Auteur Sujet: Racontons notre histoire...  (Lu 85119 fois)

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Ghislide

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #30 le: 05 janvier 2012 à 16:09:03 »
Bonjour PiMa, vous toutes et tous

Chaque jour je vous lis sans apporter mon témoignage de façon constante, mais plutôt ponctuelle.
J’ai raconté un peu de mon histoire lors de mon inscription le 16 décembre de l’année dernière. La partie la plus sombre bien évidemment, un besoin sans doute d’évacuer un trop plein de souffrance. Prise de conscience aussi d’une réalité, après 5 mois, que l’absence se prolongerait à l’infini alors que je m’y refusais de toutes mes forces (et que je ne parviens toujours pas à accepter)… puis j’ai essayé de continuer à écrire, à vous écrire, sans y parvenir bien souvent… Parfois je commençais un début de réponse ou de soutien et puis les mots ne venaient plus. Parfois j’y suis arrivée, mais régulièrement je sentais, comme un « écho », que votre désolation,  vos émotions,  me renvoyaient aux  miennes et que petit à petit je me renfermais dans ma coquille, comme un animal blessé qui se cache pour lécher ses plaies.

Puis j’ai lu ta proposition, PiMa (Marina) de raconter notre propre histoire et j’ai découvert la tienne : une belle histoire d’amour, très émouvante.
Alors je me suis forcée à retracer le chemin fait au coté de Gilles. Je dis bien « forcée » car depuis presque 3 semaines, je ne voyais plus que ses derniers instants, je revivais en boucle la dernière fois que je l’ai vu vivant comme si je voulais perpétuer cet instant éternellement…
Cette idée que tu as lancée m’a fait finalement beaucoup de bien car elle me permet de revivre des moments merveilleux que j’avais complètement occultés tellement j’étais obsédée par les dernières images que j’avais de mon amour.
Et là, j’ai revu son visage, son regard clair, son sourire, le premier jour de notre rencontre et ce coup au cœur que j’ai ressenti à cet instant précis…

Alors, oui, j’adhère à cette ouverture du livre de mes souvenirs pour les partager avec vous. Juste le temps de retrouver la clé du tiroir « bonheur » de mon cerveau et de mon cœur et de ressortir tous ces moments…
Bises


Ghislide

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #31 le: 06 janvier 2012 à 22:57:18 »
Voilà, cela m’a pris un peu de temps mais je suis parvenue à rassembler ce qui me paraissait important, ce qui m’a marquée… Il y aurait encore bien des pages à écrire, mais vous finiriez par vous lasser… Déjà, là, je ne suis pas sure que vous lirez tout du début à la fin, mais qu’importe, ce retour en arrière m’a fait beaucoup bien car j’ai réussi à dépasser ce moment où je restais bloquée sur un seul souvenir : son dernier regard… Merci PiMa…

Avant Lui…

Je viens d’avoir 59 ans et je vis à Melun.
Originaire de la région ouest de Paris. Ma première vraie histoire d’amour a été douloureuse, doublement trahie par celui que j’aimais comme une folle et une amie (du moins je la considérais comme telle). J’ai eu du mal à m’en remettre et je me suis jurée : plus jamais ça… Lorsque j’ai rencontré celui qui fut mon premier mari, je n’étais pas amoureuse. Il me faisait rire et je « l’aimais bien », nous aimions les mêmes choses et cela me paraissait suffisant. Je pensais que la tendresse faisait moins mal que l’amour. Une phrase, pourtant, de ma grand-mère est restée gravée dans ma mémoire lorsque je lui ai annoncé que j’avais accepté d’épouser JP : «ma chérie, il faut beaucoup d’amour pour vivre à deux car il faut beaucoup pardonner, tu es sure de toi ?» Peut-être avait-elle deviné mon état d’esprit… Je suis donc partie vivre en Bretagne pour me marier avec mon Breton et je suis restée mariée 26 ans avec lui. J’ai eu 3 garçons de ce premier mariage, qui ont été mes plus belles réussites et mes plus grands réconforts… La petite phrase de ma grand-mère me revenait souvent lorsque je sentais un grand vide en moi, mais il suffisait que je pense à mes enfants que j’adorai pour combler ce vide. Je n’étais plus femme mais simplement une mère je m’en contentais plus ou moins… Et puis j’avais fermé les yeux sur ce que je considérais au début de mon mariage comme un « travers » de JP en ce qui concerne l’alcool, mais au fil des années, je me suis aperçue que c’était bien plus grave et qu’il refusait de l’admettre en m’affirmant qu’il pouvait s’arrêter quand il voulait. Alors, à plusieurs reprises, il promettait et « voulait » pendant quelques mois, puis il reprenait ses habitudes… avec  tous les problèmes que cela engendrait. Ma tendresse pour lui s’est transformée peu à peu en rejet, je ne le supportais plus mais j’ai voulu attendre que mes garçons soient en âge de comprendre et de voler de leurs propres ailes pour quitter leur père.
J’avais 48 ans quand je suis partie « avec » rien, sans travail, ni logement, mais avec la certitude que je m’en sortirais. Pour ce faire je suis revenue vivre en région parisienne chez une de mes tantes qui m’a hébergée le temps qu’il a fallu. Après une remise à niveau, j’ai eu la chance de trouver un emploi de secrétaire dans le BTP, et à la suite, un logement.

Avec lui…

Trois années se sont écoulées, je me suis reconstruite tout doucement et je pense que j’étais prête pour une nouvelle histoire. C’est à ce moment de ma vie, début octobre 2003, que j’ai fait la connaissance de Gilles dans le cadre de mon travail. Gilles était chauffeur-routier et de façon tout à fait exceptionnelle il a fait une livraison de matériel dans l’entreprise où je travaillais.
Nous nous sommes plus au premier regard et nous avons pu parler un peu en buvant un café. Beaucoup de mots en quelques minutes : j’ai appris qu’il habitait Melun, en Seine et Marne, où il vivait seul, qu’il avait également 3 enfants, que le dernier avait 13 ans. Puis, au moment de se quitter, sur un morceau de papier vite griffonné : nos numéros de portables échangés… Très vite il m’a appelée, puis le lendemain, le surlendemain et puis tous les jours jusqu’à ce qu’il me demande un vrai rendez-vous.
Nous nous sommes retrouvés un 22 novembre, c’était en 2003 (date inscrite dans ma mémoire pour toujours).

