Bonjour Mylénium.
Avant tout merci pour ta gentillesse. Comment vas-tu ? J’ignore comment tu te sens par rapport à la mort de ta mère, mais j’espère que tu as réussi à surmonter la tristesse, et si ce n’est pas encore le cas alors je te souhaite d’être un jour apaisé, perdre un de ses parents c’est dur en étant très jeune, mais ça l’est tout autant à l’âge adulte, parce que justement ça fait retomber en enfance, et j’imagine que c’est encore plus dur lorsque l’on a personne vers qui se tourner, j’espère d’ailleurs que tu es au moins entouré d’amis, et d’une ‘’moitié’’. Si jamais tu veux en parler, n’hésite pas, je serais ravie d’échanger avec toi.
C’est sûr que pour une jeune fille de 15 ans, c’est rude de perdre sa mère, j’avais encore tellement besoin d’elle, j’avais encore tant de questions à lui poser, et de choses à lui dire. Mais à vrai dire, la perdre n’était pas le plus dur, à l’époque ce qui était dur c’était d’aller la voir tous les deux jours, c’était insoutenable de regarder ma guerrière de mère s’éteindre jour après jour, elle était jeune elle aussi, elle avait 48 ans. J’étais entourée, c’est vrai, mais d’une façon bien particulière, on a pas vraiment le sens de la famille ‘’chez moi’’, physiquement ils étaient là, mais psychologiquement. . . Comment te dire, le contexte familial est particulier (mais dans quelle famille ce n’est pas le cas ?), chacun a sa personnalité, chacun à gérer la situation comme il pouvait. À 15 ans, j’avais vraiment l’impression de traverser ça seule, et 1 an, 5 ans après j’avais toujours ce sentiment, 10 ans après ? Je pense toujours que ça à été le cas, mais je n’étais pas seule à être seule, et perdre sa mère est une chose, mais ça reste ‘’logique’’, ce qui l’est moins c’est de perdre sa fille, sa sœur, la femme que l’on a aimé. Chacun a dû accepter la situation, chacun a dû vivre avec ses regrets. Avec le recul je perçois que certains mots, certains gestes de mon oncle notamment, ou de mon frère, étaient des formes de soutien, bien que maladroite, et puis évidement il y a eu mon père, même si une fois installée chez lui on parlait peu de ce qui venait de se passer, il a vraiment été cool avec moi, il a tout fait pour que je me sente rapidement chez moi, il m’a plusieurs fois demandé si je voulais voir ‘’quelqu’un’’ ce que je refusais, mais à l’époque je gérais, enfin je pensais gérer. 10 ans après, à 25 ans (en effet) je suis enfin apaisée, j’ai appris à vivre avec mes regrets, à ne plus les laisser me couler, je ne suis plus révoltée d’avoir perdue ma mère, je ne suis plus en colère contre mes proches, ni contre moi-même, par contre je suis toujours révoltée du peu de place qu’on accorde au deuil dans la vie en générale, on explique si peu aux familles comment gérer cette étape, on nous laisse si peu de temps pour pleurer, il faut cacher la tristesse, il faut cacher la mort aussi bien en société qu’en famille, et je trouve ça tellement malsain.
J’ignore si être entouré ou pas d’une famille change la donne lorsque l’on perd quelqu’un. Dans mon cas, je ne dirais pas que je suis en bon ou mauvais terme avec mes proches, j’étais assez proche de mes grands-parents, je les appelle lorsque j’y pense, j’essaie de leur rendre visite au moins une fois par an, mais ça me rend toujours mal à l’aise d’aller les voir, leur appartement est une sorte de mausolée dédié à ma mère, il n’y a pas une pièce où il n’y a pas au moins un objet, un meuble lui ayant appartenu, sans compter le fait qu’ils ressassent sans arrêt le passé ‘’ah si t’as mère était là’’, ce qui met d’ailleurs souvent mon frère en colère. Contrairement à toi, c’est vrai, je ne suis pas fille unique, mais j’ai été élevée comme telle, mon demi-frère et moi n’avons pas grandi ensemble, on a 8 ans d’écart, on à jamais vraiment été proche. Tout ça pour dire, qu’être entouré de sa famille peut sûrement aider, quand elle est soudée, ce qui n’est pas le cas de mon côté. . .
Je te souhaite une bonne journée. Courage à toi.
Julie.