Auteur Sujet: Racontons notre histoire...  (Lu 94052 fois)

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Chris-ka

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #135 le: 25 novembre 2012 à 21:16:23 »
Nicole,

J'ai toujours mal en lisant la souffrance, la diminution physique, cause d'une maladie, la plupart du temps ce foutu cancer, car personne ne mérite de partir comme ça ...

Même si nous n'avons pas eu le temps de nous dire au-revoir, même s'il était trop jeune, même s'il ne verra pas grandir ses enfants, la seule consolation à laquelle je puisse me raccrocher aujourd'hui est qu'il n'a pas souffert ...

Alors, ce soir, je pense à vous tous qui avez accompagnés, soutenus, supportés, soufferts avec eux ...

Je t'embrasse
Karine

Corail

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #136 le: 25 novembre 2012 à 21:30:44 »
Bonsoir,
Je vous lis depuis hier ou avant-hier et je viendrai poster ici, pour raconter également mon histoire, notre histoire.
Pour l'instant, et comme depuis plus de 3 mois, je n'arrive pas à me poser et me/nous raconter alors que c'est qq chose qui me tient à cœur et que j'en ressens le besoin depuis sa mort.
Je pense que ce forum me permettra de me lancer et qu'ensuite, je pourrai enfin prendre le clavier pour raconter tout ça à ma fille.
A très vite, Virginie

mirele

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #137 le: 25 novembre 2012 à 22:15:18 »
RECIT DU 25/09/2012



Il y a exactement deux mois moins une heure et 7 minutes, mon amour était déclaré mort au bas de son immeuble.

d'abord, vous devez savoir qu'il était marié à une femme malade de sclérose en plaque depuis 12 ans. Il s'en occupait seul à leur domicile,il refusait toue aide médicale et toute idée d'hospitalisation. Quand je l'ai rencontré, il y a un an, sa femme était déjà grabataire et invalide depuis plusieurs années. Depuis quelques mois, elle ne parlait plus, ne voyait plus. Il ne savait même pas si elle le reconnaissait, si elle était encore consciente de sa présence à lui. Il croyait sa vie finie. Lorsqu'il rentrait chez lui, il affrontait la maladie, le désespoir, la solitude la plus atroce face à cette femme qu'il avait aimée et qui n'était même plus l'ombre de son amour.

Puis nous nous sommes rencontrés. Je savais qu'il ne l'abandonnerait jamais. On faisait des projets quand même. Nous savions qu'il se passerait des mois, des années, avant que nous puissions vivre ensemble. J'acceptais cette réalité, parce qu'elle faisait partie de mon Emmanuel et de la relation que nous avions.

J'écrirai plus tard notre amour, je raconterai l'homme merveilleux qu'il était. Mais ce soir, il y a deux mois exactement qu'il est mort, le 25 septembre et j'ai besoin de raconter sa mort atroce, horrible, absurde et par certains côtés tellement incompréhensible.

Le soir où il est mort ...

Tout a commencé à 19 heures 40 …

Je l'avais quitté vers 18 heures 30 devant le collège, Nous venions de co-animer notre premier cours ensemble et nous félicitions de notre succès. Nous avons traîné comme d'habitude avant de rentrer dans nos chez-nous respectifs.
 Projets pour le cours de la semaine suivante. Une dernière cigarette dans les rayons du soleil couchant, devant son scooter et au pied de ma voiture. Le lendemain nous devions manger ensemble à midi, et je lui ai demandé ce qu'il voulait manger. Il m'a répondu que même une boite de raviolis lui ferait plaisir, en ma compagnie. Il riait. Il a dit qu'il amenait les croissants du petit-déjeuner.
Il a eu l'air absent tout d'un coup, et il est parti très vite. Je savais qu'il angoissait de retrouver sa femme, qui poussait des râles inarticulés depuis trois jours.

J'ai fait un saut au supermarché, pour acheter un plat préparé pour le lendemain, et pour ce soir-là, j'ai pris un poulet rôti.

En arrivant à la maison, j'ai mis le poulet à réchauffer et j'ai dit aux enfants qu'on mangeait dans un quart d'heure. En attendant, j'ai voulu appeler ma maman. Il était 19 heures quarante, je m'en souviens parce que j'ai vérifié l'heure avant de téléphoner.

J'ai dû faire un faux numéro, parce qu'au lieu de ma mère, j'entends la voix d'Emmanuel . Surprise, je dis bêtement :
-- Emmanuel ? Ça va ?