Notre première vraie rencontre a été magique, nous étions très à l’aise, comme si nous nous connaissions depuis très longtemps et j’ai retrouvé instantanément cette attirance que j’avais eu la première fois que je l’ai vu. Nous avons passé la journée ensemble, il faisait beau ce jour-là : promenade sur les bords de Seine, restaurant… Nous nous sommes découvert des trésors de points communs, nous avions les mêmes goûts dans différents domaines… Puis l’heure de la séparation est arrivée très vite, trop vite : nous avons eu du mal à nous dire au revoir. C’est à cet instant que nous avons échangé notre premier baiser, juste avant qu’il ne me quitte. Il m’avoua par la suite que de son coté il était tombé amoureux dès notre premier regard. J’ai eu du mal à y croire, mais il m’assurait que c’était réel.
Nous ne pouvions nous voir que le week-end, alors chaque matin et chaque soir il m’appelait. Je prenais la route chaque vendredi soir, après la fermeture du bureau, pour le retrouver chez lui, mais chaque fin de week-end les séparations étaient de plus en plus difficiles. Alors très rapidement il m’a demandé de venir vivre avec lui. Ce que j’ai bien sur accepté avec un immense bonheur. 

Avec lui je me suis « re-sentie » femme… femme aimée, femme désirée. Je me sentais belle à ses yeux, et ses bras me rassuraient.
Malgré l’amour que j’avais pour lui, je ne tenais pas me remarier : la peur d’un nouvel échec, peut-être… Mais Gilles ne se décourageait pas et il  me refaisait sa demande tous les ans. Jusqu’en 2010 où j’ai fini par accepter. Je me souviens que nous étions en week-end chez mon fils ainé et sa petite famille, nous dormions dans le canapé de la salle à manger, c’était le matin de très bonne heure, nous avions mal dormi et j’étais dans ses bras. Plusieurs fois il m’a répété : « épouse-moi, mon cœur, épouse-moi… » je lui souriais, sans répondre, alors il m’a regardé me disant d’un air faussement étonné « Bébé, tu ne veux pas de moi ? » Puis nous avons ri, c’était presque devenu un jeu entre nous… Ce n’est qu’une fois rentré chez nous le soir que je lui ai murmuré à l’oreille « oui, mille fois oui, je veux de toi ». J’ai vu ses yeux s’illuminer… Mon dieu quel moment inoubliable… c’était en mars 2010 et nous nous sommes dit « oui » le 16 juillet 2010, en Bretagne, chez mon père.
Gilles, après 25 ans de conduite, avait droit à un genre de pré-retraite, il ne travaillait donc plus depuis février 2009 et nous pensions bien profiter de cette nouvelle vie.
Il m’a donné des jours extraordinaires parce qu’il était spécial ; tous ceux qu’ils l’ont bien connu m’ont dit que c’était quelqu’un qui marquait les esprits et qu’on ne pouvait faire autrement que de l’apprécier, il avait gardé ce coté enfant qui me faisait rire, il cultivait ce petit grain de folie dont il s’amusait beaucoup, il avait un cœur en or, une belle générosité et une grande sensibilité. Je me souviens l’avoir vu pleurer quand l’émotion était trop forte, qu’il soit concerné ou non. Dans ces moments-là, il s’isolait car il ne voulait pas qu’on le voit. J’avais beau lui dire qu’il n’y avait pas de honte à montrer sa sensibilité, il voulait continuer à montrer l’image d’un homme « fort ». Je pense que cela est du à sa petite enfance avec un père qui n’était pas digne de l’être. D’ailleurs il en parlait très peu et le minimum qu’il m’en ait dit était abominable.
Nous partagions l’amour des voyages et m’en a offert de très beaux. Le premier de ces voyages, certainement le plus beau parmi ceux que j’ai eu la chance de faire avec lui, a été le Vietnam en 2005. Une découverte magique, des paysages magnifiques, un peuple humble, accueillant, souriant. Puis il y a eu la Bulgarie, la Tunisie, La Californie. Cette année, nous devions faire une croisière sur le Nil, il savait que pour moi c’était un rêve de longue date, puis en 2013 un safari photo au Kenya (la photo était une de ses passions) et puis l’Inde en 2014…

La maladie…

En mai l’année dernière, nous devions aller en Thaïlande pour notre voyage de noce… mais en ce début d’année 2011, la maladie est venue bouleverser tous nos projets et nous avons été contraints de tout annuler…« ce n’est pas grave, on ira plus tard… » M’a-t-il dit
Fin février, les médecins ont diagnostiqué un cancer du poumon à Gilles, non opérable. Après maints examens, il a commencé son traitement de radiothérapie et chimio, début mai. Lorsque nous avons appris cette nouvelle, j’ai eu très peur car je sais que le pourcentage de guérison d’un cancer du poumon est très peu élevé, mais au fur et à mesure que Gilles avançait dans son traitement, l’espoir est vite revenu car il le supportait très bien, de plus, il avait un moral à toute épreuve et les médecins eux-mêmes étaient optimistes en nous répétant qu’il était sur la bonne voie de guérison.
Mais le 22 juin, appel du pneumologue : Gilles avait un taux de globules blancs extrêmement bas et donc plus aucune défense immunitaire. Résultat : hospitalisation d’urgence, dans une chambre en isolement. Rien de vraiment inquiétant puisque cela lui était déjà arrivé une fois et après 2 transfusions et 3 jours d’hospitalisation, tout était rentré dans l’ordre.
Mais cette fois, le médecin ne parvenait pas à faire remonter ses globules blancs et à endiguer l’infection malgré les transfusions et les antibiotiques qu’il lui administrait. Sa fièvre oscillait entre 38° et 40°, elle ne baissait pas et puis, il ne mangeait plus. Je passais tous mes après-midi avec lui (avec les précautions d’usage), souvent il s’endormait en ma présence et lorsqu’il se réveillait, il s’en excusait. Je lui disais bien évidemment qu’il pouvait dormir tant qu’il en avait besoin, que j’étais là et heureuse d’être près de lui, qu’importe s’il dormait ou non. Il avait besoin d’aide pour se lever car il y arrivait difficilement jusqu’au jour où il ne parvint même plus à s’assoir. Je lui faisais sa toilette (il ne voulait pas que ce soit les infirmières qui le fassent) et des massages sur ses points d’appui qui devenaient douloureux. Je me souviens que lorsque nous nous sommes connus, il pesait 80 kg pour 1.78 m et avant son hospitalisation, il ne faisait plus que 56 kg. Je sais que pendant son hospitalisation il avait encore perdu du poids. Je le voyais s’affaiblir chaque jour, Lui, mon homme fort et musclé n’avait plus que la peau et les os…Le pneumologue me parlait de l’endormir et de l’intubé si son était venait à s’aggraver, tout cela afin de parvenir à mieux combattre son infection avec des antibiotiques beaucoup plus puissants tout en l’aidant à respirer et en le mettant sous morphine pour qu’il ne souffre pas. La veille du jour où cette décision a été prise, Gilles m’avait promis que, même si c’était difficile, il continuerait à se battre. Je lui ai dit que je le savais courageux, que j’avais confiance en lui et surtout que je l’aimais très, très fort.
Dans la nuit qui a suivi, le 5 juillet, le téléphone a sonné à 5 h 30 : c’était l’hôpital qui me prévenait que Gilles a été en grande détresse respiratoire et qu’il avait été emmené en réanimation dans un autre établissement, hors de Melun. Lorsque je suis arrivée dans ce nouveau service à 20/25 mn de Melun, j’ai été reçue par un médecin qui m’a annoncé sans ménagement que même s’il parvenait à le guérir de son infection, Gilles allait (textuellement) « de toute façon mourir de son cancer ». Inutile de vous décrire le choc que j’ai eu à cet instant,  je crois que c’est plus la manière dont ce médecin me l’a annoncé que l’annonce elle-même qui m’a porté ce coup en pleine face, comme un uppercut qui m’a laissée KO… A l’hôpital de Melun, 1 pneumologue et 1 cancérologue le suivaient, ils m’avaient prévenue que l’état de Gilles étaient préoccupant et qu’il était difficile de se prononcer sur son pronostic vital tant que ses globules blancs ne remontaient pas et tant qu’ils ne parviendraient pas à le guérir de son infection, mais ils avaient pris des précautions, ils m’avaient tout de même un peu ménagée en me laissant malgré tout un tout petit espoir… mais là !!! Plus rien, le néant…
Gilles est resté en réanimation 12 jours… 12 jours où j’oscillais entre espoir et désespoir car un jour il allait mieux, un autre jour il allait plus mal puis le lendemain son état était stationnaire… L’avant-veille de son décès un médecin (pas le même que la première fois où je suis arrivée) parlait même d’envisager de le réveiller, de stopper les antibiotiques et de le désintuber car son état s’améliorait. L’espoir revenait de nouveau… il fut de courte durée car le jour suivant ce même médecin m’annonçait que l’état de Gilles s’était profondément dégradé en peu de temps et qu’il fallait que je me prépare car ce n’était plus qu’une question d’heures, voire peut-être une nuit. Là, je me suis effondrée, anéantie, je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi ; je voyais et j’entendais les infirmières autour de moi, mais j’avais l’impression d’être ailleurs, dans un monde où le temps n’existait plus… J’ai appelé ses enfants, sa mère, ses frères, son meilleur ami dans un état second pour leur dire que Gilles allait nous quitter puis je suis allée dans sa chambre... attendre… lui dire combien je l’aimais… que je le relevais de sa promesse… qu’il pouvait partir sereinement, sans crainte… que tout irai bien… qu’il ne s’inquiète pas…
Pendant ces 12 jours de réanimation, des petites bandelettes collantes lui maintenaient les yeux fermés, mais ce dernier jour, ses yeux étaient ouverts (oubli des infirmières ??). J’ai plongé les miens dans son regard en priant pour qu’il me voie… je le suppliais à voix basse de me faire un signe s’il m’entendait, ses yeux ont légèrement bougé alors j’y ai cru… Ont-ils vraiment bougé ? Était-ce seulement une illusion parce que c’était ce que je souhaitais plus que tout ? Même si son regard semblait absent, vide de toute vie, j’ai voulu y croire…

