Chère Méduse,
Si nous passons par la vie terrestre, c'est qu'elle a une utilité, dont le sens peut nous échapper, certes…Je ne sais pas si je retrouverai un jour ma soeur, sous une autre forme ou pas. Et quand je me dis que je ne la reverrai peut être jamais, c'est vertigineux ce que je ressens. Alors, je me raccroche aux souvenirs de ce que nous avons vécu ensemble, et ça m'aide. Elle m'accompagne quotidiennement grâce au pouvoir de ma pensée, et ça c'est merveilleux. Elle m'influence aussi. Elle était très sportive, et quand j'ai récupéré son vélo d'appartement, je me suis dit que ça lui ferait plaisir que j'en fasse. Alors je m'y suis mise. Et quand j'en fais, j'écoute un de ses CD dont j'ai hérité, et je pédale en regardant sa photo et ça me fait du bien. C'est à la fois bon et douloureux, mais tous ceux qui me lisent connaissent cette ambivalence…Ou devrais je dire toutes celles? car il y a apparemment peu d'hommes… Est ce à dire que nous sommes plus prêtes à faire la démarche pour nous en sortir? Méduse, j'ai une fille aînée de bientôt 20 ans, et je peux imaginer ton désarroi d'avoir perdu ton aînée. Mais, j'ai envie de te dire que ton enfant souhaiterait que sa mère continue malgré tout à goûter la vie dont elle dispose encore. Pas à être insouciante, parce que c'est impossible quand on a perdu un être qu'on aimait, mais simplement à saisir l'Instant, un bourgeon, un sourire, un parfum, un mot écrit par quelqu'un qui vous comprend, et qui a envie à sa façon d'alléger votre peine…
Je te souhaite Méduse de parvenir à saisir des Instants, et à les offrir à tes aimés qui ne sont plus. C'est ce que je fais avec Carole, ma soeur, mais aussi avec mes parents bien aimés. Parvenir à goûter au bonheur malgré ma peine, c'est pour moi leur faire honneur.
Avec toute ma sympathie,
Pascale
Chère Corinne,
J'ai aussi pensé à toi aujourd'hui. J'espère que tu as quand même pu avoir un rayon de soleil dans la grisaille de cette journée…
A bientôt
Pascale