Je pense que même dans les pires moments, nous puisons dans une force qui est toujours en nous, à l'état latent, parfois sans même que nous en ayons conscience, et qui se réveille quand nous en avons vraiement besoin. Il doit y avoir bien plus de ressources en nous que nous le croyons; quand ces ressources latentes se mettent en marche pour nous protèger, nous permettre de continuer, nous en sommes les premiers surpris, n'est-ce-pas? Le cerveau humain est ainsi fait, c'est ce que j'ai compris durant mon premier deuil: cette force insoupçonnée est naturellement en nous, pour nous aider à survivre, et à vivre tout court, en cas de coup dur. Des deuils, il y en a toujours eu et il y en aura toujours, personne n'y échappe  c'est pourquoi cette energie qui est en nous, prète à se reveiller, a été faite, de ça je suis sûre.

  Je pense à toi Laurence, je te comprends 

  Cette chanson était peut-être une coÏncidence (...ou pas  ), mais elle est tombée à point 

  Ce qui ne fait aucun doute par contre, c'est ce qui s'est produit il y a un an jour pour jour, à cette date-anniversaire de la mort de Pierre. Les jours d'avant, j'avais eu une étrange sensation, celle que Pierre était plus proche qu'il ne l'avait été depuis longtemps, et qu'il allait l'être encore davantage. Et ce jour-là, alors que j'ètais au cimetière, j'ai ressentis cette présence intensément, aussi intensément, oui, que durant les tous premiers temps du deuil, alors que j'en avais un immense besoin. Il devait bien le savoir, à ce moment-là, comme j'en avais besoin. Et ce 2 mai 2023, je reconnaissais cette présence si proche, spirituelle mais presque tangible psychiquement. Là encore, j'ai reconnu ce que je n'avais pas oublié bien sûr, mais dont je ne me souvenais plus de la sensation exacte. C'était comme un retour en arrière, mais sans souffrance cette fois, c'était d'une grande douceur, teinté de nostalgie mais  surtout d'amour.

  Devant sa tombe, alors que je lui parlais à voix haute, cette présence s'est faite plus distincte encore-oh oui, comme je me souvenais!-et m'a accompagnée alors que je me dirigeais vers la grille du cimetière  j'avais l'intuition trés nette que je la ressentirais encore pendant quelques jours. Je ne pouvais pas en demander davantage: il sais que je n'ai plus besoin de lui tout le temps. J'ai la certitude qu'il m'a fait cette petite surprise aux environs de cette date, pour me faire savoir que lui non plus ne m'oublie pas  et, de fait, j'ai savouré ces ressentis encore à peu près trois jours  avec les petits signes qui vont avec, comme souvent.

  Cette année, c'est moins positif, en raison de circonstances extèrieures, mais j'ai tout de même ressentis un sentiment d'étrangeté dans la journée, une présence bienfaisante que j'aurais reconnu entre mille, qui m'effleurait avec une infinie douceur, qui m'accompagnait  et cette période n'est pas finie, il peut encore y avoir du positif. J'arrive à sourire du coup 

Comme j'aime aussi m'exprimer en musique-c'est étonnant comme certaines d'entre elles semblent parler exactement de ce que nous ressentons-je pensais justement à cette chanson que j'aime beaucoup-et qui, comme par hasard, vient d'apparaître sur youtube alors que je ne m'y attendais pas du tout...ça a été une surprise totale 

https://youtu.be/mRXRroA2HN4

 

  il faut savoir accepter les évolutions de sa propre progression émotionnelle et lâcher le mental ;-)
c'est rester authentique   

Mon papa aurait 100 ans ce mois ci
mais il est mort à 54 ans  ... 
profites bien du tien ! 

  Comme je disais la dernière fois, cet après-midi là, l'approche de cette date a, en même temps, réactivé mes autres péripéties on vas dire de ces dernières années, comme si tout s'emboîtait. Pourtant, j'avais bien surmonté tout ça, autant le dècès de Pierre que celui de Jean-Philippe, et, à une moindre èchelle, mais trés importante tout de même, celui de mes amis Jean-Louis et Marie-France (est-ce-que j'en ai seulement encore, maintenant de véritables amis?...je commence à en douter sérieusement  ).

  Et, pour ce qui est de Gilles, cet homme avec qui je m'ètais provisoirement reconstruite, je n'ai gardé que de la gratitude pour cette belle expèrience dont nous avions besoin tous les deux. J'ai trés facilement fait le deuil de cette relation (hé oui: le mot "deuil" n'inclut pas toujours la mort). Mais là, comme tout semblait s'emboîter, se complèter, j'y pensais en même temps, sur le moment. A présent, c'est de nouveau un joli souvenir, le véritable deuil c'est autre chose: ça reste toujours quelque part en nous   
 
  Quant à mon père...il a 93 ans et il n'est pas en très bonne santé, et c'est vrai qu'il dit souvent qu'il ne vivra plus trés longtemps  j'espère de tout mon coeur que c'est faux, qu'il a encore quelques belles années devant lui, mais j'y pense, c'est normal. Il est peut-être bien ma dernière véritable attache, ce deuil-là, lorsqu'il aura lieu, sera l'un des pires, je le sais. Je profite des bons moments lorsqu'il vient me voire...en espèrant qu'il y en aura encore beaucoup d'autres  mais comme tout était noir pour moi ce jour-là...un père, on n'en a qu'un.

  En remontant du cimetière, mes larmes se sont peu à peu apaisées. J'ai laissé faire; mes émotions étaient toujours là-celles qui concernaient Pierre en tout cas, puisque c'est à lui qu'est liée cette période de l'année. Non que je pense moins à Jean-Philippe, que j'ai aimé tout autant, mais aux environs du 2 mai, c'est principalement à Pierre que je pense-quand c'est le 3 novembre, c'est l'inverse.

  Avant de remonter chez moi, je me suis arrêtée sur un banc, où il y avait une connaissance à moi, un homme trés gentil, et qui a beaucoup souffert lui aussi. On discute souvent. En plus, lui, il est handicapé suite à un grave accident-par comparaison je ne me trouve pas à plaindre  on a partagé une bière, et on s'est mis à ironisé sur notre existence, comme ça nous arrive souvent-etr on le fait d'une façon désabusée mais non dépourvue d'un certain humour, que je perçois comme positif  on parlait de ce qu'on allait regarder à la télé ce soir-là, et il m'a dit avec un grand sourire: "C'est pas parce-qu'on a tout perdu qu'on n'a pas le droit à avoir nos petits plaisirs!" Je n'aurais pas mieux dit