Bonjour à vous tou(te)s,
En cette journée un peu particulière, 9 mois jour pour jour que Claudine est parti rejoindre l'autre monde, et à la veille de rentrer à la clinique, je viens vous raconter un nouvel épisode de notre vie.
Nous sommes en mars 1996. Claudine a eu un passage à vide, une "petite" dépression, due en partie à un mal être sur son lieu de travail. Une patronne pas trés sympa, qui elle même a fait une tentative de suicide quelques mois auparavant. C'était au mois de janvier qu'elle a été hospitalisée pour une durée de 3 semaines. C'est de cette période que datent nos échanges par courrier. Lorsque j'allais la voir le dimanche, je lui amenais mes lettres, elle me donnait les siennes, et la semaine d'aprés, les réponses étaient apportées.
Donc, durant cette séparation, j'ai imaginé que durant mes vacances d'été, je pourrais envisager de couvrir la terrasse, côté cuisine, car la porte fenêtre donne côté ouest, et de ce fait prend la pluie. Nous n'avions pas couvert à l'époque car faute de moyens financiers. années ont passé, et il est grand temps de faire ce qui n'a pas été fait. Je fais donc les plans de l'extension de la toiture, et vais contacter les marchands de matériaux. Comme rien ne presse, les vacances étant programmées en juillet, ces dits marchands ne sont pas préssés non plus de se déplacer, afin de vérifier les côtes et quantités, prévoir la dimension de la ferme à mettre en place, les chevrons, et j'en passe.
Le premier vient donc au mois de mars. Quelque 15 jours aprés, je reçois le devis correspondant aux métériaux, la main d'oeuvre étant gratuite, puisque me faisant les travaux. Prix, 17500 francs (pas encore l'euro). Je demande à réfléchir un peu et en discutons sérieusement avec Claudine. Son gros problème, c'est que je vais être seul à faire cette avancée de toiture, et qu'elle appréhende. En un mot, si le projet lui convient, la réalisation non. Je tente de la rassurer, mais un doute subsiste tout de même.
En fait, ce qu'elle a en tête, c'est que depuis que nous sommes dans notre nid, nous n'avons pas encore pris de vacances seuls. Nos deux enfants ont quitté le domicile familial, le garçon travaille sur Toulouse en tant que cuisinier, la fille à la fac fait des boulots d'été. Ce projet par contre lui tient particulièrement à coeur, et il n'est pas de jour ou elle ne m'en glisse un mot.
Un aprés midi, je suis au travail, nous sommes fin avril, je n'ai pas donné je feu vert pour les matériaux mais ce n'est pas loin, un coup de fil, c'est Claudine qui m'appelle. Elle est dans une agence de voyage, et me demande quelle somme, en plus des travaux, nous pouvons ajouter pour partir quelque part, je ne sais ou, mais partir. Un rapide calcul dans ma petite tête, et j'annonce, pas du tout au courant des prix du marché, royalement 2500 francs par personne maxi.
Une petite heure se passe, nouvel appel, toujours ma chère et tendre, et elle me dit qu'à ce prix la fille de l'agence ne trouve rien, qu'il faudrait augmenter la somme. Il est pratiquement l'heure de quitter le travail. Je lui dit qu'elle m'attende, que j'arrive et que nous allons discuter de l'affaire sur place. Demi heure plus tard, me voilà à l'agence, prêt à tout pour faire avorter le projet. Mais, car il y a un mais, le visage de Claudine freine mes ardeurs. Elle est pâle, et je lis dans son regard sa tristesse et son désarroi. Elle est prête à renoncer, mais celà lui en coûte. Je me tourne vers la fille, et entame donc une discussion qui va durer jusqu'à 19h00.
Bien sûr, elle avait fait le tour des différentes solutions possibles, et le moindre coût pour un circuit variait entre 5000 et 7500 francs par personne. Coup dur, car il y en allait de mon projet. C'était l'un ou l'autre. Et bien, celà a été l'autre. Nos premières vacances étaient décidées, et pour un circuit unique pour nous à l'époque. Voyage en Egypte, croisière sur le Nil pour 8 jours. J'ai été vaincu, et je n'en retiens que le bonheur dans les yeux de Claudine. La couverture de la terrasse, 17 ans aprés reste encore à faire. Qu'importe, chaque années depuis cet épisode, à été pour nous l'occasion de découvrir ou redécouvrir différents pays. L'Egypte, nous y sommes retourné
6 fois, et un émerveillement permanent. Mais là n'est pas le bout du voyage.
Nous voici donc avec notre destination en poche. Il n'y a plus que le temps à attendre, car le voyage est prévu pour le mois d'aôut. Je recule donc mes vacances en conséquence, et Claudine pose les siennes.
