Rien n'a bougé à la maison. Toutes les affaires de mon mari sont soigneusement rangées dans le dressing. Ses baskets et ses chaussons sont dans l'entrée. Sa voiture dans la cour. Ma fille a pris quelques chemises qu'elle porte souvent. Ça va faire dix mois, et je n'imagine pas pouvoir me séparer de toutes ces choses qu'il aimait, qu'il portait.
Moi aussi, comme toi, Zabou, je porte mon alliance, parce que pour moi, dans ma tête, dans mon cœur, je suis toujours mariée. Je porte la sienne aussi, à l'autre main (je la porte depuis longtemps car il avait un métier manuel et il me l'avait confiée pour ne pas l'abîmer). Son portefeuille est toujours dans mon sac, son porte-monnaie dans le vide-poches de l'entrée...
Et il y a mon médaillon autour du cou, qui ne me quitte jamais. Une petite hirondelle qu'il m'avait offerte. Notre fille m'a dit il y a quelques jours qu'elle avait remarqué que, lorsque je suis stressée, triste, émue... Je prends cette petite hirondelle entre mes doigts, je la porte à mes lèvres. Je ne m'en rends même pas compte. Je le fais inconsciemment, mais ça doit sûrement me réconforter. Je lui ai répondu que désormais, son papa, mon amour, c'était ma petite hirondelle, qui s'est envolée vers un monde meilleur, sans cancer, sans souffrance.
Douces pensées pour vous toutes et tous.