Sans Lui…

Le lendemain mon fils ainé Yannick et sa femme Claire sont venus déjeuner avec moi pour qu’ensuite nous allions voir Gilles. Mais la terrible nouvelle est tombée  lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital : Gilles était décédé à 13 h 15. Les infirmières avaient essayé de me joindre, mais nous étions sur la route…
Chaque jour, pendant ces 12 jours de réanimation, j’allais le voir à 13 heures (c’était l’heure du début des visites) quelquefois même un peu avant, les infirmières étaient très compréhensives. Mais le jour où il est parti, j’ai pris un peu de retard du fait que Yannick et Claire étaient venus à la maison et je suis arrivée ¼ d’heure trop tard. Je m’en veux terriblement de ne pas avoir été là au moment de son départ, il est parti seul, sans que je sois près de lui.
J’ai beau me dire que c’était peut-être son choix, mais je me dis aussi qu’il n’a peut-être pas eu la force d’attendre encore ¼ d’heure…
Une amie m’a dit récemment qu’elle était en colère contre lui, elle lui en voulait d’être parti. Je lui ai répondu qu’il ne fallait pas parce que lui aurait préféré continuer, il aimait tellement la vie, il l’a croquait à pleines dents, il profitait de tout ce qu’elle pouvait lui offrir, il était la gaieté personnifiée et malgré cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, il continuait à faire des projets d’avenir.
Non, moi, je n’ai pas de colère envers Gilles car je sais qu’il a fait tout ce qu’il a pu pour rester vivant, qu’il est allé jusqu’au bout de ses forces. Je l’ai admiré et je l’admire encore pour tout ce courage.
J’aimerais avoir sa force et son courage pour continuer le chemin sans lui mais je ne sais pas où les puiser...

Voilà, c’est mon histoire, notre histoire à Gilles et moi.
La fin de l’histoire, vous la connaissez car vous vivez la même…
Affectueusement,
Ghislaine

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #32 le: 07 janvier 2012 à 09:22:52 »
Chère Ghislide,

Non seulement j'ai lu ton histoire jusqu'au bout, mais je l'ai lu avec passion, avec des sourires et des larmes.
Je ne sais pas si cela t'a fait un peu de bien de te raconter ainsi, mais moi, cela m'a profondément touchée.

Et l'idée générale qui en ressort, c'est ce bel Amour, profond, sincère au point de s'oublier soi même.
J'ai ressenti les même sentiments avec Pierre et pendant la maladie de Pierre et maintenant sans Pierre.

Comme toi, j'ai longtemps gardé en tête le visage de Pierre, immobile à jamais sur son lit. En plus, il était très beau, très serein, mais si... immobile. Pour quitter cette image, je me suis plongée dans nos photos (une de mes passions) et j'ai redonné vie à son visage et à son corps. Maintenant, je le vois rire et faire le clown.

J'imagine que ce retour en arrière n'a pas été facile pour toi (comme pour nous tous), mais je crois aussi que cela peut débloquer la mémoire et redonner un peu de courage pour avancer un peu plus loin.

Un grand merci, Ghislide.
Je t'embrasse fort.

PiMa
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

suzy

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #33 le: 08 janvier 2012 à 00:24:58 »
Oui , chère Ghislide, moi-aussi, j'ai lu ton histoire jusqu'au bout, d'une seule traite, sans lever les yeux... Et comme PiMa, j'en ai été profondément touchée...Et j'ai toujours aimé les histoires d'amour...
Ce soir, je suis seule chez moi ...j'ai fait un feu de cheminée; je me sens sereine et , pourquoi  ne pas raconter la mienne d'histoire...
Alors voilà...

