vie. Toutes ces années de bonheur ont été pour moi un véritable cadeau...Mais qu'est-ce que cela me manque...
J'aurai 57 ans à la fin du mois.
Je vous embrasse
Suzy
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 08 janvier 2012 à 00:45:20
Chère PiMa,

Oui, cela m'a fait du bien ce retour en arrière, j'ai mis plusieurs jours à l'écrire et pendant ce laps de temps j'ai revécu des moments heureux que j'avais mis de coté. Cela m'a permis de me sentir moins triste temporairement et ce soir, patatra... grosse déprime qui me tombe dessus.
Pourquoi maintenant alors que j'ai passé une agréable journée avec 2 de mes fils et mes petits-enfants ???????
C'est épuisant ces changements d'humeur et chaque fois je me sens anéantie, brisée.
J'ai tellement, tellement mal ce soir... je ne parviens même pas à regarder sa photo qui se trouve sur le bureau, juste à coté de mon ordinateur... les larmes coulent, malgré moi... je voudrais que ce flot de souffrance cesse, pourquoi est-ce que cela fait si mal ?????
Il me manque tant que j'en ai du mal à respirer...
Mon dieu, que c'est difficile à supporter.............
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 08 janvier 2012 à 01:59:12
Chère Suzy,

Je viens de lire ton histoire et, sans que tu le saches, tu as calmé un peu mes pleurs.
Ton histoire est très belle, émouvante aussi et je suis comme toi, j'aime les histoires d'amour.
Quand je te lis, je me retrouve un peu car comme toi, j'ai toujours été très "fleur bleue" et j'attendais aussi mon prince charmant.
Depuis l'âge de 14 ans jusqu'à mes 20 ans, je tenais un journal intime où je consignais les petites choses du quotidien mais aussi les grands évènements, mes amitiés, mes joies, mes peines et surtout mes amours...
Lorsque j'ai fait l'expérience de mon premier grand amour, il a été aussi mon plus grand chagrin, celui dont on pense que l'on ne guérira jamais.
J'étais sure que jamais plus je ne ressentirais ce sentiment, si intense qu'il donne parfois le vertige (et surtout je ne le voulais plus).
Et pourtant... il m'aura fallu attendre plus de 30 ans pour le connaître à nouveau, aussi fort qu'à mes 18 ans...
Gilles m'a prouvé que j'étais encore capable d'aimer de cette façon là...
Je n'ai pu profiter de ce bonheur que pendant 8 ans alors que j'aurais voulu qu'il dure encore, encore et encore...
Ce soir Gilles me manque terriblement et j'ai le cœur en mille morceaux...

Je t'embrasse bien fort
Ghislaine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: yleriane le 08 janvier 2012 à 02:24:36
Il est tard et après avoir lu vos témoignages qui m'ont beaucoup touchée , je me lance à mon tour .
Avant lui :
En fait , avant lui , je crois que je n'étais pas grand chose . Je n'avais pas de famille et je revenais de Sicile où j'avais vécu deux ans .
Je me cherchais et je ne me trouvais pas . J'avais fait la connaissance de son grand frère Philippe quelques années avant et comme nous avions sympathisé , je l'ai rappelé à mon retour .
Et il m'a proposé de rencontrer sa famille . Je suis littéralement tombé amoureuse de la famille de Philippe . Ses parents et ses deux autres frères étaient adorables . Et nous nous sommes adoptés mutuellement . Je n'avais pas de parents , ils n'avaient pas eu de fille et voilà . Dans ce même laps de temps , j'avais rencontré quelqu'un avec qui je commençais à avoir une histoire qui a duré 4 ans et où sont nées deux petites puces . Je venais les voir régulièrement . Sans mon compagnon de l'époque qui n'accrochait pas avec eux mais avec mes filles . Je m'entendais bien avec les deux autres frères Thierry et Patrick le plus jeune . Et Patrick n'avait que 10 mois de moins que moi . Il était réservé et parlait peu mais il avait un rire qui n'appartenait qu'à lui .

Avec lui :
Après avoir quitté mon ex compagnon , j'ai mis un an avant de comprendre que j'étais en train de tomber amoureuse de Patou ( tout le monde le surnommait comme ça ) . Il avait changé , il était aussi réservé mais il me parlait et ça me permettait enfin de le connaître vraiment et ce que je découvrais me plaisait de plus en plus . Je me suis aperçue que c'était le seul homme en qui j'avais une totale confiance  , le seul homme qui m'aimait telle que j'étais avec ma vie d'avant , mes angoisses . Il m'apaisait . J'étais laa pile éléctrique du couple et lui savait comment éteindre le feu . Il me rassurait . Il était là , toujours . Il était mon ancre , mon roc , ma force , mon ambition . Avec ses beaux yeux bleus . Nous avons eu deux enfants ensemble . Une fille Nina et un garçon Timihona . Il a été militaire pendant cinq ans et comme il ne supportait plus d'être loin de nous , il a arrêté l'armée . Il ne voyait la vie qu'à travers nous sa famille .
Quand nous avons déménagé pour Nantes , il a retrouvé un travail dans la sécurité . Il espérait un jour travailler dans les transports de fonds . Il faisait les nuits . Pour être avec nous la journée . Il gardait le petit . Il a fait plein de petits films avec notre fils et des photos qu'il m'envoyait au travail . J'avais réussi à lui faire découvrir l'Italie et j'étais heureuse parce qu'il l'aimait autant que moi . Nous ne pouvions pas y aller souvent parce que nous n'avions pas les moyens mais nous y avons passé à chaque fois de magnifiques séjours .
Cette année là , nous devions enfin partir tous ensemble , tous les 6 en Espagne pour une semaine . Parce que les autres fois , nous n'y étions allés qu'avec ma fille cadette ou bien avec nos frères parce que la route était longue et difficile pour les enfants en bas âge de les emmener avec nous . Mais là ce n'était pas trop loin et ils avaient grandi . Nous n'avons pas pu y aller tous ensemble , mon homme n'était plus parmi nous .
C'était un vrai fan des jeux vidéo et des cartes yugiho . Un vrai gamin et il me disait souvent qu'il espérait bien ne jamais grandir . Il n'a jamais grandi , il est mort alors qu'il devait fêter ses 32 ans 3 mois plus tard .

Après lui :
Cette nuit là , je ne l'ai pas appelé . Je le faisais toutes les nuits où il travaillait mais pas cette nuit là .
Le lendemain , je me suis réveillée pour m'occuper des enfants mais je ne comprenais pas pourquoi il n'était pas là . Habituellement s'il ne s'était pas déjà recouché , il était devant son ordinateur mais ce matin là , il n'était nulle part . J'ai appelé une première fois sur son portable et je suis tombée sur son répondeur . Il ne mettait jamais son portable sur répondeur . Je lui ai laissé un message lui demandant de me prévenir s'il était encore avec ses collègues . Je sentais déjà l'inquiètude monter parce que j'avais toujours peur quand il prenait sa moto . Je suis ambulancière et je connais les dégâts que cela peut occasionner un accident de moto .
Je l'ai rappelé une autre fois et je suis retombé sur son répondeur . J'ai à nouveau laissé un message , inquiet celui là . Je suis allée réveiller mes enfants et mon petit pour la première fois le matin m'a réclamé son papa . Je lui ai dit qu'il dormait déjà et qu'il ne fallait pas le déranger . Puis ça a été notre fille qui m'a demandé si elle pouvait aller lui fair un bisou , je lui ai dit qu'il était épuisé et qu'il fallait vraiment qu'il se repose . Je me suis occupée de mes petits . Ma garnde était déjà partie au collège . J'ai emmené ma fille à l'école , je suis allée chercher des chouquettes pour mes deux hommes et des cigarettes pour moi .  3  paquets comme si je sentais que j'allais en avoir besoin . Et puis je suis rentrée . J'espérais voir sa moto garée devant la maison mais ce n'était pas le cas . Alors là j'ai commencé à me dire qu'il y avait un souci mais je ne voulais surtout pas m'affoler , je me disais qu'il fallait que j'arrête de me faire peur , qu'il n'y avait certainement rien de grave . J'ai essayé d'appeler son travail mais je n'avais pas le bon numéro alors j'ai appelé les urgences et là j'ai eu une seconde de répit au moment où elle m'a dit qu'ils n'avaient personne de ce nom là chez eux . Mais je devais quand même appeler la police . Alors j'ai fait le numéro de la police et après m'avoir renvoyer sur un autre secteur , j'ai eu un gendrame qui m'a demandé de confirmer mon identité . Je lui ai dit que je ne comprenais pas que mon mari ne soit pas rentré du travail et là il m'a dit qu'il avait une mauvaise nouvelle . Je lui ai demandé de me dire ce qu'il avait , si c'était grave , il m'a dit madame , je suis désolé , madame , votre mari est décédé . Et là , je lui ai coupé la parole , je lui ai dit que je ne voulais rien entendre , qu'il ne me dise rien , surtout rien . Je me disais non c'est un cauchemar , je fais un cauchemar , cen'est pas possible , ce n'est pas en train d'arriver . Arrêtez tout , s'il vous plaît , ça va trop vite , je veux comprendre , je veux que l'on me dise que c'est faux ou plutôt que l'on ne me dise rien du tout . Et puis deux personnes de la mairie sont arrivées . J'ai eu l'impression d'être dans un mauvais film de série B . Et je me suis effondrée . on pauvre petit bout était là aussi , mon pauvre petit garçon . Alors je me suis mise en pilote automatique car je snetais bien que si je ne faisais pas ça je deviendrais folle . J'ai appelé sa mère pour lui annoncer la nouvelle .  Et une amie pour qu'elle vienne , vite . J'avais besoin de le dire à pleins de monde . J'avais l'impression de raconter une connerie monumentale à tout le monde . Je me disais qu'il y aurait bien quelqu'un pour me dire que c'était faux . J'étais glacée . Je suis d'abord allée chercher mes filles ainées . Je me rappellerai toute ma vie de leurs visages , de leurs larmes . Et ensuite ma petite fille chérie , je suis allée la chercher à l'école . Elle n'a pas compris ce que je lui disais . Papa est mort ce matin ma chérie . Il a eu un accident avec sa moto . Papa ne reviendra plus . Nous nous sommes prises dans les bras et nous avons pleuré ensemble . Ensuite , j'ai voulu comprendre , j'ai voulu voir . J'ai appris que c'était un idiot qui lui avait coupé la route et qu'il n'avait pas eu le temps de faire quoi que ce soit . Le choc a été tellement violent qu'il est mort sur le coup . Et puis je suis allée le voir au funérarium et il était là , tellement blanc , tellement vide de lui . Ses lèvres , j'adorais ses lèvres couleurs de groseilles et là elles étaient si blanches .
Depuis nous avons déménagé , j'ai repris mon travail , mes enfants grandissent . Mais je suis fatiguée . 21 mois aujourd'hui qu'il est parti . 21 mois sans lui . Il me manque toujours autant .
Voilà pour mon histoire 
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 08 janvier 2012 à 09:20:39
Ghislaine, Suzy, Ylériane

Comment vous dire à quel point je suis émue de vous lire et même relire.
Je suis émue et heureuse d'avoir ouvert ce fil car je vois qu'il nous fait du bien, même s'il nous fait aussi du mal.

Il y a tellement de choses magnifiques dans vos histoires, j'ai envie d'en parler encore avec vous, je me retrouve chez l'une ou l'autre, j'admire l'une et l'autre, je pleure avec l'une et l'autre...

Et pour moi, maintenant, vous n'êtes plus des noms sur un forum, ce partage m'apporte beaucoup.
A vous aussi, j'espère.

A vous lire encore.

 :-*

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: suzy le 08 janvier 2012 à 09:58:00
Oui PiMa, ton idée d'ouvrir ce fil a été magnifique...toutes vos histoires, la tienne, celles de Ghislaine et d'Yleriane m'ont captivée, bouleversée...Je me rends compte qu'au fond de nous, quand on vit une belle histoire d'amour, on est toutes les mêmes...on vit intensément et on se dit qu'il n'y a pas de raison pour que cela s'arrête...Comment imaginer que l' inacceptable peut arriver...
C'est vrai que l'on se retrouve dans les témoignages des une et des autres et, une fois de plus, on se sent moins seule.
De plus, le fait d'écrire a pour moi en tous cas, un effet thérapeuthique. Comme toi PiMa, j'ai toujours tenu un journal intime dans ma jeunesse. Plus tard, je n'ai plus tenu de journal proprement dit , mais j'adorais écrire , décrire certains sentiments. Ca pouvait être des sentiments de joie comme de peine. Je trouvais toujours un morceau de papier ou un calepin pour noter quelque chose qui me paraissait essentiel. et depuis la mort de mon Jean-Da, j'ai toujours sur mon chevet mon journal de deuil. Quand je relis ce que j'y écrivais au début, je me dis que j'ai quand même fait une sacrée avance...
Alors, écrire mon histoire hier  soir, ça n'a pas été un moment difficile; au contraire, cela m'a fait du bien...Et quand je lis vos réactions ce matin, ça fait chaud au coeur...
Je vous embrasse très fort
Suzy
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: carolineb le 08 janvier 2012 à 17:48:50
Bonsoir,
Je vous admire beaucoup, toutes, d'exposer avec pudeur autant de vous même...Ces histoires sont émouvantes et riches. Pour moi, comme les photos, les discours n'appartiennent qu'à moi et je ne peux me résoudre encore à me replonger dans le passé, même s'il est en écho permanent de mon présent.
Aujourd'hui, c'était un drôle de moment, à la fois meurtrissant parce que je me suis réveillée avec lui dans la tête et à la fois libérateur puisqu'en montant l'escalier, j'ai senti comme un air de liberté, à nouveau.
J'ai pensé à Lauren.
J'ai oublié la voix d'Olivier, c'est incroyable.
Bizes
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 08 janvier 2012 à 18:22:35
Après une nuit agitée, j'ai retrouvé un peu de calme ce matin.
Alors pour éviter de trop penser au manque de lui, je suis retournée faire du rangement dans mon placard... C'est une façon de m'occuper et je crois que j'en ai encore pour quelque temps à le "ranger" ce sacré placard...
Gilles ne jetait rien, il disait toujours "on ne sait jamais, ça peut servir"... il entassait, entassait jusqu'au moment où on ne pouvait même plus y mettre un pied. Alors, contraint et forcé, il organisait un peu, jetait parfois ou essayait d'optimiser l'espace !
Il aimait beaucoup l'informatique et s'était même monté son propre ordinateur, puis au fur et à mesure, il l'améliorait, changeant une carte vidéo par-ci, une carte son par-là, rajoutait des barrettes mémoires ou en mettait de plus puissantes... mais à chaque changement, il gardait les anciennes pièces.
Alors aujourd'hui j'ai enlevé tous les câbles, les claviers, les souris, les tours, les lecteurs de disquettes ou de cd, des graveurs et même un petit écran,  et j'ai tout descendu près des poubelles... Je ne regrette pas finalement car même pas 10 mn après, tout avait disparu. Au moins je me dis que cela profitera à quelqu'un...
Il en était de même pour la voiture, étant également mécanicien poids-lourds en plus de son métier de chauffeur routier, il conservait de la même façon les pièces qu'il changeait (sauf les défectueuses, tout de même). Sans parler de tous les outils qu'il avait en double ou en triple. La dernière fois que je suis allée trier un peu, j'ai découvert qu'il y avait dans son matériel électrique : 3 perceuses, deux scies sauteuses et une à disque, 3 visseuses/dévisseuses à pile rechargeable... sans compter tout le reste tels que 4 marteaux, un nombre incalculable de tournevis, des pinces de serrage ou coupantes et des outils dont je ne connais même pas le nom, ni l'utilité... Enfin, là, je n'ose pas m'en débarrasser car je me dis que "on ne sait jamais, ça peut servir"  :)
Il était très conservateur, mon homme...Sans parler de la cuisine...
C'était fin cuisinier et m'avait confié qu'il avait raté sa vocation car il aurait adoré tenir un restaurant.
Une fois par mois, son meilleur ami venait manger chez nous avec ses enfants dont il avait la garde. C'est drôle les coïncidences car il se prénommait également Gilles... et comme je voulais les distinguer l'un de l'autre lorsqu'ils étaient ensemble, j'appelais son ami Gilles2. Ce qui amusait beaucoup mon Gilou à moi car du coup il disait qu'il était n°1 sur le podium...Gilles2 est divorcé également, mais il a une sainte horreur de faire les repas, alors lorsqu'il venait diner, ses enfants étaient ravis et ils disaient à leur père "ah, chic, ce soir on va se régaler !".

Qu'il est bon de se souvenir de ces petites choses, des petits détails qui peuvent paraitre dérisoires mais qui maintenant prennent tellement d'importance...

Comme toi Pi-Marina, cela fait plusieurs fois que  je relis vos histoires, la tienne, celles de Suzy et Ylériane et l'émotion est toujours autant palpable. J'ai également le sentiment que ce retour en arrière peut aider à avancer, même si par moment l'évocation de certains souvenirs plus douloureux refont surface, mais, comme le fait si bien remarquer Yohann, ce ne sont pas les points négatifs qui prévalent, mais bien tout l'amour qui se dégage de chacun de nos "morceaux" de vie...

Et je suis d'accord avec Suzy, ta proposition dans ce fil est une merveilleuse idée... Merci de l'avoir ouvert.
Bisous à vous toutes et tous
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 08 janvier 2012 à 18:54:08
Et merci de me suivre sur ce fil, car comme le dit Caroline, notre histoire n'appartient qu'à nous, et pourtant, comme cela fait du bien de la partager avec vous.

J'ai souris et ris en te lisant Ghislaine, car Pierre est aussi très conservateur, mais alors très conservateur comme ton Gillesn°1.
Sa grange regorgeait de trucs en tous genres aussi, outils en double, en triple et petits bouts de cables, bidons vides (une bonne soixantaine!), prises de télévision, antennes de toit, téléphones, auto radio des années 70, pneus plus où moins usés, planches de bois, 3 perceuses (aussi), c'est mieux qu'une ... Tournevis, marteaux, pinceaux, enduit, peinture sèche depuis 10 ans...
Comme toi, Ghislaine, ranger me fait beaucoup de bien. J'ai donc attaqué la grange peu de temps après son départ. MP3 dans les oreilles, chantant à tue-tête, j'ai regroupé, puis trié et enfin jeté.
Et puis, j'ai entrepris d'apprendre à bricoler... et j'ai parfois regretté d'avoir jeté ce petit bout de tuyau, il m'aurait été utile!
Pendant mes premières expériences, je l'ai beaucoup mis à contribution mon Pierre, beaucoup interrogé : comment dois-je faire cela, avec quel outil, ou vais-je le trouver et croyez-le ou pas mais il m'a très souvent aidée, guidée et mise en garde.

J'ai fait comme toi, un tas sur le trottoir, pfuitttt disparu aussi en 10 mn et la satisfaction d'avoir fait un heureux.

Là, j'ai encore du boulot, mais il fait froid et je remets cela au printemps.

Alors, je collecte toutes les photos de notre vie et de la sienne, avant moi et je vais en faire un gigantesque album. C'est mon travail de l'hiver. J'ai toujours mon appareil photos avec moi et il s'est toujours prêté à mon jeu photographe/sujet... en faisant le clown, aussi j'ai plein de photos de lui où il fait des grimaces et où il éclate de rire et c'est bon de le revoir comme cela.

Parenthèses : Avec Pierre, nous avions décidé que les coccinelles, bête à Bon Dieu, venaient délivrer des messages aux humains. C'était un jeu, bien sûr. Depuis qu'il est parti, chaque coccinelle prend pour moi une importance particulière, vous vous en doutez.
Et bien, là, dans mon bureau, juste à coté de mon ordi, tandis que la pièce est fermée : une coccinelle vient de se poser!

Parfois, c'est bon de redevenir naïf.

Je vous embrasse toutes et tous.

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 08 janvier 2012 à 19:32:02
Moi aussi, je ris en te lisant, car je n'avais pas mentionner les pots de peintures pratiquement séchées parce que pratiquement vides, les pinceaux durcis et collés au fond d'un pot parce que le nettoyant a séché, ni les bouts de bois ou les chutes de  planches...
Cela fait beaucoup pour un seul placard... pas étonnant que l'on ne pouvait plus y entrer.
Il y a 2 ans nous avions un garage qui a été démoli, il a donc fallu rapatrier tout ce qu'il contenait dans notre cave (nous habitons en appartement, enfin... j'habite...).
Je n'ose même pas voir ce qui y est entassé... Comme toi, j'attends les beaux jours et peut-être aussi quelques bras courageux pour m'aider à trier car en allant chercher les décorations de Noël j'ai également vus 2 pneus... mais pas assez de lumière pour voir leur état  :o
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: suzy le 08 janvier 2012 à 19:46:53
Moi-aussi, j'ai relu plusieurs fois vos histoires...Je trouve que c'est très porteur. Le fait de pouvoir raconter nos bons souvenirs d'une manière sereine, d'avoir le sourire en reconnaissant chez nos hommes certaines mêmes manies prouve que nous sommes du bon côté..
Ghislaine, mon amour, comme le tien était également féru d'informatique. Cette semaine, j'ai vidé toute une armoire de CD d'installation, de souris, de câbles, de claviers endommagés...J'ai mis toutes ces choses inutiles pour moi dans une caisse à apporter chez JOB ECO ( c'est un centre où les chômeurs décortiquent les appareils électriques). J'ai fait d'énormes tris dans toute la maison et je suis contente de voir que je parviens à me séparer du "matériel". J'ai donné tous ses vêtements ( habits d'été en Afrique; habits d'hiver en Roumanie). Tout ce que j'ai l'intention de garder sont les photos et les cadeaux qu'il m'a offerts ( bijoux, peluches, bibelots rapportés de nos vacances...)
Mon mari était aussi un fin cordon-bleu! Son premier métier était boulanger et il n'a jamais perdu la main. Nous avons fait construire dans notre jardin un four à pain, et je crois qu'il y a eu peu de week-ends, hiver comme été, où ce four n'a pas fonctionné. Il faisait régulièrement la tresse pour le petit déjeuner...A part ça, c'est lui qui faisait tous les repas. Il avait un horaire plus mobile que le mien et, avouons-le, quel plaisir de pouvoir rentrer à midi et n'avoir plus qu'à mettre les pieds sous la table...De plus il adorait faire ça! C'était notre façon de nous partager les corvées ménagères: lui, les courses et les repas; moi le ménage, lessive et repassage...
Comme la vie était belle...Mais je me rends compte que le fait de l'évoquer me fait un bien immense. Je suis même capable d'y penser en souriant. Je pense que dans une grande histoire d'amour, le lien qui nous unit à la personne aimée ne meurt jamais. Et c'est ce lien qui , peu à peu, nous donne la force d'avancer...Petit à petit, nous parvenons à penser à notre amour autrement, sans larmes et tristesse...Tous ces bons souvenirs deviennent alors porteurs d'espoir...
Suzy
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 08 janvier 2012 à 20:24:22
PiMa, ton histoire de coccinelle me trouble beaucoup... j'en expliquerai peut-être plus tard les raisons.

Comme je suis d'accord avec toi Suzy... tous ces souvenirs qui reviennent petit à petit et que l'on parvient à extérioriser et de plus à partager est réconfortant. Les larmes laissent un peu plus de place aux sourires qui reviennent à l'évocation de certains petits détails...
Tout comme toi, c'est Gilles qui faisait les repas, la cuisine était son territoire dont il gardait l'entrée et les secrets... Quand quelqu'un lui demandait la recette de tel ou tel plat, il répondait toujours que ce n'était pas possible car il cuisinait au "feeling". Il pouvait refaire le même plat plusieurs fois, mais jamais de la même façon et chaque fois amélioré...
Souvent, je lui servais de cobaye et j'avoue que j'aimais cela car également comme toi, je n'avais qu'à m'installer à table et déguster...
Bisous
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: chagrin64 le 09 janvier 2012 à 20:13:48
Bonjour,
Vos derniers messages me font sourire, mon mari était nul en cuisine mais vraiment très nul...

Quand il devait faire le repas du midi car j'étais au boulot et que lui ne commençait qu'à 14h, il était en charge du repas, c'était l'horreur. Notre fils me racontait qu'il ne passait même pas les pâtes  :o. Lui ça le faisait rire en disant "de toute façon t'y connais rien elles sont même meilleures que celles de ta mère"

Comme j'aimerais pouvoir en remanger.

Je l'aime, il me manque.

Merci Pima pour ces souvenirs que tu m'a permis d'évoquer.

Bises
Christine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 09 janvier 2012 à 20:55:42
C'est gentil, Christine, mais je n'y suis pour rien.
Les souvenirs sont là, mais nous les occultons tant que l'on pense qu'ils ne provoquerons que larmes et tempêtes.
Et puis, un petit regard en arrière et c'est un sourire. Cà, c'est un bon début.

Mon mari n'était pas doué non plus pour la cuisine, sauf la compote de pommes qu'il faisait magnifiquement bien et tout le monde sait comme c'est dur à faire une bonne compote de pommes!
Mais depuis, je n'ai pas pu en faire une seule.

A vous lire encore et encore.

 :-*

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: chagrin64 le 09 janvier 2012 à 21:44:04
R était très fort pour les gâteaux. La première fois il a même essayer de soudoyer ma mère avec un gâteau aux pommes pour arriver jusqu'à moi ;D
Si, Pima, tu y es bien pour quelque chose, tu me permets de retrouver des petits moments de bonheur qui étaient occultés par toutes ces mauvaises périodes :'(.
Un jour moi aussi je vous raconterais
Encore merci
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 10 janvier 2012 à 12:08:01
Et oui, Yohann, tu te dois de rectifier un peu nos propos.

Mais comme tu le dis, tout ceci n'est qu'un doux constat et non un jugement de tribunal.
Je donnerais n'importe quoi pour que Pierre continue à entasser un maximum de choses qui me semblent à moi inutiles mais qui pour lui avaient encore un avenir.

J'ajouterai que bien sûr, je reconnais que j'ai souvent eu du mal à résister à garder un bol, une carafe, voire à acheter un plat tandis que le placard en regorge.
Ouaih, les draps aussi, les couettes...

Pour les vêtements, je suis clean, j'ai trop joué à la dadame lorsque j'étais en activité à Paris pour ne pas savourer aujourd'hui un bon vieux jean/tee-shirt/gros pull. Je vis en pleine campagne, je sors le moins possible de chez moi, maison/jardin, et Pierre n'est plus là, pour que je lui fasse "la danse des 7 voiles", comme disait ma grand-mère!
Alors je donne beaucoup au Secours populaire, c'est trop bête de garder des vêtements non portés dans ses placards tandis que d'autres personnes n'ont pas d'autre choix le matin que celui de remettre les vêtements de la veille.

Cela me fait plaisir de te faire sourire. C'est aussi le but.
Un sourire par jour pour commencer, un souvenir-plaisir, une envie, et peut-être un projet... un peu plus fun qu'une opération chirurgicale!

Bonne journée à toi, et à vous tous.

PiMa
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 10 janvier 2012 à 15:41:24
Cher Yohann,

Tout comme PiMarina, je viens t'affirmer que ce n'est nullement un jugement que l'on porte sur la gente masculine, loin s'en faut, ce sont juste des  petits traits de personnalité (je ne parlerais même pas de défauts) de nos chers disparus qui nous reviennent et qui au final nous font tendrement sourire. J'aurais également adoré que mon Gilles continue à entasser des choses qui, à mes yeux, ne ne servent à rien...

Pour ce qui est du reste, il savait aussi bien jouer du tournevis que du balai ou du fer à repasser... et je sais qu'il n'est pas le seul dans ce cas. N'ayant eu que des fils, ils ont été initiés aux taches ménagères dès que j'ai pensé que cela devenait une nécessité : 5 à la maison et moi comme seule femme... Oufffff
Un autre exemple : ma maman nous a quittés voilà 6 ans et demi et mon père est, à 83ans, un vrai petit homme d'intérieur, comme il aime à le faire remarquer !
Pour un homme de sa génération, je suis admirative car il a toujours aidé ma mère dans les taches ménagères, refusant même, au début de leur mariage, qu'elle lui reprise ses chaussettes (c'est maman qui me l'a raconté...)
Nous avons donc les mêmes capacités si nous ne nous enfermons pas dans des stéréotypes du genre : les hommes au boulot, les femmes au fourneau  :)  (à notre époque, certains le pensent encore, j'en connais !)

Nous avons chacun des dons (naturels ou acquis) et surtout des envies de les exploiter ou non... c'est notre choix.
Personnellement, je ne suis pas douée pour la cuisine, mais je sais que c'est parce je n'aime pas cuisiner (quelle aubaine d'être tombée sur mon homme qui lui adorait ça... il en a été de même pour mon premier mari)
Pourtant, maintenant, je suis bien obligée de m'y mettre (pas tous les jours, il ne faut pas exagérer non plus !) et je m'étonne car samedi j'ai réaliser un plat en sauce pour mes enfants et petits-enfants qui ont adoré ma recette. Ma belle-fille m'a même fait remarqué en souriant qu"une partie de Gilles s'était greffée en moi".  Quel beau compliment elle m'a fait là...

Quant au bricolage, j'ai deux fils sur les trois (le cadet vit dans le Finistère) qui viennent à mon secours en cas de besoin, alors j'observe, j'apprends... je finirai bien par me lancer.

J'ai souris également quand tu évoques cette petite phrase que nous, les femmes nous prononçons avec un air désolé : "je n'ai plus rien à me mettre" alors que l'armoire et la commode débordent de vêtements... Je ne généralise pas, mais nous sommes tout de même nombreuses à l'avoir dit quelquefois. Je me souviens que lorsque je travaillais encore, c'était "la" grande interrogation du matin : "qu'est-ce que je vais mettre aujourd'hui ?" et quand après plusieurs essayages je ne trouvais pas, c'est à ce moment que la phrase culte sortais : "Zut, je n'ai plus rien à me mettre"...
Ce n'est plus d'actualité pour le moment car, tout comme PiMa, j'ai aussi fait le tri dans mes vêtements pour ne garder que ceux où je me sens "à l'aise"...
Mais, un jour, peut-être, je referai ce "triste" constat   ::)

Bisous
Ghislaine

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 11 janvier 2012 à 00:47:35
Oh oui, Yohann, je donnerais également tout ce que je possède et bien plus pour pouvoir profiter encore et encore de sa présence...