Et il me répond d'une drôle de voix, une voix assourdie, que non. Je sens tout de suite qu'il y a quelque chose d'anormal. Il refuse de m'en dire plus. Je lui demande si je le dérange et il confirme.
Je lui propose alors de le rappeler dans un quart d'heure, le temps de manger vite fait et de passer un peu de temps avec mes enfants. Il me dit :
-- Dans un quart d'heure, je risque de ne pas répondre.
-- Alors je t'appelle dans une demi-heure.
-- Je ne répondrai pas non plus.
-- Bon, alors téléphone-moi quand tu en auras envie, s'il te plaît, je suis inquiète.
-- Je ne te téléphonerai pas ce soir, mais j'allais t'écrire, pour t'expliquer.

Je comprends alors qu'il veut rompre, mettre un terme à notre relation. Il en avait déjà parlé, plusieurs fois, mais comme d'une éventualité. Ce soir, je comprends que c'est sérieux et j'ai la voix qui tremble, mes larmes montent :
– OK, mais tu peux essayer de m'expliquer là, au téléphone, me laisse pas comme ça ...
Puis, après un silence, il dit :
-- Bon alors,tu veux bien laisser tes enfants manger tous seuls ? Je ne vais pas te prendre longtemps, j'en ai pour 5 minutes. Si tu ne me parles pas maintenant, tu ne me parleras jamais.

J'accepte, évidemment, persuadée que mon amour va rompre, que c'est notre dernière conversation. J'essaie d'être calme, de respirer, de ne pas le stresser davantage qu'il ne le semble déjà. Il prend une grande inspiration :
-- D'abord, Muriel, il faut que tu saches que je t'aime plus que tout au monde !
Je ris à travers mes larmes et déclare avec fougue :
-- Oh oui ! Ça, je le sais ! C'est la seule chose dont je sois vraiment certaine ! Je t'aime tant moi aussi.
Un silence, et puis :
-- Tu sais, je t'ai menti, un peu … Pour Teresa, je ne t'ai pas tout dit... c'est beaucoup plus grave que tout ce que je t'ai dit. Teresa, c'est fichu. Pour Teresa, c'est fini …

Je comprends alors que sa femme est morte Je pleure de plus belle.

Je lui propose de venir, pour l'aider, lui tenir compagnie, pleurer avec lui. Il refuse. J'insiste. J'entends alors des bruits étranges. Comme un cri, mais un cri inarticulé, horrible, comme un animal blessé. Il sent que j'ai entendu, que j'écoute et il dit :
-- Tu sais, je n'en peux plus de l'entendre … c'est tout le temps, c'est trop dur …

Je réalise alors que sa femme n'est pas morte, qu'elle est là,  à côté, et qu'elle pousse ces cris affreux qui semblent monter de très loin dans son corps. Nous nous taisons tous les deux pour écouter les cris de Teresa. Il reprend :
-- Pour elle, c'est trop tard, c'est fichu …

Je comprends que Térésa est mourante. Je me propose d'appeler les secours. Il refuse catégoriquement. J'insiste : il se fâche. Je suggère d'appeler pour lui son père, qui habite à côté, ou de faire appel à son ami N., le seul à être déjà entré dans l'appartement. Il s'entête dans son refus, répétant que c'est trop tard, que c'est fichu.

Et dans un éclair, je ne sais pas comment puisqu'il ne me dit rien clairement, je réalise qu'il va euthanasier sa femme, mettre fin à ses 12 années de souffrance. Je suis glacée d'horreur mais ma décision est prise en un clin d'oeil. Je respire un bon coup :

-- Emmanuel, tu ne peux pas faire ça tout seul. Je viens, je veux être avec toi …
--  Je ne veux pas que tu viennes. Je t'interdis de venir, tu m'entends ? C'est trop horrible, trop horrible...

Cela  doit bien faire maintenant 45  minutes que nous sommes au téléphone, moi suppliant, réduite à deviner l'impensable, lui parlant à demi-mots, fuyant, évasif …

J'entends toujours les cris de Teresa. J'entends aussi de drôles de bruit que je n'identifie pas, comme du vent, ou de l'eau. J'imagine qu'il a mis Teresa dans un bain chaud, qu'il lui a ouvert les poignets, qu'elle se vide.

Et lui il répète que c'est trop horrible, trop horrible.

Je parviens à me ressaisir et j'essaie de le raisonner.

-- Tu ne peux pas rester tout seul, laisse-moi venir !
-- je te l'interdis, tu entends. Ce sera encore plus horrible.
-- Ecoute, Emmanuel, tu ne peux pas faire ça. Tu vas foutre ta vie en l'air, et la mienne avec. Tu vas te retrouver en tôle...
-- J' ai tout prévu. Ils ne me prendront pas.