Avant lui

J'ai toujours été très fleur bleue depuis mon plus jeune âge. J'adorais les histoires d'amour, j'écrivais des poèmes d'amour; je rêvais du prince charmant...Vous pouvez bien imaginer que j'ai connu maintes déceptions. Je tombais très souvent amoureuse, mais contrairement à la plupart de mes amies, pour moi, cela ne durait jamais. J'étais l'éternelle " plaquée", l'unique qui me retrouvais seule au début des vacances, la plus apte à tenir la chandelle au milieu des couples qui se formaient autour de moi.
Et puis, j'ai obtenu mon premier poste d'enseignante et j'ai décidé de m'installer dans mon propre appartement. A la même époque, je venais de rencontrer un garçon qui me draguait un peu, il n'était pas mal et finalement, j'ai accepté ses avances. Oh, ce n'était pas le grand amour dont je rêvais, mais je le trouvais sympa et gentil et quand il m'a dit qu'il souhaitait s'installer avec moi, j'ai été tellement surprise qu'un garçon veuille bien de moi, que je n'ai pas refusé! Imaginez: A moi,l'éternelle plaquée, un garçon me disait qu'il avait envie de vivre avec moi! Nous nous sommes installés; notre vie n'a jamais rien eu de passionnant, mais tout se passait sans heurts dans une sorte de relation un peu copain-copain. Quand il a commencé à parler mariage, je savais bien, tout au fond de moi, que je rêvais d'une vie différente, mais j'avais peur du qu'en dira-t-on et à l'époque, j'avais 24 ans et après tous mes anciens déboires sentimentaux, j'avais peur de ne trouver personne.... Nous nous sommes donc mariés et nous avons quitté la région. J'ai rapidement compris que j'avais fait le mauvais choix. mon mari était terriblement instable. Il ne parvenait pas à garder un emploi. Nous déménagions régulièrement chaque année. Il était aussi devenu très colérique, ne manquait pas une occasion de me rabaisser et de m'humilier. Lorsqu'il a été question, au bout de 5 ans, d'entreprendre un nouveau déménagement, je l'ai quitté et je suis revenue vivre dans la ville de mon enfance avec notre fils, qui alors, avait 2 ans. Je me suis pris un petit appartement, j'ai recommencé à travailler en faisant des remplacements, ma maman me gardait mon fils lorsque je travaillais et peu à peu, j'ai pu redevenir moi-même et recommencer la vie que j'aurais dû avoir au moment où j'ai obtenu mon premier poste et où j'aurais dû profiter de mon autonomie. Je me sentais libérée, enfin, car mon mari avait eu un côté macho qui peu à peu m'étouffait...Je savais que j'avais plein de choses à rattraper... Je n'avais que 28 ans...

Avec lui

Il m'a bien fallu plus de 2 ans pour faire le deuil de ce mariage raté. J'ai commencé enfin de vivre ma vie. J'ai pris différents cours ( danse, poterie...); je sortais assez souvent ( je prenais une baby-sitter); j'avais une amie dans la maison qui m'a présentée Jean-Daniel. Oh ! Ca n'a pas été le coup de foudre...Au moment où elle me l'a présenté, je n'étais tout simplement pas prête...Il était mon voisin. Quelques mois plus tard, j'ai eu un problème avec ma voiture, et , comme c'était l'hiver, je l'ai liquidée et ai décidé d'en reprendre une au printemps. Comme j'avais un garage, je l'ai sous-loué à Jean-Daniel pour la période hivernale. Et c'est ainsi que tout a commencé. Il venait me payer le loyer chez moi, et peu à peu, j'ai commencé à attendre la fin du mois avec de plus en plus d'impatience. Et j'ai fini par lui offrir un verre...comme il avait des horaires irréguliers et qu'il avait parfois congé l'après-midi, je me suis permise de l'appeler pour lui proposer un café...Peu à peu, sa présence m'est devenue indispensable...Il n'a pas tardé à me déclarer son amour...Et ça a été une révélation! J'ai su tout de suite que , oui, enfin  je l'avais trouvé le grand amour que j'attendais depuis toujours! Nous nous sommes mariés une année plus tard. Il a accepté mon fils ( qui avait 6 ans alors) comme si ç'avait été le sien. Et ça a été 24 ans d'amour absolu, 24 ans d'amour fou...Nous avions tout-à-fait les mêmes intérêts; nous faisions TOUT ensemble...Voyages, sorties au resto, petits jeux le soir, au coin du feu, petits repas en tête-à-tête à la maison...2 ans après notre mariage, j'ai encore eu une petite fille. Notre bonheur était total...Quelques années plus tard, nous avons acheté la maison de nos rêves que nous avons aménagée avec amour. Que de fêtes nous avons fait dans notre jardin! Pour nous, chaque occasion était un prétexte à faire la fête...Avec mon Jean-Daniel, la vie était un éternel éclat de rire...Nous avions beaucoup d'amis, mais nous adorions rester seuls tous les deux. Nous nous accordions chaque année deux ou trois week-ends rien qu'à nous où nous partions sans les enfants pour un week-end romantique ou quelques jours pour visiter une grande ville. Les grandes villes, on adorait...
Nous avons aussi passé de magnifiques vacances en famille. Chaque année, une nouvelle destination...Ca a été du vélo dans les Landes, a a été des croisières sur la méditerranée, des locations en Grèce...des moments inoubliables qui nous permettaient de nous rapprocher en famille. Et puis nos enfants ont grandi et nous nous sentions redevenir indépendants comme de jeunes amoureux. Qu'est-ce qu'on a profité de cette indépendance retrouvée: sorties, week-ends surprise dans des auberges de charme, petits voyages imprévus...Je demandais souvent à mon Jean-Da si nous avions vraiment mérité un tel bonheur. Et lui me répondait toujours avec son petit sourire : " On n'a que le bonheur qu'on mérite..." Quand j'y repense, je ne peux m'empêcher de me demander ce que j'ai fait pour mériter ce que j'ai vécu... Jean-Daniel souffrait d'un problème cardiaque héréditaire. Son père est décédé à 38 ans et son frère à 40 ans. Lui-même a eu 3 petites alertes,mais il a radicalement changé son hygiène de vie et avec le suivi médical qu'il s'imposait, nous nous disions qu'il était du bon côté...Et de toute façon, ça ne pouvait pas nous arriver à nous...on s'aimait trop...on avait trop de projets en attente...
Et pourtant, ce fameux 18 décembre 2009, 2 jours avant ses 52 ans et une semaine avant Noël, il s'est effondré...Il s'est effondré de la même façon que s'est effondré son père presque 50 ans auparavant...Et en une fraction de seconde, ma vie, ma belle vie si harmonieuse a volé en éclats...

