Bonjour à Toutes et Tous,
Je me décide à me manifester, moi qui égoïstement vous ai lus, ai trouvé des courts moments d'accalmie à travers vos divers témoignages.
Nous sommes très différents les uns des autres dans nos réactions ; ainsi de mon côté je n'attends pas de réponse particulière, toutes vos réponses réunies étant pour moi un furtif instant d'apaisement dans mes crises de larmes, de détresse, étant donné que nous avons en commun une même douleur qui nous déchire et nous pétrifie ! Aussi je vous remercie d'être là même pour ceux qui restent dans l'ombre le coeur dans un étau...
Mi-juillet dernier, ma fille (46 ans) -maman de deux enfants- "a mis fin à ses jours". Je suis toujours sous le choc !
Nous n'avons pas compris, n'avons pas été avertis qu'elle souffrait d'une dépression sévère (suite un divorce qui ne s'est pas passé dans les conditions prévues au départ) dans laquelle elle s'avançait à un point de non retour et qui l'éloignait chaque jour un peu plus de ses enfants dont elle ne pouvait, depuis mi-mars, assurer sa semaine de garde..
Le soir où elle est passée à l'acte dans son ex-maison familiale, elle a cru perdre l'amour de ses enfants voulant les voir alors que son ex-conjoint la sommait en quelque sorte de guérir d'abord!
Fière elle cachait souvent les difficultés qu'elle vivait que je n'ai découvertes hélas qu'après... n'ayant pas su interpréter ses silences, sa fébrilité, sa grande souffrance.... toutes les difficultés auxquelles elle était confrontée.
Nous avons tous voulu la booster alors que l'urgence était qu'elle se soigne, qu'elle voit fréquemment ses petits, même que quelques heures !
Evidemment on l'a de surcroît taxée d'avoir pris la fuite et abandonné ses enfants, après son geste de violence d'abord envers elle-même, , alors que c'est le corps médical et l'entourage qui n'ont pas été à la hauteur, ni tendres avec elle, qui devraient lui demander pardon ! Pour ma part je ne cesse de le faire depuis plus de quatre mois.... j'ai l'impression que c' était hier !
Elle m'avait quittée il y a plus de vingt ans et, revenue chercher un peu d'aide, elle se trouvait chez moi en attendant d'être
mieux pour repartir sur d'autres bases ! Je n'étais pas suffisamment informée de sa situation, et j'ai conscience d'avoir ignoré
ce qu'il fallait faire ou ne pas faire... Il aurait fallu que je consulte de mon côté....
J' aurais tant souhaité qu'elle sorte de son mutisme, elle si communicative, indépendante et décidée avant cette sournoise maladie, ne réagissait plus à force de médicaments qui la rendaient apathique, ce qu'elle n'a pas supporté !
Voilà, c'est à mon tour de souffrir de ne plus la savoir à sa vie, de ne plus avoir un coucou, un sms, une visite, un sourire, un bisou,
de ne plus avoir à lui faire quelques courses, lui offrir des petits cadeaux, de ne plus l'entendre me dire "Maman ou "Mam""
C'est également à mon tour de souffrir de ne pas voir ses enfants.... ayant dit à l'ex-conjoint ce que je pensais de son attitude,
ce qui immanquablement l'a conduit à m'éviter alors que je sais qu'il me faudra bien respecter le père que les enfants aiment !
Que de chemin à parcourir...
Je compte y aller tout doucement, espérant ne pas devoir trop attendre quand même... les années passent pour moi !
Un drame... une histoire lourde pour mon enfant qui en a été victime, lourde de conséquences pour ceux qui restent....
Je m'occupe un peu de mon appartement... tout ce que j'arrive à faire en me forçant.... outre certaines formalités non terminées...
Je suis très seule depuis.... J'ai eu un coup de main au moment des obsèques, un coup de main dont nous aurions eu besoin AVANT cette tragédie, nous nous sommes tellement senties démunies toutes les deux parfois, je dirais plutôt souvent ; par contre des conseils nous en avons reçu tant et plus, plutôt contre-productifs la plupart du temps ; aujourd'hui, comme cela se produit souvent en pareil cas, mes proches n'ont pas envie que je les attriste outre mesure, c'est très clair !
Je m'abstiens de tout jugement, chacun fait ce qu'il peut faire...
Seule chez moi, au moins je peux pleurer la mort dans l'âme, toutes les larmes de mon corps. Je les croyais taries mais non,
elles n'ont cessé de couler depuis que je suis levée.... Je ne rêve pas de ma fille hélas ... Cette nuit, c' était plutôt de son ex-mari,
un cauchemar qui m'a empêchée de dormir !
Une fois par semaine je vais chez une Psy et j' assiste à un groupe de paroles deux fois dans le mois ! Et le reste du temps ?
Quoi d'autre que de réussir peut-être enfin un jour à prendre sur soi ?
Très chaleureusement à Toutes et Tous, je partage votre peine et vos efforts et suis de tout coeur avec vous.
Mammj