Je propose pour la énième fois d'appeler les secours, ils vont l'aider, ils vont t'aider, laisse-moi t'aider, Emmanuel...
– Non, je ne veux pas que tu viennes. Tu seras trop malheureuse, ce sera trop horrible.

Et puis, tout d'un coup, l'évidence. Je me couvre de sueur de la tête aux pieds. Je suis glacée jusqu'aux os : il va tuer sa femme et se tuer avec !
Fébrilement, je garde Emmanuel au téléphone en continuant à lui dire que je viens, que je l'aime, et je griffonne un message pour mon fils qui est à côté : Appelle le samu, envoie les secours à son adresse, il veut se suicider.

Pendant un temps qui me semble infini, mon fils a le Samu en ligne. Ils comprennent mal la situation, mon fils s'embrouille, finit par se faire entendre. Je continue à retenir Emmanuel :
-- Je t'aime, je ne veux pas vivre sans toi. Je veux me réveiller avec toi tous les matins, je veux te serrer dans mes bras tous les jours de ma vie. Tu m'entends, Emmanuel, je t'aime et ta place est à mes côtés.

Enfin, mon fils revient et crie triomphalement : « Ils arrivent ! »

Emmanuel a entendu :
-- Oh! Tu as appelé les secours. Ma chérie, je ne t'en veux pas.
-- Oui , Emmanuel. Ils arrivent, j'arrive ! Tiens-bon, mon chéri ! On arrive, accroche-toi !
-- Non, ne viens pas ! C'est trop horrible. Ma chérie, tu seras encore plus malheureuse.

Mes enfants m'entourent :
– Emmanuel ! Ne fais pas ça ! On t'aime ! Ta place est avec nous, ne fais pas ça !

Puis il crie dans le téléphone :
-- Ma chérie, ma chérie, ma chérie ! Je t'aime, je t'aime, je t'aime ! Je pars, je pars, je pars...

Soudain, le silence, juste des bip-bip-bip. La communication est coupée. Horrifiée, je lâche le fixe, attrape le portable et mon manteau. Je fonce dans la voiture en criant aux enfants que j'y vais.
En fait, je ne suis pas encore paniquée. Je suis persuadée qu'il a pris des médicaments, chez eux, il y en a tant ! Le temps que les secours arrivent, ils vont le prendre en charge, lui faire un lavage d'estomac, ils vont sauver mon amour ...

Il doit être un tout petit peu plus que 21 heures.

En conduisant, je rappelle le Samu, pour être sûre qu'ils arrivent, je leur dis de se dépêcher, ils me demandent si j'ai le code pour accéder à l'entrée de l'immeuble, je leur dis que non, mais dépêchez-vous …

je rappelle Emmanuel. Contre toute attente, il décroche...Toujours ces drôles de bruits en fond :
-- J'arrive, Emmanuel. Tiens bon. Accroche-toi, je t'aime et j'arrive avec les secours.
-- Ma chérie, c'est trop tard ! Ma chérie, ma chérie, ma chérie ! Je t'aime, je t'aime tant. Je t'aime ! Je pars, je pars, je pars.

Puis une voix déjà lointaine :
Je suis parti, je suis parti, je suis parti...

La communication est de nouveau interrompue.
Cette fois, je fonce. Dans mon affolement, je me trompe de chemin, perds de précieuses minutes à faire un détour. Quand j'arrive au bout de la rue N., je vois et entends les ambulances au loin. Je les suis.Devant l'entrée de la résidence, un gendarme m'intercepte. J'explique qui je suis . Il me dit d'attendre. Je trouve la force d'appeler ma fille pour lui dire de prévenir le père d'Emmanuel. Le policier revient et me fait signe de le suivre. Il me dit :
-- Quand on est arrivés, ils n'avaient pas encore sauté...

Je m'arrête net. Sauté ? Il a dit « sauté », alors ce ne sont pas des médicaments, Oh non !

-- Pour la dame, c'est trop tard, mais le monsieur, ils sont en train de s'occuper de lui.

En bas de l'immeuble, les gyrophares, les ambulances. Je vois la fenêtre grande ouverte, tout là-haut, au 9ème étage, c'est haut, c'est si haut. Et en bas, j'aperçois les jambes et le torse de mon Emmanuel, étendu sur la pelouse. On me fait monter dans une ambulance. Je ris et je dis : « C'est pas moi, la victime ! Occupez-vous de lui ! ». De loin, je vois qu'on lui fait un massage cardiaque. Cela dure longtemps. Puis un homme monte dans l'ambulance. Il se présente comme le médecin. Et il me dit que «  Le monsieur est parti. »

Il était 21 heures 26 le 25 sept 2012. Il est à présent 21 heures 55 et nous sommes, nous les vivants, le 25 novembre 2012. mon amour est parti.