Après lui

Et voici depuis un peu plus de deux ans que je vis seule dans ma grande maison vide; que je dors seule dans mon grand lit froid...
Plus de " Bonjour belle enfant..." le matin au réveil; plus de " tu sais que j'taime ma super nana..." au moins une fois par jour...plus de sifflement admiratif lorsque je me faisais belle pour lui...plus de petits jeux le soir au coin du feu, plus d'échanges, plus de rires...plus rien que le silence...Plus aucun plaisir à manger. Je mange le plus souvent debout dans ma cuisine; le soir, c'est toujours le même plateau-télé. Heureusement, je vais tout-de-même manger au resto assez souvent. Je ne m'isole pas ; je fais une quantité d'activités. J'ai même recommencé à inviter du monde à manger, mais le plaisir n'est et ne sera plus jamais le même. Je ne supporte plus de vivre dans ma grande et belle maison. Au début, cela me rassurait, aujourd'hui, cela m'oppresse...C'est pour cela que je sais que je dois totalement changer de vie pour pouvoir me reconstruire. J'ai encore trop d'années à vivre pour me contenter de vivre dans ce que j'appelle " la carcasse de mon bonheur"... A quoi bon ma belle maison puisqu'il n'y a plus mon essentiel ? A quoi bon ma jolie voiture,mon job ( bien payé mais qui ne me plaît pus ) ? Et dans cette région, tout me parle de lui...les balades, les magasins, les restos...Il n'y a qu'en Afrique où je parviens à être bien...Parce que à-bas, je vis dans un contexte totalement différent où je n'ai aucun souvenir. Et là-bas, je me sens utile et revalorisée...Cette année 2012 sera un tournant de ma vie. J'ai mis ma maison en vente, je vais essayer de vendre aussi tout mon mobilier. Et je vais partir vers une nouvelle vie...Oh tous les beaux souvenirs, je les emporterai avec moi; ils seront à jamais au fond de mon coeur...Mais ces souvenirs vont m'aider à avancer...Ce projet d'humanitaire en Afrique, il faut que je le mène à terme. Peut-être que dans 6 mois j'aurai envie de revenir vivre en Europe. Si c'est le cas, je reviendrai,mais je vivra i dans un autre appart, dans un autre décor, dans une autre commune...Et je n'aurai plus, chaque matin en me levant, tous ces souvenirs de ce bonheur révolu qui me rappelleront tout ce que j'ai perdu à tout jamais...Je sais que Jean-Daniel ne voudrait pas que je me laisse couler; j'ai aussi découvert que, contrairement à ce que je croyais, je suis une battante. Je sais que j'ai encore quelque chose à faire de ma vie, peut-être une mission à remplir. Et je veux que mon Jean-Da, de là-haut, soit fier de moi...Car on se retrouvera, j'en suis persuadée...

Voilà l'histoire de ma vie. Toutes ces années de bonheur ont été pour moi un véritable cadeau...Mais qu'est-ce que cela me manque...
J'aurai 57 ans à la fin du mois.
Je vous embrasse
Suzy

Ghislide

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #34 le: 08 janvier 2012 à 00:45:20 »
Chère PiMa,

Oui, cela m'a fait du bien ce retour en arrière, j'ai mis plusieurs jours à l'écrire et pendant ce laps de temps j'ai revécu des moments heureux que j'avais mis de coté. Cela m'a permis de me sentir moins triste temporairement et ce soir, patatra... grosse déprime qui me tombe dessus.
Pourquoi maintenant alors que j'ai passé une agréable journée avec 2 de mes fils et mes petits-enfants ???????
C'est épuisant ces changements d'humeur et chaque fois je me sens anéantie, brisée.
J'ai tellement, tellement mal ce soir... je ne parviens même pas à regarder sa photo qui se trouve sur le bureau, juste à coté de mon ordinateur... les larmes coulent, malgré moi... je voudrais que ce flot de souffrance cesse, pourquoi est-ce que cela fait si mal ?????
Il me manque tant que j'en ai du mal à respirer...
Mon dieu, que c'est difficile à supporter.............

Ghislide

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #35 le: 08 janvier 2012 à 01:59:12 »
Chère Suzy,

Je viens de lire ton histoire et, sans que tu le saches, tu as calmé un peu mes pleurs.
Ton histoire est très belle, émouvante aussi et je suis comme toi, j'aime les histoires d'amour.
Quand je te lis, je me retrouve un peu car comme toi, j'ai toujours été très "fleur bleue" et j'attendais aussi mon prince charmant.
Depuis l'âge de 14 ans jusqu'à mes 20 ans, je tenais un journal intime où je consignais les petites choses du quotidien mais aussi les grands évènements, mes amitiés, mes joies, mes peines et surtout mes amours...
Lorsque j'ai fait l'expérience de mon premier grand amour, il a été aussi mon plus grand chagrin, celui dont on pense que l'on ne guérira jamais.
J'étais sure que jamais plus je ne ressentirais ce sentiment, si intense qu'il donne parfois le vertige (et surtout je ne le voulais plus).
Et pourtant... il m'aura fallu attendre plus de 30 ans pour le connaître à nouveau, aussi fort qu'à mes 18 ans...
Gilles m'a prouvé que j'étais encore capable d'aimer de cette façon là...
Je n'ai pu profiter de ce bonheur que pendant 8 ans alors que j'aurais voulu qu'il dure encore, encore et encore...
Ce soir Gilles me manque terriblement et j'ai le cœur en mille morceaux...

Je t'embrasse bien fort
Ghislaine

yleriane

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #36 le: 08 janvier 2012 à 02:24:36 »
Il est tard et après avoir lu vos témoignages qui m'ont beaucoup touchée , je me lance à mon tour .
Avant lui :
En fait , avant lui , je crois que je n'étais pas grand chose . Je n'avais pas de famille et je revenais de Sicile où j'avais vécu deux ans .
Je me cherchais et je ne me trouvais pas . J'avais fait la connaissance de son grand frère Philippe quelques années avant et comme nous avions sympathisé , je l'ai rappelé à mon retour .
Et il m'a proposé de rencontrer sa famille . Je suis littéralement tombé amoureuse de la famille de Philippe . Ses parents et ses deux autres frères étaient adorables . Et nous nous sommes adoptés mutuellement . Je n'avais pas de parents , ils n'avaient pas eu de fille et voilà . Dans ce même laps de temps , j'avais rencontré quelqu'un avec qui je commençais à avoir une histoire qui a duré 4 ans et où sont nées deux petites puces . Je venais les voir régulièrement . Sans mon compagnon de l'époque qui n'accrochait pas avec eux mais avec mes filles . Je m'entendais bien avec les deux autres frères Thierry et Patrick le plus jeune . Et Patrick n'avait que 10 mois de moins que moi . Il était réservé et parlait peu mais il avait un rire qui n'appartenait qu'à lui .

