ce message correspond aux deux fils ..."trouver un peu de réconfort" et puis racontons notre histoire...
je l'ai surtout écrit en réponse à Géraldine, mais bon je pense qu'il a sa place ici aussi
c'est la 1ere fois que j'écris ça : sa mort
est ce signe que j'avance ?
je vais être obligée de raconter mon histoire (glurp's)
alors voilà :
mercredi 11 janvier 2012 à 12h30, mon mari (après avoir planté son rosier et appelé ses parents ...) me dit qu'il va chercher les filles (nos jumelles) à l'arrêt de car (on vit , vivait bref je ne sais plus ... en province)
le car est censé arriver à 12h35 et le trajet dure 5mn à peine en voiture... Je continue de préparer le repas (on recommence à 13h30 tous les 2 on travaille ensemble)
je ne sais même plus quel temps employer alors je choisis le présent car l'imparfait me semble si ... imparfait
bref, j'écoute la radio (nostalgie pour ne pas la citer ... on adorait chanter ensemble des vieux tubes)
et puis le temps passe ... je commence à me poser des questions et surtout à rager contre les cars scolaires toujours en retard .Et puis, l'inquiétude, je regarde l'heure, il est (je ne sais plus exactement) 13h50 et là comme un grand stress, j'ouvre la fenêtre de la cuisine (j'habite à la campagne, une vieille maison de plein pied) et je vois une de mes filles arriver à vélo ... je lui demande ce qu'elle fait et me réponds qu'elle range son vélo (je me dis "elle a du se faire engueuler par son père parce que ce vélo trainait encore) je pense voir arriver la voiture et voilà l'autre qui pointe le bout de son nez à pied et je leur demande (et là tout va très vite, c'est presque de l'instantané)
mais ? vous n'avez pas croisé papa ?
non ... et l'une d'elle me réponds : mais il est là, dans le garage en train d'écouter la musique dans la voiture ...
je me dis (dans une dynamique de vie) tiens, il a du attendre à l'arrêt de bus et puis comme il n'était pas très patient il a du revenir ... et en même temps je demande à ma fille (et le problème c'est que je suis incapable de savoir à laquelle des deux j'ai demandé)
va voir
et au moment où je prononce ces mots, je cours, je cours mais trop tard, elles l'ont vu en première et me crient "maman il fait un malaise, appelle les secours". Elles ont 12 ans et 2 mois
j'arrive, mon mari est dans la voiture,le contact allumé et au fond de moi, je sais qu'il est déjà mort.
Pourtant et là, c'est un peu le "black out" j'appelle les secours, il y a un problème de téléphone qui ne porte pas jusqu'au garage, mon portable est introuvable, et toutes les trois ,on essaie d'une part de "réveiller" mon grand Jo et d'autre part d'appeler les secours en expliquant à je ne sais combien de personnes différentes que mon mari fait un malaise cardiaque et qu'il faut venir au plus vite...
bref, le médecin régulateur a fait envoyer les pompiers, alors qu'il fallait le SMUR mais je sais au plus profond de moi que lorsque je l'ai vu, il était déjà parti pour d'autre contrée ...
ils n'ont bien sûr rien pu faire pour lui, et nous ont fait attendre (ma mère, mes filles et moi) 45mn avant de nous annoncer le verdict fatal.
il parait que c'est le temps "convenu" pour que la famille accepte.
Ensuite ... j'ai deux autres grands enfants ... un qui était interne et l'autre en contrat de professionnalisation.
tous deux à 1h de la maison
Comment faire pour les "rapatrier" pour ne pas leur annoncer ça au téléphone ?
une de mes voisines est allé chercher mon fils à l'internat (je lui avais dit papa a fait un malaise cardiaque)
et j'ai eu la chance que ma sœur soit en vacances dans la même ville que ma fille ainée : c'est elle qui me l'a ramenée (sans savoir non plus qu'il était mort)
Alors Géraldine, tu dois te demander pourquoi je te raconte tout ça ?
hé bien voilà :nous ne sommes plus que cinq maintenant dans cette famille et un soir, j'ai réuni les deux ainés et puis je leur ai dit : allez, maintenant à vous ... moi, je vous ai menti pour la 1ere fois de ma vie mais vous ? qu'avez vous ressenti ?
Au début, ils ont hésité , puis très vite, tout est remonté, l'angoisse, la colère, la peur, le manque, le désespoir ... et nous avons pleuré ensemble
puis ensuite, j'ai parlé avec les jumelles de la même façon, elles, en plus de la mort de leur père, elles ont eu le traumatisme de le découvrir (avant moi... et moi, c'est la culpabilité) Indéci
et enfin, nous avons réussi à en parler tous les cinq, avec beaucoup d'émotions certes mais avec l'impression d'être redevenu une famille même sans lui.
Si tu ne pleures pas devant tes enfants, ils ne s'autoriseront pas à pleurer
Si tu n'évoques pas avec eux ce que tu as ressenti à l'annonce de la mort de ton mari, ils ne pourront pas le faire
Et oui, encore une fois, nous sommes le moteur de la famille, et même si c'est douloureux, il faut en passer par là.
je n'ai pas la science infuse, mais je pense que je ne me trompe pas trop...
Arrêtons la pudeur mal placée, appelons un chat un chat et la mort la mort ...
ensuite,et seulement ensuite, on peut l'accepter ...
J'espère ne pas avoir été trop dur ni trop moralisatrice... si c'est le cas,je m'en excuse d'avance
Claire