Bonjour Sow,
je suis tombée presque par hasard sur ton message et il m'a beaucoup touché !
Je suis plus âgée que toi mais j'ai aussi vécu le drame de perdre ma grande soeur lorsque j'avais 14 ans.
Je n'ose imaginer la détresse qui s'empare de toi au départ de tes pilliers car effectivement lorsque l'on vit un tel drame si jeune, on cherche un ou des pilliers qui sont d'une importance extrême dans notre avancement dans la vie...
En ce qui me concerne, j'ai l'impression que je n'ai jamais réellement fait le deuil de ma soeur, je viens juste de perdre mon papa et j'ai l'impression que mon deuil concernant ma soeur commence seulement à se faire avec la lourdeur du nouveau deuil que j'ai à gérer aujourd'hui.
Lorsque j'ai perdu ma soeur, j'ai eu l'impression qu'une partie de ma vie s'est achevé avec la sienne, elle était mon modèle, ma confidente, ma grande soeur quoi et je l'admirais énormément. Quand elle nous a quitté, j'ai vu mes parents dans un tel chagrin, dans une telle détresse que je me suis dit que, pour eux, pour ma soeur qui n'avait pas eu la chance de continuer sa vie, je me devais de réussir au mieux, de devenir quelqu'un de bien, de me construire une vie qui rendrait ma soeur fière de moi et qui comblerait mes parents... Je me suis construite comme ça, non sans difficulté, sans pleure et sans colère mais j'avais une revanche à prendre sur la vie pour moi et pour les miens... J'ai fait un grand mariage pour rendre mes parents heureux, je me suis fait une construire une jolie petite maison pour rendre mes parents fiers, j'ai eu deux beaux enfants pour combler mes parents d'amour... J'estime avoir réussi ma vie mais grâce à ma soeur, grâce à mes parents parce que je le voulais pour eux avant de le vouloir pour moi ! Ca a été comme une forme de thérapie pour moi, faire des choses pour consoler mes parents et leur apporter la part de bonheur qu'ils méritaient plus que n'importe qui à mes yeux...
Là, je viens de perdre mon papa en ce mois de janvier, ma première réaction a été de me dire qu'il avait surement retrouvé sa fille qu'il avait tant pleurer, pour qui il a tant souffert et que tous les 2 devaient enfin se serrer dans les bras... Mais perdre mon père, c'est perdre l'un de mes 2 repères (mes 2 repères = mon père, ma mère). Pour moi c'est inconcevable, j'ai toujours fabriqué mon bonheur dans le but de le faire sourire et aujourd'hui il n'est plus là... Maintenant qu'il n'est plus, je fais absolument tout ce que je peux pour continuer à faire sourire ma maman, elle qui a déjà tant souffert du départ de ma soeur doit maintenant affronter cette douloureuse épreuve, la vie n'est pas juste injuste, elle est cruelle et sans pitié...
Je te souhaite beaucoup, beaucoup de courage, je sais à quel point c'est difficile mais peut-être que mon témoignage t'apportera de l'espoir, si tu n'arrive pas à te construire pour toi même, essaie de te construire pour eux en te disant que c'est la plus belle chose, le plus bel hommage que tu puisses le rendre, qu'ils soient ici ou là-haut...