Il n'était pas parfait et s'il l'avait été je crois que je me serais ennuyée en sa compagnie, mais je reprendrais avec un bonheur sans égal tout ce qui faisait sa personnalité, avec ses petits défauts, ses grandes qualités...

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Vivie le 14 janvier 2012 à 12:04:56
Bonsoir,
Comme je ne me sens pas tres bien en ce moment et que j'ai besoin de parler de mon ange je me dis qu'avec vous ce sera apaisant de se confier car toujours dans l'entourage ce vide .Faire comme si tout allait bien alors que ca ne va pas .Quand on perd sa moitie il ne peut en etre autrement.

Alors voilà je me lance dans notre histoire.

J'ai rencontre Patrice en 2000 car je venais d'etre mutee.Je venais de terminer une relation de 2 ans,mais comme je savais que ce n'etait pas ca l'amour je me suis vite sentie liberee pour vivre une nouvelle relation lorsque celle ci se presenterait.Ca a ete rapide car Patrice etait le frere d'une collegue.Pas le coup de foudre mais il avait une telle personnalite; toujours joyeux toujours en train de raconter des histoires droles  et puis nous nous ressemblions memes envies memes projets de vies memes gouts quoi .L'evidence pour moi en peu de  temps je me suis dit  ce serait lui et personne d'autre .Alors il a fallut que je m'accroche et oui nous avions 11 ans d'ecart donc (apres il m'a avoue qu'il voulait etre sur de moi)donc il m'a teste jusqu'au jour où il s'est rendu compte que j'etais folle de lui et qu'en effet c'etait lui.tres vite nous avons habite ensemble j'avais trouve un apart en centre ville nous avons profite des resto et activites .Je me suis vite aclimatee à ma nouvelle vie, nouvelle region aux amis de Patou.Tres vite nous avons voulu construire notre nid douillet donc nous avons fait construire je me souviens encore du carrelage que nous pausions avec son ami carreleur et le soir meme pas fatigue c'est là que nous avons conçu notre "petit loup"(comme j'aime lui dire) .Nous avions prevu le mariage en septembre mais accouchant en novembre je n'aurais pas ete en forme pour la "fiesta".Nous adorions la fete  .Donc mariage en comite restreint en juillet, naissance du petit coeur et juin 2003 eglise et grande fiesta avec notre petiot qui avait 9 mois.Nous adorions les voyages et donc voyage de noce .Et la vie se passait merveilleusement bien .Nous etions simplement heureux .
En 2005 Patrice a commence à avoir une grosseur au mollet .Ancien rugbyman le corp medical nous disait c'est une constracture (en plus il avait un metier physique ascensoriste) ce n'est qu'en septembre qu'apres ....on lui decouvre un lymphome .Tout s'ecroule quand on vous apprend ca je me souviens de l'annonce .Alors on s'est battu car oui ce n'est pas un combat seul .Et heureusement apres traitement chimio radiotherapie autogrephe en chambre sterile pendant 3 semaine il etait guerit ouffffff.Et on recroque la vie à pleine dents encore plus meme si y'a toujours ces controles angoissant on y croit dur comme fer.Une fois mais pas 2!!!!
En decembre 2009 , toujours ces controles on nous dit il y a quelque chose au niveau du poumon .Quoi qu'est ce que c'est que faut il faire .On continue un peu plus frequemment les examens .Et là en decembre 2010 on annonce qu'il va falloir operer le poumon car ca a evolue .l'operation en Avril s'est tres bien passee mais les cellules avaient dejà eclatees cela voulait dire quoi elles etaient où ces P..... de cellules parties où pourquoi pas enlevees plus tot ces nodules .Donc mon Patou s'accroche il se bat pour recuperer mais dejà tres affaibli on lui diagnostique une mielodysplasie .Tres peu de cas surtout à cet age là.On nous explique que le traitement du lymphome a pu quelque temps plus tard favoriser le developpement de cette maladie il n'avait meme pas 50 ans .Donc on allait d'un peu mieux à plus mal hospitalisation sur hospitalisation il resortait mais trop tot ou parcequ'il etait trop faible il fallait repartir .Il etait fort car meme dans ces moments là il arrivait à etre drole .Quand mon petit loup est parti en petite colo je restais dormir avec lui mais les nuits etaient horribles il vomissait je le voyais s'affaiblir de jour en jour perdre du poids ne plus avoir d'appetit (meme lorsque je lui preparai des petits plats) ca ne passait pas ou plus il picorait et s'affaiblissait .Pendant un temps je continuais à travailler en meme temps comme pas loin de l'hopital pendant ma pause d'une heure j'acourais le voir .Je revenais apres le boulot jusqu'à ce qu'il soit trop tard.Jamais on ne nous a dit quoi que ce soit les infirmieres et medecins etaient supers faut dire aussi que mon homme l'etait avec eux .De temps en temps je leur faisais ma specialite "les canelles".Normal ils s'occupaient tellement bien de mon chéri .
Mes parents à la retraite sont venus (ils n'habitent pas dans la meme region ) pour nous aider: la maison, le petit  ......
J'ai pris mes conges en Aout est je restais un maximum avec Patou .J'essayais d'etre le plus presente pour lui mais aussi pour notre petit .Kevin a fait un stage de rugby (il a herrite de son papa) ce qui lui permettait de se ressourcer .Des que mon homme etait à peu pret bien je faisais venir Kevin pas trop longtemps car un petit loup de 9 ans ca bouge mais des calins des dessins à son papounet .
Tout c'est malheureusement accelere lorsqu'au niveau du poumon il a certainement attrape ou developpe quelque chose qui a commence à le gener pour respirer .De temps en temps il etait sous oxygene et puis ca c'est degrade il a commence à cracher du sang .Il ne voulait pas etre vu sauf moi son fils .J'ai meme du insister pour que sa maman de 92 ans puisse venir le voir .Il faisait à chaque fois un effort surhumain pour "paraitre bien"il rigolait meme .Le 25 aout je l'appelais tous les matin vers 7h30 c'est l'infirmiere qui repond apres 2 tentatives: " il a un peu de mal à respirer mais ne vous inquietez pas il vous rapp des que ca va mieux ".Mes parents etaient avec moi nous prenions le petit dej dehors et là tout s'ecroule que se passe t'il ???
Patrice ne tarde pas à me recontacter mais sa voix est tres essouflee .Mais il arrive à me rassurer (à moitie) et me dit viens vers 10h avec le petit .NOus avons passe un bon moment ensemble il prenait toujours sur lui mais allait mieux comme( apres avec du recul on pense ca ) l'expression" le calme avant la tempette".Je suis repartie avec Keke .Patrice a vu le medecin qui n'a rien dit car Patrice plaisantait toujours et oui il connaissait son docteur depuis 2005.On va dire qu'il y a des liens .
Quand je suis revenue dans l'aprem comme il avait de nouveau eu des problemes respiratoire et des angoisses il m' dit "il faut que tu demandes combien il me reste".Il avait du mal à parler et je lui ais dit non pas ca c'est pas possible et j'ai essaye de l'apaiser en lui disant le medecin ne t'a rien dit donc non c'est pas le moment on va encore traverser cette epreuve .Je sais que tu as encore de la force je vais t'aider à te battre .Je suis partie car j'avais une reunion en tant que benevole dans le rugby pour la reprise du top 14 je m'occupe d'enfants.L'infirmiere en partant me dit vous revenez et moi je lui reponds si il n'est pas trop fatigue je repasse .Je fais ma reunion et me dit tient j'y retourne il sera content .J'ai eu du mal à le laisser (nous etions mes parents le petit et moi invite chez des amis pour changer les idees toujours tres dur de se deculpabiliser de passer des moments sans sa moitie.Lui me disait vas y car ca te fait du bien tu es toujours à l'hopital!!!).Vers 20h45(nous etions arrives 15 minutes avant ) l'infirmiere me dit il a encore plus de mal à respirer il faut venir car il va etre vu par un medecin pour savoir si ils l'intubent !!!Le temps de m'organiser ma mere reste avec le petit chez mes amis et je pars avec mon pere en chemin l'hopital rapp il faut que vous arriviez car on ne peut pas l'intuber il ne supporterait pas !!Là il ne me tarde qu'une chose arriver à l'hopital .Je demande à mon pere qui dois je app car j'avais bien compris que c'etait la fin .Je contacte son frere le plus proche qui me dit j'arrive .L'infirmiere me dit le docteur veut que vous l'app chez elle .Je fais les choses machinalement sans comprendre vraiment elle m'explique que le matin quand elle l'a vu il etait tellement motive tellement dans la plaisanterie qu'elle n'a pas pu lui dire .Je lui ais dit qu'il s'en doutait .Elle m'a explique que l'intuber le faisait entre dans le coma et que ca ne servait à rien car il n'y avait plus d'espoir il allait encore plus souffrir rester 1 ,3 4 jours mais que de le voir comme ca se serrait encore plus dur .Je l'ai ecoute lui ais dit qu'on lui a toujours fait confiance car on savait qu'elle avait fait du mieux possible pour lui .Patrice etait contre l'acharnement therapeutique et que j'acceptais sa decision .Je suis donc retournee à ses cotes pour l'accompagner il n'avait peut etre pas encore tout à fait compris (je ne saurais jamais quand il l'a vraiment su car il ne parlait plus) je lui sussurais des mots tendres lui tenais la main .Que c'etait dur de le voir comme ca de se dire que la vie s'echapait de lui qu'on allait me l'enlever à jamais .Quand sa maman est arrivee là je sais qu'il a compris et je n'ai plus pu me retenir .Ses freres et soeurs (ils sont 8 ) sont arrives petit à petit .Je ne peux m'enlever de la tete savoir ce qu'il  pensait je ne sais pas si j'ai pu l'apaiser .Les infirmieres ont augmente la morphine pour qu'il ne souffre pas et petit à petit il allait partir .Il a demande à voir Kevin mais l'infirmiere m'a deconseille il etait minuit et ca l'aurait traumatise.Il fallait que je lui dise qu'il viendrait demain car il dormait .Oui il dormait mais je lui mentais en lui disant qu'il serait là demain .C'est dur à porter .Vers 3 h il est parti le dernier soufle comme un soulagement (enfin c'est avec le recul que je pense ca ) car sur le moment tout s'ecroulait autour de moi .
Nous sommes rentres mon pere est revenu me chercher .Je ne pensais plus .Juste comment j'allais pouvoir dire ca à Kevin .
Je n'ai pas dormi ou tres peu Hantee par ces images de la fin du dernier souffle ne pas avoir pu echanger comment le dire à Kevin .
Quand il s'est leve je l'ai pris à part et lui ais dit que son papa souffrait tellement qu'il etait parti rejoindre son propre papa.Il m'a de suite dit mais quand on l'a vu il allait bien .Je lui ais dit qu'il souffrait mais qu'il faisait attention à nous et prenait sur lui.
Voilà notre bonheur à tous les 3 à jamais detruit .Nous etions tellement fusionnels tous les 3.Patrice un mari extraordinaire un papa formidable .
Notre famille m'a dit si tu as besoin on sera là .Donc ces mots reconfortant appaisent mais le dur chemin du deuil allait commencer.J'ai au bout d 1 mois voulu reprendre le boulot pas comme si tout allait bien mais pour Kevin lui montrer que sa maman forte etait là .Il fallait que j'arrive à le rassurer l'appaiser car il m'a tres vite dit mais si à toi aussi il t'arrive quelque chose que vais je devenir .Nous avons toujours beaucoup parle et c'est ce que j'ai fait ne pas lui mentir le rassurer.
Le train train de nos vies fait que les etres chers presents et apaisant dans ces moments là ont et c'est normal repris leur vies d'avant et des fois ne comprennent pas la nostalgie le manque de mon homme où ne veulent pas le voir .Je sais qu'ils souffrent à leur façon mais nos vies à moi et Kevin ne sont plus les memes et on n'est pas là à se morphondre mais des fois c'est dur et on aurait besoin de soutien et 4 mois apres il y a du vide à se niveau là .De meme au boulot tres vite le train train à repris .Les gens ralent pour un rien et des fois j'ai envie de leur rentrer dedans en leur disant "et c'est pas dramatique ca y'a des choses pires " il faut arreter de se plaindre pour un rien .J'ai envie de leur dire si c'est ce que j'avais fait je n'aurais pas repris le boulot serais au fond et mon fils dans tout ca .Il y a vraiment de la revolte en nous .Je suis obligee de me contenir .Meme mes parents n'en parlent pas quand j'aborde c'est vide .Pourtant j'ai besoinde parler de lui de me rememorer ces bons moments ces fous rires .Je souffre de ceci .Donc en silence (mais le trop plein je suis obligee de l'evacuer donc je pleure et je repars quand je me suis videe)
J'apprecie beaucoup de vous lire les uns et autres on se sent compris non juges et aide.J'avais peur de trop me devoiler .Voilà pourquoi j'ai tarde je me dis c'est fou d'echanger avec des inconnus alors qu'on a la famille à cote !!!!Pour finir je dirais (certainement car revoltee) en ce moment on est dans une societe ou c'est marche ou creve!!!!
Bises à tous

Sylvie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 14 janvier 2012 à 12:34:33
Bonjour Sylvie,

Je viens de lire ton histoire, qui, comme les autres, m'a boulversée.
Il en faut du courage pour survivre tous ces mois avec l'espoir chevillé au corps, on nous a tellement dit que le moral contribuait énormément à la guérison.
Toutes les mêmes questions, les mêmes attentes et tous la même force pour affronter les derniers jours.

... et les jours suivants.

Je t'embrasse fort Sylvie.
Merci pour ta confiance.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 14 janvier 2012 à 13:48:34
Bonjour Sylvie,

En lisant ton histoire, j'ai revécu un peu la mienne, du moins en ce qui concerne l’hôpital, les traitements, l'espoir de le guérison et puis la fin où tout s'écroule...

L'émotion est là, les larmes aussi, mais je crois (du moins c'est que que j'ai ressenti) que le fait de raconter son histoire permet de déposer une partie de sa souffrance, dans ce qu'elle a de plus terrible : la perte de celui (ou celle) qu'on aime, mais elle permet aussi avec ce retour en arrière, de se souvenir des moments heureux passés ensemble.

Je n'avais qu'une image qui restait de cette période où Gilles est parti : son dernier regard, avec toutes les questions qui s'imposaient à moi, me voit-il ? m'entend-t-il ? que ressent-il ? qu'il y t-il derrière ce regard qui me semble déjà ailleurs ?
Alors, le fait de déposer ici cette image avec tout ce qu'il y a autour d'elle m'a fait beaucoup de bien parce que d'autres images sont alors revenues auxquelles, inconsciemment, je ne laissais pas de place.

Et puis ici, des liens se créent... inconnus, oui, mais tellement proches aussi dans la similitude de ce que nous vivons.
Nous savons que nous pouvons nous confier : pas de jugement et la compréhension est là...

Je t'embrasse amicalement
Ghislaine

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Vivie le 14 janvier 2012 à 18:34:10
Bonsoir Marina , Yohann et Ghislide
Que c'est bon de se savoir compris .Merci pour ces temoignages d'amitie de soutien .Le fait de me livrer à vous m'a fait du bien raconter mon histoire (en effet qui rejoint la votre)etre lu comprise car j'ai comme vous un manque visceral de l'etre cher qui partageait ma vie et pas vraiment d'ecoute .Je sais que c'est pour ne pas "remuer le couteau dans la plaie" comme on dit.Moi j'ai besoin de parler de Patrice il est encore là je ne veux pas qu'on l'oublie il a tellement fait du bien autour de lui .

Cet aprem je suis allee voir Kevin à un tournoi de rugby il faisait beau et je me disait comme son papa serait fiert de lui.D'etre en plein air m'a fait du bien j'etais avec une maman qui est en plus la maitresse d'ecole de Kevin .Nous nous entendons bien et elle me parle de Kevin qui travaille bien .De temps en temps coquin mais respectueux (des valeurs importantes à nos yeux).ce qui m'avait touche chez elle c'est qu'elle avait ose me demander comment moi j'allais .Il y a tres peu de gens qui vous demandent ca .car je sais qu'ils ont peur de la reponse et je me dis pourtant je suis quelqu'un de positif qui ne se morfond pas alors pourquoi !!!!
Ce soir nous allons voir usap newport avec Kevin .et oui je suis benevole avec des petiots qui viennent encourager leur equipe .Ca fait du bien pour Kevin mais aussi pour moi car je suis aussi entouree de benevoles tres sympa .

Peut etre à tout à l'heure

Bises à vous

Sylvie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 15 janvier 2012 à 11:40:24
Taratata Yohann,

Te voilà doucement en descente vers le creux de la vague?


Je suis arrivé 2 mn trop tard, et pourtant, je lui avais dit que je serais là avec elle jusqu'au bout du bout.
Pourquoi vouloir refaire l'histoire et te torturer?
Je suis aussi arrivée 5 mn trop tard et pourtant je voulais absolument être là, avec lui. Il en a décidé ainsi.
Une infirmière qui avait passé de longues années à travailler aux soins palliatifs, m'a dit avoir vécu des choses vraiment étranges avec ses patients aux portes de la mort. Ainsi, une femme veillait son époux, jours et nuits depuis 2 longues semaines, se négligeant, ne prenant même pas un café hors de la chambre, bien qu'il soit dans le coma. Conciliabule entre infirmières : elle devait le laisser quelques heures.
Ainsi fut fait, l'une d'elle l'obligea à partir sous un faux prétexte. Et l'homme a choisit cet instant de "liberté" ou de solitude ou par pudeur  ???, pour partir. Cette même infirmière m'a confirmé avoir constaté plusieurs cas similaires.

Ma propre grand-mère c'est débattue de longs jours, dans un coma très agité, nous ne savions pas comment elle tenait tant son état était précaire. Maman a soudain eu un "flash", elle voulait un pop (elle était orthodoxe). Immédiatement nous sommes parti en quérir un, puis tandis que je racompagné l'homme de religion, ma grand-mère, soudain très calme s'est endormie définitivement moins de 10 mn après le passage du pop.

J'ai l'impression de lui avoir menti jusqu'au bout alors que j'avais j'avais promis de ne jamais le faire.
Et heureusement, tu l'as protégée, même si cela te détruisait, un choix de coeur et d'Amour.

Chaque fois que cette pensée revient en moi, elle me tourmente.
Alors mets ces pensées au fond d'un placard avec plein de choses dessus, tu les ressortira quand tu seras en haut de la vague, tu verras elles n'auront plus de prise sur toi.

Je t'embrasse.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 15 janvier 2012 à 15:20:57
Certains penseront que c’est de l’exhibitionnisme.
Peut-être.
Mais si les mots, les phrases, l’expression de mes sentiments dont je vais faire état plus loin peuvent aider ne serait ce qu’une seule personne…

Voici ce que j’ai écrit le 13 août 2010. Pierre est parti le 22 juillet.

« 13 août 2010
Cela fait 22 jours qu’il est parti. C’était jeudi 22 juillet 2010. Un jour ordinaire pour beaucoup, heureux pour certains, magnifique pour d’autres et apocalyptique pour moi.
On dit que le temps est un allié, que peu à peu la douleur se calme, que les crises de larmes s’espacent et les yeux finissent par s’assécher doucement et que de nouvelles habitudes se prennent, sans lui.
22 jours se sont écoulés. Une éternité. Un grand vide. Un trou sidéral. Une absence plus insupportable à chaque nouvelle minute, chaque seconde qui s’écoule. Je savais que cela serait invivable, mais pas à ce point. Je savais depuis au moins 10 jours que nous en arriverions là, je voulais m’y préparer. Mais on ne peut pas accepter, se préparer à  la mort de celui que l’on aime plus que tout. On ne peut pas.

Lorsque la maladie s’est déclarée et que j’ai su, je me suis dit que je l’aimais tant qu’à l’instant où il cesserait de respirer, je manquerais aussi d’oxygène et là, sur son corps encore chaud, je n’aurais qu’à m’allonger pour que nous ne fassions qu’un dans la mort comme nous ne faisions qu’un dans la vie. Roméo et Juliette, Héloïse et Abélard. C’est stupide mais cette idée m’a portée au fil des mois, je voulais y croire quand je voyais son état général se dégrader, sa pâleur grise sur son teint plutôt bronzé, ses poches sous ses yeux si pétillants, avant, son éclatant sourire de plus en plus rare, la maigreur qui se glisse partout pour faire de ce corps puissant et si rassurant un pauvre corps souffrant, ces épaules sur lesquelles je m’appuyais, soudain tombantes comme le premier signe du renoncement. Je faisais tellement semblant d’y croire, que j’y croyais.

Au pire je me disais que si je m’obstinais à respirer encore après son départ, j’aiderais la nature avec quelques comprimés, que je thésaurisais, minutieusement, sans m’avouer vraiment pourquoi.
Mais non.
Au pied de ce lit d’hôpital, en fixant désespérément ce drap blanc posé sur sa poitrine pour y détecter l’ombre d’un mouvement, malgré l’affirmation – et la délicate tentative de réconfort - des infirmières, là, j’ai continué de respirer, au rythme de mes sanglots, de façon saccadée, en hurlant silencieusement, en suppliant que le prochain sanglot me libère de la vie.
 
Mais non.

Je ne me suis même pas évanouie, je ne me suis pas ratatinée par terre pour me replier sur moi et tenter de disparaitre dans le sol. Je me suis rassasiée de son image en cherchant un peu de réconfort dans son visage enfin serein et calme après une nuit si agitée à batailler contre des démons dont je ne pouvais même pas le libérer. Je me suis repue de chaque grain de sa peau, chaque ridule, chaque cheveu, chaque détail  de ce que je connaissais par cœur en me disant obsessionnellement que c’était la dernière fois, la dernière fois, la dernière fois.
Je lui ai dit combien je l’aimais, combien j’avais été heureuse avec lui, combien ce départ me révoltait tant il était injuste, comme il était beau.
Je l’ai supplié de m’emmener avec lui ou de me donner la force de continuer sans lui, si c’était vraiment obligatoire ou celle de faire ce que j’avais prévu de faire, ou encore la force de lui survivre et d’accomplir ce que je devais accomplir. Ma mission, si tant est que j’en ai une.

Mais rien, pas un signe pour me dicter la voie à prendre.

Il avait tellement eu à faire pour supporter ces propres combats avec un courage admirable, avec une foi qui me fait penser qu’il voulait me protéger. Maintenant, il avait bien le droit de se reposer enfin, à moi de me prendre en charge, seule, soudain seule, si seule.
C’est si dur, si difficile, si insupportable.
Mais lui, l’avait fait, passer les jours, les heures, les minutes presque normalement, en taisant ou minimisant ses souffrances physiques et morales, en disant s’habituer aux premières, en repoussant à plus tard les secondes. Je me dois de montrer le même courage que lui.
Mais c’est si dur, si difficile, si insupportable.
Maintenant, il est en paix, je n’ai plus à craindre pour lui, je n’ai plus à souffrir pour lui. Il n’a plus besoin de moi. Maintenant, je dois gérer mon chagrin.
C’est peu dire et pourtant c’est si banal de dire que ma vie a basculée ce 22 juillet à 6 :50. Tant de gens ont vécu, vivent et vivront de telle perte, voire pire encore. Ma souffrance à moi, est comme celle des autres. Inimaginable, intolérable. Mais c’est la mienne, celle qui me détruit, celle qui me bouffe, celle que je cherche à contrôler, où encore celle que je laisse exploser en pleurant jusqu’à ce que mes yeux ne voient plus rien, où en m’attaquant à une tâche épuisante afin que les larmes s’échappent par tous les pores de mon corps.

Parfois, je me dis que je vais y arriver, survivre, continuer à avancer… vers quoi ? Et c’est là le problème. Vers quoi ? Car sans lui, rien ne m’intéresse, rien ne me motive, aucun projet, aucune envie, même le soleil qui se lève en ce mois d’août me semble plat. Plus d’émerveillement devant une fleur, un paysage, un oiseau. Plus de goût à la nourriture même si mon corps la réclame avec indécence. J’avance. Un pied devant l’autre automatiquement en refusant de voir au-delà de demain qui est déjà si pénible à atteindre.
Qui, me parle de méditation orientale ou de yoga, pour trouver la sérénité, qui, me pousse à partir en voyage, à trouver le moyen de me vider le cœur et l’esprit en chantant dans une chorale, ou en m’occupant de plus malheureux que moi, qui, me dit que je dois très vite me débarrasser de ses affaires, d’autres d’attendre que j’ai fait « mon deuil ». Mon médecin me donne des anxiolytiques et des somnifères.
En réalité, la solution est en moi, je le sais.

14 août 2010
Je suis tellement perdue sans lui, je me sens tellement vulnérable, tellement seule malgré ma famille aimante et présente autour de moi, avec moi, malgré les amis qui se manifestent souvent, même trois semaines après. Je suis un bateau à la dérive, sans ancrage, sans port d’attache, sans carte et sans matériel de navigation, sur une mer parfois calme et parfois déchainée. Et je me laisse porter sans réagir vraiment. Un pantin
On dit qu’il faut parler, parler et encore parler, ne rien garder pour soi, extérioriser, communiquer, pleurer. Je fais tout cela, sans pudeur et  sans avoir besoin de me forcer et parce que j’ai la chance d’avoir avec ma sœur une écoute attentive et une présence virile et efficace avec mon beau-frère et mon frère. Cette tendresse permanente m’enrobe la plus part du temps d’un cocon de protection qui semble me protéger des agressions du quotidien comme par exemple, SA brosse à dents sur le lavabo, SES vieilles tatanes de jardin délicatement ôtées de ma vue et mille autres choses. Mais souvent, le cocon se fendille et la vrille de la douleur pénètre jusqu’à mon cœur et me fait exploser de chagrin. Jusqu’à mon cœur ? Non jusqu’à mon corps entier, mes jambes qui se secouent nerveusement, mes mains qui se tordent, mon estomac qui se noue, mes poumons qui rétrécissent, ma respiration qui se bloque, ma vue qui se trouble, ma gorge qui se noue, ma voix qui annone. Et mes ongles que je ronge jusqu’au sang.


15 août 2010
Chaque jour est plus difficile, l’absence est plus lourde, le manque plus douloureux. Ce n’est même plus une question de réflexion, c’est simplement le quotidien, chaque heure, chaque minute, chaque seconde est une souffrance, inconsciente parfois mais si lourde à porter, si présente, un poids énorme qui pèse sur mes épaules, ses 80 kilos, probablement le poids qu’il pesait le jour de son départ, ce poids je le traine, je le supporte chaque jour, chaque heure, chaque minute. Un  regard sur un objet à lui, une habitude « d’avant » que j’applique ou que je transgresse, je me dis Pierre va râler, où Pierre a fait cela, où je dois faire cela comme Pierre le souhaite, le veut, le fait. Chaque pensée est une souffrance.
Je tente de contrôler, cela a toujours été mon obsession, contrôler le stress, contrôler l’angoisse, contrôler le trac… Jusqu’ici, j’avais pu le faire, je me disais que tout était une question de contrôle, mais là, non. Je ne contrôle rien, j’ai beau tenter de repousser les pensées qui me font mal, elles reviennent lancinantes, obsédantes, envahissantes et la poitrine qui se resserre brusquement et le souffle qui manque à la simple vue d’un livre, d’un flacon d’eau de Cologne ou d’un cure dents. Et les larmes qui montent. »



Et voici ce que j’ai écrit, hier 17 mois plus tard.


« Samedi 14 janvier 2012
Réveil en hiver.
Il aura fallu attendre cette mi-janvier pour voire apparaître un jardin blanc de givre, figé par le froid, en ouvrant les volets.
-3° à 9 :00. Que fut la nuit ?
Par chance, il fait soleil, c’est magnifique. Un grand silence rend ce décor encore plus féerique, les oiseaux, sans doute surpris, comme nous, par cet hiver que nous n’attendions plus, sont restés « au lit », calfeutrés les uns contre les autres dans quelques buissons à feuilles persistantes.
Les chats « internes » sont curieux de cette étrange atmosphère, envie d’aller tâter la température, mais prudents, ils restent à regarder avec mélancolie par les carreaux, voire pour les plus téméraires, la tête hors de la chatière et le cul dans la maison !
Les « externes » se font discrets, marchant sur la pointe des pattes jusqu’au « bar à croquettes » que je maintiens toujours plein. Je leur ai aussi aménagé, comme nous le faisions ensemble des petits coins douillets dans des cartons, avec couvertures et bâches de protection.

Je suis toujours en haut de la vague, ou plutôt, dans une eau calme et tiède, un peu comme un fœtus dans le ventre de sa mère. Pas de larmes, pas trop de manque et pourtant, vous, mon doux Amour, sans cesse, là.

Oserais-je avouer que j’ai l’impression de m’habituer, que le manque se transforme en souvenirs. Enfin, je ne sais pas vraiment comment l’exprimer mais, en ce moment, je ressens un changement intérieur, comme si … j’acceptais, enfin.
Est-ce possible d’accepter ?
Est-ce encore un leurre ?
Vais-je tomber de plus haut encore, si possible ?
Est-ce acceptable d’accepter ?

En revanche l’avenir me fait toujours très peur sans vous. Je n’ai pas la sensation de reprendre ma route sans vous, je n’ai pas bougé depuis votre départ, pas avancé d’un centimètre, mais je ressens plutôt, comment dire, une certaine paix à l’instant immédiat, mais toujours une grande incapacité à voir au-delà de l’immédiat.
Un peu de calme, enfin.