Avec lui :
Après avoir quitté mon ex compagnon , j'ai mis un an avant de comprendre que j'étais en train de tomber amoureuse de Patou ( tout le monde le surnommait comme ça ) . Il avait changé , il était aussi réservé mais il me parlait et ça me permettait enfin de le connaître vraiment et ce que je découvrais me plaisait de plus en plus . Je me suis aperçue que c'était le seul homme en qui j'avais une totale confiance  , le seul homme qui m'aimait telle que j'étais avec ma vie d'avant , mes angoisses . Il m'apaisait . J'étais laa pile éléctrique du couple et lui savait comment éteindre le feu . Il me rassurait . Il était là , toujours . Il était mon ancre , mon roc , ma force , mon ambition . Avec ses beaux yeux bleus . Nous avons eu deux enfants ensemble . Une fille Nina et un garçon Timihona . Il a été militaire pendant cinq ans et comme il ne supportait plus d'être loin de nous , il a arrêté l'armée . Il ne voyait la vie qu'à travers nous sa famille .
Quand nous avons déménagé pour Nantes , il a retrouvé un travail dans la sécurité . Il espérait un jour travailler dans les transports de fonds . Il faisait les nuits . Pour être avec nous la journée . Il gardait le petit . Il a fait plein de petits films avec notre fils et des photos qu'il m'envoyait au travail . J'avais réussi à lui faire découvrir l'Italie et j'étais heureuse parce qu'il l'aimait autant que moi . Nous ne pouvions pas y aller souvent parce que nous n'avions pas les moyens mais nous y avons passé à chaque fois de magnifiques séjours .
Cette année là , nous devions enfin partir tous ensemble , tous les 6 en Espagne pour une semaine . Parce que les autres fois , nous n'y étions allés qu'avec ma fille cadette ou bien avec nos frères parce que la route était longue et difficile pour les enfants en bas âge de les emmener avec nous . Mais là ce n'était pas trop loin et ils avaient grandi . Nous n'avons pas pu y aller tous ensemble , mon homme n'était plus parmi nous .
C'était un vrai fan des jeux vidéo et des cartes yugiho . Un vrai gamin et il me disait souvent qu'il espérait bien ne jamais grandir . Il n'a jamais grandi , il est mort alors qu'il devait fêter ses 32 ans 3 mois plus tard .

Après lui :
Cette nuit là , je ne l'ai pas appelé . Je le faisais toutes les nuits où il travaillait mais pas cette nuit là .
Le lendemain , je me suis réveillée pour m'occuper des enfants mais je ne comprenais pas pourquoi il n'était pas là . Habituellement s'il ne s'était pas déjà recouché , il était devant son ordinateur mais ce matin là , il n'était nulle part . J'ai appelé une première fois sur son portable et je suis tombée sur son répondeur . Il ne mettait jamais son portable sur répondeur . Je lui ai laissé un message lui demandant de me prévenir s'il était encore avec ses collègues . Je sentais déjà l'inquiètude monter parce que j'avais toujours peur quand il prenait sa moto . Je suis ambulancière et je connais les dégâts que cela peut occasionner un accident de moto .
Je l'ai rappelé une autre fois et je suis retombé sur son répondeur . J'ai à nouveau laissé un message , inquiet celui là . Je suis allée réveiller mes enfants et mon petit pour la première fois le matin m'a réclamé son papa . Je lui ai dit qu'il dormait déjà et qu'il ne fallait pas le déranger . Puis ça a été notre fille qui m'a demandé si elle pouvait aller lui fair un bisou , je lui ai dit qu'il était épuisé et qu'il fallait vraiment qu'il se repose . Je me suis occupée de mes petits . Ma garnde était déjà partie au collège . J'ai emmené ma fille à l'école , je suis allée chercher des chouquettes pour mes deux hommes et des cigarettes pour moi .  3  paquets comme si je sentais que j'allais en avoir besoin . Et puis je suis rentrée . J'espérais voir sa moto garée devant la maison mais ce n'était pas le cas . Alors là j'ai commencé à me dire qu'il y avait un souci mais je ne voulais surtout pas m'affoler , je me disais qu'il fallait que j'arrête de me faire peur , qu'il n'y avait certainement rien de grave . J'ai essayé d'appeler son travail mais je n'avais pas le bon numéro alors j'ai appelé les urgences et là j'ai eu une seconde de répit au moment où elle m'a dit qu'ils n'avaient personne de ce nom là chez eux . Mais je devais quand même appeler la police . Alors j'ai fait le numéro de la police et après m'avoir renvoyer sur un autre secteur , j'ai eu un gendrame qui m'a demandé de confirmer mon identité . Je lui ai dit que je ne comprenais pas que mon mari ne soit pas rentré du travail et là il m'a dit qu'il avait une mauvaise nouvelle . Je lui ai demandé de me dire ce qu'il avait , si c'était grave , il m'a dit madame , je suis désolé , madame , votre mari est décédé . Et là , je lui ai coupé la parole , je lui ai dit que je ne voulais rien entendre , qu'il ne me dise rien , surtout rien . Je me disais non c'est un cauchemar , je fais un cauchemar , cen'est pas possible , ce n'est pas en train d'arriver . Arrêtez tout , s'il vous plaît , ça va trop vite , je veux comprendre , je veux que l'on me dise que c'est faux ou plutôt que l'on ne me dise rien du tout . Et puis deux personnes de la mairie sont arrivées . J'ai eu l'impression d'être dans un mauvais film de série B . Et je me suis effondrée . on pauvre petit bout était là aussi , mon pauvre petit garçon . Alors je me suis mise en pilote automatique car je snetais bien que si je ne faisais pas ça je deviendrais folle . J'ai appelé sa mère pour lui annoncer la nouvelle .  Et une amie pour qu'elle vienne , vite . J'avais besoin de le dire à pleins de monde . J'avais l'impression de raconter une connerie monumentale à tout le monde . Je me disais qu'il y aurait bien quelqu'un pour me dire que c'était faux . J'étais glacée . Je suis d'abord allée chercher mes filles ainées . Je me rappellerai toute ma vie de leurs visages , de leurs larmes . Et ensuite ma petite fille chérie , je suis allée la chercher à l'école . Elle n'a pas compris ce que je lui disais . Papa est mort ce matin ma chérie . Il a eu un accident avec sa moto . Papa ne reviendra plus . Nous nous sommes prises dans les bras et nous avons pleuré ensemble . Ensuite , j'ai voulu comprendre , j'ai voulu voir . J'ai appris que c'était un idiot qui lui avait coupé la route et qu'il n'avait pas eu le temps de faire quoi que ce soit . Le choc a été tellement violent qu'il est mort sur le coup . Et puis je suis allée le voir au funérarium et il était là , tellement blanc , tellement vide de lui . Ses lèvres , j'adorais ses lèvres couleurs de groseilles et là elles étaient si blanches .
Depuis nous avons déménagé , j'ai repris mon travail , mes enfants grandissent . Mais je suis fatiguée . 21 mois aujourd'hui qu'il est parti . 21 mois sans lui . Il me manque toujours autant .
Voilà pour mon histoire 

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #37 le: 08 janvier 2012 à 09:20:39 »
Ghislaine, Suzy, Ylériane

Comment vous dire à quel point je suis émue de vous lire et même relire.
Je suis émue et heureuse d'avoir ouvert ce fil car je vois qu'il nous fait du bien, même s'il nous fait aussi du mal.