Je m'excuse de la longueur et de la dureté de mon récit. Merci à ceux qui m'ont lue. Pardon, j'espère ne pas ajouter à votre peine, mon histoire est tellement, tellement absurde. Par moments, je n'y crois toujours pas. Tant d'amour, pour elle, pour moi et un tel désespoir !
J'espère comprendre un jour ...

Je n'avais jamais raconté cela, sauf à la police.

Je vous souhaite, à tous, une belle nuit, et qu'elle nous soit douce et apaisante autant que cela est possible,

Muriel


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« Modifié: 25 novembre 2012 à 22:44:31 par mirele »

clara

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #138 le: 25 novembre 2012 à 22:27:07 »
Muriel
que c'est dur de te répondre ...
je pense d'ailleurs qu'il n'y a rien à dire ...
J'ai le cœur serré pour toi et je sais aussi que les heures "anniversaires" des premiers mois sont terribles,comme si le film repassait au ralenti
 :-\
je t'embrasse  très fort
Claire

Corail

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #139 le: 25 novembre 2012 à 22:32:28 »
Oh Muriel
Je viens de te lire et je ne trouve pas les mots, je ne sais que dire, si ce n'est que je pense très fort à toi.
Tu as réussi à trouver le courage de nous raconter votre histoire, c'est déjà beaucoup et j'espère que tu trouveras le soutien dont tu as besoin, à travers nous tous qui traversons le deuil (j'aime pas ce mot "traverser", j'ai toujours l'impression de qq chose de rapide).
Nous te comprenons, nous sommes comme toi, nous partageons cette souffrance avec toi.
C'est peu mais c'est sans doute un bon début.
A bientôt, Virginie

amourdemavie

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #140 le: 26 novembre 2012 à 00:28:03 »
Bonsoir,

Que d'émotion :'( :'( :'( :'( toutes ces histoires m'ont donné des frissons!!!!

La mienne d'histoire: J'ai rencontré l'homme de ma vie au travail, la première fois qu'ont c embrassé était le 11 avril 1998 que j'étais heureuse de ce soir là.... Ensuite nous avons habité ensemble!!! En 2004 nous nous sommes mariées le plus beau jour de ma vie... Et en 2007 notre fils est né que du bonheur!!!!!! Jusqu'au jour ou notre vie a basculé.....

Nous étions le jeudi 22 juillet 2010 mon mari et un ami décide d'aller faire un tour de moto ils sont parti a 11H30 et notre fils avait 3 ans il pleuré il ne voulait pas que son papa parte..... En début d'après midi je mets mon ptit poussin a la sieste, a 15h j'ai mon amie qui vient me voir je trouve bizarre car elle était au travaille, donc je lui demande pourquoi elle est la: et la j'ai atterri au sol je suis anéanti de ce quel me dit!!!! mon mari a eu un accident de moto ont lui a rentré dedans de plein foué!!! Je pense à notre fils qui fait sa sieste tranquillement.... j'appelle vite mes parents pour qui s'occupe de notre fils, et la mon bébé d'amour se réveille je lui avait préparer des affaires et je lui ai dit qu'il partait en vacances avec son papy et sa mamy..... 17H30 je vais à l'hopital avec des amies je ne peux conduire, je suis toute tremblante je ne sais pas ce que les médecins vont m'annoncer.... J'ai pu voir mon mari dans la salle de déchocage :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( que c'est dur de le voir dans un lit dans un très sale état.... ensuite ils l'ont emmené dans une chambre car il était dans le coma et ne respiré pas par lui même!!!!! Je ne peux continuer c'est très dur de raconté....

Il est décédé le 26 juillet 2010..... et depuis ma vie n'est plus la mm je me bat tous les jours pour ne pas descendre aux enfer!!! et grace à mon fils que je suis toujours là!!!!