Soudain, mon regard se porte sur ma main gauche, les ongles sont rongés, mais ce qui attire mon regard, c’est mon alliance, anneau d’argent, assez fin. Je ne porte plus guère de bijoux, cela me parait presque… indécent. Je ne me l’explique pas. Seule mon alliance compte. Uniquement elle. Et la votre que je porte au cou. Mon alliance à moi, c’est un bijou magnifique. Le plus beau pour moi. Il est le symbole de tout. Mon Amour pour vous et le votre pour moi. Notre engagement qui n’en fut pas un tant il était facile de croire que nous n’aurions pas à souffrir de cette union.
Un jour, je vous raconterais notre mariage, vu avec mes yeux, le plus beau jour de ma vie.
Je vous le dois.

Stop. Larmes en vue.
Je ne vais pas tout gâcher ! »



Je ne sais pas de quoi demain sera fait.
Je voulais seulement montrer à ceux qui sont « perdus » que oui, le temps adoucit le chagrin, même si les sentiments restent les mêmes, même si l’absence reste cruelle.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 15 janvier 2012 à 16:55:53
Chère Marina,

Où est l'exhibitionnisme dans ce que tu viens de nous faire partager ?
Je parle bien de partage parce que tous tes ressentis nous les avons sentis aussi, le même désespoir, la même douleur, la même errance, le même vide... tout, nous connaissons tout...
 
Tu as mis des mots là où, nous, nous ne l'avons pas fait sur l'instant et tu témoignes du chemin parcouru... et ce témoignage nous laisse entrevoir un petit bout d'horizon plus clair...

C'est une belle note d'espoir, même si j'ai senti l'émotion me submerger et ressurgir à la lecture de ta propre émotion du moment, me reportant presque 6 mois en arrière, même si les larmes ont coulé m'obligeant un instant à suspendre cette lecture...

Merci pour cette douce évidence que la barque finira par atteindre des rivages plus calmes malgré une traversée douloureuse, tumultueuse, chaotique...

Je t'embrasse bien fort
Ghislaine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Lauren le 15 janvier 2012 à 21:45:07

Yohann tu te tortures et je ne suis pas d'accord sur tous les points de ton analyse.

Comment peux-tu dire que Monique était une enfant, ou une femme-enfant, ou une femme au coeur d'enfant? Un adulte enfant est une personne qui n'a pas les capacités intellectuelles pour analyser ce qu'il fait. Ce n'était pas le cas de Monique puisqu'elle a entrepris une démarche psy pour comprendre ce qui se passait pour elle. Monique était une adulte qui avait vécu des traumatismes pendant son enfance. ça fait une différence fondamentale.

Excuse-moi si je suis un peu dure mais Monique n'était pas ta fille. Elle a lutté, elle a souffert, certainement, comme une adulte qui veut s'en sortir, même si parfois ses "peurs", comme tu le dis, l'ont dépassée.

Tu n'étais pas là quand elle est morte mais comment peux-tu savoir que c'est ce qu'elle souhaitait, quand bien même elle te l'aurait demandé? Je me suis souvent demandé, sur ce forum, en entendant les uns et les autres dire: "Je le tenais dans mes bras quand il est parti", est-ce que ce n'est pas nous, pour nous rassurer, qui avons tenu absolument à les serrer jusqu'au dernier moment? Comment pouvons nous savoir que c'était leur souhait? C'est bien compréhensible, ceci dit, de vouloir garder encore et encore celui ou celle qui part. Mais eux? Que voulaient-ils vraiment?

Quand Marc est mort j'étais là. Je suis restée sur une chaise. Je ne l'ai pas touché. Je me disais confusément que si je devais partir je n'aurais peut-être pas envie qu'on me tienne. Face à la mort je crois qu'on est seul, comme on est seul en tant qu'adulte qui a son propre parcours. La preuve, maintenant nous sommes seuls, et nous avons encore des années de parcours devant nous. Parfois j'ai l'impression que nous confondons amour et possession.

L'amour est très fort, on a l'impression de ne faire qu'un. Mais on sait bien qu'en réalité on est deux, et que l'autre a droit au respect de son intégrité, de sa vie propre, de son parcours, même s'il a été chaotique.

Monique a eu de la chance de te rencontrer, c'est certain. Mais, pour respecter sa mémoire, il me semble que tu ne devrais pas parler d'elle comme d'une enfant. Elle était adulte, elle a vécu en adulte, avec ses questions difficiles, elle est morte en adulte, seule. Pour moi c'est un message qu'elle t'a envoyé en partant: Tu vois, je suis capable de prendre la décision de cesser de respirer, sans toi. Ma dernière action je la fais seule. Et ça n'enlève absolument rien à notre amour.

Excuse si je t'ai semblé un peu brusque. Je t'embrasse Lauren

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: angelik le 16 janvier 2012 à 12:24:20
Elle s’en est allée le 23 septembre, sans seulement savoir que c’était grave, sans craindre de mourir, avec une confiance en mes paroles d’espoir.
Elle savait que je ne pouvais lui mentir ; … je l’ai fait.
Et je n’étais pas là. Il ne m’a manqué que quelques minutes et j’en veux à ceux qui me les ont fait perdre de m’avoir privé de ses derniers instants


Yohann
je me permets d'intervenir dans ce fil, juste pour dire que peut être elle avait conscience de ton "mensonge" et qu'elle n'a rien dit croyant elle aussi vous protéger...
J'ai connu quelqu'un qui était condamné et qui m'avait dit en parlant de sa maladie (cancer) dont on lui avait caché la vérité et la terrible finalité : "c'est un drôle d'ulcère que j'ai là"... mais il n'a rien dit à ses proches, pourtant il savait... je crois qu'il voulait les protéger... chacun savait de son côté mais faisait semblant pour l'autre...

Pour les quelques minutes dont tu as été privé, c'était peut être son souhait... C'était sans doute trop dur de partir avec toi à ses côtés.
Une de mes amies a perdu sa soeur jeune d'un cancer. Sachant que la fin était proche, elle se relayait avec ses parents pour ne pas la laisser partir seule. Il était tard dans la nuit, mon amie tenait la main de sa soeur qui était dans le coma mais résistait à la grande surprise des médecins qui ne comprenaient pas vu son état...
Une infirmière est arrivée et tout doucement a conseillé à mon amie de lâcher la main de sa soeur, pour la laisser enfin partir.... Dans les 5 mn qui ont suivi, son souffle s'est apaisé, son visage est redevenu serein et elle est partie tout doucement...

Volià, je ne sais pas si cela peut t'aider mais peut être apaiser un peu ta culpabilité. La seule chose dont on est certain, c'est que quelle que soit la maladie qui a emmené ceux que l'on aime, leurs souffrances à eux sont bien finies.
maintenant, la question est que faire de notre ? comment continuer ?
Amicalement
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 16 janvier 2012 à 13:05:06
...Combien d'entre nous ont dit "j'aurais voulu être là au moment de son départ" et souvent la même constatation (faite également par le personnel hospitalier) nos chers disparus sont partis au moment où nous n'étions plus présents. Quelquefois à quelques minutes près...
(c'est également mon cas, à "15 minutes près")...

Je pense, avec un peu de recul, qu'ils ont peut-être voulu nous épargner la vision de la vie qui s'en va et la douleur que cela provoque à "ceux qui restent"... C'était peut-être aussi plus facile pour eux de partir seul, pour ne pas se sentir retenu davantage par nous... car finalement, inconsciemment, nous les retenons, nous ne voulons pas qu'ils partent, même si nos paroles d'apaisement leur disent le contraire... et le témoignage d'Angelik,  concernant la sœur d'une de ses amies,  me renforce dans cette dernière idée : sa sœur lui tenait la main, l’empêchant de s'en aller tant qu'elle sentait ce contact.

C'était probablement leur choix, il n'y a pas de regret à avoir.

Bises à vous tous
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Pascale le 16 janvier 2012 à 18:19:05
Yohann

la fin de cette vie de douleur,

Jacques m'a dit avant de tomber dans le coma, je n'y arriverai pas, je vais mourrir tu sais... C'est trop dur...

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 16 janvier 2012 à 18:32:23
Oui Johann, nous avons chacun notre propre vérité, mais cette vérité là est le résultat de ce que nous avons glaner chez les uns et chez les autres en y ajoutant notre propre expérience, notre sensibilité, pour synthétiser et aboutir à un résultat final : notre vérité... ce qui fait, je pense,  que chacun de nous en détient une petite part...

Quant à la phrase de Monique, elle est et restera peut-être un mystère... lui donner un sens ? elle seule, probablement, lui en a donné un...
Et comme le dit Pascale, le sens était peut-être celui-ci : "la fin de cette vie de douleur" ?

Bises à vous



Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Vivie le 16 janvier 2012 à 21:06:23
Bonsoir à tous,

Je pense que quelques soient les situations vecuent, le fait qu'on nous ais enleve nos anges nous fait culpabiliser.
_Culpabiliser d'etre toujours là alors qu'eux sont partis .
_Culpabiliser d'avoir cache que c'etait la fin.
_Culpabiliser d'essayer d'aller mieux .
_Culpabiliser d'avoir cru à la guerison......

Je suis desolee Yohann de t'avoir fait revivre la disparition de ton ange.
Nous sommes des fantomes hantes par la disparition de nos tendres moities. 

Il n'y a qu'avec vous que je puisse dire ce genre de choses on me prendrait pour une "folle".
Mais ca fait du bien d'etre comprise.

Je vous embrasse

Sylvie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 12 février 2012 à 11:37:40
Mon chemin, depuis…

Quand on perd son compagnon, les gens se disent : oh, mon Dieu, elle a perdu l’Amour de sa vie, sa moitié, elle ne le verra plus jamais, jamais, plus jamais. Plus d'amour, plus de projet, plus d’avenir.
Jamais, plus jamais.
Oui, c’est cela qui frappe en premier : l’absence, la perte de contact physique, ne plus entendre sa voix, son rire, ne plus toucher sa peau, ne plus sentir son odeur, son parfum…

Mais c’est aussi tellement d’autres choses que seule cette épouvantable expérience permet de comprendre.

     Des choses capitales, comme ces silences complices, des questions qui ne se posent même pas, une présence quelque part, même si on ne le voit pas, il est là, un sourire, un éclat de rire, des projets, un avenir ensemble, des discussions sans fin, des envies ensemble, des câlins…Une vie à deux, dans laquelle on ne fait plus qu’un.

     Des choses bêtes aussi, un objet posé là, et que je retrouve exactement au même endroit, plus de serviette de toilette en bouchon sur le bord du lavabo, plus son linge à laver, plus son écriture dans la liste de courses, qui se glisse au milieu de la mienne, un tube de dentifrice que je vide seule, plus d’avis sur un nouveau produit que j’ai acheté, la vaisselle que j’ai eu la flemme de faire, traîne toujours dans l'évier deux heures plus tard… C’est bête.

     Des choses graves, comme des choix financiers, des dépenses inattendues, des placements raisonnables à la banque, une vente de maison, ou de voiture, seule à prendre ces décisions, sans son avis tellement sage, judicieux et réfléchi, tellement indispensable. La peur de faire le mauvais choix…Changer la télévision ou la faire réparer ? Appeler le plombier ou le chauffagiste ? Le devis, est-il correct ou profitent-ils de ma solitude, de ma faiblesse, de mon incapacité ?

     Et des choses douces aussi, une main qui se glisse dans la mienne, le soir dans un demi sommeil, une fleur du jardin dans mon bol de petit-déjeuner au début du printemps, un petit post-it donnant une info banale mais avec un cœur dessiné, une séries de photos prises au petit jour avec mon appareil, que je découvre par hasard, ma voiture qu’il a sortie du garage pour qu’elle soit chaude quand je vais la prendre…
« Mimi, vite venez, voilà les grues qui remontent du sud, c’est le printemps ! Mimi, prenez votre appareil photo, notre couple de bouvreuils est là. »  Mimi… plus personne pour m’appeler Mimi… Fini.

     Les premiers temps, j’ai continué à acheter ce qu’il aimait, quand je faisais les courses, par reflexe, et je pleurais à gros sanglots en les sortant du sac, de retour à la maison, tous ces sacs qu’il a fallu remplir seule et porter seule, et ranger seule, c’est bête, hein, de pleurer devant un sac d’hyper marché.
     J’avais envie de regarder l’open de tennis, il aimait tant cette période, les courses de Formule 1. Envie de les lui enregistrer. Et je pleurais sur le programme de télévision.
      Parler de lui au présent, je me reprends, non c’est le passé, mais le présent est encore doux, le passé est trop dur. J’emploie ses expressions, je dis « comme lui », et je m’effondre en me souvenant d’hier, ou avant-hier.
     La sonnerie du téléphone retentit, je sursaute, je me mets à trembler avant de réaliser que cela ne peut pas être lui. Mon cœur devient aussi froid que la glace.
     Un bruit dans l’escalier et ce même cœur s’emballe… pour mieux se ratatiner quand le cerveau a renvoyé l’information : IL NE MONTERA PLUS JAMAIS LES ESCALIERS.

Toutes ces habitudes, toutes ces attentes, tous ces réflexes, vains à présent et si douloureux.
A la place, le silence, la solitude, la peur, le chagrin. Un mal-être terrible. Un vide sidéral.

Les premiers temps, je meurs chaque jour, mille fois.

Dans le miroir de la salle de bain, son visage tandis qu’il se rase.
Non, le mien, pâle et ridé, 10 ans de plus, brusquement.
Une seule brosse à dent.
Ses vêtements dans l’armoire, imprégnés de son odeur, moment particulièrement difficile, ses vêtements et son odeur. Tellement envie de se noyer dedans, mais cela fait tellement mal aussi.
Explosion de chagrin, tordue de douleur. Le corps entier réagit.

Notre chambre, des photos partout, des dessins, des tableaux, des objets, achetés ensemble, ramassés ensemble, peints ensemble.
Le lit. Notre lit. Lit de repos, lit pique-nique, lit de discussions, de projets, de rires, lit d’amour, peau contre peau, souffles courts mais au même rythme, et bonheur partagé.
Et lit de malade aussi, lit d’insomnie et d’inquiétude.
Lit de solitude maintenant. Trop grand, trop froid.
Jamais plus. Jamais plus.

     Tout devient lourd, insupportable dans le vrai sens du terme, irréalisable, inacceptable, intolérable. Je regarde le monde à travers un rideau de larmes, j’ai pris l’habitude d’avoir les yeux qui brûlent et les paupières gonflées, j’ai des paquets de mouchoirs en quantité à portée de mains. Rien n’a d’intérêt que de retourner dans le passé pour être avec lui et plus je retourne dans le passé, plus je suis mal, et pourtant, c’est une obligation, c’est vital, même. Il le faut, pour survivre. Plus tard, il faudra m’en éloigner un peu, pour survivre aussi, mais çà, c’est plus tard, plus tard, bien plus tard.

     Et puis, en plus de cet effondrement, comme si cela n’était pas suffisant, comme si il fallait repousser les limites, me voilà soudain face à des tonnes de situations inconnues, de décisions à prendre, de problèmes à régler. Où a-t-il pu ranger cela ? Comment dois-je faire ceci ? A qui dois-je m’adresser ? Pourquoi a-t-il fait comme cela ? Quand faut-il que je fasse ceci ? Je me plonge dans les notices d’utilisation, quand je les trouve, je cherche la dernière facture sur la voiture, je me bats avec l’administration pour lui faire entendre que maintenant, le chef de famille, c’est moi, moi toute seule, moi, la veuve.
Et le soir je m’effondre d’épuisement ou de chagrin quand la journée n’a été qu’une suite d’échecs. Jamais je n’y arriverais sans lui. Jamais, encore ce mot, jamais.

     Autour, il y a la famille, pour moi très présente, très attentive, très aimante et sans faille.
Mais il y a aussi les « autres » qui ne savent pas quoi dire, les voisins, les inconnus, les amis : « Alors, çà va ? » Pire encore : « Tu es forte, tu vas t’en sortir.» Le pire du pire : « Cà fait un an maintenant, faut que tu arrêtes de ruminer. »  Et pire du pire du pire : « Tu es encore jeune, tu verras, tu peux rencontrer quelqu’un. »
Je marmonne, pour éviter le clash. Je fuis, pour éviter la claque. Je me lâche toute seule enfin : « Gros con, va, comment peut-il imaginer que je peux envisager cela ? Comment il peut penser que je peux LE remplacer ? » Cette solitude, si pesante, ce silence qui répond à mes questions, ce manque de pouvoir me reposer sur quelqu’un, cet horizon complètement bouché, c’est ma vie, maintenant, ma vie, à moi. Je vais apprendre à la gérer comme cela, tout simplement, il faudra bien que j’y arrive de toute façon, c’est cela ou la mort.

La mort, c’était le choix immédiat, celui du premier jour, celui du désespoir. Pour quelle raison ne suis-je pas allée au bout de ce projet que j’avais organisé dès que le médecin m’avait ôté tout espoir de guérison ? J’avais pourtant consciencieusement conservé les comprimés qui n’avaient plus d’effet sur ses douleurs, remplacés par d’autres, plus puissants, et puis d’autres encore. Mon trésor de guerre, mon cocktail d’adieu. C’était rassurant finalement de savoir que j’avais les moyens de le suivre aussitôt. Pourquoi ne pas l’avoir fait ? Impossible de vraiment répondre à cette question. Anesthésiée peut-être par la douleur, et incapable de prendre la moindre décision ? Instinct de survie ? Non, çà, je n’y crois pas. En revanche, analyse de la situation dans laquelle je laisserai ma famille et du chagrin que j’ajouterai à leur immense peine actuelle. En même temps, ils ne faisaient qu’un seul deuil… Rendez-vous raté avec la faucheuse.
J’ai choisi la vie. Pour l’instant.

Et puis après, il y a les questions, les remises en questions, les analyses, il y a les faux amis, les déceptions, les inconnus qui se montrent formidables, il y a la colère, l’amertume, la peur, la quête d’une vérité que tout le monde cherche depuis des millénaires.
     Où est-il ?
     Cet au-delà existe-t-il ?
     Ou n’est-il vraiment plus qu’un petit tas de cendres dans une urne blanche, rangée au fond d ‘un trou, scellé d’une vilaine plaque de marbre, dans un cimetière sinistre ?

Alors apparaissent « les signes ». Je les cherche, je les guette, et je les trouve. J’ai tellement envie de les trouver. Et c’est si bon de croire qu’il est encore là, près de moi, à me protéger, à me guider, à m’aimer. JE VEUX LE CROIRE, et d’ailleurs, les hommes de religion ont bien compris ce besoin, qui arrange leurs affaires.
Qui peut me donner des réponses ?
Qui peut apaiser mes angoisses ? Un psy ? Un pasteur ? Un autre « endeuillé » qui a reçu la grâce d’avoir des réponses ?
     Dois-je continuer sur ce chemin ?
     Ne suis pas en train de devenir folle ?
     La douleur va-t-elle s’apaiser un peu ?
     Vais-je m’habituer à l’absence, au vide ?
     Saurais-je un jour revoir le monde en couleurs ?
     Dieu existe-t-il ? 
     Est-ce vrai ce long tunnel où l’on revoit sa vie, où l’on retrouve sa famille, ses amis déjà partis avant d’arriver à cette lumière céleste et magnifique ?
     Comment rester le plus proche possible de lui ?
     Dois-je rester le plus proche possible de lui, où apprendre à vivre seule maintenant, sans lui ?

Mon pauvre cerveau, je le mets à rude épreuve et parfois il menace d’imploser.

Il y a aussi les nouveaux rituels qui apparaissent, sans même en avoir tout à fait conscience. C’est une bougie que j’allume le matin, comme un baiser pour le réveiller, et que je souffle le soir avec tristesse (mais par prudence), comme une nouvelle petite mort. C’est son alliance autour de mon cou, que je triture souvent dans la journée et le soir en m’endormant comme un enfant qui se rassure avec son « doudou ». Il y a aussi le ciel étoilé qui m’attire, l’infiniment grand, l’espace cosmique, outre qu’il vous passionnait, il reste si mystérieux qu’il pourrait être votre nouvel maison. Pourquoi pas ? Laquelle est votre étoile, laquelle est donc la mienne, celle à qui je peux parler et vous parler…Encore des questions sans réponse.

Nom de Dieu, si la mort est si belle, pourquoi la garder mystérieuse et douloureuse ! Cette torture n’est pas digne d’un Dieu bon et généreux dont on nous rebat les oreilles dès notre plus jeune âge.

Et puis il y a aussi la peur.
Plus peur de rien, le pire, je l’ai vécu : la maladie, la lente dégradation du corps de celui qu’on aime, sans pouvoir rien faire, l’attente insupportable, que cela s’arrête, trop de souffrance, non, que cela dure encore le plus longtemps possible, que je le garde avec moi. Non, il faut qu’il soit délivrer maintenant de ses douleurs, non, il ne peut pas partir, j’ai encore trop de choses à lui dire, à vivre avec lui… NON !
Après, « même plus peur », de rien. A en prendre des risques même, des médicaments pour dormir, pas pour mourir, mais un peu trop quand même, de l’alcool qui peut brouiller l’esprit et détendre les muscles crispés en permanence. Prendre la voiture et rouler un peu trop vite, avec en flash l’idée du coup de volant de dernière minute. Marcher sous la pluie, tête nue et corps trempé, de larmes aussi. Mal se nourrir, ou ne plus se nourrir, ou trop se nourrir. Ranger, abattre, bucheronner … jusqu’à l’épuisement physique, là où le corps va se rompre et tomber. Bleus, griffures, hématomes, bobos en tous genres, ongles rongés, peau desséchée, cheveux en berne…  Douleurs physiques pour tenter d’oublier la douleur morale. Auto destruction avant de s’apercevoir que le mal que je me fais ne ramènera pas le bonheur d’avant.

Peu à peu, il faut calmer les excès, et reprendre le bon chemin, celui de la vie.

Peur de tout aussi. Et avant tout, peur du lendemain. Peur de ne pas savoir. Peur de rester un zombie, entre mort et vie, entre ciel et terre, mal partout, pas sa place, plus sa place. Peur de ne plus être « humain », ne plus savoir aimer, ne plus savoir ce qu’est la solidarité, la générosité, l’intérêt des autres. De rester enfermée dans mon chagrin, ma douleur, mon désespoir et ne plus voir souffrir le monde en guerre.
Peur de tout, du vent qui souffle trop fort qui risque de briser des arbres, d’emporter la toiture, peur du froid qui risque de couper la chaudière et immobiliser l’auto, peur d’un bruit inconnu dans le jardin. Peur de ne pas pouvoir tout assumer maintenant, seule.

Peu à peu, le jardin change, quoiqu’il arrive, la nature ne s’arrête pas. Un arbre qui meurt, un autre qui pousse. C’est lui, et c’est moi.
Dans la maison aussi, il y a du changement. Les objets usuels qui s’arrêtent de fonctionner, et moi, je dois les mettre au rebut, tandis que vous les auriez démontés, autopsiés et réparés, c’est sûr. Ce meuble qui sera plus pratique ici, et cet autre en promo que nous voulions acheter.
Je me dis que si vous reveniez de votre long voyage, je serais obligée de vous faire « visiter » votre maison pour que vous y retrouviez votre vie.


18 mois.
J’ai appris.
Appris à ne plus l’attendre, appris à ne plus l’entendre.
J’ai appris à contenir mes larmes, et réappris à sourire et à rire.
J’ai aussi appris à ne pas avoir de réponses à mes questions. A prendre les tout petits bonheurs comme de grandes joies, à regarder le monde qui tournait autour de moi et dont maintenant je fais de nouveau partie.
J’ai appris que demain est un autre jour.
Que tout peut arriver, le mal ou le bien.
Et que je peux me débrouiller sans lui. Pas le choix.
J’ai appris à faire démarrer la chaudière, et le tracteur, à purger les canalisations, à repeindre les volets, à enterrer mes petits chats dans le jardin, seule avec ce chagrin supplémentaire, à prévoir la révision de l’auto, ramoner la cheminée, à…
Et aussi à regarder en arrière le chemin parcouru, à regarder encore plus loin en arrière notre magnifique vie ensemble, à feuilleter nos albums photos avec amour, à me souvenir de notre bonheur.
J’ai appris qu’il y a et aura encore et encore des grands moments de chagrin et de douloureuses solitudes.
Qu’il aura peut-être des moments de paix, des vrais.

Mais je ne sais pas encore regarder l’horizon.
Et je sais que je ne serais jamais vraiment heureuse sans lui, mais je suis vivante.

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: sofyoan le 12 février 2012 à 12:42:03
Pima,

oh tu m'as fait hurler en lisant ce message, je me debats depuis des jours et chacun de tes mots j'aurai pu les prononcer, jusqu'à ce pagraphes de "18 mois....". moi 2 mois seulement, et là c'est vraiment trop dur...

mais tu me donnes espoir, est ce que je tiendrai jusque là? des fois j'en doute, mais moi je crois a cet instinct de survie...qui nous anime. et comme tu le dis, je ne veux pas infliger ce que nous vivons a ceux que j'aime. je ne le souhaite a personne cette douleur...surtout pas a eux.

j'espere connaitre cet apaisement,
je t'embrasse

sofi
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Mammj le 12 février 2012 à 13:40:39

Merveilleux ce que vous venez d'écrire Pima, un cri de douleur mais un hymne à votre Amour !

Je n'en dirai pas plus, vous avez si bien exprimé, dans les moindres replis et avec tant de sensibilité, de tendresse,

d'émotion et  d'amour,  le lourd et lent cheminement  qu'implique, pour ceux qui restent,  la continuité de l'existence

sans  l'être aimé à ses côtés !

J'espère que vous conservez vos écrits.

Apaisante journée à Toutes et à Tous.   Mammj
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 12 février 2012 à 14:00:19
Chère, chère Marina...

Chaque mot, chaque sentiment, chaque constat, chaque moment, chaque doute, chaque manque.... tout cela fait résonance en moi, j'ai le cœur qui éclate et les larmes coulent, malgré moi à toutes ces évocations de ce nouveau quotidien, seule...

Il y a des retour en enfer... mais, avec le temps qui passe inexorablement,  il y a aussi quelques éclaircies dans ce ciel si sombre de solitude...

Au cours de mon premier mariage, je la souhaitais cette solitude... je m'étais perdue dans cette union et j'en avais besoin de cette solitude pour me retrouver, j'en rêvais même... jusqu'au jour où j'ai réalisé , après ma séparation, qu'il fallait l'apprivoiser et que ce n'était pas aussi si simple que je l'espérais... malgré tout, j'appréciais ce retour sur moi et cela me redonnait des forces...

Aujourd'hui, depuis bientôt 7 mois, nouvelle expérience de la solitude, avec le départ de Gilles, mais celle-ci n'est pas choisie, je n'ai pas d'autre alternative que de la subir, d'en mesurer toute l'atrocité et, à nouveau je me perds, mais cette fois en elle...
Comment y faire face ?
Comment s'habituer au vide qu'elle fait naître ?
Comment la laisser prendre Sa place ?

Par moments, je ne parviens pas à avancer avec elle, elle me paralyse par sa lourdeur...
Par moments, je la "tolère", comme une partenaire imposée sur ma route, en essayant de composer avec elle... je l'habille de musique que nous aimions, je l'orne de photos de lui, de nous, je la pare de souvenirs heureux...
Alors, comme presque "domptée", elle s'adoucit un peu... et je fais un pas de plus sur le chemin de la vie...

Je t'embrasse bien fort petite sœur...
Ghislaine

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 12 février 2012 à 14:23:56
C'est exactement cela Ghislaine,

18 mois, cela peut paraitre interminable, mais durant ces 18 mois, il y a eu de doux moments de "pause-chagrin", des découvertes merveilleuses, l'amitié, la force en soi, il y a eu des mains tendus... Bien sûr, il ne faut pas se cacher qu'il y a aussi eu des moments difficiles, et des plongées en enfer qui laissent si peu d'espoir.
Et pourtant!
L'espoir doit guider vos pas.
Si rien ne sera plus comme avant, demain peut encore être lumineux.

Dans mon jardin, il y avait un très vieux rosier. Une année, épuisé, il ne nous donna que quelques pauvres roses que je regardais tristement. Les dernières.
Mais à son pied, une petite liane s'est glissée. Doucement elle a étreint le rosier, l'a accompagné, l'a emmené vers le haut, l'a soutenu. Une vigne, venue d'on ne sait où.
L'année suivante, ils mélaient leurs rameaux avec ardeur, fleurs et fruits, grappes et roses, joyeusement mélangés.

Nous pouvons renaitre malgré le drame et la douleur. Il faut y croire.

