Bonsoir,
Vous ne me connaissez pas parce que j'écris sur le fil "deuil de son conjoint" et ""survivre au suicide d'un proche". Mon compagnon mon amour s'est en effet suicidé il y a 4 mois ce soir.
Mais ce n'est pas le sujet.
je ne sais pas pourquoi, je suis venue dans ce module sans y penser, je ne me sentais pas concernée, mais alors pas du tout. Je suis venue par désoeuvrement, croyais-je, par solitude.
En fait, non.
en lisant l'intitulé de ce fil, j'ai réalisé que je suis concernée. J'ai perdu mon petit frère lorsqu'il avait 3 mois et moi 3 ans. J'en ai 45 à présent !! Sa mort a été pour moi la fin de l'insouciance et de la sécurité affective et le début d'une longue, longue phase de douleur (dont je n'avais pas conscience) qui a pris fin il y a à peine 4 ou 5 ans après de longues années de thérapie.
Ce bébé qui a à peine vécu est aussitôt devenu tabou dans la famille. Mes parents n'en parlent jamais, encore maintenant. J'ai donc grandi dans un silence plus assourdissant que tous les cris, entre un père amer et une mère dépressive. Une petite soeur est venue ensuite, que je n'ai jamais pu aimer...
deux ou trois fois, quand j'étais toute petite, mes parents m'ont emmenée au cimetière. Mais j'étais épouvantée parce que, même des années après, ils n'ont jamais fait mettre de pierre tombale. Je trouvais très triste que mon frère adoré n'ait ni pierre tombale, ni petite statue comme les autres enfants. Juste ce petit tas de terre noire. Je me demandais avec terreur si moi aussi je venais à mourir, si mes parents mettraient une pierre sur ma tombe pour me protéger. Ces angoisses ont duré des années. J'ai à présent fait mon deuil de ce tout petit frère. J'ai réussi à aller u cimetière il y a 3 ans (en cachette de mes parents), et j'ai appris que la concession avait expiré...on a juste pu me montrer l'endroit approximatif mais cette visite m'a apaisée et m'a permis de passer à autre chose.
Voilà, c'était juste un témoignage, une manière de laisser ici une trace de ce frère qui a totalement disparu depuis bien des années.
Et de dire aussi, mais vous le savez déjà, qu'il ne faut jamais, jamais, laisser le silence s'installer. Nos chers disparus, il faut en parler et les raconter encore si on a besoin de le faire, et peu importe l'entourage. On dervrait toujours dire la vérité aux petits enfants. La mort est finalement plus douce à supporter que le terrible silence qui permet aux angoisses de s'installer pour de longues longues années.
Je vous souhaite une nuit aussi douce que possible et vous remercie de m'avoir lue jusqu'au bout
Muriel