Auteur Sujet: Comment survivre à ceux qu'on aime ?  (Lu 7456 fois)

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Dédale

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Comment survivre à ceux qu'on aime ?
« le: 31 juillet 2014 à 01:14:18 »
Bonjour à vous qui m'avez tant aidé.
13 mois après, c'est toujours aussi injuste pour moi, toujours la deuxième catastrophe de ma vie.  Je sais maintenant que je serai toujours inconsolable. Et que faire d'autre qu’accueillir cette réalité en donnant tout de même de l'espace à d'autres réalités?
Car ma vie est toujours là,  et mes proches,  mes enfants surtout, sont là, que faire d'autre que survivre en tentant d'être aussi avec eux, de leur offrir de l'amour en accueillant le leur?

J'ai beaucoup aimé  le livre" Le chardonneret".
Une critique en a parlé ainsi : Comment survivre à ceux qu'on aime?
Et c'est bien cela la question n'est-ce pas?

Alors, un jour où j'ai respiré un peu plus longtemps,  j'ai cherché  dans la méditation, que j'avais déjà expérimentée auparavant. Et découvert une autre approche de celle-ci
Là je rentre d'un stage de l'Ecole occidentale de méditation.  Sentiment que grâce à cela j'ai trouvé peut-être comment survivre.
Voilà, pardonnez-moi de ne plus écrire, je n'ai plus le souffle pour cela.
Et puis j'avoue aussi qu'avec l'éclatement de l'ancien forum je me suis sentie comme perdue, ne retrouvant plus ceux dont je me sentais proche, mais peut-être aussi que pour moi le temps était passé.
Pourtant en rentrant de ce séminaire j'ai pensé à vous, eu envie de parler de ce chemin qui me soutient à vous que je lisais, qui me lisiez parfois, me répondiez parfois, et m'écrivaient en MP ( et c'était merveilleux,  étonnant, pour moi). Je me suis dit que peut-être certains pourraient eux aussi y trouver une expérience à vivre qui les soutienne.
Ne trouvant pas de rubrique qui me semblait correspondre, je propose cela, mais peut-être que c'est une rubrique en trop, nous verrons bien.
Je vous embrasse, je vous serre dans mes bras, vous qui êtes comme moi, qui savez comme moi...,  qui connaissez le retour de boomerang, le coup en plein cœur, le poids aussi dans la poitrine, et je me dis: encourageons-nous...
Dédale
« Modifié: 03 août 2014 à 16:43:24 par Dédale »

Dédale

  • Invité
Re : Comment survivre à ceux qu'on aime ?
« Réponse #1 le: 03 août 2014 à 16:47:29 »
Je me permets de partager ici la critique de " Le Chardonneret". C'est un roman profond, qui m'a permis à la fois de m'évader un peu de mon chagrin mais aussi de me relier à lui et à ceux à qui on a arraché un bien-aimé.
 LE CHARDONNERET , de Donna Tartt
Comment survivre à ceux qu'on aime ?
Donna Tartt effectue un retour magistral avec cet ample roman, où s'entrechoquent le bien et le mal.Connaissez-vous Carel Fabritius ? Connaissez-vous son délicieux Chardonneret, minuscule oiseau peint sur lumineux fond crème, et vous fixant vivement sur son perchoir, la patte entravée par une chaînette ? Il reste moins de dix toiles de cet élève de Rembrandt adulé par Vermeer, qui adopta sa pure clarté...
Celui qui relia les deux maîtres hollandais du xviie siècle disparut en effet dans son atelier de Delft un matin de 1654, à 32 ans, lors de l'explosion d'une poudrerie proche. Et la plupart de ses œuvres avec lui. Soufflées par la déflagration.
Exactement comme Audrey, la mère cultivée et élégante du narrateur et jeune héros – Théo –, ce matin d'hiver des années 1990, dans un grand musée de New York. Acte terroriste ? On ne saura pas vraiment.
L'enchevêtrement du bien et du mal, les frontières douloureuses entre la culpabilité et la responsabilité, les labyrinthes de la mémoire et les ravages du secret passionnent Donna Tartt.
Ce point magique, dit-elle, où « chaque idée et son contraire sont tout aussi vrais ». Où « une plaisanterie devient sérieuse et où n'importe quoi de sérieux devient une plaisanterie ».
Le miracle est que l'auteur prodige du Maître des illusions (1993) – quelque sept cents pages pour un premier roman écrit à 29 ans - parvient à nous faire toucher magistralement dans son troisième ouvrage ce névralgique point-là.
Au risque de s'y élec­trocuter, d'être en tout cas embrasé par une lecture qu'on ne lâchera pas huit cents pages durant.
Il y a bien du ­savoir-faire de lectrice érudite dans ce récit tout ensemble métaphysique et concret, inspiré de la plus éclectique ­littérature européenne – Dickens, Dostoïevski, Stevenson, Proust – comme des mystères façonnés aux Etats-Unis à la manière d'Edgar Poe et Henry James, sans oublier une cruauté sophistiquée chère à Truman Capote.
Sauf qu'à 50 ans Donna Tartt sublime ces univers, les conjugue dans un maelström d'émotions, de sensations, de réflexions fondu dans les mots mêmes.
 La description de l'explosion qui scelle pour jamais le destin de Théo est ainsi un moment suffoquant par son chaos, sa rapidité et son effroi ; les prises de drogues ou alcools divers aussi.
Peu de sexe dans Le Chardonneret, et peu d'amour. Au moins avoué ou ­permis. « La vie est une catastrophe », affirme encore Théo, quatorze ans après la disparition maternelle dont il ne se ­remettra jamais, « Mieux vaut ne jamais être né que d'être né dans ce cloaque ».
Sauf qu'il y aura rencontré des personnages extraordinaires : les grands bourgeois dégénérés de la famille Barbour qui l'accueille du côté de Central Park, puis le loser dantesque qu'est son alcoolique de père, qu'il suit à Las Vegas ; Boris, l'ami russe déjanté qu'il rencontre là-bas ; Hobbie, l'énigmatique antiquaire du Village dont il devient l'associé ; Pippa, dont il est tombé amoureux le jour même de l'explosion, dans cette exposition sur les peintres nordiques qu'elle visitait, elle aussi, avec son oncle... Cet oncle qui donna à Théo une drôle de bague et l'incita à s'emparer au milieu des gravats du Chardonneret, fil rouge – et habile procédé narratif – de cette fascinante histoire de vie, de mort, de mère et de fils, d'excès en tout genre. Le chagrin est inséparable de la joie chez les inséparables paumés que deviennent Théo et Boris. A la fin de leur rocambolesque poursuite du Chardonneret, ces David Copperfield ou Raskolnikov du XXe siècle nous auront fait ­traverser un no man's land entre vérité et mensonge, réel et illusion, amour et haine, mémoire et oubli. Qu'on ne cherchera même pas à identifier. En dire davantage serait les trahir et dénaturer les zones opaques où le roman nous aura fait plonger.            Pour apprendre à sortir du désespoir en chantant...                  Fabienne Pascaud - Telerama n° 3339 - janvier 2014