Courage à tous et toutes.........

bizzz    Lucie








tiobob

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #141 le: 26 novembre 2012 à 15:31:00 »
Muriel,
tant d emotion dans ton histoire.L amour ça peut etre aussi fort que ça, aussi tragique.Tout cela resonne fort en moi et je me sent bien triste pour toi.
Lucie,
mon mari aussi est mort dans un accident de moto.Notre fils avait 10 jours...je revoit tout le scenario en te lisant.

bon courage à vous

tiobob

tiobob

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #142 le: 26 novembre 2012 à 19:13:12 »
A ta demande, Corail, je rassemble les morceaux d histoire que je vous ai livré au fil de mes posts (c est si difficile de resumer tout ça ,si douloureux à ecrire, meme apres 3 ans et demi):

9 juin 2001:
Notre premier baiser.C etait la veille du bac, nous nous connaissions depuis 3 ans et étions dans la même classe.Je me souviens sa gêne à se montrer à mon bras le lendemain, il avait peur qu on me fasse des reflexions,peur de ne pas être quelqu un d assez bien.J ai insisté en lui disant que j assumai mes choix.Il avait raison , il y a eu des reflexions mais nous les avons balayé bien vite tellement nous etions bien ensembles...

Fevrier 2004: etudes terminées pour moi, boulot trouvé, nous nous installons dans notre petit nid.

10 juin 2006:notre mariage.Il faisait chaud, nous avions reussi a reunir nos familles, c etait une bien belle journée...

Septembre 2006:
nous emmenageons dans notre maison

septembre 2009: sur mon conseil, mon homme reprend des etudes.Un challenge pour lui,mais il ne pourra pas en recolter les fruits...

30 Mai 2009: notre bébé nait , 26h après la perte des eaux (dur dur l accouchement).Mon homme est transformé, il rayonne, le voilà papa.

8 juin 2009: il fait beau ce jour là.Notre bébé a 10 jours et je dois l emmener voir le medecin sur l insistance de son papa qui s inquiète pour une petite boule qu il a dans le cou.
Mon homme doit se rendre à l ecole pour preparer son dernier oral.Il est inquiet pour sa reussite, je le rebooste, le secoue un peu.Il s attarde dans la douche alors je le presse de sortir pour pouvoir me préparer.Quand il enfourche la moto,j ai besoin d un seul coup de lui dire au revoir ...bizzare....j ouvre la fenetre mais il enfile son casque et ne m entend pas.Tant pis, je le verrai ce soir...
20mn plus tard me voilà prete,je met le petit dans sa nacelle le telephone sonne :

"votre mari a eu un accident mais il est conscient.Vous voulez que je vous le passe?
Ah non pardon, je ne peux pas lui enlever le casque"

C est là que l attente commence.J appelle ma belle mere, elle me rejoint chez nous.Je suis modérément inquiète vu les indications telephoniques mais je m inquiète de ne plus avoir de nouvelles depuis plus d une heure.
Ma belle mere fini par appeler la police, puis la gendarmerie,et la nouvelle tombe...il est toujours sur l autoroute, il faut venir.
J appelle son pere qui travaille pas loin pour qu il me dise où a eu lieu l accident.Il passe devant en sens inverse et me renseigne sans s arreter puisque...c est pas grave!

J arrive sur les lieux,ma belle mere histerique et mon bébé dans la voiture.On ne peut pas le voir, il faut aller à l hopital, l ambulance va partir.Un policier m intercepte à ma descente de voiture.Je lui demande où est le second vehicule impliqué dans l accident.Il me demande comment je sais qu il y a un second vehicule et ajoute "de toutes manières il roulait trop vite" (l expertise  prouvera que non, mais j ai éprouvé tellement de rage à ce moment là...).
Son collegue revient me donner ses "affaires":sa gourmette,sa chaine, ses bijoux, sson alliance,ses papiers...et tout ce sang dessus.C est un bleu, il n a pas pensé à tout nettoyer avant, son collègue le toise mechament et moi, je gardera ce sang sur les mains tout le reste de la journée.

Arrivée à l hopital, l attente...
Au bout d une heure le SAMU repart.On vient nous voir pour nous dire que le medecin viendra plus tard nous expliquer.Là il s occupe de lui, son etat est serieux.Je decide qu il faut prevenir la famille.
Apres 3h dans ce hall, le medecin arrive.Il noous demande de le suivre.Je regarde ma belle mere...c est mauvais signe.

1er diagnostique: il a la jambe sectionnée.
Ma belle mere s effondre et moi je demande à quelle hauteur.Je pense prothese, j ai des amis qui en ont et vivent bien avec, je serai là, je serai forte, je l aime tant...
Le medecin poursui:SI il se reveille (sur le coup je n ai meme pas relevé le SI. Il allait forcement se reveiller, c est un costaud mon homme!) il faudra l amputer d un bras.
Re éffondrement de ma belle mere.
Moi: quel bras? le gauche .Ouf, il est droitier et passe un diplome informatique, au moins il pourra peut etre travailler.Il s est donné tant de mal pour ce diplome.

le medecin ne sait pas dans quel etat est le cerveau.Ils ont fait une transfusion massive et ne savent pas si il va la supporter.Les 3 prochaines heures seront decisives.
On nous emmene à l etage pour attendre.La famille arrive, les amis aussi, nous sommes nombreux, certains pleurent deja.Pas moi.Il VA se reveiller, il FAUT qu il se reveille.