Je vous embrasse fort.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: nina le 12 février 2012 à 14:40:35
Bonjour Pima,
Avant c'etait j'ai froid, et le kachelofen était plein, il y a une fuite et celle-ci etait réparée, il faut tondre et c’etait tondu, rentrer le bois, entretenir, problème avec l'ordi, ext. ext. ,
Maintenant la moindre petite faille et tout bascule, vais-je y arriver comment faire, le garage regorge de matériel et d'outils mais comment s'en servir, des journées a lire les notices et enfin le bonheur lorsque j'y arrive. (pas toujours)
Désormais plus rien n'est comme avant, la vie facile insoucieuse finie... il faut apprendre a se débrouiller seule ne pas être un poids pour les autres, enfant, famille.
Il ne peut plus me conseiller, me guider. J'etais forte, tout simplement parce qu'il était-la. Réapprendre a vivre sans lui je m'y consacre mais comment passer d'une vie belle, facile, sans soucis, a une vie si dure.
Et pourtant je me dis chaque jour et un autre jour.
je vous embrasse tous(tes)
Nina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: suzy le 12 février 2012 à 19:47:12
Chère, chère Marina,
Ton histoire, ton chemin douloureux parcouru depuis le départ de ton bien-aimé, je l'ai lue d'une seule traite, sans pouvoir m'arrêter...Je me suis reconnue dans chaque paragraphe, dans chaque sentiment, dans chaque épisode...Tu exprimes tellement bien ce chemin tragique, avec tellement de sensibilité...C'est vrai qu'il faut avoir passé par là pour savoir ce que signifie " toucher le fond", pour savoir ce qu'on ressent en découvrant l'enfer, car c'est vraiment de cela qu'il s'agit...
Pour moi, cela va faire 26 mois le 18 février. Et à tous ceux et toutes celles qui sont au début du chemin, je peux apporter un message d'espoir: Gentiment, je renais à la vie, même si je sais que rien ne sera plus jamais comme avant. Je crois que j'ai accepté, que je suis prête à recommencer une nouvelle vie. Il y a encore qqs mois, je me débattais au milieu des factures, des problèmes administratifs à régler, des décisions à prendre. Je me disais que je n'y arriverais jamais...Je regardais d'un air découragé tous les classeurs bourrés de paperasse de toute sorte, rangée et classée par mon amour...Comment faire pour m'y retrouver ? Où chercher tous les documents indispensables pour faire faire ma déclaration d’impôts ? Et...apprendre à gérer l'E-banking...! Il m'a fallu un an ( au moins !) mais aujourd'hui je gère...Et je me suis fait des nouveaux classeurs où je range les choses à mon idée, et enfin, je m'y retrouve... J'ai préparé tous les documents à apporter à ma fiduciaire pour qu'ils me fassent ma déclaration d'impôts ... J'ai fait toutes les démarches pour vendre ma maison et j'ai trouvé des acheteurs. J'ai recherché ( et trouvé) toutes les factures des travaux effectués dans la maison depuis que nous l'avons achetée ( que je devais apporter au notaire pour qu'il calcule mon bénéfice effectué sur la maison). J'ai aussi réglé un litige avec mon chauffagiste ( qui m'a posé une nouvelle chaudière trop faible en juillet 2011). J'ai réussi à me faire entendre et obtenu le dédommagement attendu!
Oui, je suis fière de moi de voir que finalement j'arrive à me débrouiller... Oh ! mon amour est toujours près de moi...il me soutient, m guide, me souffle des conseils à l'oreille...Ce que je pensais totalement impossible il y a seulement qqs mois, Eh bien, c'est incroyable, mais j'y arrive...! Et pour moi, le compte à rebours a commencé: la maison est vendue, mon congé sabbatique est accordé, mon départ en Afrique planifié en juillet. Oh , je sais la masse de travail qui m'attend pour tout liquider est terrible, mais je sais que j'y arriverai...Je sens que j'ai en moi une énergie incroyable; je ne me reconnais plus...je crois qu'après avoir parcouru ce long et pénible chemin tortueux , je me retrouve dans une première clairière où , pour la première fois, je trouve que j'ai grandi, que je sens comme une espèce de richesse au fond de moi...
Et je sais, que de là-haut, mon Jean-Da est fier de moi... Merci, mon amour d'être toujours si présent et de m'encourager à avancer...
Suzy
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marieroger le 13 février 2012 à 00:12:46
Rien à ajouter Pima; moi aussi je me suis reconnue dans tout ce que tu évoquais , les larmes aux yeux et la gorge nouée...
Oui je pense que l'on peut être fière de nous, de tout ce chemin parcouru sans notre moitié.
Je vous embrasse toutes et tous

Marieroger
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: escouba le 14 février 2012 à 05:31:24
Merci Marina.
Bonne continuation.

Laurence
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: jmyg le 10 mars 2012 à 00:54:53
J'arrive pour la 1ere fois aujourd'hui.... J'ai 37 ans, JMYG pour Jérôme : mon amour, Maëline, Yann et Gurwan : les 3 petits bouts que l'ont a eu ensemble.
Jérôme et moi nous sommes connu il y a 17 ans, nous nous sommes marié il y a 9 ans bientôt. 3 enfants qui ont aujourd'hui 8, 6 et 4 ans. Cela fait beaucoup et en même temps pour moi c'était hier. Je n'ai pas vu le temps passé avec lui. Ce n'était pas parfait tout les jours mais je me sentais bien avec lui, j'étais heureuse, sereine, je me voyais vieillir avec lui, et cela m'allait bien. Et puis il y a 21 mois, le 15 juin 2010, il est parti faire de la planche à voile, je me souviens bien qu'il m'a dit : t'en fait pas, la plage est tranquille, il peut rien m'arriver, au pire je me casserai un doigt. Perso, j'ai rien répondu, d'habitude, je dis toujours "fais attention quand même, on sait jamais" et là j'ai rien répondu, juste d'accord.... Et il est pas revenu : le vent souflait en rafales, il ne s'est sans doute pas rendu compte qu'il forcissait et suite à une rafale plus forte que les autres il a prit son mât en plein visage, le nez cassé, il a sans doute perdu connaissance et s'est noyé...... Le reste, vous connaissez : annoncer la nouvelle à ses parents, frère, soeur, aux miens et puis à mes enfants. Faire face : préparer les obsèques, régler la succession, avoir l'impression de devenir un tuteur pour ses propres enfants....Pendant longtemps, j'ai été habité par la colère : envie de tout casser à grands coups de batte de basseball. Sensations  mélé de frustration, de sensation de gâchis, arrière goût d'inachevé, injustice...  Je hurlais dans ma voiture quand je rentrais du taf pour me soulager : sympas les collègues mais j'avais pas envie d'être la bête de foire dont tout le monde à pitié, alors je souriais même si les traces noires sous les yeux laissent peu de doute sur mes insomnies (j'ai jamais prit ni anti dépresseurs, ni somnifères). Pendant 20 mois, j'ai marché comme cela à la rage !!! évidemment de l'extérieur, je force le respect : quelle courage!!! tu parle, je sais juste pas faire autrement....Aujourd'hui, je m'essoufle, la rage à disparue, mais la tristesse est toujours là, j'ai l'impression plus profonde : je crois que c'est normal mais je commence à ressentir le besoin de partager mes sentiments. J'ai découvert ce forum en cherchant d'autres histoires comme la mienne. Même si ma famille et celle de mon homme sont très présentes, je n'ai pas envie de les accabler, je n'ai jamais su me "laisser aller" : j'espère que sur ce forum, je vais y arriver... Même si ce soir en lisant tout vos témoignages, j'ai beaucoup pleuré.....
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: thierryv88 le 10 mars 2012 à 08:46:47
Bonjour a tous
Merci Marina pour votre recit, je ne serais pas capable d ecrire comme vous mais je me sens tellement concerné par chacune de vos phrases ,je suis bouleversé .merci de pouvoir ecrire notre douleur, cela fait du bien de vous lire .
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: wn le 10 mars 2012 à 15:41:19
Bonjour,

Je viens de parcourir d'une traite, les 6 pages de ce sujet, j'ai beaucoup pleuré, je me suis beaucoup retrouvée aussi. Je trouve l'idée de Marina excellente. Cette lecture bouleversante m'a épuisée, mais je reviendrai vous raconter mon histoire un peu plus tard. Une histoire "fleur bleue" à souhait, ça devrait vous plaire ;)
Pour l'heure, je vais aller courir, m'épuiser physiquement, ça me fait du bien.
Je vous embrasse,

Céline
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Chris-ka le 10 mars 2012 à 23:46:14
Je voudrais vous raconter mon histoire en vous faisant partager le message d'adieu que j'avais lu lors de la cérémonie. Rien de secret puisque j'ai réussi à le lire devant plusieurs centaines de personnes :

"Mon Amour,
J'ai été à tes côtés jusqu'à ton dernier souffle. J'ai du mal à réaliser que tu nous a quitté et pourtant, tu me manques déjà tellement.
Le 8 décembre, fête des lumières, date de notre mariage et déjà 22 ans que nous nous connaissions. Nous avons été tellement heureux : notre jeunesse entre sorties, concerts reggae puis notre voyage de 2 ans à travers le monde. Cette évasion dont tu avais tant besoin pour sortir du quotidien et être libre a été notre plus belle expérience, ton plus grand bonheur. C'est lors de notre séjour à Goa que tu m'a annoncé que tu souhaitais fonder une famille, avoir des enfants. Puis, le retour au quotidien, nos deux magnifiques petites filles Lisa & Emma que tu as aimé de tout ton cœur, tu as été un si merveilleux papa pour elles.
Tu voulais repartir sur les routes, moi non, alors tu essayais de combler ton besoin d'adrénaline, de nouveautés, par de nouvelles expériences, par des voyages un peu plus courts qui t'ont rendu heureux malgré tout.
Je t'aime tant mon amour.
Tu me disais en plaisantant "qu'est-ce tu deviendrais sans moi ?", aujourd'hui, je me pose sérieusement la question. Tu as été si présent pour l'éducation des filles qu'il va être difficile d'assumer seule le quotidien mais j'y parviendrais, je te le promets, pour toi, pour elles.
Tu répétais sans cesse que tu travaillais trop, qu'on ne prend pas assez le temps, qu'à quoi sert-il de courir ? Après quoi ? La question "L'abondance de biens offre-t-elle le bonheur ?" était devenue ta réflexion favorite.
L'annonce de ta maladie a été difficile mais a changé en toi la perception de la vie. Tu voulais essayer d'en faire moins, de lever le pied. Tu n'as pas eu le temps d'y parvenir et j'en suis si malheureuse.
Merci pour tout mon Amour, merci d'avoir été si affectueux, si aimant, avec moi et les filles. Ta maman, ton papa, ton frère t'aimaient tellement. Tes amis aimaient ta compagnie, tes clients t'appréciaient.
Tu vas tant nous manquer.
Je t'aime de tout mon cœur."

Voila notre histoire. Je ne vous l'avais pas encore entièrement dévoilé, notamment que Christophe avait un cancer du colon, rare à son âge, et annoncé mi novembre 2011. Cette annonce brutale et les examens qui ont suivi l'ont profondément affecté. Il fallait aller vite, il était jeune, très vite traitement chimiothérapique par cachets et radiothérapie. Il ne les aura suivi qu'une seule semaine ! Quelques jours seulement après le début de son traitement, il avait ressenti des douleurs thoraciques, son médecin alerté l'avait envoyé d'urgence voir un cardiologue, qui lui même n'y a vu aucune anomalie (angor spastique peut-être ...) tout va bien Monsieur, vous pouvez rentrer chez vous et continuons ce satané traitement ... Le lendemain matin, à 5H45 , il décédait d'un arrêt cardiaque (cardiopathie selon les conclusions de l'autopsie). Alors, oui, j'en veux à ce cardiologue qui n'a peut-être pas fait tous les examens nécessaires, qui n'a pas arrêté son traitement (peut-être n'aurait-il pas pris sa dose du soir, ça aurait suffi pour qu'il soit encore avec nous aujourd'hui), j'en veux au laboratoire qui commercialise ce médicament (nous retrouvons dans le Vidal des effets secondaires de cardiotoxicité tels que mort subite, arrêt cardiaque, etc), j'en veux au médecin légiste qui m'a dit (madame, tous médicaments ont des effets secondaires, s'ils n'en avaient pas, c'est qu'ils ne seraient pas efficaces, mais des effets secondaires jusqu'à la mort ???). Mais comment prouver que Christophe est décédé à cause de ce traitement ? Je n'ai aucune preuve écrite ... Se battre contre un laboratoire ? Se battre contre un cardiologue ? Je ne sais pas si j'en aurais le courage car je sais que ce genre de combat prend beaucoup d'énergie et d'argent.
Si on me disait aujourd'hui que son cancer aurait eu une issue fatale, alors je serais "soulagée" car je sais que Christophe aurait souffert et beaucoup d'entre vous ont vu la personne aimée souffrir d'une longue maladie. Alors autant partir avant, sans souffrance... Mais je n'en suis pas sure, ils avaient bon espoir de le guérir, il n'y avait pas de métastases, il aurait du se faire opérer début février. Et beaucoup de gens arrivent à se sortir de ce maudit cancer.

OUF ...... CA FAIT DU BIEN .........
Merci de m'écouter. Merci pour votre présence.
Karine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: elo73 le 11 mars 2012 à 10:21:36
C'est une très bonne idée Karine de nous avoir écrit le message que tu lui as transmis lors de la cérémonie et moi même j'ai envie de vous lire le mien. Je l'ai écrit au funérarium avec lui et surtout pour lui.

"Mon amour, mon petit bou, ma croquette autant de petits noms pour dire que tu étais ma moitié. Plus de quatre ans de bonheur à tes côtés, m'ont fait grandir, apaisser mes peines passées et croire en un avenir meilleur. Cet avenir nous l'avions projetté comme tous les couples unis et heureux par la conrétisation future de certains projets. Aujourd'hui, il ne me reste plus que ton souvenir.
Milles qualités t'habitaient: ta gentillesse, ta bonté, ta loyauté, ta sérénité apaisante et j'en passe. Tu étais aussi il faut le dire tétu parfois même optu, tu n'aimais pas aller dans de nouveaux lieux et essayer de nouvelles choses, il fallait que je te force et ça tu n'aimais pas non plus.
Mais lorsque tu aimais une personne ou faire une chose c'était pour la vie. Je me souviens de tellement d'anecdocte qu'il me serait impossible de toutes les énumérées en cet instant. Tu avais un gros caractére mais un grand coeur et c'est certainement cette alchimie qui faisait que notre couple était solide et unis, nous nous complétions, nous nous assemblions.
Je revois ton visage si délicat, ton petit nez en trompette, ta bouche si bien déssiné et tes grand yeux bleus parfois gris selon le temps me regarder avec ce que j'appelais tes cils de bambis tant ils étaient longs et beaux.
Je voulais te dire que chaque instants passés avec toi a été pour moi de purs instants de bonheur, de magie: de notre rencontre improbable à notre vie commune.
Aujourd'hui, tu me laisses et je t'avoue ne pas savoir ni vouloir affronter l'avenir sans toi.
Le 19 janvier 2012 vers 20h30 tu es parti et tu as emporté au passage une partie de moi, garde la bien avec toi pour notre prochaine rencontre.
Je serais à jamais ton petit bou d'amour,
A jamais à toi
A jamais à moi
A jamais à nous."

Elodie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Chris-ka le 11 mars 2012 à 11:40:39
Émouvant Elodie,
J'ai adoré la phrase "tu as emporté au passage une partie de moi, garde la bien au chaud pour notre prochaine rencontre". C'est superbe
Bises
Karine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: suzy le 11 mars 2012 à 18:36:34
Aujourd'hui, je replonge dans le passé...je repense à ma belle vie du temps du bonheur, je repense à ce moment tragique où ma vie a basculé en une fraction de seconde, je repense à la cérémonie d'au revoir où plein de parents et d'amis ont pris la parole. J'ai , à mon tour , envie de partager avec vous ce que j'ai dit dans une église pleine à craquer...

A vous tous ici présents, je dis MERCI du fond du coeur; MERCI de votre soutien, MERCI de rendre ce dernier hommage à mon Jean-Da...
Toute cette masse humaine réunie me montre à quel point il était apprécié et cela, je vous promets que dans ma situation actuelle,ça me fait un bien immense.
Jean-Da...Pour moi, cela signifie presque 24 ans de bonheur sans nuage, 24 ans de rires, 24 ans de complicité, 24 ans d'Amour infini...
Pendant ces 24 ans, il ne s'est pas passé une semaine sans qu'il ne m'apporte un bouquet de fleurs. Lorsque je le remerciais pour le bouquet, il me répondait simplement :  Mais...tu mérites..."
Pendant ces 24 ans, il ne s'est pas passé un seul jour sans qu'il ne m'ait dit qu'il m'aimait... Chaque matin, je m'émerveillais de me réveiller à ses côtés; chaque fin de  journée, j^'étais impatiente de le retrouver...
MERCI mon Jean-Da pour tout le bonheur que tu m'as apporté. Tu m'as rendue infiniment heureuse. Nous aurions eu encore tellement de choses à faire ensemble...
Je sais que tu ne voudrais pas que je sois triste, et pourtant, mon chagrin est immense...Ce qui va m'aider à le supporter, c'est de savoir que j'ai su te rendre heureux jusqu'à ton dernier jour, c'est d'avoir la certitude que tu m'as aimée passionnément...
C'est le souvenir de cet Amour fou qui va m'aider à continuer le chemin...puisque la vie continue malgré tout...
Je suis sûre que tu m'entends...Je suis sûre qu'un jour on se retrouvera...Mais d'ici-là...Qu'est-ce que tu vas me manquer, mon grand...
Suzy
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: suzy le 11 mars 2012 à 20:23:00
Merci  Yohann de tes paroles réconfortantes...
Oui, tu l'as très bien senti, je suis effectivement au creux de la vague...Oh ! ce n'est pas la première fois, et sans doute pas la dernière...
Mais quand même, c'est là qu'on voit l'importance de ce forum. Ici, on trouve toujours une écoute, des paroles de réconfort...
Ce que tu dis par rapport à tes croyances au-delà de la mort, j'y crois également très fort. Je sais que mon Jean-Da et moi sommes unis par un amour universel...Je sais qu'on se retrouvera un jour.. Mais comme je l'ai dit dans le texte que je lui ai adressé le jour de la cérémonie d'au revoir, qu'est-ce qu'il va me manquer d'ici là...
Et des jours comme aujourd'hui, eh bien j'en crève...
Mais bon. Demain, c'est lundi, je serai reprise par le tourbillon de la semaine et tout ira mieux...
Suzy
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Ghislide le 12 mars 2012 à 14:53:32
Vos lettres d'au-revoir à vos chers disparus m'ont profondément touchée car ce sont des lettres d'amour qui leur sont adressées
Voici la mienne que j'ai réussi à lire, la voix tremblante d'émotion mais sans larme :

"Mon Gilles, mon époux chéri...
J'ai cherché longtemps les mots, la phrase, la citation qui auraient pu mieux que les miens propres te dire à quel point tu as compté pour moi.
Mais je vais essayer de t'exprimer avec mes mots les plus justes l'amour que je te porte.

Je l'ai réfléchie longtemps cette lettre, je l'ai pensée, j'en ai fait des tas de brouillons. J'avais des phrases toutes prêtes dans ma tête, mais dès que je commençais à écrire mes mots ne sortaient plus dans le bon ordre... Que puis-je te dire d'ailleurs que mes regards, mes gestes, ma conduite, certaines de mes paroles et même parfois mes silences ne t'aient déjà dit ?

Tu vas tellement me manquer...
Ces 8 années avec toi furent pleine de surprises et de joie et le plus dur pour moi c'est de te laisser partir avec ce goût d'inachevé sur les lèvres. Je cherche encore les mots qui pourraient dire tous ces moments que je n'ai pas notés et qui pourtant ont rempli ma tête et mon cœur de beaux souvenirs... belle chance que tu m'as offerte là...
Pendant longtemps j'ai pensé qu'il y avait des gens qui rentraient dans une vie pour un court moment, partager un peu puis repartir pour finir dans l'oubli et puis d'autres, bien qu'ils ne passent qu'un bref instant, impriment pour toujours leur marque dans l'autre.
Sois sur que désormais tu fais partie de toutes mes images indélébiles.

J'ai profité de toi un trop court moment, mais j'ai gravé dans ma tête chaque petit bout de toi, l'expression de ton visage quand tu me regardais, ta main dans la mienne qui me réchauffait... je garderai tout cela dans un coin de ma tête et je le sortirai quand l'absence se fera trop lourde... Le destin a pris un chemin différent de celui auquel nous aspirions, faisant voler en éclat tous nos projets, et pourtant tu t'es battu courageusement, obstinément contre cette vilaine maladie qui a finalement eu raison de toi, mais il me restera à jamais ce "je ne sais quoi", ce "presque rien" ou ce "tout" qui fait que je t'aime tant.
Je t'aime à la fois pour tout ce que tu étais et tout ce que tu n'as pas été ; pour tout ce qu'on s'est dit et pour le reste qui se devinait dans nos silences...
Je me suis quelquefois demandé quelle place j'avais dans ta vie, ce que je représentais vraiment à tes yeux, si tu avais de moi la même image admirative et tendre que j'ai de toi... Je sais aujourd'hui que cela n'a que peu d'importance, le principale est que nous ayons vécu ce qu'il y avait à vivre avec juste l'envie d'être l'un à l'autre.

Quand je pense à ton départ, je suis envahie par plein de sentiments différents. Mais surtout, il va falloir s'habituer à l'absence et essayer de vivre dans d'autres yeux que les tiens.
Que dire de plus ?
Cette lettre sera comme notre contrat de mariage, une promesse entre toi et moi, certifiant que nous sommes liés l'un à l'autre. Que même absent je continuerai de t'aimer en repensant à ce que nous avons partagé et à tous ces souvenirs que tu me laisses...
Je n'ai pas envie de finir parce je serais obligée de te dire au revoir et que cette idée me bouleverse... mais puisqu'il le faut, autant que ce soit sur une jolie fin, alors je terminerai par un extrait d'une lettre de Juliette Drouet à Victor Hugo :
"Je te regarde à la dérobée.
Je te souris quand tu ne me vois pas.
Je mets mon regard et mon âme partout où je voudrais mettre mes baisers : dans tes cheveux, sur ton front, sur tes yeux, sur tes lèvres..."

Au revoir, mon amour... Je t'aime"

Message d'amour qu'il a emporté avec lui pour son dernier voyage...

Je vous embrasse
Ghislaine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: elo73 le 12 mars 2012 à 17:56:37
C'est une très jolie lettre d'amour Ghislaine, merci de l'avoir partagée avec nous.

J'aurais voulu lui dire tant d'autres choses, être avec lui ne serait-ce qu'un instant de plus, 32 ans c'est bien trop jeune pour quitter cette terre, fauchée par la vie voilà ce que notre couple a vécu et maintenant il faut regarder seul, faire seul, vivre seul, être seule c'est beaucoup pour une seule femme et pourtant c'est aujourd'hui ma réalité.

Bises
Elodie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Chris-ka le 12 mars 2012 à 20:52:44
Je suis émue que vous partagiez vous aussi vos messages d'adieu, vos messages d'amour car ceux-ci résument bien nos histoires, combien nous aimions "nos moitiés" et combien la vie va être difficile sans eux/elles.
Bonne soirée
Karine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: jmyg le 12 mars 2012 à 22:58:08
Je n'ai pas de don pour écrire, mes mots à moi ne sont pas venu le jour où j'ai du lui dire au revoir : je vous admire d'avoir pu l'écrire, le dire en si peu de temps.
Même aujourd'hui : 21 mois plus tard, je ne saurais comment m'y prendre. Heureusement, les personnes qui nous ont accompagnés pour préparer la cérémonie avaient des textes et ont su nous guider pour choisir ceux qui nous correspondaient, qui lui correspondait. Le mien, celui que j'avais choisi parce que c'était tellement nous, celui qui sonne toujours aussi juste en mon coeur, celui que j'ai réussi à lire, sans larmes, jusqu'au bout est un texte de Chantal Fournier-Valois : Le Soleil et la mer.
"Ton sourire s'éloigne peu à peu vers une destination où je ne peux le suivre. Nous étions comme le soleil et la mer, unis, complémentaires, indispensables l'un à l'autre.
J'étais tes paroles, tu étais mes silences, mais aujourd'hui les mots semblent si dérisoires pour dire combien tu me manques.
Tout ici me rappelle à la vie, à notre vie. Je sais que sans toi, rien ne sera plus jamais comme avant.
Aujourd'hui, il me reste ces innombrables petites images qui se bousculent dans ma tête. On appelle ça des souvenirs....Ils nourriront mon existence jusqu'au moment où nous nous retrouverons sur un chemin moins caillouteux, plus enclin à notre bonheur.
La vie est trop restreinte pour s'aimer pleinement. Il m'en faudra mille et une autres pour parvenir à t'aimer comme j'aurais voulu le faire..... "
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: bibounette le 13 mars 2012 à 00:26:19
Pour ma part j'ai aussi glissais une lettre dans la chemise de Bibou!!!
Mais j'en ai écris qu'une, une unique!!!!
Il n'y a que lui qui pourra la lire, il est parti avec mes derniers mots d'amour... :'( :'( :'(
Heureusement qu'une amie qui est passé par cette situation (son père) m'a dis de le faire car cela ne me serai jamais venue à l'esprit!!!
J'ai mis mes bagues avec lui aussi!! :-\
Cette lettre je l'ai écrite le jour ou j'ai quittée notre appartement à montréal et j'ai pris l'avion avec Bibou dans son cercueil  :'( :'(
Mais je mettrai plus tard le texte que j'ai écris pour l'enterrement de mon amour!!

bibounette :-*
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: cha7829 le 20 mars 2012 à 00:37:30
Bonsoir à tous.
Je vais aussi, vous raconter notre histoire, mais, je n'écrirai pas de sentiments personnels.

J'ai 52ans, mon mari est décédé Le 1 er Novembre, il y a 4 mois et demi, à l'age de 51ans.

Avant :
Nous nous sommes rencontré en Février 1982, puis mariés le 06 Août 1983. Notre 1er fils est né le 23 Août 1984, puis notre 2ème enfant, une petite fille est née le 11 Septembre 1987, et enfin, notre 3ème et dernier enfant un garçon est arrivé le 15 Juin 1990.

Pendant :
En été 2010, il ressent une douleur côté gauche, puis se met à tousser. Après consultation, scanner, biopsie, le 10 Septembre 2010, la veille de l'anniversaire de notre fille, on nous annonce, un cancer du poumon à petites cellules.
Le 14 Septembre il commence la chimiothérapie. c'est le début d'une longue descente aux enfers.
Il faut gérer, les moments difficiles, embolie pulmonaire, aplasie (chute des globules à cause des traitements), vomissements diarrhée. Malgré tout ça, il continue à se rendre au travail. Il supporte de moins en moins bien le traitement, ce qui nécessite donc une pose en Janvier 2011.
Le 4 Avril 2011, la tumeur reprend ses droits, et envahi à nouveau le poumon. Reprise de la chimiothérapie. Mais ce produit est moins efficace que le premier, et laisse passer 2 métastases au cerveaux en Juin 2011.
Le 17 août, les médecins décident de changer à nouveau de  molécule. Mais là, c'est la catastrophe, il fait une aplasie plus importante qui nécessite une hospitalisation pour transfusion, et l'arrêt de cette thérapie.
Il faut préserver le cerveau pour éviter les troubles qui le guettent (problème d'équilibre, de motricité, de langage ...) Il reçoit donc de la radiothérapie en Octobre.
Mais sans chimiothérapie, la tumeur est heureuse, grossie, grossie, grossie, et comprime le poumon droit. Ce qui entraîne de grosse difficultés respiratoire, à tel point, qu'il ne peut plus se laver ni s'habiller seul, c'est trop d'effort à fournir.

Il est hospitalisé le jeudi 27 Octobre, et décède le mardi 1 er Novembre 2011.
Il se dégrade très vite, a de plus en plus de difficulté pour respirer. Le corps médical lui propose un cocktail, qui va l'endormir définitivement. Il fini par l'accepter le dimanche en fin d'après midi. Je crois qu'il voulait attendre notre fils qui venait de Bretagne.
Lundi 31, après une nuit très difficile, il nous annonce à notre fille et moi que c'est fini. On se relaie sans relâche à son chevet. Il finira par lâcher son dernier souffle, entouré de nous 4 Mardi 1er Novembre à 12H56.

Après :
Mes 2 derniers enfants vivent toujours avec moi. On est resté très soudé pour surmonter l'épreuve.
Il a tout juste eu le temps de savoir qu'il serait grand père début Juillet. il a tenté de s'accrocher parce qu'il voulait des petits enfants, mais il n'a pas pu, cette saleté de maladie était plus forte. Par contre il n'a pas su que c'est des jumeaux, 2 petits garçons, que j'accueillerai seule.

Maintenant, il faut vivre du mieux possible. Alors, on nous donne des conseils, il faut sortir, ne reste pas chez toi. Mais si c'est chez moi que je me sens le mieux ! Dehors, je ne sens que de l'agression, voir des gens heureux, des gens en couple, des jeunes qui ont toujours leur papa.... Je ne laisserai personne me dicter ce qui est bon pour moi. Je me préserve, et vais là ou je me sens le mieux.

Voilà, notre histoire. Je ne souhaitai pas mettre de ressentis, c'est quelque chose qui m'appartient et que je ne voulais pas partager. J'espère que vous ne m'en voudrez pas.
Claude

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 20 mars 2012 à 08:46:16
Bonjour Claude,

Nos histoires nous appartiennent, et notre envie de la partager ou non est notre choix.
J'ai simplement remarqué que souvent, mettre noir sur blanc, ce qui pèse si fort sur le coeur, pouvait apporter un peu d'apaisement.

Ton histoire est douloureuse, comme bien d'autres et nous savons tous ce que peut être l'accompagnement vers un départ que nous savons inéluctable bien que nous en refusions l'idée. Il faut un courage immense pour tenir le coup, de la part du malade et de la part de l'accompagnant. Pendant cette épouvantable période, on se bat à deux, se mentant l'un l'autre, se soutenant l'un l'autre, s'épuisant pour apporter le maximum de réconfort à l'autre. Toute notre énergie y est concentrée, toute notre force se mobilise et tout s'effondre quand même.
Ensuite, c'est un combat solitaire que nous devons mener. Doublement seul(e). Tragiquement seul(e).