Jour J, départ samedi 23 août, Toulouse-Blagnac, direction Paris, afin de prendre le vol pour Louxor, prévu à 20h30.
Claudine n'a jamais pris l'avion, et appréhende un peu. Décollage, atterrissage, récupération des bagages, changement de terminal, tout se passe normalement, et l'appréhension de Claudine s'évanouie. Nous attendons l'heure d'embarquement, impatiemment. Heure H. Nous embarquons dans notre avion avec un léger retard d'une 1/2 heure, mais rien de grave. Tout est OK. Les portes se ferment, l'appareil se met à reculer, doucement poussé par le véhicule adéquat. Soudain, arrêt. Rien de bien méchant sans doute. 5, 10 minutes se passent, et toujours immobilisés. Soudain, le commandant de bord qui s'adresse aux passagers, d'abord en anglais, puis dans un mauvais français. Les personnes qui avaient compris l'anglais se regardaient, incrédules. Le français, nous l'avons compris. En reculant, nous avions roulé sur une lamelle en métal, et un pneu était creuvé. Tout le monde était prié de descendre, de regagner la salle d'embarquement en attendant la réparation. Changer un pneu d'un train d'atterrissage, pas simple. Cela à pris plus de deux heures, et nous avons donc quitté Paris vers 23h00. Arrivée Louxor vers 3h00, faire les visas sur place, récupérer les bagages, rejoindre le groupe puis le bateau, il était 4h30 lorsque nous avons posé les pieds dans notre cabine. Coucher immédiat, car le réveil est programmé pour 6h30. Mais à dés 5h00, appel du muezzin de la mosquée voisine, et le début du brouhaha égyptien.
Notre matinée, finalement a consistée à un aperçu de notre séjour, connaissance de notre guide (extraordinaire)et vidage des valises. Un peu de récupération nécessaire avant une aprés midi chargée, car il est prévu la visite de la rive Ouest, avec la Vallée des Artisans, Vallée des Rois, Temple d'Hatchepsout. Et c'est là que le bas a blessé notre trés chère Claudine. Les colosses de Memnon, le village des Artisans, même avec la canicule, parfait. Il est 15h30 lorsque le bus nous laisse à l'entrée de la Vallée des Rois. Trois tombes au programme, dans la moiteur insoutenable d'une fin d'aprés midi. Pas loin de 40 degrés. Tout va bien, même si je me rends compte que Claudine fatigue. Nouis finissons la visite, et sommes sur le chemin du retour. Nous devons rejoindre le bus, stationné à l'endroit ou se trouve maintenant l'arrêt touristique et ou l'on prend les tchouk tchouk, pour ceux qui connaissent. Un bon kilométre sous le soleil qui tape encore. Et là.
Voilà ma petite Claudine qui tombe dans les vaps. Crise de tétanie, totalement raide. Heureusement que nous nous tenions par la main.
Je la retiens, et l'allonge sur le bas côté. Je lui donne à boire, lui mouille la figure, mais elle est incapable de se remettre sur ses jambes. Certaines personnes qui nous accompgnaient son parties en avant garde pour prévenir le guide.
Pendant ce temps, Marcel prend Claudine dans ses bras, et nous voilà repartis vers le point de ralliement, heureusement pas tout seuls. Mais, même pas bien grosse à l'époque, 45 kg dans les bras, celà pèse au bout de quelques dixaines de métres. Je m'arrête donc pour souffler un peu, et je repars. Nous avions parcourus environ 200 à 300m, et enfin, le bus qui arrive. Nous montons à bord, et Claudine s'allonge au fond, et le guide lui donne une boisson avec du sel et autre. Un produit local, efficace.
La fin de cette journée, visite du temple d'Hatchepsout, Claudine est restée dans le bus, car le soir, il y a la visite du temple de Karnak avec le son et lumière. Féèrique pour cette fin de première journée, et un coucher vers 23h00 bien mérité. Claudine a tenu le coup durant tout le circuit.
Voilà donc une tranche de notre vie, décisive, encore dûe à notre nid d'amour. La fille de l'agence est devenue notre amie, et nous ne manquions pas de nous remémorer cet épisode. Celà lui a par ailleurs servi d'argument auprés de certains clients hésitants. Je vais donc vous quitter pour aujourd'hui, et vous donner rendez vous pour une nouvelle épopée, peut être au Maroc ou au Mexique, à moins que je ne revienne vous narrer notre soirée de rencontre affective émotionnelle intense, toujours en Egypte.
Tendres et douces pensées à vous tou(te)s.
Bises.
Marcel