Bonsoir Eva Luna,
je te remercie très sincérement d'avoir répondu à mon message.
Je suis assez fière de moi, si "
la douceur hallucinante de sa peau" a pu réveiller tes souvenirs le temps d'un rêve, toujours trop court.
Mais je suis effrayée d'apprendre que tes souvenirs sont cadenassés.
Est-ce donc ainsi que le deuil évolue?
Car je te lis depuis longtemps.
J'ai même imaginé que ton Emmanuelle accueillerait mon Hélène, dans cet espace où elles nous sont inaccessibles.
Oui.
Car , à défaut d'une réalité plus qu'insoutenable, je tente de l'imaginer dans un monde totalement fictif.
Veux-tu dire que le temps finira par saboter mes efforts?
Que les souvenirs s'estompent?
Que seule la douleur reste?
Je tente pourtant de la repousser, cette douleur, afin qu'elle ne noircisse pas le tableau.
Je veux que ces 20 ans de bonheur gagnent la partie contre la douleur que nous impose la Faucheuse.
Et puisque j'en étais à partager la douceur de sa peau, je peux encore me souvenir, du poids de sa main dans la mienne.
Par bonheur, j'ai pu trouver au cours d'une balade un galet, qui, serré au creux de ma paume me rappelle (un tout petit petit petit peu) sa main.
Pas doux.
Pas chaud.
Mais, les proportions sont là.
Alors, avec un peu de concentration, j'emporte le galet et je me souviens:
"Elle avait 5 ans.
Nous revenions à pied de déposer son frère et sa soeur à l'école.
Nous venions d'entrer dans une sente, au calme, sans voiture.
J'étais dans mes pensées. Ma grand-mère était décédée quelques semaines plus tôt.
Soudain, j'ai senti sa petite main se nicher au creux de ma paume.
La gauche.
Et sa voix:
"Tu penses à mamie?"
Elle avait ce don, d'absorber la douleur.
Elle, l'enfant, consolant la mère d'une simple pression de sa main potelée glissée soyeusement dans la mienne.
[/b]
[/i]"
Voilà, un souvenir à rafraichir.
Encore merci, Eva Luna. Tu donnes tant, sur ce forum.
Douces pensées pour toi et ton Emmanuelle.
Corinne