Vers 18h , les 3h sont passées,je respire.On nous demande de rentrer.Il faudra encore attendre.Je refuse.Je veux le voir. "pensez à votre bébé madame" .Mais j ai tout ce qu il faut pour lui, j insiste encore, je veux le voir.En soin intensif c est interdit mais le medecin fini tout de meme par accepter car selon lui il faut que je realise.
En descendant, il nous explique tout:les fils,les tubes,les machines....
Enfin je peux me pencher sur lui, lui parler.Mon coeur se desserre un peu.Je lui dit que je sais qu il est costaud, que je suis là, que son bébé est là aussi, que nous l attendons.

Vers 20h je crois nous quittons l  hopital.A peine rentrés chez mes parents, le telephone sonne.Son papa au bout du fil,il pleure à en fendre le coeur, lui si reservé, mon dieu je n oublierai jamais cette voix noyée de larmes: c est fini.
Je crois que j ai hurlé, un long et profond cri, un seul cri et le silence.Mon frere me dit de faire attention à ma mere.Je lui en veut ce jour là, mais je sais qu il a raison.
Nous retournons à l hopital.Il saigne de partout, ils ont testé un traitement pour coaguler mais ça ne marche pas.Il va partir ou alors il faut que nous le debranchions.
Je respire un peu, car malgré tout il est encore vivant.Je ne comprend pas tout de suite que ça ne durera pas.Je demande qu on attende son papa pour discuter de tout ça.En attendant, je retourne aux soins intensifs.Je me penche au dessus de lui  et je lui dit doucement:je comprend,c est trop dur,je ne veux pas que tu souffres ou que tu sois malheureux.Je m occuperai bien de notre fils, je lui parlerai de toi, tu peux partir en paix.
J ai a peine fini....tracé plat.Son papa arrive à ce moment là.Trop tard!

Desolée, pour ce soir je ne pourrai pas aller plus loin.C est la première fois que je pose tout ça tout d un bloc.Les larmes ne sont pas loin et notre bébé non plus....

A plus tard
merci virginie de m avoir permis de mettre des mots sur tout ça

tiobob


tiobob

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #143 le: 26 novembre 2012 à 20:08:43 »
après un court répit, je vous livre la suite:

nous sommes le 9 juin 2009, 8 ans jour pour jour après notre premier baiser.
Mon amour est mort cette nuit, et je suis convoquée au commissariat.Et oui, il y avait bien un autre vehicule, une voiture conduite par une dame de 65 ans atteinte d un cancer (quel traitement prenait elle? avait elle seulement le droit de conduire?).
Alors qu on est venu recolter le sang de mon amour pour analyses toxicologiques (ba oui 28 ans et motard ...), je ne voit trace d auncun exament la concernant.On me dit qu elle a été interpellée trop tard, et puis au final, plusieurs moi apres on me dira qu elle a eu des examens mais aucune trace dans le dossier...etrange quand meme.

J apprend au fil des heures puis des jours (certains elements etaient confus) ce qui s est passé ce matin là:
mon epoux a doublé un vehicule puis un camion puis....cette brave dame a decidé sans raison de se deporter sur la file de gauche sans clignotant.
Il a freiné mais a fini par la percuter et a été ejecté , heurtant le rail de securité (d où l amputation de la jambe).La dame ne s est pas arreté,le camion oui.L autre vehicule l a prise en chasse.Elle a fait mine de quitter l autoroute puis de se raviser.Heureusement, il avait noté la plaque...
Pendant que mon homme  agonisait, conscient et serieusement mutilé sur le bord de cette route, elle est d abord passé chercher son colis à la poste (ce detail sordide m a fait fulminer pendant des mois, j en ai meme reparlé au proces).
Elle est ensuite rentré tranquilement chez elle et la police a sonné à sa porte.
Non non , elle n avait pas pris sa voiture ni quitté son domicile.
La police l a donc emmenée sur le parking constater les degats du vehicule.
Elle a bien du se resoudre a avouer et a fait 48h de garde à vue........