Tu as fait le choix de garder "ton jardin secret".
Personnellement, j'ai mis du temps à acquérir la certitude qu'ils ne sont pas loin de nous, et même qu'ils restent très près de nous.
Après le cataclysme de la disparition et la terreur de la solitude, après les larmes inépuisables, et le brouillard de l'avenir, parfois on entrevoit un petit, tout petit rayon de soleil. Celui là est encore douloureux, car c'est avec lui que l'on aimerait le voir ce rayon de soleil et s'y réchauffer, mais l'éclaircie suivante, on apprend à l'apprécier et à y faire une pause et peu à peu, il se joint à nous pendant ces pauses. Enfin, moi, je ressens cela.
Nous avions l'habitude dès le début du printemps, de prendre notre café sur la terrasse, le visage tourné vers ce doux soleil si attendu. Les idées les plus folles nous traversaient l'esprit : partir en Polynésie, refaire la maison, s'installer dans le midi, adopter des enfants... Sujets très sérieux, ou très fous, peu importe, échanges sans fin, discussions, rires et bonheurs.
Exit tout cela. Le printemps dernier j'ai voulu "tester" seule la terrasse = tsunami de larmes et fuite dans notre chambre, roulée en boule dans un coin. Trop tôt.

Printemps 2012. Après une semaine cloitrée pour cause de santé, me voilà sur notre terrasse... et là, le dialogue a repris. Avec plaisir, avec douceur, je l'entends presque me demander comment je me sens après ces journées alitées. Et c'est bon, comme le soleil qui chauffe doucement le visage.
Bon, tu vas dire que je dois tout de suite réserver une place à Sainte Anne! Peut-être.

Tout cela est bien naïf, mais je voulais simplement t'apporter un peu d'espoir.
Chacun de nous vit cette profonde blessure à son rythme. J'ai pensé ne jamais m'en remettre et je n'en suis pas guérie, loin de là. Le mot acceptation ne fera jamais parti de mon vocabulaire. Mais j'ai atteint une certaine forme de sérénité, parce que je sens que Pierre restera toujours avec moi.
Je ne sais pas si cela va durer, mais "tant que je gagne, je joue!".

N'oublie pas Claude que ce forum peut te permettre de tout dire ou de ne rien dire, d'appeler au secours ou d'apporter ton vécu, de te faire aider ou de soutenir un(e) autre en creux de vague. Il y a toujours quelqu'un à l'écoute, quelqu'un qui te comprendra.

A te lire si tu en as envie.

Marina

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: cha7829 le 20 mars 2012 à 11:15:36
Merci beaucoup Marina, tes paroles sont tellement vraies et réconfortantes.

Je ressens exactement ce que tu décris. C'est pour ça, que j'aime venir sur ce forum, du reste, il n'y a que vous qui puissiez comprendre.
accompagner le départ, se battre, se mentir, s'épuiser.... tout ça, effectivement, c'est ce que j'ai ressenti. Puis ensuite, le combat solitaire. J'ai beaucoup de chance, mes enfants vivent toujours avec moi. Comme ils sont jeunes adultes, on peut échanger, se soutenir. Et quand je rentre le soir, je ne suis pas seule, on peut occuper nos soirées.
Je ne pense nullement que tu sois obligée de réserver une place à sainte Anne, loin de moi cette idée. Chacun se réconforte comme il peut. Comme je dis personne ne sais ce qui est bon pour nous. Les conseils de gens n'ayant pas vécu ce traumatisme, ne m'intéresse pas. Seul, ceux qui connaissent ce drame, peuvent m'aider et me faire part de leur expérience.

Ton témoignage m'aide beaucoup Marina, je t'en remercie infiniment, et j'espère arriver rapidement à un mieux, parce pour l'instant, je me sens de plus en plus mal. Bientôt 5 mois, et c'est tellement pire qu'au début !!!! Même les beaux jours, ne me remontent pas le moral, bien au contraire.
Claude
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 20 mars 2012 à 11:43:44
Tu vas y arriver Claude, tu vas y arriver.

5 mois, c'est un moment difficile.
Un vraie prise de conscience après l'étourdissement des premiers mois.
Cela parait encore plus dur qu'au début, mais le temps fait son travail.

Avec l'aide des tiens et peut-être aussi avec nous, tu vas l'apprivoiser ta nouvelle vie, tout doucement...

Je t'embrasse.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: wn le 20 mars 2012 à 16:01:03
Comme toujours, vous lire me fait du bien...tout en suscitant de nouvelles questions en moi.
En ce moment, j'ai du mal à me situer dans le chemin du deuil. Cela fera 3 mois vendredi que Ben est décédé brutalement. Depuis quelques jours, la douleur se fait plus intense et plus continue aussi. J'ai l'impression d'entamer cette période dont vous parlez, Marina et Yohann, celle où l'on prend conscience du vide, de l'absence irrémédiable. Je pleure beaucoup plus, me répète que je ne peux pas y arriver, que j'ai mal à en mourir... J'ai l'impression que petit à petit, mon cerveau force mes émotions à accepter l'atroce réalité.
Pensez-vous que ce soit possible? Les durées évoquées habituellement pour les 2 premières étapes sont-elles parfois plus courtes? Je ne cherche pas me donner des illusions et, de toute façon, je n'ai aucune envie d'aller mieux, ni que ça prenne moins de temps. J'aimerais seulement comprendre où j'en suis.
J'ai toujours envie de parler de Ben, mais c'est moins pressant. Pour l'instant, j'ai envie d'hurler à tout le monde à quel point j'ai mal, à quel point il me manque, à quel point il définissait ma vie, mon passé, mon présent, mon futur.
Si je n'en suis pas encore à cette fameuse étape, je me demande comment on peut continuer jusque là, car c'est déjà tellement insupportable. Régulièrement, j'ai l'impression que je pourrais, consciemment ou pas, me laisser emporter par la mort. Rouler si vite que tout s'arrêterait en une fraction de seconde.
Courage à vous tous

Céline
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 20 mars 2012 à 16:34:48
Céline,

Voici ce que j'écrivais dans mon journal du deuil, 3 mois après la disparition de mon Amour :

Je ne parviens pas à me faire à l’idée que « jamais, plus jamais ».
Je pense souvent à la mort, la mienne. Elle ne m’effrayait pas avant votre départ, maintenant, je l’aborderais avec une grande sérénité, voire une délivrance. Plus peur, même de souffrir car cela me mènera là où vous êtes. Bien sûr que j’ignore si je vous y retrouverais, mais je serais comme vous, en paix et plus de souffrance de ne plus vous avoir avec moi.
Si il n’y avait pas les miens que je laisserais dans une situation impossible, je crois que je franchirais le pas, avec calme et sereinement, sans passion, sans pleurs, simplement parce que c’est mon destin d’être avec vous, au même endroit que vous et que cette séparation n’est pas normale, pas acceptable. Ce ne serait pas un moment de désespoir, mais un choix réfléchi. Comment puis-je envisager de trainer des années  et des années sans vous ? C’est totalement impossible. Je dois être avec vous, ici, là-haut, sous terre, en cendres, au Paradis, en Enfer, ailleurs, n’importe où mais avec vous. C’est ensemble que nous devons continuer le chemin, dans la même urne funéraire, sous la  même dalle et après… Mais ensemble, enchainés, même pas enchainés, fusionnés, un seul être, vous et moi.
J’ai perdu le gout de la vie, j’ai l’attrait de la mort parce qu’elle vous a volé à moi, et sans doute savait elle combien je souffrirais et teste t’elle ma force à lui résister. La folle ! Qu’elle vienne me prendre, je m’en moque, bien au contraire, elle m’épargnera de devoir rester en vie pour accomplir ma mission auprès des miens. Qu’elle vienne, je ne lutterais pas. Mais elle préfère me voir souffrir et me débattre dans un monde qui n’est plus le mien puisque vous n’y êtes plus. La garce, la méchante, la mauvaise, elle brise, elle vole, elle saccage et elle rit du mal qu’elle a pu faire.
Et les mois s’écoulent, bientôt trois et je suis toujours aussi brisée.


Et voici ce que j'ai écris ce matin :

7 :30. Très beau levé de soleil sur l’herbe givrée. Un soleil en flamme qui hésite encore à réchauffer notre terre ; le printemps, ce n’est que demain !
Je pense à vous encore et encore, mais en souriant. Tout ce qui est beau me fait penser à vous. Mais à présent, je ressens du bonheur en pensant à vous. Exit cet uppercut en plein estomac, cette montée de sanglots qui me broie la gorge, cet afflux de larmes qui trouble jusqu’à mon cerveau, noyée dans le chagrin. Non, je ne sais pas depuis quand, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas jusqu’à quand, mais je suis bien. Je pense à vous en souriant.
S’il me faut analyser, je dirais que le manque reste intact : comment m’habituer à ne pas vous toucher, vous caresser, vous étreindre, vous embrasser ? Comment ne pas ressentir un vide dans notre grand lit quand je cherche vos pieds avec le mien, votre main pour y glisser la mienne ? Non, l’absence physique reste insupportable. Mais dans ma tête… je crois que j’ai admis que je ne vous reverrais pas ici, sur cette terre, et j’ai établis une nouvelle relation avec vous. Cela a muri, lentement et difficilement, mais cela en valait la peine. Et ce qui me fait du bien, c’est que dans ce nouvel état, vous êtes omniprésent, là à chaque instant, à chaque seconde, dans ma vie, dans mes pensées. Je ne serais plus jamais seule.  


Céline, j'ai perdu Pierre il y a 20 mois.
C'était hier.
Et si pendant ces mois j'ai eu de très mauvais moments, des passages plus que difficiles, j'ai aussi réappris à sourire et à rire. Il m'arrive de chanter et d'apprécier les couleurs du monde.
Le temps fait son oeuvre et ne plus pleurer ne veut pas dire ne plus aimer.
Je suis toujours profondément amoureuse de mon mari, éternellement amoureuse de lui, mais j'ai admis qu'il ne serait plus à mes cotés sur le reste du chemin. Il est dans mon coeur, il est avec moi.

Entre le 3ème et le 6ème mois, la période a été dure, très dure. Après j'ai eu un mieux très net. J'ai passé le cap de la première année plutôt calmement et puis l'automne m'a vu replonger encore plus profondément.
Un matin,, un peu avant noêl, je me suis éveillée avec le sentiment que j'allais bien. Et c'est vrai, j'ai passé Noêl et janvier paisiblement.
Et tout dernièrement, j'ai vraiment eu la sensation de franchir une grand étape. La résilience? Peut-être, je ne sais pas et ne veux pas savoir.

Le chemin est difficile, mais cela vaut la peine de continuer avec acharnement, Céline, ne baisse pas les bras. On ressort de cette terrible épreuve bien plus riche, car nous avons eu la chance de le vivre ce grand Amour.

Viens nous parler, viens nous écouter, viens hurler et pleurer, viens,  viens apaiser tes craintes et ne te laisse pas aller à divaguer sur une route "où tout pourrait s'arrêter en une fraction de seconde". Il ne le voudrait pas... et nous non plus.

Viens prendre un peu de douceur avec nous.

 :-*

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: wn le 21 mars 2012 à 10:54:42
Marina...tu viens de me faire pleurer. Un sanglot d'émotions tant ce que tu m'écris me parle et me touche. Comme tant d'autres l'ont déjà exprimé sur le forum, je te suis reconnaissante pour tes mots si justes et ta capacité à réconforter.
Je perçois combien ta relation avec Pierre était intense et donnait sens à ta vie, je sais aussi que tu n'as pas eu d'enfant de lui...tout cela me fait me sentir encore plus proche de toi.
Pour l'instant, je ne suis pas prête à croire en la possibilité de reprendre goût à la vie, mais déjà, te lire, me redonne un peu espoir en l'humain. Et de ça aussi, j'ai besoin en ce moment.
Merci
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 21 mars 2012 à 11:00:15
Céline...

 :-* :-* :-* :-*

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: ALGANHECSEN le 21 mars 2012 à 23:59:19
histoires d'hôpital,histoire des derniers jours, des derniers instants...et on ne savait pas...je faisais comme si ...à l'infirmière qui, en changeant mollement les perfusions m'a demandé: "Et maintenant, vous vous attendez à quoi...?" j'ai répondu "A CE QU'IL GUERISSE!!!"

Elle m'a dit de venir dans le couloir pour me parler...elle m'a dit "Il est possible qu'il guérisse, il est aussi possible qu'il ne guérisse pas..."
et elle m'a dit d'autres choses, impossibles à écrire, impossibles à entendre, impossibles à comprendre...pour finir, elle m'a dit "parlez-lui, dites -lui que vous l'aimez..."

Je suis retournée dans la chambre, brisée...il dormait, masque à oxygène, tuyaux, machines clignotantes...je lui ai dit que je l'avais toujours aimé et que je l'aimerai toujours, et que le plus grand bonheur de ma vie avait été de le rencontrer et de vivre avec lui ...il me répondait par des mouvements imperceptibles de son corps, il ponctuait mes phrases par des soupirs...on a conversé comme ça un bon moment...

C'était le dernier soir, et je ne savais pas...vers 21h, il s'est réveillé,il voulait se lever, il voulait rentrer à la maison, il voulait enlever les tuyaux...l'infirmier et l'infirmière sont venus,  ils m'ont dit d'aller me promener en  bas..quand je suis revenue, il était calme...ils m'ont dit "On l'a changé, on a augmenté la morphine, ou l'hypnovel..." J'ai eu mal au ventre, aussi mal que pour un accouchement...je suis allée dans la salle de bains pour qu'il ne me voit pas souffrir, j'ai cru que j'allais crever par terre comme une bête avec mon mal au ventre...et la douleur est passée...quand je suis revenue, il dormait,sa respiration était paisible, régulière...j'ai déplié mon lit, dans le noir, je l'ai écouté respirer, rassurée...il ne souffrait pas, il était paisible...

le lendemain, à 6h, j'ai été réveillée par une voix qui disait "madame, madame..."  j'ai ouvert les yeux, l'infirmière était debout devant moi, blanche, visage de cire, le regard fixe...elle m'a dit "c'est terminé"...je me suis enfoncée dans le lit..je ne voulais pas comprendre...
"qu'est ce qui est terminé?..."Je me suis levée d'un coup pour le voir...il dormait..."c'est sa vie qui est terminée..." Je me suis approchée de lui, je me suis couchée sur lui, comme tant de fois...et j'ai pleuré comme je n'ai jamais pleuré...c'est pas possible que des choses comme ça arrivent...pas lui...pas moi...pas nous...

Venant de très loin, j'ai entendu une question stupide"Vous voulez voir un docteur?"
-ça ne sert à rien les docteurs!
et j'ai encore pleuré longtemps....

Ils m'ont envoyé en bas, c'était le premier matin d'un monde vide, d'un monde minéral...le ciel est mort, les rues sont mortes, les arbres sont morts,les trams, les gens , les voitures, tout est mort...tout, sauf moi pauvre conne...pourquoi je suis là? mais qu'est ce que je fais encore là ?

Le robot que je suis devenue téléphone à des vivants insouciants, qui deviennent brusquement moins insouciants lorsqu'ils apprennent la nouvelle...il y en a qui pleurent, il y en a qui crient, il y en a qui se taisent...

Il faut que j'aille dire à ma fille de 14 ans que son papa adoré est mort ce matin...

C'était il y a 15 mois...comment on fait pour survivre à ça?
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: QUENOUILLE87 le 24 avril 2012 à 11:21:03
J'ai voulu me soulager, reconstituer notre vie. J'ai l'impression que ça m'a fait du bien, et en même temps tellement de mal d'évoquer tout ce bonheur brisé d'un seul coup.


Notre rencontre :

Je venais de passer mon Bac et ai été embauchée à La Poste le 1er juillet pour un job d’été. Dès le premier jour, j’ai remarqué un grand brun, mince, hâlé, moustachu (j’ai toujours eu horreur de la moustache !!), ayant beaucoup d’humour. Dans les jours qui ont suivi, j’ai bien vu que je ne lui étais pas indifférente. Ce fût un vrai coup de foudre. J’avais 17 ans, lui 25. Le seul hic était qu’il était déjà marié, un mariage chaotique m’avait-il dit. J’avais toujours en tête les phrases type « méfie-toi des hommes mariés », mais il était trop tard, j’étais amoureuse et lui aussi.

Dès le mois de septembre, il s’est séparé de sa femme et notre histoire a vraiment débuté, malgré l’hostilité de mes parents qui n’y croyaient pas du tout. Je venais d’avoir 18 ans, commençait mes études, et étais obligée de rester chez mes parents par manque de revenus. Nous avons patienté deux ans, afin que j’ai mon BTS. J’ai eu mon diplôme au mois de juin, ai commencé à travailler le 1er juillet, et le 1er août nous avions enfin notre appartement ensemble. C’était le grand amour. Chaque jour, quand il commençait à travailler à midi, il me laissait un petit mot pour quand je rentrerais déjeuner. Il y avait à manger dans le frigo, la maison était rangée. Notre vie a continué, notre première fille est née deux ans plus tard. C’était le bonheur parfait.

La première dure épreuve a été le suicide de ma mère. Heureusement, j’avais notre fille qui avait 3 ans, et lui a mes côtés  qui m’a soutenue, qui ne m’a pas lâchée.

Nous avons acheté une maison, décidé d’avoir un deuxième enfant. Alexis est né quand Julie avait 6 ans. Un garçon, Fabrice en était fou. Il faisait déjà des projets d’avenir avec lui, rêvait de lui apprendre à pêcher, à faire de la moto. Malheureusement, nous avons retrouvé Alexis mort dans son lit quand il avait deux mois et demi. Mort subite. Nous avons cru mourir à notre tour. Notre petite fille a vu son petit frère mort, un choc pour elle. J’ai tenu, tenu, pour elle, pour lui qui s’enfonçait. Nous avons vécu des années très difficiles, mais nous étions malgré tout tous les deux, je devais gérer notre fille qui entrait en CP, mon travail, mon doudou qui coulait doucement. Bref, j’étais « forte » comme on dit, et j’ai mieux réussi à m’en sortir que Fabrice. Deux ans après le décès d’Alexis est née Anouck, et nous avons retrouvé peu à peu notre joie de vivre.

Il a fallu 10 longues années pour que Fabrice remonte enfin à la surface, évacue la perte de notre fils. Nous faisions des projets, et avons décidé d’acheter une maison de « famille », un endroit où nous retrouver tous ensemble. Nous avons trouvé une toute petite maison dans un village perdu, loin de tout, mais proche d’une rivière où aller à la pêche, des forêts pleines de châtaignes, de champignons, d’un lac où nous nous baignions l’été, avec des habitants adorables, qui nous ont tout de suite intégré. C’était le bonheur. Nous avons retapé petit à petit cette maison, Fabrice n’a gardé que les murs en pierre et a tout refait du sol à la toiture. C’était notre refuge, et celui de nos enfants, même si elle râlaient un peu tant il n’y avait « rien à faire ».

La perte du fils de 16 ans de nos meilleurs amis a été de nouveau un choc important, mais de nouveau nous avons fait face ensemble.

L’année dernière, Fabrice a décidé d’agrandir la maison, pour recevoir notre famille et nos amis. Il y a travaillé un an d’affilé, sans compter son temps et sa peine. Il y avait toujours quelqu’un pour venir l’aider, mais ce fut un travail de titan, dalle sur pilotis à couler, toiture à faire, etc… Je lui disais qu’il se fatiguait trop.

Notre petite maison a été presque finie l’été dernier. Nous y avons fêté le nouvel-an avec des amis. Comme on était heureux. Nous nous sommes souhaité la nouvelle année en nous embrassant fougueusement. Nous étions enfin tellement bien.

Et puis, le lundi 26 mars dernier, nous avons passé sans le savoir notre dernière soirée ensemble. Je suis revenue de la piscine vers 21 h, il m’avait préparé à manger. Notre fille nous a adressé par mail une photo d’elle mangeant sur son balcon, car il faisait très beau. Nous avons ri, nous avons plaisanté, nous sommes montés nous coucher, câlins dans les bras l’un de l’autre. Vers minuit, il s’est levé en ma disant « j’ai des coliques ». Il est descendu aux toilettes au rez-de-chaussée et je ne l’ai plus revu. Je me suis rendormie, et ne me suis pas inquiétée de ne pas le voir remonter. J’aurais dû, je m’en veux, je n’en vis plus. Il s’est couché dans la chambre du bas, et il s’est endormi pour toujours. Ne le voyant pas se lever à 5 h 30, je suis descendue pour le réveiller. Et voilà, vision d’horreur, hurlements, samu et plus rien. Plus rien que le chagrin qui m’empêche de respirer, le chagrin de mes enfants que je n’arrive même plus à rassurer, à aider. Je fais d’immenses efforts pour elles, mais j’aimais tellement leur père…

Il y a tant de couples qui se déchirent, nous nous étions fusionnels. Même après 30 ans de vie commune, nous nous téléphonions tous les matins, souvent l’après-midi pour prendre des nouvelles. Dès que je sortais un peu tard du bureau, il s’inquiétait. C’était quelqu’un de bon, de généreux, qui pensait toujours aux autres avant lui, qui s’inquiétait toujours de notre bien-être avant le sien.

Je n’imagine même plus ma vie sans lui. Je tiens pour mes filles, mais n’ai qu’une envie : le rejoindre là où il est

Voilà notre histoire. Banale certes, mais tellement belle pour nous. Je souhaite à tout le monde de vivre une vie aussi riche, malgré les drames qui l’ont jalonnée.

Nathalie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: wn le 25 avril 2012 à 00:42:41
Ton histoire est bouleversante Nathalie...et tout sauf banale. Tu vivais manifestement quelques chose de magnifique et rare. Je ne trouve pas les mots...mais tu m'as vraiment émue avec le récit de cette vie si pleine d'amour malgré les épreuves que vous avez rencontrées.

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: lolo62 le 25 avril 2012 à 01:02:58
Bonsoir ou bonjour enfin je ne sais plus ...........cela fait dix neuf mois que je ne dors plus j'entends 2heures l'heure ou mon mari PATPAT est partis rejoindre mon père partis 4ans avant et il nous a raconter le chemin noir et blanc la lumiere et meme l'heure ou mon papa viendrais chercher PATPAT...........il est partis il y a 1ans et demi 3mois après avoir retrouvè mon meilleur ami sauver d'un cancer du poumon pendu le 13juin 2010 dur et les cartes de ma vie n'ont jamais ètait bonne mon cancer à 39ans na jamais permis de construire une famille...............jour après jours,heure après heures je me demande comment faire je m'interdit de voir ma vie avec une lueur d'espoir,je souhaite à toute les personnes de ce forum que vos chemin sont etinceler despoir et de joie............bonne nuit à tous
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 25 avril 2012 à 04:14:42
Yohann, il y a plein d'hôpitaux où on a aucun, mais aucun soutien, au contraire: on embête les infirmiers et les médecins. Ils sont si occupés...

Ce que j'ai vécu, c'est de l'ignorance, de l'indifférence. C'était "un mort de plus" simplement.

Tu as été chanceux :)

---

Nathalie... banale votre histoire? Non!!! Elle est magique, de toute beauté. Malgré les décès, tu as eu tellement de beaux moments, de douces joies, des appels téléphoniques chaque jour... personne ne m'a donné autant d'amour que tu en as reçu... bien sûr, le manque est grand maintenant, mais DIEU que tu es chanceuse!

Ton deuil sera particulier. Le tien sera tout aussi difficile que le nôtre, chacun sa douleur... reste un peu avec nous encore, viens nous voir, viens lire, partager si tu en ressens le besoin.

Ce sera bénéfique. Ici, plusieurs sont capables d'un soutien intelligent, subtile, sauveteur.

Ils ont le vécu du décès et les bons mots de ceux qui comprennent. Ils connaissent la mort, il peuvent en parler et ça, c'est un cadeau de la vie.

Tout le courage pour toi aujourd'hui, Nathalie.

Kiss, Caroline xx



Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: yanso le 25 avril 2012 à 11:14:18
Pour en revenir aux médecins...Mon Amour est parti le 17 mars 2012 sans moi car l'on m'avait dit le soir que je pouvais rentrer sans soucis chez moi et revenir le lendemain matin alors qu'il avait passé son IRM l'après midi.Et à 2h43 le téléphone a sonné et une voix m'a dit "Madame,j'ai une mauvais nouvelle à vous annoncer...."Même si on s'y attend depuis des mois cet appel a été une Horreur,Je n'étais pas là et entre nous il y a 125Km .

A ce jour je n'ai eu aucun message du cancérologue qui le suivait depuis 15 mois et demi de sa tumeur cérébrale ,l'interne qui gère le service ou il a été hospitalisé pendant 5 jours non plus.
J'ai appelé au bout de 3 jours n'y tenant plus pour avoir le "Crabologue"comme l'appelais Yves j'ai attendu longtemps au fil et j'ai eu la jeune infirmière qui était présente la nuit ou il est décédé et elle m'a donné les résultats de l'IRM  me disant que la tumeur avait énormément grossie et qu'il allait voir pour un 3ème traitement voir une nouvelle opération.Si j'avais su cela je serai restée à ses cotés.....
Je tente de me résigner en me disant c'est mieux ainsi il aurait encore souffert pour rien car on connaissait l'issue dès l'annonce du diagnostique.
Mais j'en veux à l'hopital Monom n'est pas qu'une statistique !!!!!
Notre médecin traitant a eu les compte rendus au fur et à mesure des tratements mais le dernier RIEN Il m'a dit que dans cette maladie les patients ne sont malheureusement que des COBAYES(il est vrai qu'il en faut pour faire avancer les traitements!!!!

J'attend les documents à faire remplir pour les assurances ,en éspérant ,qu'il me reçoive et là je lui dirait ce que je pense calmement ,même s'il n'en a rien à faire au moins je l'aurais fait

Je lis vos témoignages et cela me fait du bien car à ce jour je ne vois pas non plus comment je pourrais retrouver le sourire et ma joie de vivre antérieure.Ne ne me voit pas rire comme nous le faisions si souvent
Merci à tous je me sens moins seule.....même si ces échanges sont la suite d'évenements douloureux
Françoise
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 27 avril 2012 à 06:03:08
Bonjour à vous,

Je vais y aller par petit bout, juste pour moi, pour avancer.

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Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu partir. À 5 ans, je flottais juste à me promener dans la rue. Depuis mes 15 ans, les départs ont fait partie de ma vie constamment.

Je passe l'enfance, l'adolescence et l'histoire de la famille au 3/5 vivant avec des troubles psychiatriques. Mais c'est le fondement de ma personnalité: la peur de devenir psychotique, maniaco-dépressive ou autre trouble de l'humeur. Finalement, je ne suis pas PMD, mais ça m'a fait peur toute ma petite vie. Très certainement plus anxieuse que la moyenne, mais c'est un prix à payer qui est raisonnable, vu les circonstances.

Après ma licence (Bac + 4 pour la France, Université pour le Qc) en Eaux et Forêts (ingénieur forestier du Québec), j'ai réalisé un certificat en coopération internationale et suis partie quelques mois à Djenné, au Mali. C'était en 1992.

Ce n'était pas facile, j'ai dû attraper une dysenterie ou autre - non diagnostiquée. En tout cas, j'ai perdu 10 kg en 1 semaine et me suis retrouvée malade comme un chien, seule dans un village où il n'y avait pas grand chose. Sauf la chaleur. Je n'ai retrouvé mon poids qu'au Québec, 1 an plus tard, mais 1 mois après mon retour, je perdais la moitié de mes cheveux.

L'expérience était difficile, la chaleur intense.  Mais je peux vous dire que plus jamais je ne verrai une ville aussi magnifique, et j'ai dû voir 15 pays d'Afrique: tout y est construit sur le sable et sa beauté vaut le détour.

De retour au Québec, j'ai décidé de faire une maîtrise en agroforesterie. Donc, retour en 1993 à Djenné, pour présenter mon questionnaire aux paysans qui réalisaient des activités en agroforesterie. Cette deuxième partie a été plus facile, mon logement était beaucoup plus propre, j'avais un four, une chambre presque normale. Une coopérante américaine m'avait passé sa magnifique maison le temps de ses vacances et j'ai pu lire une bonne partie de ses livres. C'est là que j'ai découvert Jacques Higelin et son Tom Bonbadilom.

En tout, je suis restée 6 mois à Djenné. J'en garde un souvenir à la fois dur et doux. Dur parce que même trouver à manger était difficile. Je me souviens d'un enfant courant après moi pour me vendre trois pauvres petites aubergines (que je déteste), sachant que je cherchais toujours des légumes. Je les ai dégustées avec plein d'ail et c'était délicieux.

L'habitat était minimaliste: un appartement minable, un lit en bambou, un drap acheté dans la rue, une ou deux souris qui m'ont accompagnée tout le long du séjour. Et moi, qui pesait 42 kg.

J'y ai pourtant trouvé une de mes voies, celle de la coopération, de la rencontre avec l'autre. La découverte d'un monde à la fois différent et pourtant pareil au nôtre. Doux parce qu'un des souvenirs que qui me reste, lorsque j'habite un endroit différent, c'est un goût particulier dans ma bouche. Celui de Djenné est lié à l'ail (!), à l'odeur de la viande grillée. Doux parce que j'y ai découvert un nouvel état: je suis une habitante de l'Afrique vraie, celle habitée par les hommes, les femmes, les enfants ordinaires.

La pauvreté est tout de même assez poussée et m'a vraiment touchée. La population vit au rythme de la journée, pour trouver à manger. Et les enfants ne font pas grand chose de leur journée. La lenteur est compréhensible, mais l'inaction est déprimante, tout de même.

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Après ma maîtrise, j'ai réussi à me trouver un poste au Sénégal, pour deux ans. J'ai logé à Keur Momar Sarr, au Nord du pays. J'y étais mieux logée, mieux équipée, mieux entourée (par des Sénégalais). Mon travail consistait à gérer un projet environnemental: gestion des ressources naturelles dans une vingtaine de villages divisés en deux terroirs:  pépinières villageoises et centrales, plantation, alphabétisation fonctionnelle, gestion...

Et c'est là que j'ai rencontré mon futur mari, Lowell. Américain arrivé au Nigeria à l'âge de 8 ans, avec ses parents et ses deux frères. Les parents voulaient un avenir meilleur pour leur 3 enfants -- meilleur salaire qu'au nord du Minnesota, à cette époque.

