Bonsoir Asia,
Pour répondre à tes questions, oui, je pense que nous pouvons être si "forts". Carole était dotée d'une énergie hors du commun. Et la vitesse à laquelle sa maladie a évolué a laissé les médecins perplexes. C'était un être à part, capable d'un amour gigantesque, mais aussi d'une violence inouïe. C'est pour ça que je dis qu'elle était ma soeur unique, aux deux sens du terme. Carole avait une peur maladive de la mort et de la maladie. Elle me disait souvent qu'elle se sentait mal incarnée. Petite, elle me disait qu'elle sortait de son corps, et ça lui faisait très peur. Je la retrouvais dans mon lit, tellement elle avait peur. Plus grande, elle ressentait encore parfois ces sorties du corps. Elle était belle, et extrêmement soucieuse de son apparence. Elle avait une partie d'elle tournée vers la spiritualité, et l'autre axée sur ELLE. Un ego surdimensionné. Elle n'avait pas peur de vieillir, elle en avait la hantise! D'ailleurs, souvent quand on parle d'elle avec ses amis, on se dit qu'on ne pouvait pas l'imaginer vieille. Un être pétri de contradictions. La pureté, c'est quelque chose qui l'obsédait. Avant de tomber malade, elle s'était tournée vers la vie de Marie et de Jésus. Elle avait un désir de pureté, parce qu'elle avait fait pas mal de bêtises dans sa vie (moi aussi, mais je les assume…). Je ne comprenais pas ce besoin de se rapprocher de Jésus. C'était devenu une obsession. On se disputait beaucoup parce qu'elle voulait que je la suive dans sa quête mystique. Elle m'accusait d'être matérialiste, égoïste…
Elle avait le premier degré, ça j'en suis sûre (j'ai même retrouvé son diplôme). Pour le deuxième, je ne me souviens plus si elle avait commencé la formation, achevé, ou pas terminé. Elle m'a beaucoup fait souffrir, mais elle m'a énormément apporté aussi, et je mesure tout ça depuis qu'elle n'est plus incarnée. Mon père était aussi un être à part, un autodidacte. J'ai beaucoup souffert aussi à cause de lui, mais énormément appris. Ces deux êtres humains m'ont façonnée quelque part, et leur mort m'aide aussi à continuer mon évolution.
De les évoquer de cette façon avec toi me fait davantage prendre conscience qu'ils sont là, avec moi. Carole nous appelait la Trinité (ma mère nous a quittés quand j'avais 18 ans, et nous sommes restées avec mon père).
Bonne soirée à toi aussi,
Madâme