Mon amour a été autopsié.Nous l avons incinéré le 16 juin 2009.......
Il faisait beau ce jour là, il y avait beaucoup de monde,et moi , je ne saurai plus dire qui etait là ou non.
J etais avec lui du début à la fin, et j ai encore cette image d avoir allaité notre bébé pendant que ma belle soeur de 15 ans prenait la parole, juste avant que j aille dire quelques mots pour lui.

il y a eu proces,la conductrice reconnue coupable et condamnée à de la prison ferme qu elle ne fera jamais.On a le droit d avoir 65 ans, d etre malade et de tuer impunément un jeune homme de 28 ans en bonne santé, papa depuis 10 jours et futur laureat de son diplome...Ce diplome, il l a obtenu a titre posthume, et nous sommes allés avec son papa le chercher le jour de la remise des diplomes.c est bien la seule chose que je n aurai pas pu faire seule.J avais les jambes sciées.

J ai eu une liaison tourmentée pendant 2 ans avec un homme que j ai aimé aussi.
Nous nous sommes quittés cet été et me voilà ici à vous lire, à vous parler, à vous ecrire, à essayer d avancer.

Ce soir je crois que j ai fait un pas de plus en vous livrant tout ça....


Merci encore à virginie et à ceux qui m auront lue.

tiobob

amourdemavie

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #144 le: 26 novembre 2012 à 21:10:24 »
tiobob que c'est triste et tout comme toi je me revois 2ans et demi en arriére.... le taré et encore je suis gentille devait faire de la prison mais il ne le fait pas car il est repartit dans son pays >:( >:( >:( >:( >:( >:( il avait copé 18 mois de prison, 500 euros d'amende et n'avait plus droit conduire en France pendant 3 ans!!!!!!!

Comme j'ai de la haine a cause de lui ma vie n'est plus pareil et a celle de mon fils aussi.....

C'est vrai que c dur de raconté :'( :'( :'( :'( c'est revenir en arrière et ça fait trop mal..... et pour vous dire quand je vous raconté mon histoire je pleuré trop dur!!! Il me manque tellement :'( :'( :'( :'( :'(

Je vous souhaite une bonne soirée et que votre nuit soit douce... :-*

Lucie

lilas52

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #145 le: 27 novembre 2012 à 08:52:57 »
bonjour Lucie, Tiobob et vous tous,
Je suis trop émue par ces vies brisées par la folie meurtrière de certains, pour trouver des mots apaisants votre souffrance.
Je vous embrasse
LYDIA

ROUBOU35

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #146 le: 27 novembre 2012 à 11:32:42 »
Vos vies brisées souvent de manière si dramatiques rendent les mots bien insuffisants pour vous dire combien nous sommes profondément touchés par vos récits.
Seules, notre présence et notre écoute sur ce forum peuvent peut-être vous aider.
Je pense très fort à vous
Dominique
 

mirele

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #147 le: 03 décembre 2012 à 17:02:06 »
Bonjour,
J'ai voulu aujourd'hui vous livrer un beau souvenir, qui m'est remonté précisément grâce à ce forum. J'ai commencé grâce à vous à écrire les moments heureux. Je n'hésite plus à les convoquer, ils me sont si doux, ils me font du bien.

une semaine avant sa mort, nous sommes allés lui acheter des chemises et des bottines.
Il voulait jeter les vieux habits de la solitude et du malheur, les sweats détendus et les pantalons trop grands depuis qu'il avait minci et qui lui donnaient l'air d'un grand-père dans son jardin. Il tenait absolument à ce que je vienne avec lui pour lui donner mon avis, et de toute façon, nous avions si peu de temps à passer ensemble que nous nous consacrions l'un à l'autre tous nos moments de loisirs... Nous ne sommes jamais allés au restaurant ni au cinéma, mais dans dans les boutiques, oui ! Emmanuel adorait le shopping ! Moi beaucoup moins...