Quand j'ai commencé à sortir avec Lowell, il était en instance de séparation. Il avait été marié avec une Américaine et ça ne fonctionnait pas du tout. Il était sous le choc, parce que "Dans ma famille, on ne se sépare pas". Il avait honte, mais en même temps, il se sentait libéré.

Lui travaillait à Dakar comme directeur régional d'une ONG américaine et il gérait des projets agroforestiers et d'alphabétisation dans 12 pays d'Afrique de l'Ouest.

C'était un pro de l'Afrique et il la connaissait mieux que quiconque. Il avait passé 8 ans au Nigeria, 1 an au Kénya, 3 ans au Congo-Kinshasa, 2 ans au Niger, et quand je l'ai rencontré, il était rendu à 10ème année au Sénégal. Ça me plaisait énormément. Et comme il était brillant, avait une culture générale très poussée, j'ai été séduite assez rapidement.

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Voilà pour le début.

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Claudahoa le 27 avril 2012 à 07:20:28
BonjourCaroline,

Je viens de lire ton récit d'une passionnante en Afrique qui m'a permis de m'évader quelques instants sur ce continent qui m'a toujours fascinée.Je comprends qu'une vie aussi intense avec un deuil éprouvant t'oblige à prendre soin de toi et accepter de t'accorder du temps pour cela.J'espère que ce récit t'auras permis d'avancer davantage.

Ces jours-ci j'ai du mal à écrire mais régulièrement je viens tous vous retrouver car je me sens isolée dans mon deuil,mon compagnon ayant depuis longtemps tourner la pagel,mes enfants ayant davantage besoin d'aide de ma part désormais ;ils m'ont énormément donné mais sont très meurtris.

Te souhaitant jour après jour plus de sérénité,je me permets de t'embrasser tendrement
Claudia
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 27 avril 2012 à 08:41:58
Bonjour Caroline,

Mais c’est un beau roman que tu nous livres là ! Nous voilà partis en Afrique en quelques lignes et pour ceux qui ont la chance d’y avoir mit les pieds, le sable qui s’infiltre partout, l’odeur forte et les doux parfums, le soleil écrasant…

Racontes Caroline, racontes et fais mieux, prends le temps d’écrire pour toi, cette vie qui t’a menée ici aujourd’hui, mets sur le papier ces souvenirs, ces anecdotes, délies, décris, fait sortir de tes tripes tes joies, tes peurs, tes bonheurs, l’Afrique et sa terrible attraction… Le voilà ton projet pour cette période de repos que, enfin, tu t’accordes. Le livre de ta vie, de votre vie, avec Lowell.
Racontes pour ta Lou aussi.

Et puis Suzy et toi, vous aurez surement des choses à vous dire.

Moi, j’attends la suite, si tu le veux…

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: suzy le 27 avril 2012 à 08:59:58
Oh oui Caroline! Ton histoire me passionne...Quand je lis les descriptions que tu fais de l'Afrique, sa pauvreté et à la fois sa chaleur, je m'y vois déjà...Je sais, en te lisant , que j'ai fait le bon choix... :)
C'est doux de te lire et de me dire que dans 2 mois et demi, c'est le grand départ pour moi...
Je t'embrasse et attend impatiemment la suite de ton histoire...
Suzy
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: elo73 le 27 avril 2012 à 11:20:17
J'ai hâte de lire la suite Caroline

Bises
Elodie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 27 avril 2012 à 12:58:43
Merci les filles.

Je vois que mon vrai gros deuil - et il y en a plusieurs - c'est l'idée que je me faisais de ma vie en Afrique,

Ce deuil n'est franchement pas passé.

Le fait que Lowell ne reviendra jamais, c'est intégré dans ma vie, dans mon corps, même si je vois bien que je pleure toujours son départ, la façon dont il a fini sa vie, son propre "suicide", disons qu'il l'a cherché son cancer et son accident et, même si mes rêves ne pouvaient pas concorder avec les siens, qui ont changés au cours de notre vie commune.

Cette Afrique-là, si vous saviez comme je l'ai racontée, comme je voudrais toujours en parler, toujours l'écrire. Elle me brûle les doigts et le reste. Je vois tous ces gens.

Tiens, hier j'ai été voir votre film fétiche du moment: Les intouchables. Et bien, le film était bon, mais ne m'a pas touché, en tout cas, jamais autant qu'on autre film, Monsieur Lazhar. Par contre, je ne cessais de voir dans les yeux de l'acteur sénégalais, Omar Sy, un ami, qui était en fait le chauffeur du projet, Mama Gaye. Son rire contagieux me manque, ses croyances, ses idées sur la religion, nos petits déjeuners dégueulasses, sur une table sale, des fourmis, des cafards partout... C'était un vrai de vrai ami (je garde toujours contact avec beaucoup de monde de là-bas).

Depuis 2007 je vis dans cette maison ordinaire de banlieue, avec une vie de banlieue, son petit jardin, une neige qui n'en fini plus, une société qui ne se touche pas, qui ne se parle pas. Qui vit dans son noyau fermé et je me sens vide de vie, surtout depuis que je sais que plus jamais je ne vivrai avec un compagnon qui "sait"  l'Afrique, pour partager cette vie, même si je retourne souvent là-bas.

Non, ça me met en colère.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 27 avril 2012 à 13:08:41
Qui sait Caroline, qui sait ?...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 27 avril 2012 à 21:38:28
Oui, PiMa, qui sait, qui sait.

En fait, je sais que mon processus doit avoir comme objectif de ne plus me voir comme victime. Que ce soit vrai ou pas.

J'ai un profil de "gagnante", de "forte" mais dans ma tête, je me sens agressée.

Par contre, certains faits sont là. Par exemple, à l'hôpital. On n'a pas reçu de bon soutien. ETK, à vous lire, je le vois bien. Quand on a entendu l'annonce du décès, dans le bureau du médecin, il n'y avait pas de mouchoir, que du papier brun dur pour la face. Lowell n'a rien dit (pour faire changement). Je suis allée dans le corridor et j'ai pleuré (très fort). Une infirmière en recherche est venue me dire qu'elle travaillait et que si je voulait avoir un peu d'intimité, je pouvais aller aux toilettes, pas trop loin. Après, on est partis, seuls, vidés, avec juste la mort dans nos mains.

Ou bien, 4 mois après le décès, quand j'ai demandé à mon médecin un arrêt de travail, je pleurais beaucoup, lui faisant ma liste de choses interminables à faire: aller aux États-Unis, au Sénégal, au Ghana, en République Dominicaine, faire le ménage, la bouffe, m'occuper des assurances en provenance d'Angleterre, le compte en banque de Belgique, celui des États-Unis, le livre de Lowell qu'il voulait tant finir, mon travail qui prenait toute la place, les déplacements pour le travail et ma petite de 7 ans, que j'avais sur les bras... bref, c'était trop.

Il a éclaté, me demandant de ne plus "contrôler". Il avait besoin de savoir quoi écrire pour que les assurances payent mon arrêt de travail. J'ai compris que  j'avais affaire à une personne incapable de juste dire: je t'écoute. En fait, il n'avait pas le temps. Au-Qc-les-docteurs-n'ont-pas-le-temps. Et ils nous le font sentir: y'a toujours des cas pire.

Juste lundi, ma nouvelle doc a commencé par me dire "Vous savez, au Qc, il n'y a pas des médecins et y'a beaucoup de cas de cancer"... c'est ça, comme si je ne le savais pas.

ETK. Comme vous voyez, je suis encore la pôvre victime et j'en ai marre.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 28 avril 2012 à 08:24:35
Bonjour Caroline,

8 :00 AM en France.
Je crois pouvoir dire que le processus de deuil, c’est aboutir à la conclusion que nous ne sommes pas/plus des victimes, soumis aux crises de larmes, aux envies de fuir, de tout abandonner, tournés vers le passé, écrasés par le présent. Une reprise en mains de notre vie, de notre présent et aussi, plus dur, de notre avenir.
Pour moi, c’est cela, en tout cas.
Mais cela ne peut pas se faire qu’en franchissant les étapes, une à une, pour les comprendre, les assimiler, revenir en arrière, recommencer…

Peu à peu, tu nous livres ta vie, enfin, quelques éléments et je comprends mieux pourquoi tu n’as pas pu prendre le temps de les franchir ces étapes.
L’essentiel, c’est que tu le prennes enfin, que tu laisses tomber pendant quelques semaines, mois ton profil de « gagnante », et que tu acceptes les faiblesses causées par le chagrin et la douleur, pour toi et pour Lou.

Alors, maintenant, doucement Caroline. Oublis le stress, l’impatience, si ton médecin ne te conviens pas, cherches en un autre.
Et puis, pourquoi ne pas reprendre le livre de Lowell ? Le finir à sa place ?

Allez, pose tout en vrac, et sans précipitation, remets de l’ordre et choisis ce qui te fait du bien, ce qui t’amène plus loin.

Bises, Caroline-toujours-sous-la-neige ?

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 29 avril 2012 à 05:26:28
Une chose importante pour ma part. Je parle du deuil de mon conjoint. C'est vrai, c'est là. Mais il y a aussi le deuil du reste: ma propre famille, un père et une mère qui n'ont pas été suffisamment satisfaisants, des frères et soeurs peu présents, puisque malades, et de ma part, des mauvais choix.

Alors, chère Marina, si
Citer
le processus de deuil, c’est aboutir à la conclusion que nous ne sommes pas/plus des victimes, soumis aux crises de larmes, aux envies de fuir, de tout abandonner, tournés vers le passé, écrasés par le présent. Une reprise en mains de notre vie, de notre présent et aussi, plus dur, de notre avenir.
alors, j'ai un sacré travail à faire.

Ce six mois ne sera pas de trop.

J'espère juste le prendre ce six mois. Je sais que mon patron, mes collègues espèrent que ça ne durera que quelques semaines. Mais je ne devrai pas écouter leurs appels.

---

J'ai peur de trop en mettre, ici. Je pourrai rédiger plein, plein de mes histoires. Mais je dois raconter qu'il y a quelques années, j'écrivais sur un site français (au sujet des ordinateurs) et je me suis faite rattraper par des gens, mais de façon assez violente. On ne rédige pas de la même manière qu'on soit en France ou au Québec. Bien sûr, ici, on est sur une autre planète: celle du deuil, et ça rassemble, au delà des différences culturelles.

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Marina, le livre de Lowell, je l'ai fait. Il a été publié en décembre passé. Ça faisait partie de cette liste sans fin.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 29 avril 2012 à 05:48:37
Yohann. Que de sagesse. Ton expérience est évidemment présente et tes mots, bien ciblés.

Citer
En regardant en face ce qu'il faut faire et dont tu as conscience : lâcher !

Lâcher quoi... c'est la question à laquelle je dois réfléchir.

Citer
Car, lorsqu'on arrive à une harmonie entre ce que l'on est et ce que les autres voient de nous, apparaît une sérénité et surtout une paix interne, comme un peu ce qu'on ressent dans l'inverse du mensonge.

Je suis à des Univers de là. Je n'ai atteint aucune sérénité parce que oui, il y a mensonge.

À +

Caroline xx
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 29 avril 2012 à 06:23:33
Bonjour Caroline,

Ouille, ouille, ouille… Oui, tout doucement, tu livres des petits bouts de ta vie et, c’est vrai que cela ne parait pas simple. Tu as vraiment bien fait de faire cette pause, pour remettre de l’ordre dans ta tête, ma belle. Le travail t’a permis sans doute de surmonter beaucoup de choses et de montrer ta valeur, mais il a aussi étouffé les difficultés et n’a pas résolu les problèmes. Tu n’as plus rien à prouver aux autres, tu dois te retrouver, toi.

Ch. Fauré l’écrit clairement, et même si son livre n’est pas une Bible, je le constate ici, un deuil douloureux fait resurgir toutes les autres douleurs que l’on garde tapies au fond de soi et qui reviennent soudain, se cumulent au deuil et … explosent.
On va éviter l’explosion au Qc !

La priorité et le but ultime, c’est toi et ta Lou.
Ces 6 mois, il ne faut pas lâcher et retourner au bureau, ou prendre des dossiers à la maison, pour dépanner ou rendre service.
Je sais que cela fait du bien de sentir que l’on a besoin de nous. Je sais aussi que reprendre un peu du service, c’est un petit sparadrap sur une vilaine plaie.   
C’est si difficile de mettre à jour tous les blocages, de trouver les clefs qui ouvrent toutes les portes, une à une. Maintenant, tu as du temps pour cela. Du temps pour toi.

Plusieurs d’entre nous ont émis l’idée que « des personnes mal-intentionnées » pourraient profiter de ce forum. Je ne vois pas bien pour quoi, mais tu sembles aussi inquiète. Mais comme tu le dis aussi, ici, nous sommes sur une autre planète.
Alors, besoin d’écrire, envie d’écrire, besoin de réponses… c’est encore ici que je me sens le mieux.

Allez Caroline, en route vers la sérénité, tu as déjà ouvert cette porte là, et envie d’avancer. Et si nous pouvons t’aider…

Je t’embrasse.

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 29 avril 2012 à 18:52:17
Bonjour Marina,

Non, je n'ai pas peur de personnes mal intentionnées, ça ne me dérange pas trop que des individus perdent leur temps à prendre une autre identité, qui sait, ils ont aussi besoin d'avancer dans cette voie. De toute façon, ici, si les mots sont méchants, ces individus vont se faire retourner assez rapidement. En fait, je parlais d'un vécu sur un forum de discussion d'un certain type d'ordinateur et les "gars" étaient assez durs. À l’époque, ça  m’avait vraiment blessé. Et là bas, c'était quelques chose de bien: frapper pour mieux contrôler, on voit ça souvent sur le net.

Merci pour ton soutien, il me reste encore, ce soir, à rédiger un Plan de travail annuel. Après, j'ai aussi une autre liste, la mienne...

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Je viens de me relire… On dirait une indigestion… c’est peut-être trop. Je suis désolée si ça paraît lourd.... Ne me lisez pas si c’est « too much ».  Ça me fait du bien de l’écrire.

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J'ai vécu cette belle Afrique décrite par Suzie, celle généreuse, mais j'ai surtout ressentie l'autre, celle qui fait que je ne pouvais plus y rester.

De cette époque, celle du Ghana, qui a duré 2 ans, je suis soulagée d'en être partie. De l’avis de Lowell et moi, il était préférable que nous (Lou et moi) partions de ce milieu. Lowell y est resté 1 an de plus.  Et moi, je suis revenue vivre à Québec, dans cette maison de banlieue. Un gros choc de retour. Une autre histoire.

Il faut le dire : Kintampo est très pauvre. Pas le pire, mais pauvre à tous les niveaux, sauf celui de la chaleur humaine.

Et encore. Chaleur humaine à travers les filtres de l’immense différence qui existera toujours, entre des Occidentaux scolarisés et de loin plus riches et des Africains très, trop pauvres. Quand on ne mange des protéines animales qu'une fois par 2 ou 3 mois, il y a des conséquences désastreuses sur le corps. Surtout celui des enfants.

Toujours désirer la connaissance de l’autre, avoir sa curiosité et partager le quotidien est certainement ce qui motive le plus des étrangers lorsqu’ils entreprennent la découverte d’un nouveau monde. Mais ça ne dure qu’une période. Le quotidien rattrape un jour ou l'autre. Surtout avec un "visage pâle" de 4 ans et demi, qui se prend pour une petite reine, devant des enfants qui feraient tout pour avoir accès à quelques jouets et rencontrer le Blanc.

Ne plus avoir d’intimité, être toujours examinée, perdre le goût de se promener, puisque le regard de l’autre est omniprésent, voire agressant – et "ce" regard est multiplié de nombreuses fois. « Qu’est-ce que je fais là », les deux pieds dans le sable brûlant et la crotte de chèvre, en direction du  marché public. Ne plus prendre une petite marche sympa, parce qu'il peut y avoir un jet de pierre qui m’arrive dessus. Les enfants trouvent ça drôle. Préparer à manger dans une cuisine cuisante, remplie de sable, de fourmis, durant au moins 4 ou 5 heures par jour, pour que ce soit mangeable, pour être sûr que personne ne tombe malade. Se laver les mains au minimum 10 fois par jour, s'assurer que le filtre à eau est toujours en fonction, expliquer à Dorkas, l'aide de la maison, pourquoi l'eau du robinet est dangereuse, et lui prouver par la rouille restée sur le filtre à eau.

Manquer de courant 1 jour sur 3. S’asperger d’un spray contre les moustiques, tous les soirs. Installer des spirales contres les moustiques dehors, après 17H30.  

Vérifier chaque jour si le cadenas du puits est bien barré. Vivre avec un puits  m'a fait terriblement peur. Avec une Lou curieuse de tout. Elle a déjà été à un pas de tomber dans un puits à 18 mois, sur la Petite Côte, au Sénégal, dans une pépinière. J’en tremble toujours. Et si notre puits était bien cadenassé, celui des autres ne l'était pas - tous les voisins en ont et la Lou se promenait souvent librement.

J'avais peur de beaucoup de choses, surtout à la fin. Pourtant, j'étais en Afrique depuis 17 ans et j'en avais vu d'autres. Mais il y avait cette petite de 4 ans, qui elle, n'avait peur de rien.  Et un mari qui perdait la tête.

Lowell s'enfonçait dans sa réelle obsession du Moringa (un arbre, qui de par son feuillage, est exceptionnellement nutritif, la raison de notre présence au Ghana). J'étais seule très souvent, avec Lou et ses petits amis ghanéens. ET Lowell, qui se levait à midi, des fois plus tard… Je le voyais faire et j'étais tellement mais tellement découragée! Il prenait des pilules très fortes, contre l'épilepsie, suite à son accident de scooter à Dakar, en 2003 qui avait bien failli lui causer la mort. J’avais passé un mois en France, avec Lou de 9 mois. Lowell était  soigné à l’hôpital américain de Paris. IL était dans un coma provoqué. Un de ses poumons avait été blaste et il avait eu un traumatisme crânien.

Il s’en est remis, mais avec des séquelles mentales moyennes.

Et il buvait toujours ses 8 bières par soir... il parlait de moins en moins. Je crois qu’il était déjà dans une détresse intérieure terrible.

Finalement, j'ai décidé de partir en septembre 2007, à la fin de la lecture d'un livre intitulé  "Les yeux dans les arbres" de Barbra Kingsolver. Lowell m’avait offert ce livre après 4 ans de mariage, alors qu’on vivait encore à Dakar. Il l’avait commandé via ma sœur, qui vivait au Québec. C’est l’histoire d’une famille américaine vivant en Congo belge durant les années '50-’60, au pire temps de Mobutu. Cette famille s'enfonçait pas mal plus que nous. Pourtant, j'aurais pu écrire la même chose, comme sur la présentation du livre, en changeant le nom de Nathan pour Lowell et Évangélisation par "Moringanisation". Lowell avait aussi été élevé par des Baptistes, au Nigeria en plus et il était à sa manière complètement inflexible et oui, le chaos était là. Au moins, il n’était pas un fanatique de la religion.

Citer
Nathan Price, pasteur baptiste américain  fanatique, entraîne sa famille dans les confins de Kinanga. Se sentant investi d’une mission divine impérieuse, il rêve d’évangéliser tous ceux qui croiseront sa route, de gré ou de force. Inflexible, rigide jusqu’à l’idiotie, il est celui par qui naît le chaos.

Quand il est mort au Québec en avril 2010, notre maison de Kintampo était remplie de tous nos effets – de l’atelier avec outils, aux décorations africaines datant des années ’80, tout notre linge, quelques jouets, ses livres, ses rapports, les outils pour le Moringa, son auto, notre cuisine, le frigo, la cuisinière, un salon complet, deux chambres…  et il a fallu, 9 mois après son décès, que je la vide. J'avais une mission à faire au Congo et en même temps, j'ai été, seule, à Kintampo. Quatre jours à réfléchir, à regarder notre vie finie, nos espoirs, les siens surtout. Les enfants qui sont revenus me voir.

C'était dur, mais dur!

À mon retour, seule, à Kintampo, j’ai demandé à Dorkas -- une jeune femme qui travaillait pour Lowell depuis des années. Elle est restée un an et demi, seule, dans notre maison, pendant que Lowell se mourrait au Québec – Donc, je lui ai demandé m’accompagner dans la « vidage de maison ». J'ai trouvé des vieilles lettres de Lowell, toutes ses lettres d'amour, datant de 1988. Plusieurs femmes, dont sa première épouse lui écrivaient avec passion. Je les ai lues, pas toutes, il y en avait trop. Et j'ai décidé de les garder. Pour Laure, pour qu’elle les lise lorsqu’elle serait une grande. Qu’elle connaisse son papa. Sa vie en Afrique. Son amour de l’Afrique. Lowell aimait plus l’Afrique que sa propre famille.

Je les ai donc traînées dans une valise rouge, jusqu'au Congo, parce que j’avais une mission à faire là-bas, après celle de Kintampo. Durant notre retour du Bas Congo, vers Kinshasa, quelqu'un, sur la route, a piqué la valise où j'avais sélectionné quelques souvenirs, une excellente bouteille de Bordeaux et... les lettres d'amour de Lowell.

J’ai un peu pleuré. Tout ça pour ça…

Quel pied de nez. Lowell aurait détesté que je garde ses lettres. Je le connais. S’il était capable de me voir faire, il devait jubiler, prenant la main du voleur pour l’aider. Lou ne les lira jamais et ne connaîtra jamais le Lowell de cette époque.

Hey, Lo, tu dois être content, d’en haut, je t’entend rigoler, tranquillement.

---

Maintenant, je retourne en Afrique pour des raisons professionnelles, deux semaines par voyage, 2 ou 3 fois par an. Mais avec des objectifs précis, qui ne sont pas toujours atteints. On travaille pour la formation professionnelle et universitaire et ça devrait me donner une magnifique énergie, mais je n'y vois que le cynisme de l'exercice: tant d'argent dépensé pour si peu... alors qu'il manque le minimum à la majorité de la population. Je me dis qu'au moins, par cet argent provenant des poches des Occidentaux, il y aura un peu plus de diplômés, ce qui est heureusement vrai. On vient de sortir 8 diplômés ingénieurs techniciens forestiers en RDC, et ça n'était pas arrivé depuis 25 ans.

Bon, désolée de toutes ces histoires rocambolesques et toutes mélangées. J'ai encore un gros ménage à faire.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 29 avril 2012 à 19:32:54
Caroline,

J’ai aimé te lire, raconter et j’ai senti aussi que cela te faisait du bien. Non ? Enfin, surement du mal, avant tout et puis, un peu de soulagement après.
C’est une vie extraordinaire que tu nous livres ici !

Je connais un tout petit petit peu l’Afrique. Celle des touristes uniquement, alors que mes deux parents sont de grands amoureux de ces pays terribles de charmes et de répulsion. Ils en parlent souvent. Je comprends bien ce que tu as pu vivre et je suis très admirative que tu ais tenu le coup pour ton Lowell.
Oui, ton Lowell. Passionné et absent, passionnant et égoïste (pardonnes moi), unique et invivable (pardonnes moi encore), magnifique et détestable, si entier et si absent, à l’image de cette Afrique qui l’a complètement possédé. Je suppose que son livre parlait de cet arbre, le moringa, « The Miracle Tree (Wikipédia) ?
Quant aux lettres reçues par Lowell… tu as raison, il a dû guider la main du voleur ! Pas de regret. Jamais de regret. Sentiment stérile et tellement déstabilisant.
Si tu veux que Laure sache qui est son père, alors, reprend ta plume et tes pages blanches et raconte, relate, décris…

Non, Caroline, ton récit n’a rien d’indigeste, comme le puzzle dont parle Yohann, les pièces se mettent en place et j’ai la sensation que c’est la première étape importante pour toi sur ce chemin.

Je sais que cela ne doit pas être facile de transcrire ici quelques bribes de ta vie, et j’y ai lu des choses graves et sombres, une histoire vraie et de beaux souvenirs aussi.
Non, pas « too much ». Et je ne suis pas opposée à ce que tu reprennes et continue ton histoire.

Alors, faisons ton « gros ménage » ensemble. Je suis partante !

 :-*

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: elo73 le 29 avril 2012 à 20:06:03
Bonjour Caroline,

Non ton message n'est pas "too much", ni ton histoire, un peu décousue certe mais l'émotion fait que la cohérence n'est pas toujours au rendez-vous et tout le monde ici peut bien le comprendre.

Tu as eu une vie passionante mais difficile, l'amour n'est pas toujours un long fleuve tranquille c'est même souvent plein de hauts et de bas. On tentes de faire les bons choix, on aime à s'en perdre. Bref, on fait de son mieux et oui on est pas dans un dysney la preuve.

Alors continue à te raconter, à vous raconter, à te délivrer....

Je t'embrasse
Elodie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Chris-ka le 29 avril 2012 à 21:52:31
Caroline,

J'ai aimé lire ton histoire, m'y suis perdue de temps en temps ....

Tu as bien fait de nous la faire partager.

Amicalement,
Karine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 29 avril 2012 à 22:42:35
Merci Karine, Élodie, Marina. Oui, un peu décousu, ça sort comme ça, tout mélangé.

Marina, j'aime bien les rapports d'opposition que tu fais de Lowell, c'est bien ça.

Tout et rien.

Je me souviens, quand son frère aîné a su qu'il allait mourir du cancer du poumon, il a dit qu'il le trouvait horriblement égoïste: il n'avait pas pensé à sa famille qui allait souffrir de ses choix sans penser aux conséquences. David était son frère préféré et la peine qu'il a vécu est peut-être plus terrible que la mienne. Son frère, c'était son alter égo.


Oui Marina, c'est bien son livre, il y a deux éditions, une de 1996 et l'autre de 2001. Durant un an et plus, il a travaillé à rédiger la troisième édition - et avec l'aide de chercheurs, soit celle de 2010. Je crois qu'il avait fini, mais je n'ai jamais trouvé tous les chapitres dans son ordinateur.

Lowell ne me parlait pas de ce qu'il faisait. Et pourtant... je suis dans le domain "et même plus", expérience en l'environnement sahélien, en  agroforesteire et pourtant...  il ne me parlait pas de ce qu'il faisait. Ou si peu.....

Le livre. Alors, comme il avait déjà payé la maison d'édition 1200$ environ - la dernière version devait être publiée à compte d'auteur, j'ai demandé à son frère (l'autre) de retranscrire ses lettre du temps où il vivait à Kamina, au Zaïre, durant 3 ans. En 1986. Ça donné le livre que j'ai sorti un an et demi après son décès, en décembre passé, en anglais, publié sous son nom. Pas pire: mon mari est décédé depuis plus d'un an et il sort un livre!

On parle de livre, mais à la base, il y a surtout une idée: trouver une solution à la malnutrition en Afrique. Et Lowell l'avait trouvée.

Bien sûr, en partie. Mais son idée était assez efficace. Et ça, Lowell le savait.

---

J'étais très fière d'avoir fait ce livre, parce que ça m'a pris tout mon petit "change" (monnaie) et que même si je n'avais en main que 10 livres - je n'en aurai pas plus, à cause des photos couleurs, il est trop cher et invendable - j'ai pu le distribuer à sa famille, en Arizona, durant le Noël dernier.

Bah, oui, c'est trop. Trop lourd comme histoire. Bien sûr, il y a "pire", mais je crois que mon petit corps ne pouvait pas en prendre plus. Surtout que peu de monde sont au courant de tout ça. J'ai mis quelques éléments sur un blogue, durant mon voyage à Kintampo, et ça m'a aussi fait du bien. Mais comme c'était archi publique, je ne mettais que les bons côtés de toute l'histoire. Rien ne démontrant qu'on était dans un cul de sac.

Mais me connaissant, je sais qu'il faut que je redonne cette information, ces images, cette histoire.

Merci encore à vous,

Amitiés, Caroline

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 29 avril 2012 à 22:44:26
Yohann, on posté en même temps.

Citer
l'expression des émotions étant la clé de la sérénité à venir

Je retiens cela, merci, Yohann

Caro
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Claudahoa le 30 avril 2012 à 09:20:07
Bonjour Caroline,

Je te lis et je tenais à te remercier de nous faire partager une vie si riche et aventureuse qui cependant ne t'a pas épargnée!
Je me permets de te conseiller de t'accorder tout le temps nécessaire pour te reconstruire et profiter de ta petite Lou,tu le mérites bien.Cette vie terrestre,loin d'être un long fleuve tranquille ne fait aucun cadeau "gratuit",heureux ceux qui la vivent paisiblement ils ne savent pas leur bonheur!Mais le bonheur ne le saisit-on pas quand il s'envole?Quel mot employé pour ce courage qui a été le tien au cours d'une vie pas toujours facile!J'ai vécu avec deux hommes alcooliques,que de souffrance pour mes enfants et moi-même!Que de gâchis pour des hommes brillants ou qui auraient pu l'être...
Je n'arrive plus à écrire ,trop de douleur remonte...
Tendrement
Claudia
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: marité bert le 01 mai 2012 à 21:55:58
bonjour ,
je m'appelle marie therese je vient de perdre mon marie le 16 avril d,un cancer des cordes vocales qui c,est généralisé il est parti en
trois semaine et je n'arrive pas a le croire il me hante je le vois partout je ne crois pas ce qui m'arrive je pleure toute la journée j'ai
envie de hurler de cogner de tous casser il me manque il me manque tellement je ne sais si je peux continuer sans lui il etait tellement
vivant présent malgres nos nombreuses disputes il me manque tout le temps a chaque instant qui passe a chaque moment ...
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 02 mai 2012 à 00:48:56
Bonjour Marité, ta souffrance est vive et ton corps est en réel manque: cet homme a vécu à tes côtés toutes ces années, et aujourd'hui, tu te retrouves seule (?) à la maison?

Viens nous parler. Comment vas-tu aujourd'hui? Qu'as tu fait? Épicerie, repas?

As-tu appelé quelqu'un?

Penses-tu voir un psychologue pour t'aider à passer cette épreuve ou tu connais une personnes remplie de compassion qui saura t'écouter avec amour?