Il y a tellement de choses magnifiques dans vos histoires, j'ai envie d'en parler encore avec vous, je me retrouve chez l'une ou l'autre, j'admire l'une et l'autre, je pleure avec l'une et l'autre...

Et pour moi, maintenant, vous n'êtes plus des noms sur un forum, ce partage m'apporte beaucoup.
A vous aussi, j'espère.

A vous lire encore.

 :-*

PiMa
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

suzy

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #38 le: 08 janvier 2012 à 09:58:00 »
Oui PiMa, ton idée d'ouvrir ce fil a été magnifique...toutes vos histoires, la tienne, celles de Ghislaine et d'Yleriane m'ont captivée, bouleversée...Je me rends compte qu'au fond de nous, quand on vit une belle histoire d'amour, on est toutes les mêmes...on vit intensément et on se dit qu'il n'y a pas de raison pour que cela s'arrête...Comment imaginer que l' inacceptable peut arriver...
C'est vrai que l'on se retrouve dans les témoignages des une et des autres et, une fois de plus, on se sent moins seule.
De plus, le fait d'écrire a pour moi en tous cas, un effet thérapeuthique. Comme toi PiMa, j'ai toujours tenu un journal intime dans ma jeunesse. Plus tard, je n'ai plus tenu de journal proprement dit , mais j'adorais écrire , décrire certains sentiments. Ca pouvait être des sentiments de joie comme de peine. Je trouvais toujours un morceau de papier ou un calepin pour noter quelque chose qui me paraissait essentiel. et depuis la mort de mon Jean-Da, j'ai toujours sur mon chevet mon journal de deuil. Quand je relis ce que j'y écrivais au début, je me dis que j'ai quand même fait une sacrée avance...
Alors, écrire mon histoire hier  soir, ça n'a pas été un moment difficile; au contraire, cela m'a fait du bien...Et quand je lis vos réactions ce matin, ça fait chaud au coeur...
Je vous embrasse très fort
Suzy

carolineb

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #39 le: 08 janvier 2012 à 17:48:50 »
Bonsoir,
Je vous admire beaucoup, toutes, d'exposer avec pudeur autant de vous même...Ces histoires sont émouvantes et riches. Pour moi, comme les photos, les discours n'appartiennent qu'à moi et je ne peux me résoudre encore à me replonger dans le passé, même s'il est en écho permanent de mon présent.
Aujourd'hui, c'était un drôle de moment, à la fois meurtrissant parce que je me suis réveillée avec lui dans la tête et à la fois libérateur puisqu'en montant l'escalier, j'ai senti comme un air de liberté, à nouveau.
J'ai pensé à Lauren.
J'ai oublié la voix d'Olivier, c'est incroyable.
Bizes

Ghislide

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #40 le: 08 janvier 2012 à 18:22:35 »
Après une nuit agitée, j'ai retrouvé un peu de calme ce matin.
Alors pour éviter de trop penser au manque de lui, je suis retournée faire du rangement dans mon placard... C'est une façon de m'occuper et je crois que j'en ai encore pour quelque temps à le "ranger" ce sacré placard...
Gilles ne jetait rien, il disait toujours "on ne sait jamais, ça peut servir"... il entassait, entassait jusqu'au moment où on ne pouvait même plus y mettre un pied. Alors, contraint et forcé, il organisait un peu, jetait parfois ou essayait d'optimiser l'espace !
Il aimait beaucoup l'informatique et s'était même monté son propre ordinateur, puis au fur et à mesure, il l'améliorait, changeant une carte vidéo par-ci, une carte son par-là, rajoutait des barrettes mémoires ou en mettait de plus puissantes... mais à chaque changement, il gardait les anciennes pièces.
Alors aujourd'hui j'ai enlevé tous les câbles, les claviers, les souris, les tours, les lecteurs de disquettes ou de cd, des graveurs et même un petit écran,  et j'ai tout descendu près des poubelles... Je ne regrette pas finalement car même pas 10 mn après, tout avait disparu. Au moins je me dis que cela profitera à quelqu'un...
Il en était de même pour la voiture, étant également mécanicien poids-lourds en plus de son métier de chauffeur routier, il conservait de la même façon les pièces qu'il changeait (sauf les défectueuses, tout de même). Sans parler de tous les outils qu'il avait en double ou en triple. La dernière fois que je suis allée trier un peu, j'ai découvert qu'il y avait dans son matériel électrique : 3 perceuses, deux scies sauteuses et une à disque, 3 visseuses/dévisseuses à pile rechargeable... sans compter tout le reste tels que 4 marteaux, un nombre incalculable de tournevis, des pinces de serrage ou coupantes et des outils dont je ne connais même pas le nom, ni l'utilité... Enfin, là, je n'ose pas m'en débarrasser car je me dis que "on ne sait jamais, ça peut servir"  :)
Il était très conservateur, mon homme...Sans parler de la cuisine...
C'était fin cuisinier et m'avait confié qu'il avait raté sa vocation car il aurait adoré tenir un restaurant.
Une fois par mois, son meilleur ami venait manger chez nous avec ses enfants dont il avait la garde. C'est drôle les coïncidences car il se prénommait également Gilles... et comme je voulais les distinguer l'un de l'autre lorsqu'ils étaient ensemble, j'appelais son ami Gilles2. Ce qui amusait beaucoup mon Gilou à moi car du coup il disait qu'il était n°1 sur le podium...Gilles2 est divorcé également, mais il a une sainte horreur de faire les repas, alors lorsqu'il venait diner, ses enfants étaient ravis et ils disaient à leur père "ah, chic, ce soir on va se régaler !".

Qu'il est bon de se souvenir de ces petites choses, des petits détails qui peuvent paraitre dérisoires mais qui maintenant prennent tellement d'importance...

Comme toi Pi-Marina, cela fait plusieurs fois que  je relis vos histoires, la tienne, celles de Suzy et Ylériane et l'émotion est toujours autant palpable. J'ai également le sentiment que ce retour en arrière peut aider à avancer, même si par moment l'évocation de certains souvenirs plus douloureux refont surface, mais, comme le fait si bien remarquer Yohann, ce ne sont pas les points négatifs qui prévalent, mais bien tout l'amour qui se dégage de chacun de nos "morceaux" de vie...