Donc en ce lundi de mi-septembre, je terminais à 15 heures et lui à midi. Il m'attendait pour la séance boutiques. Comme j'étais crevée et qu'il faisait beau, on a pris le temps de boire un thé, allongés sur la pelouse sous le grand bouleau qui domine mon jardin. On est restés longtemps à regarder le vent jouer dans les feuilles ensolleillées, à goûter la chaleur sur notre peau. Je me souviens, il avait la tête posée sur mes genoux et mes doigts jouaient avec sa barbe naissante. On s'est dit : "Il faut en profiter, c'est sûrement un des derniers beaux jours de l'été..."
Vers 16 heures, direction les boutiques. Ah ! les chemises ! Nous sommes tombés sur un magasin qui proposait des chemises "easy iron" et cintrées ! Juste ce qu'il cherchait en vain ---et moi derrière lui -- depuis plusieurs semaines ... Il a palpé, tâté, soupesé. Il a déballé, , comparé les teintes, les nuances. Il voulait les acheter toutes : une bleue, une rouge, une violette, une mauve, une autre d'un violet plus clair ... Il est entré dans la cabine avec au moins dix modèles ! Derrière le rideau il s'est déshabillé, et moi je n'arrêtais pas de le taquiner. Je passais sans arrêt la tête en lui demandant comment ça allait, et il poussait à chaque fois des petits cris de vierge effarouchée. C'était très drôle. et puis je passais le bras pour toucher sa taille, son ventre derrière le rideau et il criait de plus belle et je riais plus fort.
Il est reparti avec une chemise d'un rouge à la fois gai et profond et a demandé à la vendeuse de lui mettre la violette, la mauve et l'autre violette de côté. Il voulait d'abord tester le côté easy iron" avant de toutes les acheter ...

Après sa mort, une de mes obsessions était de retrouver cette chemise rouge qu'il avait mise dès le lendemain et qui lui donnait un air rayonnant. A son appartement, j'ai plié et rangé soigneusement tout son linge. Plier pour la première fois les vêtements de l'homme que j'aimais, c'était un peu l'épouser, accepter le fait que j'étais désormais sa femme, même s'il était mort. Ses habits sentaient encore son odeur ... J'ai récupéré quelques vêtements qui me rappelaient nos jours heureux. Il y a encore, au fond de mon armoire, un tee-shirt à manches longues qu'il adorait, élimé, déchiré et tout doux, que je n'ai pas porté et qui garde son odeur. Je n'ose pas le mettre, parfois je le déplie, je le sens et je pleure ...
Mais la belle chemise rouge, je ne l'ai pas retrouvée. Je me suis demandé s'il l'avait enfilée pour sauter, en souvenir de ce bel après-midi de shopping, et dans ce cas, les pompiers l'ont déchirée lorsqu'ils ont tenté de le réanimer.
Mais ce mardi terrible-là, il portait un tee-shirt rose vif, que nous avions aussi choisi ensemble, cet été. Personne au collège n'oubliera ce tee-shirt. D'abord parce qu'il ne mettait jamais de tee-shirt en cours, il préférait les chemises, souvenir de collège anglais et puis il trouvait que c'était important d'être bien habillé quand on enseigne en ZEP, pas pour la discipline, mais pour donner un modèle positif aux élèves. Donc, ce tee-shirt rose, tout le monde l'a remarqué. Tous les collègues l'ont taquiné et moi j'étais si fière d'aimer cet homme, de l'aimer en secret, de le voir si heureux et épanoui, et je m'étais dit que le moment approchait peut-être de dévoiler notre secret à nos collègues. Emmanuel était prêt à le faire depuis le mois de juin. Moi je voulais attendre encore un peu, je voulais être sûre de mon engagement à ses côtés, et le samedi des chemises, je me suis aperçue que j'étais sûre. Heureusement, je le lui ai dit ...

Le tee-shirt rose, nous ne l'avons pas retrouvé non plus.

Dans la semaine qui a suivi l'achat des chemises, il a dit à sa maman au téléphone combien il était heureux, parce que c'était la première fois qu'une femme s'occupait de lui, de sa garde-robe.

Je suis si contente d'avoir retrouvé ce joli souvenir.
« Modifié: 03 décembre 2012 à 18:38:45 par mirele »

eternity

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #148 le: 04 décembre 2012 à 10:21:15 »
Mon mari François qui m' a quitté le 13 juillet 2011 d' une leucémie, avait perdu ses parents dans un accident de voiture, tué par un chauffard ivre en plein ligne droite... nous attendions notre premier enfant;

J'ai longtemps pensé et le pense encore par moments, même si je me trompe, que ce choc immense, avait peut-être provoqué cette p...  de maladie et qu' à un moment donné, longtemps après son corps a réagi et la maladie est arrivée?

Oui, mes interrogations, encore là aujourd' hui ne font encore que me torturer et non avancer...

A quoi bon.

eternity

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #149 le: 04 décembre 2012 à 11:15:53 »
Donnez moi la sérénité d'accepter toutes les choses que je ne peux changer".


Pour moi: UN ENORME travail  en perspective...car la sérénité est loin d' être là, même si...oui, je peux le dire, un peu plus apaisée.  :)

Mais, prête à tout mettre en oeuvre pour me sentir mieux!

 :-*

Nadine.