Reviens nous voir.

Amitiés,

Caroline
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: alsy le 02 mai 2012 à 13:45:28

"Ne leur en veut pas. Eux et nous ne vivons plus ni sur la même planète, ni dans la même échelle de temps "!
Nous ne sommes plus sur la même planète.....ces personnes ... ces gens ... qui s'inquiètent parce qu'ils n'ont pas le moral.... à cause du temps !!!!   je viens d'entendre cela... au bureau !
ils ne se rendent même pas compte des bêtises qu'ils peuvent dire ....  :'(
SI  il y a des moments je leur en veux.... ils ont le bonheur d'être à deux... ils ne s'en rendent même  pas compte !!!!!!!
il vaut mieux entendre cela ... que d'être sourd !  :-\
ils ne voient pas les petits bonheurs........
ah oui c'est vrai ils sont sur une autre planète... ou c'est nous qui vivons sur une autre galaxie .....des Amours perdus ???????? ???l
MAIS ça fait SI MAL .......
 >:(


Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Caroline3 le 02 mai 2012 à 15:04:57
Bonjour Yohann,

Merci pour tes mots, si bien structurés. C'est émouvant de comprendre tout cela, et en même temps, de te lire, au sujet de ta recherche de la lueur, qui t'aidera à vivre en paix, dans une douce et simple joie.

Passe une bien belle journée,

Caroline xx
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 02 mai 2012 à 18:11:59
Yohann, je crois pouvoir dire sans que quiconque ne s’y oppose, que tu es un exemple pour nous.
Comme Pascale, mais d’une autre manière.
Et ces forces que vous avez l’un et l’autre sont de puissants aimants pour nous, pour aller vers l’avant (je ne peux pas encore dire vers l’avenir).

Oui, Pascale la Louve, et son courage, son énergie, son obstination, avec sa force, sa volonté, son cœur et sa tendresse, avec sa violence, et son p’tit fantôme…
Toi, avec le même courage, la même énergie, la même obstination, la même volonté, mais menés par un autre carburant, la lecture, la réflexion, l’analyse, la pugnacité, et ta Monique…

Je sais bien que tout cela n’ôte pas une once de chagrin, je sais bien que le désespoir est aussi insupportable, qu’il y a autant de larmes versées, et de nuits blanches. Mais je sais aussi que cet instinct de survie est une belle et grande leçon.

22 mois.
Je survis, oui.
Donc, on y arrive.
Mais je suis sur mes gardes, car le deuil est un animal sauvage, que l’on apprivoise tout doucement, en acceptant sa violence, sa domination, sa cruauté et peu à peu, il s’adoucit, se calme, se fait presque oublier et on l’entendrait même ronronner… Et soudain, un instant de faiblesse et la bête vous saute dessus et vous mord cruellement.

Connaitre son ennemi, pour mieux le dominer.
Et ne pas baisser les bras.
Nous sommes dépositaires de l’Amour qu’ils nous ont laissé.
Et nous avons encore plein de belles choses à faire.

 :-*

Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 22 novembre 2012 à 08:32:15
Alors Gérard,

Racontes nous ton histoire...
Oui, cela fait remonter émotions, souvenirs, larmes, mais cela fait aussi beaucoup, beaucoup de bien.

 :-*
Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: lilas52 le 22 novembre 2012 à 09:02:44
Bonjour,
tu as bien fait Gérard, les posts de nos ami(e)s me font comprendre peut être mieux qu'une psy le cheminement du deuil. 
LYDIA
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: clara le 23 novembre 2012 à 14:42:16
ce fil est beau, mais qu'est ce qu'il est dur ! je pleure à chaque fois...  :-\  :'(
Claire
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: clara le 24 novembre 2012 à 00:30:05
ce message correspond aux deux fils ..."trouver un peu de réconfort" et puis racontons notre histoire...
je l'ai surtout écrit en réponse à Géraldine, mais bon je pense qu'il a sa place ici aussi

c'est la 1ere fois que j'écris ça : sa mort

est ce signe que j'avance ?




je vais être obligée de raconter mon histoire (glurp's)

alors voilà :

mercredi 11 janvier 2012 à 12h30, mon mari (après avoir planté son rosier et appelé ses parents ...) me dit qu'il va chercher les filles (nos jumelles) à l'arrêt de car (on vit , vivait bref je ne sais plus ... en province)

le car est censé arriver à 12h35 et le trajet dure 5mn à peine en voiture... Je continue de préparer le repas (on recommence à 13h30 tous les 2 on travaille ensemble)

je ne sais même plus quel temps employer alors je choisis le présent car l'imparfait me semble si ... imparfait

bref, j'écoute la radio (nostalgie pour ne pas la citer ... on adorait chanter ensemble des vieux tubes)

et puis le temps passe ... je commence à me poser des questions et surtout à rager contre les cars scolaires toujours en retard .Et puis, l'inquiétude, je regarde l'heure, il est (je ne sais plus exactement) 13h50 et là comme un grand stress, j'ouvre la fenêtre de la cuisine (j'habite à la campagne, une vieille maison de plein pied) et je vois une de mes filles arriver à vélo ... je lui demande ce qu'elle fait et me réponds qu'elle range son vélo (je me dis "elle a du se faire engueuler par son père parce que ce vélo trainait encore) je pense voir arriver la voiture et voilà l'autre qui pointe le bout de son nez  à pied et je leur demande (et là tout va très vite, c'est presque de l'instantané)
 mais ? vous n'avez pas croisé papa ?
non ... et l'une d'elle me réponds : mais il est là, dans le garage en train d'écouter la musique dans la voiture ...
je me dis (dans une dynamique de vie) tiens, il a du attendre à l'arrêt de bus et puis comme il n'était pas très patient il a du revenir ... et en même temps je demande à ma fille (et le problème c'est que je suis incapable de savoir à laquelle des deux j'ai demandé)
va voir
et au moment où je prononce ces mots, je cours, je cours mais trop tard, elles l'ont vu en première et me crient "maman il fait un malaise, appelle les secours". Elles ont 12 ans et 2 mois
j'arrive, mon mari est dans la voiture,le contact allumé et au fond de moi, je sais qu'il est déjà mort.
Pourtant et là, c'est un peu le "black out" j'appelle les secours, il y a un problème de téléphone qui ne porte pas jusqu'au garage, mon portable est introuvable, et toutes les trois ,on essaie d'une part de "réveiller" mon grand Jo et d'autre part d'appeler les secours en expliquant à je ne sais combien de personnes différentes que mon mari fait un malaise cardiaque et qu'il faut venir au plus vite...

bref, le médecin régulateur a fait envoyer les pompiers, alors qu'il fallait le SMUR mais je sais au plus profond de moi que lorsque je l'ai vu, il était déjà parti pour d'autre contrée ...

ils n'ont bien sûr rien pu faire pour lui, et nous ont fait attendre (ma mère, mes filles et moi) 45mn avant de nous annoncer le verdict fatal.

il parait que c'est le temps "convenu" pour que la famille accepte.

Ensuite ... j'ai deux autres grands enfants ... un qui était interne et l'autre en contrat de professionnalisation.
tous deux à 1h de la maison
Comment faire pour les "rapatrier" pour ne pas leur annoncer ça au téléphone ?

une de mes voisines est allé chercher mon fils à l'internat (je lui avais dit papa a fait un malaise cardiaque)
et j'ai eu la chance que ma sœur soit en vacances dans la même ville que ma fille ainée : c'est elle qui me l'a ramenée (sans savoir non plus qu'il était mort)

Alors Géraldine, tu dois te demander pourquoi je te raconte tout ça ?

hé bien voilà :nous ne sommes plus que cinq maintenant dans cette famille et un soir, j'ai réuni les deux ainés et puis je leur ai dit : allez, maintenant à vous ... moi, je vous ai menti pour la 1ere fois de ma vie mais vous ? qu'avez vous ressenti ?

Au début, ils ont hésité , puis très vite, tout est remonté, l'angoisse, la colère, la peur, le manque, le désespoir ... et nous avons pleuré ensemble

puis ensuite, j'ai parlé avec les jumelles de la même façon, elles, en plus de la mort de leur père, elles ont eu le traumatisme de le découvrir (avant moi... et moi, c'est la culpabilité)  Indéci

et enfin, nous avons réussi à en parler tous les cinq, avec beaucoup d'émotions certes mais avec l'impression d'être redevenu une famille même sans lui.

 
Si tu ne pleures pas devant tes enfants, ils ne s'autoriseront pas à pleurer

Si tu n'évoques pas avec eux ce que tu as ressenti à l'annonce de la mort de ton mari, ils ne pourront pas le faire

Et oui, encore une fois, nous sommes le moteur de la famille, et même si c'est douloureux, il faut en passer par là.

je n'ai pas la science infuse, mais je pense que je ne me trompe pas trop...

Arrêtons la pudeur mal placée, appelons un chat un chat et la mort la mort ...

ensuite,et seulement ensuite, on peut l'accepter ...

J'espère ne pas avoir été trop dur ni trop moralisatrice... si c'est le cas,je m'en excuse d'avance

Claire
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: lilas52 le 24 novembre 2012 à 02:50:56
Bonsoir,
 Marina nous avons vécus la même fin tragique de l'être aimé, ce coma hépatique, les piqures de morphine.
 Quand mon mari est parti nous étions avec mes 2 fils à ses côtés à l'hôpital. Mon fils ainé  nous a pris dans ses bras son frère et moi, et là enlacés tous les trois nous avons pleuré. Je suis heureuse de ce geste protecteur qu'il a eu envers nous.
Je pense comme toi  Claire que d'écrire TON histoire c'est déjà une grande avancée.
LYDIA
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: mirele le 24 novembre 2012 à 19:43:07
Bonsoir à tous,
Nouvelle sur ce forum, nouvelle endeuillée (cela fera 2 mois demain), conjointe illégitime dans une relation qui n'a duré que 6 petits mois, j'aimerais aussi raconter mon histoire. Seulement je ne veux choquer personne et j'ai scrupule à exposer mon désespoir face à vos amours légitimes et qui ont duré...si longtemps...des années d'amour, de tendresse, de complicité, des projets partagés... alors que j'en ai eu si peu. notre histoire fut si courte !!!

mais je vous promets que je l'aimais et qu'il m'aimait.

Puis-je nous raconter ici ?

Mirele
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Marina Saboya le 24 novembre 2012 à 20:27:47
Oh, Mirele, comment peux tu te poser la question ???

Bien sûr que tu peux écrire ton histoire.
Ces histoires d'amour et de douleur méritent toutes une place parmi nous, qu'elles aient duré un jour, un mois, un an ou bien plus.

Nous ne portons aucune jugement, et c'est bien le plus doux dans ce forum.
Personne ne sera choquer, pourquoi choquer ???
Pourquoi des scrupules ???
Ton désespoir est le même que le notre.
Et cela te fera peut-être du bien et nous partagerons ton émotion en même temps que ta vie.

A te lire, Mirele.

 :-*
Marina
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Chris-ka le 24 novembre 2012 à 20:31:07
Mirele,

Quelles que soient nos histoires, nos âges, la durée de notre relation ... Ce qui nous réunit ici est L'AMOUR ...

Nous avons tous et toutes perdu ici notre âme sœur, la personne que nous aimions le plus au monde, alors oui, bien entendu, tu peux nous raconter votre histoire d'amour, ton homme  ...

Alors, racontes nous ...

Je t'embrasse
Karine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: moune le 25 novembre 2012 à 19:36:24
 notre histoire : on s est rencontre  en aout 1980 on ne s est plus quitter ca tout de suite etait tres fort avril 1981 notre mariage  1982 naisssance  de notre fille  /1986 naissance de notre fils tout va bien pour nous on mene notre vie dans un petit village dans la maison familiale de mon mari qui la garder  .E n 2007  nottre fille a de belles jumelles qui nous rend tres heureux  notre fils  mars 2012 une belle petite fille.J e travaille chez moi je suis assmt  mon mari  a pu beneficier   un depart anticipe  en 2008 a 53 ans que du bonheur on peut profiter   l un de l autre. 24 avril 2011 on fete nos 30 ans de mariage 2 semaines plus tard  bruno etait hospitalise   et la notre vie a basculer  il ne peut plus marcher , tumeur qui lui comprime la moele epiniere, on l opere le 6 mai 2011  on lui cimente la colonne , il porte un corset apres l operation, il faut qu il reaprenne a marcher, en fait il a un cancer aux poumons avec metastases osseuses apres 11 semaines d hospitalisation il rentre a la maison  s en suit chimio, kine  il faut mettre se corset , il est tres diminue ne peut plus rien faire tout seul, s habiller ect  petit a petit il va un peu mieux   il remarche avec des bequilles  .  fevrier 2012 de nouvelles douleurs au ventre  dans la colonne,  une recidive et la tout va aller tres vite , bientot il  ne pourra plus marcher encore une fois , plus se deplacer, plus manger ,  ces douleurs sont insupportables ,  la morphine le calme un peu  mais il faut  toujours augmenter les doses   le  21 juillet   il est tres mal semi conscient , tres tres douleureux le 22 juillet il s enfonce petit a petit  le 23 juillet  notre fils a 26 ans et son papa est en train de mourir .B runo souffre de plus en plus , je  m approche du lit et je lui dit qu il peut partir ,  cette souffrance c est intolerable, je lui dit qu on l aime et  qu il peut s en aller . 1 heure  apres on est tous les 2 main dans la main, il serre ma main , un dernier soupir, un dernier souffle et puis c est fini. On est le lundi 23 juillet  notre fils doit se marier le  samedi 28 juillet.   voila  notre histoire  nicole (moune)
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: mirele le 25 novembre 2012 à 20:11:19
Yohann, Karine, Marina !

Un grand merci de votre écoute, de vos encouragements. Oui, je vais le raconter, mon homme. en fait j'avais déjà commencé cet après midi. Et suite à une fausse manoeuvre, mon message s'est effacé. Je vais recommencer dans un fichier texte que je sauvegarderai.

Mon homme s'est tué il y aura deux mois dans une heure et trente minutes. Il y a deux mois à cette heure-ci, j'étais au téléphone avec lui, pendant deux heures j'ai essayé de le retenir, de le dissuader... Je l'ai supplié, supplié, j'ai pleuré, tempêté. Je l'ai assuré et ré-assuré de mon amour,

Il pleurait et criait dans le téléphone : "Ma chérie, ma chérie, ma chérie ! Je t'aime, je t'aime, je t'aime ! Je pars, je pars, je pars !"
Et puis la ligne a été coupée...

J'entendrai ces cris toute ma vie, les sanglots dans sa voix.

Ce soir est un bien triste soir. Je vais l'occuper en racontant ...

A bientôt, mes compagnons de douleur, je ne suis pas assez libre d'esprit pour vous parler plus longtemps,

Je vais écrire et je posterai ensuite,

Muriel
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: lilas52 le 25 novembre 2012 à 20:20:12
L'amour ne se compte pas en année ni en expérience.
Mirele vous vous aimiez et c'est tout.
Bon courage
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Chris-ka le 25 novembre 2012 à 21:16:23
Nicole,

J'ai toujours mal en lisant la souffrance, la diminution physique, cause d'une maladie, la plupart du temps ce foutu cancer, car personne ne mérite de partir comme ça ...

Même si nous n'avons pas eu le temps de nous dire au-revoir, même s'il était trop jeune, même s'il ne verra pas grandir ses enfants, la seule consolation à laquelle je puisse me raccrocher aujourd'hui est qu'il n'a pas souffert ...

Alors, ce soir, je pense à vous tous qui avez accompagnés, soutenus, supportés, soufferts avec eux ...

Je t'embrasse
Karine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Corail le 25 novembre 2012 à 21:30:44
Bonsoir,
Je vous lis depuis hier ou avant-hier et je viendrai poster ici, pour raconter également mon histoire, notre histoire.
Pour l'instant, et comme depuis plus de 3 mois, je n'arrive pas à me poser et me/nous raconter alors que c'est qq chose qui me tient à cœur et que j'en ressens le besoin depuis sa mort.
Je pense que ce forum me permettra de me lancer et qu'ensuite, je pourrai enfin prendre le clavier pour raconter tout ça à ma fille.
A très vite, Virginie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: mirele le 25 novembre 2012 à 22:15:18
RECIT DU 25/09/2012



Il y a exactement deux mois moins une heure et 7 minutes, mon amour était déclaré mort au bas de son immeuble.

d'abord, vous devez savoir qu'il était marié à une femme malade de sclérose en plaque depuis 12 ans. Il s'en occupait seul à leur domicile,il refusait toue aide médicale et toute idée d'hospitalisation. Quand je l'ai rencontré, il y a un an, sa femme était déjà grabataire et invalide depuis plusieurs années. Depuis quelques mois, elle ne parlait plus, ne voyait plus. Il ne savait même pas si elle le reconnaissait, si elle était encore consciente de sa présence à lui. Il croyait sa vie finie. Lorsqu'il rentrait chez lui, il affrontait la maladie, le désespoir, la solitude la plus atroce face à cette femme qu'il avait aimée et qui n'était même plus l'ombre de son amour.

Puis nous nous sommes rencontrés. Je savais qu'il ne l'abandonnerait jamais. On faisait des projets quand même. Nous savions qu'il se passerait des mois, des années, avant que nous puissions vivre ensemble. J'acceptais cette réalité, parce qu'elle faisait partie de mon Emmanuel et de la relation que nous avions.

J'écrirai plus tard notre amour, je raconterai l'homme merveilleux qu'il était. Mais ce soir, il y a deux mois exactement qu'il est mort, le 25 septembre et j'ai besoin de raconter sa mort atroce, horrible, absurde et par certains côtés tellement incompréhensible.

Le soir où il est mort ...

Tout a commencé à 19 heures 40 …

Je l'avais quitté vers 18 heures 30 devant le collège, Nous venions de co-animer notre premier cours ensemble et nous félicitions de notre succès. Nous avons traîné comme d'habitude avant de rentrer dans nos chez-nous respectifs.
 Projets pour le cours de la semaine suivante. Une dernière cigarette dans les rayons du soleil couchant, devant son scooter et au pied de ma voiture. Le lendemain nous devions manger ensemble à midi, et je lui ai demandé ce qu'il voulait manger. Il m'a répondu que même une boite de raviolis lui ferait plaisir, en ma compagnie. Il riait. Il a dit qu'il amenait les croissants du petit-déjeuner.
Il a eu l'air absent tout d'un coup, et il est parti très vite. Je savais qu'il angoissait de retrouver sa femme, qui poussait des râles inarticulés depuis trois jours.

J'ai fait un saut au supermarché, pour acheter un plat préparé pour le lendemain, et pour ce soir-là, j'ai pris un poulet rôti.

En arrivant à la maison, j'ai mis le poulet à réchauffer et j'ai dit aux enfants qu'on mangeait dans un quart d'heure. En attendant, j'ai voulu appeler ma maman. Il était 19 heures quarante, je m'en souviens parce que j'ai vérifié l'heure avant de téléphoner.

J'ai dû faire un faux numéro, parce qu'au lieu de ma mère, j'entends la voix d'Emmanuel . Surprise, je dis bêtement :
-- Emmanuel ? Ça va ?

Et il me répond d'une drôle de voix, une voix assourdie, que non. Je sens tout de suite qu'il y a quelque chose d'anormal. Il refuse de m'en dire plus. Je lui demande si je le dérange et il confirme.
Je lui propose alors de le rappeler dans un quart d'heure, le temps de manger vite fait et de passer un peu de temps avec mes enfants. Il me dit :
-- Dans un quart d'heure, je risque de ne pas répondre.
-- Alors je t'appelle dans une demi-heure.
-- Je ne répondrai pas non plus.
-- Bon, alors téléphone-moi quand tu en auras envie, s'il te plaît, je suis inquiète.
-- Je ne te téléphonerai pas ce soir, mais j'allais t'écrire, pour t'expliquer.

Je comprends alors qu'il veut rompre, mettre un terme à notre relation. Il en avait déjà parlé, plusieurs fois, mais comme d'une éventualité. Ce soir, je comprends que c'est sérieux et j'ai la voix qui tremble, mes larmes montent :
– OK, mais tu peux essayer de m'expliquer là, au téléphone, me laisse pas comme ça ...
Puis, après un silence, il dit :
-- Bon alors,tu veux bien laisser tes enfants manger tous seuls ? Je ne vais pas te prendre longtemps, j'en ai pour 5 minutes. Si tu ne me parles pas maintenant, tu ne me parleras jamais.

J'accepte, évidemment, persuadée que mon amour va rompre, que c'est notre dernière conversation. J'essaie d'être calme, de respirer, de ne pas le stresser davantage qu'il ne le semble déjà. Il prend une grande inspiration :
-- D'abord, Muriel, il faut que tu saches que je t'aime plus que tout au monde !
Je ris à travers mes larmes et déclare avec fougue :
-- Oh oui ! Ça, je le sais ! C'est la seule chose dont je sois vraiment certaine ! Je t'aime tant moi aussi.
Un silence, et puis :
-- Tu sais, je t'ai menti, un peu … Pour Teresa, je ne t'ai pas tout dit... c'est beaucoup plus grave que tout ce que je t'ai dit. Teresa, c'est fichu. Pour Teresa, c'est fini …

Je comprends alors que sa femme est morte Je pleure de plus belle.

Je lui propose de venir, pour l'aider, lui tenir compagnie, pleurer avec lui. Il refuse. J'insiste. J'entends alors des bruits étranges. Comme un cri, mais un cri inarticulé, horrible, comme un animal blessé. Il sent que j'ai entendu, que j'écoute et il dit :
-- Tu sais, je n'en peux plus de l'entendre … c'est tout le temps, c'est trop dur …

Je réalise alors que sa femme n'est pas morte, qu'elle est là,  à côté, et qu'elle pousse ces cris affreux qui semblent monter de très loin dans son corps. Nous nous taisons tous les deux pour écouter les cris de Teresa. Il reprend :
-- Pour elle, c'est trop tard, c'est fichu …

Je comprends que Térésa est mourante. Je me propose d'appeler les secours. Il refuse catégoriquement. J'insiste : il se fâche. Je suggère d'appeler pour lui son père, qui habite à côté, ou de faire appel à son ami N., le seul à être déjà entré dans l'appartement. Il s'entête dans son refus, répétant que c'est trop tard, que c'est fichu.

Et dans un éclair, je ne sais pas comment puisqu'il ne me dit rien clairement, je réalise qu'il va euthanasier sa femme, mettre fin à ses 12 années de souffrance. Je suis glacée d'horreur mais ma décision est prise en un clin d'oeil. Je respire un bon coup :

-- Emmanuel, tu ne peux pas faire ça tout seul. Je viens, je veux être avec toi …
--  Je ne veux pas que tu viennes. Je t'interdis de venir, tu m'entends ? C'est trop horrible, trop horrible...

Cela  doit bien faire maintenant 45  minutes que nous sommes au téléphone, moi suppliant, réduite à deviner l'impensable, lui parlant à demi-mots, fuyant, évasif …

J'entends toujours les cris de Teresa. J'entends aussi de drôles de bruit que je n'identifie pas, comme du vent, ou de l'eau. J'imagine qu'il a mis Teresa dans un bain chaud, qu'il lui a ouvert les poignets, qu'elle se vide.

Et lui il répète que c'est trop horrible, trop horrible.

Je parviens à me ressaisir et j'essaie de le raisonner.

-- Tu ne peux pas rester tout seul, laisse-moi venir !
-- je te l'interdis, tu entends. Ce sera encore plus horrible.
-- Ecoute, Emmanuel, tu ne peux pas faire ça. Tu vas foutre ta vie en l'air, et la mienne avec. Tu vas te retrouver en tôle...
-- J' ai tout prévu. Ils ne me prendront pas.

Je propose pour la énième fois d'appeler les secours, ils vont l'aider, ils vont t'aider, laisse-moi t'aider, Emmanuel...
– Non, je ne veux pas que tu viennes. Tu seras trop malheureuse, ce sera trop horrible.

Et puis, tout d'un coup, l'évidence. Je me couvre de sueur de la tête aux pieds. Je suis glacée jusqu'aux os : il va tuer sa femme et se tuer avec !
Fébrilement, je garde Emmanuel au téléphone en continuant à lui dire que je viens, que je l'aime, et je griffonne un message pour mon fils qui est à côté : Appelle le samu, envoie les secours à son adresse, il veut se suicider.

Pendant un temps qui me semble infini, mon fils a le Samu en ligne. Ils comprennent mal la situation, mon fils s'embrouille, finit par se faire entendre. Je continue à retenir Emmanuel :
-- Je t'aime, je ne veux pas vivre sans toi. Je veux me réveiller avec toi tous les matins, je veux te serrer dans mes bras tous les jours de ma vie. Tu m'entends, Emmanuel, je t'aime et ta place est à mes côtés.

Enfin, mon fils revient et crie triomphalement : « Ils arrivent ! »

Emmanuel a entendu :
-- Oh! Tu as appelé les secours. Ma chérie, je ne t'en veux pas.
-- Oui , Emmanuel. Ils arrivent, j'arrive ! Tiens-bon, mon chéri ! On arrive, accroche-toi !
-- Non, ne viens pas ! C'est trop horrible. Ma chérie, tu seras encore plus malheureuse.

Mes enfants m'entourent :
– Emmanuel ! Ne fais pas ça ! On t'aime ! Ta place est avec nous, ne fais pas ça !

Puis il crie dans le téléphone :
-- Ma chérie, ma chérie, ma chérie ! Je t'aime, je t'aime, je t'aime ! Je pars, je pars, je pars...

Soudain, le silence, juste des bip-bip-bip. La communication est coupée. Horrifiée, je lâche le fixe, attrape le portable et mon manteau. Je fonce dans la voiture en criant aux enfants que j'y vais.
En fait, je ne suis pas encore paniquée. Je suis persuadée qu'il a pris des médicaments, chez eux, il y en a tant ! Le temps que les secours arrivent, ils vont le prendre en charge, lui faire un lavage d'estomac, ils vont sauver mon amour ...

Il doit être un tout petit peu plus que 21 heures.

En conduisant, je rappelle le Samu, pour être sûre qu'ils arrivent, je leur dis de se dépêcher, ils me demandent si j'ai le code pour accéder à l'entrée de l'immeuble, je leur dis que non, mais dépêchez-vous …

je rappelle Emmanuel. Contre toute attente, il décroche...Toujours ces drôles de bruits en fond :
-- J'arrive, Emmanuel. Tiens bon. Accroche-toi, je t'aime et j'arrive avec les secours.
-- Ma chérie, c'est trop tard ! Ma chérie, ma chérie, ma chérie ! Je t'aime, je t'aime tant. Je t'aime ! Je pars, je pars, je pars.

Puis une voix déjà lointaine :
Je suis parti, je suis parti, je suis parti...

La communication est de nouveau interrompue.
Cette fois, je fonce. Dans mon affolement, je me trompe de chemin, perds de précieuses minutes à faire un détour. Quand j'arrive au bout de la rue N., je vois et entends les ambulances au loin. Je les suis.Devant l'entrée de la résidence, un gendarme m'intercepte. J'explique qui je suis . Il me dit d'attendre. Je trouve la force d'appeler ma fille pour lui dire de prévenir le père d'Emmanuel. Le policier revient et me fait signe de le suivre. Il me dit :
-- Quand on est arrivés, ils n'avaient pas encore sauté...

Je m'arrête net. Sauté ? Il a dit « sauté », alors ce ne sont pas des médicaments, Oh non !

-- Pour la dame, c'est trop tard, mais le monsieur, ils sont en train de s'occuper de lui.

En bas de l'immeuble, les gyrophares, les ambulances. Je vois la fenêtre grande ouverte, tout là-haut, au 9ème étage, c'est haut, c'est si haut. Et en bas, j'aperçois les jambes et le torse de mon Emmanuel, étendu sur la pelouse. On me fait monter dans une ambulance. Je ris et je dis : « C'est pas moi, la victime ! Occupez-vous de lui ! ». De loin, je vois qu'on lui fait un massage cardiaque. Cela dure longtemps. Puis un homme monte dans l'ambulance. Il se présente comme le médecin. Et il me dit que «  Le monsieur est parti. »

Il était 21 heures 26 le 25 sept 2012. Il est à présent 21 heures 55 et nous sommes, nous les vivants, le 25 novembre 2012. mon amour est parti.

Je m'excuse de la longueur et de la dureté de mon récit. Merci à ceux qui m'ont lue. Pardon, j'espère ne pas ajouter à votre peine, mon histoire est tellement, tellement absurde. Par moments, je n'y crois toujours pas. Tant d'amour, pour elle, pour moi et un tel désespoir !
J'espère comprendre un jour ...

Je n'avais jamais raconté cela, sauf à la police.

Je vous souhaite, à tous, une belle nuit, et qu'elle nous soit douce et apaisante autant que cela est possible,

Muriel


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Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: clara le 25 novembre 2012 à 22:27:07
Muriel
que c'est dur de te répondre ...
je pense d'ailleurs qu'il n'y a rien à dire ...
J'ai le cœur serré pour toi et je sais aussi que les heures "anniversaires" des premiers mois sont terribles,comme si le film repassait au ralenti
 :-\
je t'embrasse  très fort
Claire
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Corail le 25 novembre 2012 à 22:32:28
Oh Muriel
Je viens de te lire et je ne trouve pas les mots, je ne sais que dire, si ce n'est que je pense très fort à toi.
Tu as réussi à trouver le courage de nous raconter votre histoire, c'est déjà beaucoup et j'espère que tu trouveras le soutien dont tu as besoin, à travers nous tous qui traversons le deuil (j'aime pas ce mot "traverser", j'ai toujours l'impression de qq chose de rapide).
Nous te comprenons, nous sommes comme toi, nous partageons cette souffrance avec toi.
C'est peu mais c'est sans doute un bon début.
A bientôt, Virginie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: amourdemavie le 26 novembre 2012 à 00:28:03
Bonsoir,

Que d'émotion :'( :'( :'( :'( toutes ces histoires m'ont donné des frissons!!!!

