", je reviens sur ce forum pour dire que l on continue a vivre apres une tragedie,apres la mort d un etre cher, uniquement parce que, tout simplement ,nous n avons pas d autre choix;.on est condamne a vivre!!!!"
--> Je ne suis pas d'accord. Nous avons le choix, puisque énormément de personnes font le choix de mettre fin à leurs jours (12 000 ne serait-ce qu'en France, je vous laisse imaginer dans le monde...)
Vu le nombre de suicides, tout le monde ne possède pas ce fameux instinct de survie dont vous parlez.
J'ai 20 ans et j'ai déjà vécu plusieurs tragédies dans ma vie. Alors que j'étais déjà très mal dans ma peau, j'ai perdu deux êtres chers en un an d'intervalle. Je suis meurtrie à vie.
Mais je ne considère pas que je n'ai pas le choix et que je suis condamnée à vivre, non. Au contraire : si je ne me suis pas suicidée et si je suis toujours en vie, c'est parce que c'est moi qui l'ai décidé, c'est moi qui ai fait ce choix.
C'est la seule chose qui me rassure et qui me fait du bien : savoir que j'ai le choix.
J'ai un raisonnement qui peut aussi sembler très absurde au commun des mortels : nous souffrons énormément de la perte d'êtres chers, nous voulons donc souvent mettre fin à nos jours soit pour les retrouver si nous croyons en une vie après la mort, soit tout simplement pour cesser de souffrir.
En ce qui me concerne, ma croyance en une vie après la mort m'a souvent empêché de commettre l'irréparable. Eh oui, je souffre terriblement de la perte des gens que j'aime et qui sont de l'autre côté, sauf que si je meurs, je perdrais les vivants, et ce sera par conséquent encore pire, puisqu'il y a toujours (heureusement) plus de personnes que j'aime vivantes que mortes.
J'en ai conclu que si je mourrais, j'aurais perdu encore plus de personnes ! Peut-être qu'on peut voir les vivants quand on est mort, mais si on ne peut plus communiquer avec eux, ça ne sert à rien...
Donc je raisonne comme ça, si je meurs, je souffrirais encore plus, mes deuils seront multipliés puisque je perdrais les vivants, c'est pour ça que je fais le choix de rester en vie (même si la vie me dégoûte).
Et j'attends de les rejoindre. J'attends le jour où nous serons tous réunis dans ce lieu où il n'existera plus aucune souffrance, aucun deuil, aucune maladie ! En espérant qu'il existe.
Mais en attendant, comme le dit JeanPi, je suis condamnée à supporter cette absence infinie qui nous morcelle et fait de nos vies des enfers (très belle phrase !)
C'est bien pour ça que j'ai horreur qu'on me dise "tu as toute la vie devant toi". Pour moi, me dire ça, c'est me dire : "tu souffres le martyr, mais tu sais, ce n'est pas fini, tu vas encore souffrir le martyr de leur absence pendant d'innombrables années, tu vas être en enfer pendant de longues années encore, tu n'es pas prête d'en sortir".