Hum, Romy,
Tu vois, je ne sais pas si "ton problème" peut s' accomoder de "son problème" ...
Ou le contraire ou "coupons la poire en deux" ...
Il est rare que personne ne soit mort ici (à part le mort d'un autre).
MAIS, j'essaie d'être claire, j'y viens, si tu aimes quelqu'un qui aime un mort, tu aimes son mort aussi, c'est un peu encombrant bien sûr ...
Peut-être, la lecture de certaines problématiques d'endeuillés peut t'aider à te faire piger le schmilibiliblick ... ?
Je te partage ma réflexion "sérieuse" du jour, en tant que personne endeuillée depuis quatre ans ?
C'est pas facile-facile ... pour nous autres non plus ...
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Chers endeuillés,
Je réfléchis toujours sur "ce" qui se passe "depuis" ...
Et puis même quand j'y réfléchis pas, c'est là ... ça m'oppresse ...
Normalement, respirer, c'est un réflexe, mais c'est comme si je devais tout le temps m'en souvenir, maintenant: "faut que j'inspire, faut que j'expire" ... au sens figuré et souvent aussi au sens propre !
Oui, la vie est instable dans le deuil d'un essentiel, plus rien ne va de soi, nous n'allons plus de nous-mêmes, mus par une dynamique bien huilée ...
Il y a tout le temps "des ratés".
Bien sûr, les souvenirs sont vivants, mais on y plonge sous vide, nos poumons atrophiés se détendent dans la danse des profondeurs, et suffoquent à la remontée ... notez l'étrangeté ...
Et sans ces trésors notre vie est perdue ...
Perdue et on continue ... de chercher jusqu'au prochain soupir ...
Il n'y a plus que de l'air à prendre certains jours ...
"C'est une capsule d'air
où le monde entier nous fait mal,
c'est un petit espace vif au fol unisson de la lumière,
c'est une échelle indéfinissable
où les nuages et les roses
oublient la criaillerie chinoise qui bouillonne
au débarcadère du sang."
Extrait de "Poète à N.Y.", F.G. Lorca.
Air, différence, émerveillement ...
Oui, il reste l'immatériel de tout cela à goûter chaque jour ...
En toute instabilité ... sensibilité ... sinon nous sommes déjà morts ...
Bien solidairement, Titine.