La mienne d'histoire: J'ai rencontré l'homme de ma vie au travail, la première fois qu'ont c embrassé était le 11 avril 1998 que j'étais heureuse de ce soir là.... Ensuite nous avons habité ensemble!!! En 2004 nous nous sommes mariées le plus beau jour de ma vie... Et en 2007 notre fils est né que du bonheur!!!!!! Jusqu'au jour ou notre vie a basculé.....

Nous étions le jeudi 22 juillet 2010 mon mari et un ami décide d'aller faire un tour de moto ils sont parti a 11H30 et notre fils avait 3 ans il pleuré il ne voulait pas que son papa parte..... En début d'après midi je mets mon ptit poussin a la sieste, a 15h j'ai mon amie qui vient me voir je trouve bizarre car elle était au travaille, donc je lui demande pourquoi elle est la: et la j'ai atterri au sol je suis anéanti de ce quel me dit!!!! mon mari a eu un accident de moto ont lui a rentré dedans de plein foué!!! Je pense à notre fils qui fait sa sieste tranquillement.... j'appelle vite mes parents pour qui s'occupe de notre fils, et la mon bébé d'amour se réveille je lui avait préparer des affaires et je lui ai dit qu'il partait en vacances avec son papy et sa mamy..... 17H30 je vais à l'hopital avec des amies je ne peux conduire, je suis toute tremblante je ne sais pas ce que les médecins vont m'annoncer.... J'ai pu voir mon mari dans la salle de déchocage :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( que c'est dur de le voir dans un lit dans un très sale état.... ensuite ils l'ont emmené dans une chambre car il était dans le coma et ne respiré pas par lui même!!!!! Je ne peux continuer c'est très dur de raconté....

Il est décédé le 26 juillet 2010..... et depuis ma vie n'est plus la mm je me bat tous les jours pour ne pas descendre aux enfer!!! et grace à mon fils que je suis toujours là!!!!

Courage à tous et toutes.........

bizzz    Lucie







Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: tiobob le 26 novembre 2012 à 15:31:00
Muriel,
tant d emotion dans ton histoire.L amour ça peut etre aussi fort que ça, aussi tragique.Tout cela resonne fort en moi et je me sent bien triste pour toi.
Lucie,
mon mari aussi est mort dans un accident de moto.Notre fils avait 10 jours...je revoit tout le scenario en te lisant.

bon courage à vous

tiobob
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: tiobob le 26 novembre 2012 à 19:13:12
A ta demande, Corail, je rassemble les morceaux d histoire que je vous ai livré au fil de mes posts (c est si difficile de resumer tout ça ,si douloureux à ecrire, meme apres 3 ans et demi):

9 juin 2001:
Notre premier baiser.C etait la veille du bac, nous nous connaissions depuis 3 ans et étions dans la même classe.Je me souviens sa gêne à se montrer à mon bras le lendemain, il avait peur qu on me fasse des reflexions,peur de ne pas être quelqu un d assez bien.J ai insisté en lui disant que j assumai mes choix.Il avait raison , il y a eu des reflexions mais nous les avons balayé bien vite tellement nous etions bien ensembles...

Fevrier 2004: etudes terminées pour moi, boulot trouvé, nous nous installons dans notre petit nid.

10 juin 2006:notre mariage.Il faisait chaud, nous avions reussi a reunir nos familles, c etait une bien belle journée...

Septembre 2006:
nous emmenageons dans notre maison

septembre 2009: sur mon conseil, mon homme reprend des etudes.Un challenge pour lui,mais il ne pourra pas en recolter les fruits...

30 Mai 2009: notre bébé nait , 26h après la perte des eaux (dur dur l accouchement).Mon homme est transformé, il rayonne, le voilà papa.

8 juin 2009: il fait beau ce jour là.Notre bébé a 10 jours et je dois l emmener voir le medecin sur l insistance de son papa qui s inquiète pour une petite boule qu il a dans le cou.
Mon homme doit se rendre à l ecole pour preparer son dernier oral.Il est inquiet pour sa reussite, je le rebooste, le secoue un peu.Il s attarde dans la douche alors je le presse de sortir pour pouvoir me préparer.Quand il enfourche la moto,j ai besoin d un seul coup de lui dire au revoir ...bizzare....j ouvre la fenetre mais il enfile son casque et ne m entend pas.Tant pis, je le verrai ce soir...
20mn plus tard me voilà prete,je met le petit dans sa nacelle le telephone sonne :

"votre mari a eu un accident mais il est conscient.Vous voulez que je vous le passe?
Ah non pardon, je ne peux pas lui enlever le casque"

C est là que l attente commence.J appelle ma belle mere, elle me rejoint chez nous.Je suis modérément inquiète vu les indications telephoniques mais je m inquiète de ne plus avoir de nouvelles depuis plus d une heure.
Ma belle mere fini par appeler la police, puis la gendarmerie,et la nouvelle tombe...il est toujours sur l autoroute, il faut venir.
J appelle son pere qui travaille pas loin pour qu il me dise où a eu lieu l accident.Il passe devant en sens inverse et me renseigne sans s arreter puisque...c est pas grave!

J arrive sur les lieux,ma belle mere histerique et mon bébé dans la voiture.On ne peut pas le voir, il faut aller à l hopital, l ambulance va partir.Un policier m intercepte à ma descente de voiture.Je lui demande où est le second vehicule impliqué dans l accident.Il me demande comment je sais qu il y a un second vehicule et ajoute "de toutes manières il roulait trop vite" (l expertise  prouvera que non, mais j ai éprouvé tellement de rage à ce moment là...).
Son collegue revient me donner ses "affaires":sa gourmette,sa chaine, ses bijoux, sson alliance,ses papiers...et tout ce sang dessus.C est un bleu, il n a pas pensé à tout nettoyer avant, son collègue le toise mechament et moi, je gardera ce sang sur les mains tout le reste de la journée.

Arrivée à l hopital, l attente...
Au bout d une heure le SAMU repart.On vient nous voir pour nous dire que le medecin viendra plus tard nous expliquer.Là il s occupe de lui, son etat est serieux.Je decide qu il faut prevenir la famille.
Apres 3h dans ce hall, le medecin arrive.Il noous demande de le suivre.Je regarde ma belle mere...c est mauvais signe.

1er diagnostique: il a la jambe sectionnée.
Ma belle mere s effondre et moi je demande à quelle hauteur.Je pense prothese, j ai des amis qui en ont et vivent bien avec, je serai là, je serai forte, je l aime tant...
Le medecin poursui:SI il se reveille (sur le coup je n ai meme pas relevé le SI. Il allait forcement se reveiller, c est un costaud mon homme!) il faudra l amputer d un bras.
Re éffondrement de ma belle mere.
Moi: quel bras? le gauche .Ouf, il est droitier et passe un diplome informatique, au moins il pourra peut etre travailler.Il s est donné tant de mal pour ce diplome.

le medecin ne sait pas dans quel etat est le cerveau.Ils ont fait une transfusion massive et ne savent pas si il va la supporter.Les 3 prochaines heures seront decisives.
On nous emmene à l etage pour attendre.La famille arrive, les amis aussi, nous sommes nombreux, certains pleurent deja.Pas moi.Il VA se reveiller, il FAUT qu il se reveille.

Vers 18h , les 3h sont passées,je respire.On nous demande de rentrer.Il faudra encore attendre.Je refuse.Je veux le voir. "pensez à votre bébé madame" .Mais j ai tout ce qu il faut pour lui, j insiste encore, je veux le voir.En soin intensif c est interdit mais le medecin fini tout de meme par accepter car selon lui il faut que je realise.
En descendant, il nous explique tout:les fils,les tubes,les machines....
Enfin je peux me pencher sur lui, lui parler.Mon coeur se desserre un peu.Je lui dit que je sais qu il est costaud, que je suis là, que son bébé est là aussi, que nous l attendons.

Vers 20h je crois nous quittons l  hopital.A peine rentrés chez mes parents, le telephone sonne.Son papa au bout du fil,il pleure à en fendre le coeur, lui si reservé, mon dieu je n oublierai jamais cette voix noyée de larmes: c est fini.
Je crois que j ai hurlé, un long et profond cri, un seul cri et le silence.Mon frere me dit de faire attention à ma mere.Je lui en veut ce jour là, mais je sais qu il a raison.
Nous retournons à l hopital.Il saigne de partout, ils ont testé un traitement pour coaguler mais ça ne marche pas.Il va partir ou alors il faut que nous le debranchions.
Je respire un peu, car malgré tout il est encore vivant.Je ne comprend pas tout de suite que ça ne durera pas.Je demande qu on attende son papa pour discuter de tout ça.En attendant, je retourne aux soins intensifs.Je me penche au dessus de lui  et je lui dit doucement:je comprend,c est trop dur,je ne veux pas que tu souffres ou que tu sois malheureux.Je m occuperai bien de notre fils, je lui parlerai de toi, tu peux partir en paix.
J ai a peine fini....tracé plat.Son papa arrive à ce moment là.Trop tard!

Desolée, pour ce soir je ne pourrai pas aller plus loin.C est la première fois que je pose tout ça tout d un bloc.Les larmes ne sont pas loin et notre bébé non plus....

A plus tard
merci virginie de m avoir permis de mettre des mots sur tout ça

tiobob

Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: tiobob le 26 novembre 2012 à 20:08:43
après un court répit, je vous livre la suite:

nous sommes le 9 juin 2009, 8 ans jour pour jour après notre premier baiser.
Mon amour est mort cette nuit, et je suis convoquée au commissariat.Et oui, il y avait bien un autre vehicule, une voiture conduite par une dame de 65 ans atteinte d un cancer (quel traitement prenait elle? avait elle seulement le droit de conduire?).
Alors qu on est venu recolter le sang de mon amour pour analyses toxicologiques (ba oui 28 ans et motard ...), je ne voit trace d auncun exament la concernant.On me dit qu elle a été interpellée trop tard, et puis au final, plusieurs moi apres on me dira qu elle a eu des examens mais aucune trace dans le dossier...etrange quand meme.

J apprend au fil des heures puis des jours (certains elements etaient confus) ce qui s est passé ce matin là:
mon epoux a doublé un vehicule puis un camion puis....cette brave dame a decidé sans raison de se deporter sur la file de gauche sans clignotant.
Il a freiné mais a fini par la percuter et a été ejecté , heurtant le rail de securité (d où l amputation de la jambe).La dame ne s est pas arreté,le camion oui.L autre vehicule l a prise en chasse.Elle a fait mine de quitter l autoroute puis de se raviser.Heureusement, il avait noté la plaque...
Pendant que mon homme  agonisait, conscient et serieusement mutilé sur le bord de cette route, elle est d abord passé chercher son colis à la poste (ce detail sordide m a fait fulminer pendant des mois, j en ai meme reparlé au proces).
Elle est ensuite rentré tranquilement chez elle et la police a sonné à sa porte.
Non non , elle n avait pas pris sa voiture ni quitté son domicile.
La police l a donc emmenée sur le parking constater les degats du vehicule.
Elle a bien du se resoudre a avouer et a fait 48h de garde à vue........


Mon amour a été autopsié.Nous l avons incinéré le 16 juin 2009.......
Il faisait beau ce jour là, il y avait beaucoup de monde,et moi , je ne saurai plus dire qui etait là ou non.
J etais avec lui du début à la fin, et j ai encore cette image d avoir allaité notre bébé pendant que ma belle soeur de 15 ans prenait la parole, juste avant que j aille dire quelques mots pour lui.

il y a eu proces,la conductrice reconnue coupable et condamnée à de la prison ferme qu elle ne fera jamais.On a le droit d avoir 65 ans, d etre malade et de tuer impunément un jeune homme de 28 ans en bonne santé, papa depuis 10 jours et futur laureat de son diplome...Ce diplome, il l a obtenu a titre posthume, et nous sommes allés avec son papa le chercher le jour de la remise des diplomes.c est bien la seule chose que je n aurai pas pu faire seule.J avais les jambes sciées.

J ai eu une liaison tourmentée pendant 2 ans avec un homme que j ai aimé aussi.
Nous nous sommes quittés cet été et me voilà ici à vous lire, à vous parler, à vous ecrire, à essayer d avancer.

Ce soir je crois que j ai fait un pas de plus en vous livrant tout ça....


Merci encore à virginie et à ceux qui m auront lue.

tiobob
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: amourdemavie le 26 novembre 2012 à 21:10:24
tiobob que c'est triste et tout comme toi je me revois 2ans et demi en arriére.... le taré et encore je suis gentille devait faire de la prison mais il ne le fait pas car il est repartit dans son pays >:( >:( >:( >:( >:( >:( il avait copé 18 mois de prison, 500 euros d'amende et n'avait plus droit conduire en France pendant 3 ans!!!!!!!

Comme j'ai de la haine a cause de lui ma vie n'est plus pareil et a celle de mon fils aussi.....

C'est vrai que c dur de raconté :'( :'( :'( :'( c'est revenir en arrière et ça fait trop mal..... et pour vous dire quand je vous raconté mon histoire je pleuré trop dur!!! Il me manque tellement :'( :'( :'( :'( :'(

Je vous souhaite une bonne soirée et que votre nuit soit douce... :-*

Lucie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: lilas52 le 27 novembre 2012 à 08:52:57
bonjour Lucie, Tiobob et vous tous,
Je suis trop émue par ces vies brisées par la folie meurtrière de certains, pour trouver des mots apaisants votre souffrance.
Je vous embrasse
LYDIA
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: ROUBOU35 le 27 novembre 2012 à 11:32:42
Vos vies brisées souvent de manière si dramatiques rendent les mots bien insuffisants pour vous dire combien nous sommes profondément touchés par vos récits.
Seules, notre présence et notre écoute sur ce forum peuvent peut-être vous aider.
Je pense très fort à vous
Dominique
 
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: mirele le 03 décembre 2012 à 17:02:06
Bonjour,
J'ai voulu aujourd'hui vous livrer un beau souvenir, qui m'est remonté précisément grâce à ce forum. J'ai commencé grâce à vous à écrire les moments heureux. Je n'hésite plus à les convoquer, ils me sont si doux, ils me font du bien.

une semaine avant sa mort, nous sommes allés lui acheter des chemises et des bottines.
Il voulait jeter les vieux habits de la solitude et du malheur, les sweats détendus et les pantalons trop grands depuis qu'il avait minci et qui lui donnaient l'air d'un grand-père dans son jardin. Il tenait absolument à ce que je vienne avec lui pour lui donner mon avis, et de toute façon, nous avions si peu de temps à passer ensemble que nous nous consacrions l'un à l'autre tous nos moments de loisirs... Nous ne sommes jamais allés au restaurant ni au cinéma, mais dans dans les boutiques, oui ! Emmanuel adorait le shopping ! Moi beaucoup moins...

Donc en ce lundi de mi-septembre, je terminais à 15 heures et lui à midi. Il m'attendait pour la séance boutiques. Comme j'étais crevée et qu'il faisait beau, on a pris le temps de boire un thé, allongés sur la pelouse sous le grand bouleau qui domine mon jardin. On est restés longtemps à regarder le vent jouer dans les feuilles ensolleillées, à goûter la chaleur sur notre peau. Je me souviens, il avait la tête posée sur mes genoux et mes doigts jouaient avec sa barbe naissante. On s'est dit : "Il faut en profiter, c'est sûrement un des derniers beaux jours de l'été..."
Vers 16 heures, direction les boutiques. Ah ! les chemises ! Nous sommes tombés sur un magasin qui proposait des chemises "easy iron" et cintrées ! Juste ce qu'il cherchait en vain ---et moi derrière lui -- depuis plusieurs semaines ... Il a palpé, tâté, soupesé. Il a déballé, , comparé les teintes, les nuances. Il voulait les acheter toutes : une bleue, une rouge, une violette, une mauve, une autre d'un violet plus clair ... Il est entré dans la cabine avec au moins dix modèles ! Derrière le rideau il s'est déshabillé, et moi je n'arrêtais pas de le taquiner. Je passais sans arrêt la tête en lui demandant comment ça allait, et il poussait à chaque fois des petits cris de vierge effarouchée. C'était très drôle. et puis je passais le bras pour toucher sa taille, son ventre derrière le rideau et il criait de plus belle et je riais plus fort.
Il est reparti avec une chemise d'un rouge à la fois gai et profond et a demandé à la vendeuse de lui mettre la violette, la mauve et l'autre violette de côté. Il voulait d'abord tester le côté easy iron" avant de toutes les acheter ...

Après sa mort, une de mes obsessions était de retrouver cette chemise rouge qu'il avait mise dès le lendemain et qui lui donnait un air rayonnant. A son appartement, j'ai plié et rangé soigneusement tout son linge. Plier pour la première fois les vêtements de l'homme que j'aimais, c'était un peu l'épouser, accepter le fait que j'étais désormais sa femme, même s'il était mort. Ses habits sentaient encore son odeur ... J'ai récupéré quelques vêtements qui me rappelaient nos jours heureux. Il y a encore, au fond de mon armoire, un tee-shirt à manches longues qu'il adorait, élimé, déchiré et tout doux, que je n'ai pas porté et qui garde son odeur. Je n'ose pas le mettre, parfois je le déplie, je le sens et je pleure ...
Mais la belle chemise rouge, je ne l'ai pas retrouvée. Je me suis demandé s'il l'avait enfilée pour sauter, en souvenir de ce bel après-midi de shopping, et dans ce cas, les pompiers l'ont déchirée lorsqu'ils ont tenté de le réanimer.
Mais ce mardi terrible-là, il portait un tee-shirt rose vif, que nous avions aussi choisi ensemble, cet été. Personne au collège n'oubliera ce tee-shirt. D'abord parce qu'il ne mettait jamais de tee-shirt en cours, il préférait les chemises, souvenir de collège anglais et puis il trouvait que c'était important d'être bien habillé quand on enseigne en ZEP, pas pour la discipline, mais pour donner un modèle positif aux élèves. Donc, ce tee-shirt rose, tout le monde l'a remarqué. Tous les collègues l'ont taquiné et moi j'étais si fière d'aimer cet homme, de l'aimer en secret, de le voir si heureux et épanoui, et je m'étais dit que le moment approchait peut-être de dévoiler notre secret à nos collègues. Emmanuel était prêt à le faire depuis le mois de juin. Moi je voulais attendre encore un peu, je voulais être sûre de mon engagement à ses côtés, et le samedi des chemises, je me suis aperçue que j'étais sûre. Heureusement, je le lui ai dit ...

Le tee-shirt rose, nous ne l'avons pas retrouvé non plus.

Dans la semaine qui a suivi l'achat des chemises, il a dit à sa maman au téléphone combien il était heureux, parce que c'était la première fois qu'une femme s'occupait de lui, de sa garde-robe.

Je suis si contente d'avoir retrouvé ce joli souvenir.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: eternity le 04 décembre 2012 à 10:21:15
Mon mari François qui m' a quitté le 13 juillet 2011 d' une leucémie, avait perdu ses parents dans un accident de voiture, tué par un chauffard ivre en plein ligne droite... nous attendions notre premier enfant;

J'ai longtemps pensé et le pense encore par moments, même si je me trompe, que ce choc immense, avait peut-être provoqué cette p...  de maladie et qu' à un moment donné, longtemps après son corps a réagi et la maladie est arrivée?

Oui, mes interrogations, encore là aujourd' hui ne font encore que me torturer et non avancer...

A quoi bon.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: eternity le 04 décembre 2012 à 11:15:53
Donnez moi la sérénité d'accepter toutes les choses que je ne peux changer".


Pour moi: UN ENORME travail  en perspective...car la sérénité est loin d' être là, même si...oui, je peux le dire, un peu plus apaisée.  :)

Mais, prête à tout mettre en oeuvre pour me sentir mieux!

 :-*

Nadine. 
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: Corail le 04 décembre 2012 à 13:31:56
Bonjour Nadine,

J'avais également pas mal de questions suite à le mort de mon mari. J'ai rencontré son médecin, après sa mort. J'ai pu lui poser toutes les questions que j'avais en tête et ça m'a fait un bien fou. Un bien fou parce que je n'ai plus de question en tête, j'ai les réponses (elles ne sont pas toutes hyper agréables à entendre mais elles sont là).

Mon mari avait un cancer. Il l'avait soit avant notre rencontre, soit il est apparu pendant que l'on était ensemble (option sans doute la plus probable...). C'est perturbant parce qu'on se demande si qq chose a pû lui faire apparaître ce crabe... Mais le médecin m'a dit qu'ils ne connaissent pas aujourd'hui l'origine de son type de cancer... alors voilà, j'arrête de me triturer avec ça.
Pour ce qui est d'une origine liée à un choc émotionnel... ça ne peut pas être le cas pour lui...

Comme le souligne Yohann, à quoi bon se triturer pour qq chose que l'on ne peut changer. Si encore tu me disais que de façon certaine, il a eu sa leucémie pour telle raison, oui, alors tu pourrais avoir de la colère envers untel. Mais ici, ce n'est pas le cas.
On pourrait tout réécrire, que les choses seraient pt-être les mêmes, malheureusement...
C'est un peu dur de se dire ça mais c'est ce qui me fait aujourd'hui avancer (doucement...).

Peut-être as-tu besoin de t'entendre dire ça par des médecins qui l'auraient suivi ? (globalement, je savais ce que le médecin m'a dit mais je pense que c'était très important pour moi de l'entendre, d'avoir un dialogue complet, connaître tout ce qu'il fallait autour de cette maladie).

Bon courage à toi.
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: justine le 04 décembre 2012 à 13:36:54
Le 14 Mars, journée ensoleillée, nous décidons d'aller faire les magasins avec ma maman, mon frère et sa copine.
Dans l'après midi nous croisons deux amis, ils nous disent qu'ils étaient avec Xavier il y a 10 min et qu'il est partit ramener sa voiture pour prendre sa moto, vu le temps.
Nous continuons les magasins et dans un magasin je ne me sens pas bien je demande a ma mère l'heure qu'il est (pourquoi je ne sais pas) 17h20, je sors du magasin pour prendre l'air.
Ils me rejoignent et nous décidons de rentrer. Sur la route je leur montre le fossé ou Xav avait mis sa voiture le weekend d'avant. Ma mère me dit que pour si il continu comme ça il va lui arriver quelque chose de grave. (plusieurs petits accidents en peu de temps)
Arriver chez nous, nous prenons l'apéro, à 19h20 mon portable sonne, le frère de Xav, je décroche et il me demande ou je suis et qu'il arrivait, je lui demande si il vient pour l'apéro et il me répond non Xav est décédé, je n'es rien trouvé de mieux que de lui dire que ce n'était pas drôle, et lorsqu'il m'a dit que ce n'était pas une blague, j'ai hurlé, me suis effondrée par terre.
Lorsque le frère de Xavier est arrivé nous sommes directement partir chez ses parents pour rejoindre a soeur, son copain, sa femme et ses deux enfants.
Arrivé là bas bien sur dur moment, les petits posaient pleins de questions, je suis resté avec eux jouer et répondre comme je pouvais a tt leurs questions.
Les parents de Xavier passaient des coups de téléphone pour savoir ou il était et si il était possible qu'on puisse le voir. Réponse de la morgue "vous devez attendre qu'on finisse tous les examens, nous devons savoir si il avait de l'alcool et de la drogue dans le sang." Comme l'as dit tiobob un jeune motard(20 ans)  forcement il fume et boit!!(Ce qui c'est révélé négatif! et TOC!) Ils nous ont aussi dit que nous pourrions pas le voir avant le lendemain 8h!
La soirée à été très longue, appelle de la famille, des amis pour l'annoncer, je crois que c'est la chose la plus dur à faire.
La nuit à elle été très courte pas dormi de la nuit!
Le 15 mars 8h nous attendions tous de pouvoir enfin voir Xavier. Nous avons du attendre 14h pour enfin avoir l'autorisation!! Bien sur nous avons du entendre la morgue nous dire "vous ne devriez pas venir le voir, il vaut mieux que vous gardiez une bonne image de lui". Non mais de quoi ils se mêlent^^^
Lorsque je suis rentré dans le salon, que je l'es vu allongé sur ce lit, c'était horrible, je ne le reconnaissais pas. Pas eu non plus de temps seule avec lui a mon grand regret. Mais on ne peut pas empêcher sa famille et ses amis de le voir.
Le 16 mars je bossais à 7h j'y suis aller, je n'y suis resté que jusqu'a 12h poussé par mes collègues de partir. L'après midi nous avons été avec son frère sa soeur et sa femme au commissariat chercher ses affaires, ils ont aussi raconté l'accident mais je n'es pas pu rentrer dans le commissariat je l'es attendu dehors.
Le 17 Mars jour de l'enterrement, le plus dur moment à été de lui dire le dernier au revoir, se dire que nous le reverrons jamais. Ensuite c'est suivi le scellage du cercueil et direction l'église, je ne me souviens pas de grand chose, énormément de monde, sa famille, les amis lui ont lu des textes, nous avons passé Toi+ Moi et voilà fin de la messe direction le cimetière, puis retour chez ses parents pour tous se retrouver.
Et le lendemain j'ai repris le travail comme si de rien n'était..
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: elo73 le 04 décembre 2012 à 13:54:39
Justine,

C'est une histoire bien triste qui vient grossir l'assemblée de ce foum d'une personne supplémentaire hélas. J'ai moi aussi perdu mon conjoint dans un accident de la route le 19 janvier dernier, il avait 32 ans.

Je tenais juste à dire pour ceux qui penses comme toi que c'est parce qu'il était jeune qu'on lui a fait les tests de drogue et d'alcool que se sont des tests realisés sur tous les accidentés de la route, cela permet de vérifier les éventuels causes de l'accident mais aussi cela est nécessaire aux assurances qui ne couvrent pas ces risques.

Je te souhaites de ne pas faire comme si comme tu le soulignes dans ta dernière phrases mais de prendre la pleine mesure de ta perte. On ne peux faire l'économie de son deuil.

Je t'embrasse
Elodie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: eternity le 04 décembre 2012 à 14:39:56
Merci Virginie,
Pour ton gentil message.
J' ai eu comme toi, des entretiens avec les médecins qui suivaient mon mari,et presque tous m'ont dit qu' il n' y avait pas de lien de cause à effet dans l' apparition de la maladie. Je vais suivre tes conseils et arrêter de me faire mal, mais j'en étais un peu arrivée à cette conclusion.

Merci Virginie :)   :)

Nadine
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: tiobob le 04 décembre 2012 à 16:25:27
elodie,,

oui c est normal les tests sanguins sur les accidentés de la route,mais dans mon cas personnel ce qui n etait pas normal c est que la brave dame qui l a renversé n en ai pas eu,elle.
meme le medecin qui s est occupé de soigner mon époux etait choqué de voir les policiers camper ainsi devant la salle d operation.
C est degueulasse quand on pense qu elle elle devait bien avoir un traitement pour sa maladie,qu elle n aurait sans doute pas dû conduire et que surtout pour moi ill y a delit de faciès quand tu arrives sur l accident et qu on te dit qu il roulait trop vite alors que ça n etait pas vrai.
C est la gentille mamie qui a fait une betise qui a couté la vie à un jeune homme merveilleux.
On n avait pas le droit de le juger ainsi,c est ça qui me révolte.
C etait quelqu un de bien,quelqu un d integre , et si je me suis battue jusqu en appel c est pour que son petit garçon le sache et puisse grandir serein avec cette idée.
Moi je ne pensai pas qu a  65 ans on puisse avoir l ignominie de laisser un blessé grave sur la route ,conscient et dans un etat critique,sans prevenir les secours,et aller apres ça chercher tranquilement son colis à la poste.....
Maintenant je sais que ça existe,et je la hais pour ça,pas pour l erreur de conduite mais pour son attitude inhumaine d apres,pour les larmes qu elle n a jamais versées en voyant mon bébé à qui elle a enlevé son papa, pour son obstination à nier sa culpabilité et a le mettre en cause alors qu il n avait rien fait de mal,pour n avoir meme pas eu la décence de se présenter à l appel qu elle a elle même interjeté alors que nous sa famille avons dû prendre notre journée au boulot pour y etre........
cette femme est malade,elle va mourir entourée des siens,elle n ira meme pas en prison malgré la decision de justice,je la hais pour tout ça et je hais cette justice à face cachée avec  ses juges d applications des peines qui démontent tout le travail fait à l audience sous le couvert de leur petit bureau en fond de cour.
ça fait joli de dire que les mechants sont punis à la fin, mais c est un mensonge!

Mince alors,je ne savais meme pas que j etai encore en colere à ce point
desolée pour ces mots durs

bonne soirée

tiobob
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: elo73 le 04 décembre 2012 à 18:42:15
En effet, Tiobob tu es encore très en colére ce qui peux se justifier mais ma remarque n'était pas à ton encontre et pour ton cas personnel mais bien une information générale pour éviter d'être en colére sur un point qui n'a pas à l'être.

Nos nerfs sont à vifs mais il ne faux pas perdre la raison non plus. Oui la justice est injuste, elle est rendue par les hommes et est donc imparfaite tout comme la vie tout cours. C'est ainsi...

Bonne soirée
Elodie
Titre: Re : Racontons notre histoire...
Posté par: tiobob le 04 décembre 2012 à 22:12:16
ne t inquiète pas elodie, j avais bien compris que ta remarque ne s adressait pas à moi.C est juste que ça renvoie à la partie la plus diffiile à gerer pour moi. pour retrouver la paix je crois qu il fallait que la colere sorte une bonne fois.
ça ne m etai jamais vraiment arrivée jusque là:je serrai les dents et du coup je me suis faite opérée de la machoire car j ai dû les serrer tellement que mes dents menaçaient de se dechausser.Même l ortho etait impressionné qu on puisse avoir tant de force dans la machoire.
j essaye de faire la paix en moi,mais pour ça il faut aussi laisser les emotions s exprimer.

bises à toi

tiobob