Et je suis d'accord avec Suzy, ta proposition dans ce fil est une merveilleuse idée... Merci de l'avoir ouvert.
Bisous à vous toutes et tous

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #41 le: 08 janvier 2012 à 18:54:08 »
Et merci de me suivre sur ce fil, car comme le dit Caroline, notre histoire n'appartient qu'à nous, et pourtant, comme cela fait du bien de la partager avec vous.

J'ai souris et ris en te lisant Ghislaine, car Pierre est aussi très conservateur, mais alors très conservateur comme ton Gillesn°1.
Sa grange regorgeait de trucs en tous genres aussi, outils en double, en triple et petits bouts de cables, bidons vides (une bonne soixantaine!), prises de télévision, antennes de toit, téléphones, auto radio des années 70, pneus plus où moins usés, planches de bois, 3 perceuses (aussi), c'est mieux qu'une ... Tournevis, marteaux, pinceaux, enduit, peinture sèche depuis 10 ans...
Comme toi, Ghislaine, ranger me fait beaucoup de bien. J'ai donc attaqué la grange peu de temps après son départ. MP3 dans les oreilles, chantant à tue-tête, j'ai regroupé, puis trié et enfin jeté.
Et puis, j'ai entrepris d'apprendre à bricoler... et j'ai parfois regretté d'avoir jeté ce petit bout de tuyau, il m'aurait été utile!
Pendant mes premières expériences, je l'ai beaucoup mis à contribution mon Pierre, beaucoup interrogé : comment dois-je faire cela, avec quel outil, ou vais-je le trouver et croyez-le ou pas mais il m'a très souvent aidée, guidée et mise en garde.

J'ai fait comme toi, un tas sur le trottoir, pfuitttt disparu aussi en 10 mn et la satisfaction d'avoir fait un heureux.

Là, j'ai encore du boulot, mais il fait froid et je remets cela au printemps.

Alors, je collecte toutes les photos de notre vie et de la sienne, avant moi et je vais en faire un gigantesque album. C'est mon travail de l'hiver. J'ai toujours mon appareil photos avec moi et il s'est toujours prêté à mon jeu photographe/sujet... en faisant le clown, aussi j'ai plein de photos de lui où il fait des grimaces et où il éclate de rire et c'est bon de le revoir comme cela.

Parenthèses : Avec Pierre, nous avions décidé que les coccinelles, bête à Bon Dieu, venaient délivrer des messages aux humains. C'était un jeu, bien sûr. Depuis qu'il est parti, chaque coccinelle prend pour moi une importance particulière, vous vous en doutez.
Et bien, là, dans mon bureau, juste à coté de mon ordi, tandis que la pièce est fermée : une coccinelle vient de se poser!

Parfois, c'est bon de redevenir naïf.

Je vous embrasse toutes et tous.

PiMa
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Ghislide

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #42 le: 08 janvier 2012 à 19:32:02 »
Moi aussi, je ris en te lisant, car je n'avais pas mentionner les pots de peintures pratiquement séchées parce que pratiquement vides, les pinceaux durcis et collés au fond d'un pot parce que le nettoyant a séché, ni les bouts de bois ou les chutes de  planches...
Cela fait beaucoup pour un seul placard... pas étonnant que l'on ne pouvait plus y entrer.
Il y a 2 ans nous avions un garage qui a été démoli, il a donc fallu rapatrier tout ce qu'il contenait dans notre cave (nous habitons en appartement, enfin... j'habite...).
Je n'ose même pas voir ce qui y est entassé... Comme toi, j'attends les beaux jours et peut-être aussi quelques bras courageux pour m'aider à trier car en allant chercher les décorations de Noël j'ai également vus 2 pneus... mais pas assez de lumière pour voir leur état  :o

suzy

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #43 le: 08 janvier 2012 à 19:46:53 »
Moi-aussi, j'ai relu plusieurs fois vos histoires...Je trouve que c'est très porteur. Le fait de pouvoir raconter nos bons souvenirs d'une manière sereine, d'avoir le sourire en reconnaissant chez nos hommes certaines mêmes manies prouve que nous sommes du bon côté..
Ghislaine, mon amour, comme le tien était également féru d'informatique. Cette semaine, j'ai vidé toute une armoire de CD d'installation, de souris, de câbles, de claviers endommagés...J'ai mis toutes ces choses inutiles pour moi dans une caisse à apporter chez JOB ECO ( c'est un centre où les chômeurs décortiquent les appareils électriques). J'ai fait d'énormes tris dans toute la maison et je suis contente de voir que je parviens à me séparer du "matériel". J'ai donné tous ses vêtements ( habits d'été en Afrique; habits d'hiver en Roumanie). Tout ce que j'ai l'intention de garder sont les photos et les cadeaux qu'il m'a offerts ( bijoux, peluches, bibelots rapportés de nos vacances...)
Mon mari était aussi un fin cordon-bleu! Son premier métier était boulanger et il n'a jamais perdu la main. Nous avons fait construire dans notre jardin un four à pain, et je crois qu'il y a eu peu de week-ends, hiver comme été, où ce four n'a pas fonctionné. Il faisait régulièrement la tresse pour le petit déjeuner...A part ça, c'est lui qui faisait tous les repas. Il avait un horaire plus mobile que le mien et, avouons-le, quel plaisir de pouvoir rentrer à midi et n'avoir plus qu'à mettre les pieds sous la table...De plus il adorait faire ça! C'était notre façon de nous partager les corvées ménagères: lui, les courses et les repas; moi le ménage, lessive et repassage...
Comme la vie était belle...Mais je me rends compte que le fait de l'évoquer me fait un bien immense. Je suis même capable d'y penser en souriant. Je pense que dans une grande histoire d'amour, le lien qui nous unit à la personne aimée ne meurt jamais. Et c'est ce lien qui , peu à peu, nous donne la force d'avancer...Petit à petit, nous parvenons à penser à notre amour autrement, sans larmes et tristesse...Tous ces bons souvenirs deviennent alors porteurs d'espoir...
Suzy

Ghislide

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #44 le: 08 janvier 2012 à 20:24:22 »
PiMa, ton histoire de coccinelle me trouble beaucoup... j'en expliquerai peut-être plus tard les raisons.

Comme je suis d'accord avec toi Suzy... tous ces souvenirs qui reviennent petit à petit et que l'on parvient à extérioriser et de plus à partager est réconfortant. Les larmes laissent un peu plus de place aux sourires qui reviennent à l'évocation de certains petits détails...
Tout comme toi, c'est Gilles qui faisait les repas, la cuisine était son territoire dont il gardait l'entrée et les secrets... Quand quelqu'un lui demandait la recette de tel ou tel plat, il répondait toujours que ce n'était pas possible car il cuisinait au "feeling". Il pouvait refaire le même plat plusieurs fois, mais jamais de la même façon et chaque fois amélioré...
Souvent, je lui servais de cobaye et j'avoue que j'aimais cela car également comme toi, je n'avais qu'à m'installer à table et déguster...
Bisous