Bonsoir Claudia,
Tu as aussi le droit de te laisser aller un peu, mais fait attention de ne pas tomber dans l’anorexie ! Pas besoin de vouloir devenir mannequin, il suffit de ne pas manger suffisamment par chagrin. Ne prend jamais ce risque. Il est très difficile d’en sortir par la suite, car c’est une addiction !
J’avais repris le travail deux semaines après le décès de ma fille le 27 février 2011, mais à vrai dire « à l’économie ». Heureusement, j’avais de l’expérience car le cœur n’y était pas. En dehors du travail, je restais au lit s’il n’y avait pas de démarches à accomplir ou l’appartement qui était à 800 km à vider. En plus je lisais de nombreuses fois « Ce lien qui ne meurt jamais» de Lytta Basset et j’avais trouvé un autre forum sur le deuil où je ne faisais que lire dans un premier temps. En plus je racontais notre tragédie maintes fois. Puis, pendant les vacances, j’ai acheté des livres du Dr. Elisabeth Kübler-Ross et du Dr. Fauré. Parfois, je restais au lit deux jours de suite et ne me levait que pour manger ce que mon mari avait préparé comme d’habitude. Pendant au moins six mois, j’ai laissé tombé pratiquement le ménage et encore plus longtemps le jardin. Cela m’était égal. Mais je crois que j’avais besoin de ce temps pour m’occuper de moi et de mon deuil en dehors du travail. C’était prioritaire. Maintenant, mon deuil s’est transformé. Il faut te laisser le temps. Ce deuil si douloureux nous demande toute l’énergie. Nous ne devons non seulement faire un travail de deuil mais surmonter aussi le souvenir de la tragédie.
Depuis longtemps comme toi, je m’étais fait des soucis pour mon ainée. Jour et nuit, mes pensées avaient tourné surtout autour d’elle, à chercher des solutions. Ma vie était en grande partie axée sur elle. Après son suicide, c’était le grand vide et il fallait réorienter ma vie. Par ce que j’ai vécu et lu aussi, je me suis complètement transformée. Sept mois après ma fille, j’ai perdu mon mari et maintenant, je dois repenser ma vie encore une fois. Tout cela demande beaucoup d’énergie. Tu as bien le droit de te laisser aller si tu en as besoin. Je ne me souviens plus si tu te fais aider. Moi, j’avais décidé que non puisque personne n’avait pu aider ma fille. Heureusement, j’avais de nombreuses personnes que je pouvais appeler en cas de besoin, dont deux femmes qui avaient perdu leur enfant. C’est elles qui m’aidaient le plus.
Tu écris que tu n’as plus la force de te révolter contre la mort. De toute façon, ta révolte ne changera rien au fait, mais demande beaucoup d’énergie et fait très mal. Probablement, cela t’emmènera un pas en avant. Après le décès de mon mari, je suis devenue fataliste, enfin je crois. J’essayais toujours de tout contrôler, mais nous ne contrôlons pas ce qui nous importe vraiment. Et nous ne pouvons que nous plier à notre destin et nous laisser entraîner et mouliner. Nous verrons bien qui nous serons demain.
Penses à toi et soit bonne et douce avec toi-même. Ta Loulou aurait aimé te voir ainsi.
Je t’embrasse très fort
Méduse