Bonsoir Flo,

Comment te sens-tu ? J'espère que tu trouves quelques ressources malgré cet océan de chagrin dans lequel nous tentons de ne pas nous noyer en ce moment.
Tu sais, il ne faut pas focaliser sur les chamailleries qu'on a ou pas eu telle date avant un drame aussi subit, c'est simplement le hasard qui a fait que. Et puis, l'important c'est ces gestes d'amour que vous avez eus l'un pour l'autre après, L'amour efface tous les malentendus, parce qu'il est plus solide et qu'il constitue l'essence même de ton couple, pas les petites disputes qui sont des incidents de parcours sans importance.
Nous cherchons tous, dans ces moments qui sont les pires, une culpabilité quelconque, moi la première. Peut-être est-ce le moyen d'expier notre impuissance, et puis souffrir par eux, c'est encore éprouver des sentiments pour eux.
Ce soir, après une journée mentalement épuisante, je me suis réfugiée dans la douceur d'une conversation téléphonique prolongée avec la sœur de mon amour, qui se trouve à plus de 700 kms de chez moi. N'hésites pas à solliciter ton entourage proche, ne crois pas que tu vas peiner les membres de ta famille si tu t'épanches librement, c'est libérateur pour eux aussi de recueillir ta souffrance et t'apporter du réconfort. Tu peux aussi vider ta peine ici, nous te lirons et nous la respecterons.
Je t'envoie mille bises affectueuses, avec toute mon amitié.
Mariemo

Bonsoir Qiguan et Marie-Claude,

Aujourd'hui, une nouvelle journée moralement épuisante. La psy du service où je travaille m'a fait une séance d'EMDR, bien sûr je me suis écroulée parce qu'elle m'a demandé comme point de départ de visualiser le moment où j'ai trouvé Daniel inerte, à terre. Elle m'a demandé de décrire ce que j'avais vu à ce moment là et m'a dit qu' il était probablement déjà parti, ce qu'une partie de mon cerveau n'arrive pas encore à accepter.
Je suis sortie de cette séance vidée, au moment de repartir chez moi. Mes chefs de service ne voulaient pas que je rentre seule et voulaient me faire raccompagner par des collègues, j'ai préféré repartir seule, je suis rentrée prudemment et ce soir la fatigue se fait sentir mais je n'arrive pas à aller me coucher.
Je pense à nous, à notre vie d'avant ce drame, à tout ce que cet homme m'a donné au cours de ces années passées ensemble et le manque à nouveau m'étreint.
La sœur de Daniel m'a appelée, nous sommes restées une heure au téléphone à parler de lui, comme çà fait du bien d'évoquer son homme avec une personne qui le connaît si bien également. Elle est loin de chez moi, Daniel était originaire de Reims et une partie de sa famille est restée là-bas.
Demain je ne travaille pas, encore des démarches à faire, les impôts, les mails, ... Ce soir, la pluie tombe à verse, la télé est restée éteinte, tant que j'écris, je reste dans ce silence qui me ramène à cette solitude. Si je commence à m'y habituer tristement, la résignation ne me rendra pas son absence plus supportable.
Mercredi, je retourne voir la première psy qui ne fait pas l'EMDR mais va me suivre régulièrement. C'est douloureux d'être confrontée à sa propre souffrance, je ne sais si tout le monde ressent cela.
Mes amies, je vous souhaite une soirée calme et tranquille, je vais regarder nos photos avant d'aller me coucher.
Bises affectueuses,
Marie

Flo
teste
le premier outil de
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/boite-a-outils/msg55656/#msg55656

ça peut peut être t'aider un peu  ...
en parallèle grossi le souvenir du câlin  ...

Je te souhaite de trouver un apaisement/regret

prends soin de toi comme il voudrait

Ton dernier message m'interpelle particulièrement.
Notre propre mort, espérée voire provoquée. Thème somme toute assez classique sur ce genre de forum.
Je n'échappe pas à la règle. C'est vrai que de pouvoir garder ça sous le coude rend la chose (le deuil et ce manque cruel) un peu plus supportable. Au moins là, on peut avoir la main sur cette saleté de grande faucheuse.
Mais toi et moi ferons certainement comme la grande majorité des gens qui envisagent cette option :  "on verra plus tard ..." Mais pour être honnête : de même pour moi, si je devais partir demain d'une crise cardiaque, je pense que ça ne m'arracherai pas une larme.

Les pleurs : oui, moi aussi j'y ai droit, selon les jours, selon mon humeur. Parfois même je crie, Je peux car en ce moment je vis seul.

"S'occuper', ranger, etc : ça ne sert pas à grand chose, quand la douleur doit émerger, elle le fait, que nous soyons actifs ou que nous ne faisons rien, de toute manière si elle doit arriver et nous submerger ... elle ne se gênera pas et ne frappera pas à la porte.

Parfois, je me laisse encore prendre au piège (mais moins qu'avant) de me dire : "Tiens, ça c'est quand même quelque chose, il faut que je téléphone à maman (ou papa) pour lui en parler. Puis dans les deux secondes qui suivent : ah, mais non, ce n'est plus possible ... il / elle n'est plus là pour me répondre au téléphone. Immense déception, tristesse incontournable. C'est vraiment très difficile à vivre. Mais quand je suis chez moi, il m'arrive de leur parler, y compris à voix haute.

Coucou Flo.
Quelles émotions.
Je ne savais pas que le judiciaire entrait si rapidement en ligne de compte en cas de suspect ion de quoi que ce soit.
Ce doit être une épreuve supplémentaire à supporter. Quelle tristesse.
Vous vous étiez disputés la veille mais vous vous étiez parlé depuis et avant son décès ?

Pour les antécédents, peu de gens s'en préoccupent. Et puis de toutes façons à quoi bon. Aujourd'hui je dois dire que je n'ai pas peur de mourir en me raccrochant à l'espoir de retrouver les miens et surtout ma mère.