Bonsoir Madâme
J'ai perdu Oli, l'Homme de ma vie en septembre 2008, puis mon amie Sylvia en mars 2009, puis mon amie Martine ma soeur de coeur en mars 2010 puis ma maman en juillet 2010. Tous les 4 d'un cancer. il parait que cela s'appelle une "constellation de cancers". je les ai tous accompagnés, jusqu'au bout. Les accompagnements se mêlant au deuils, deuils que je ne pouvais pas vraiment métaboliser tant tout s'enchaînait, se chevauchait. Il fallait rester dans le présent pour les accompagnements, insuffler la vie dans ce qu'il y avait a vivre, aller chercher des ressources au fond du fond. Le plus terrible a été la mort de mon homme. Il n'y a pas de mots.
je me souviens avoir eu un premier déclic, comme quoi je commençais à VRAIMENT retrouver du gout à la vie, au bout de presque trois ans. Et là, je me sens vraiment mieux depuis la fin de l'été. 4 ans après la mort d'Oli, et donc un peu plus de deux ans après celle de ma maman. L'accumulation des deuils a été longue à intégrer, à digérer, je ne suis pas un bon exemple, mon histoire est assez spéciale. je me suis faite beaucoup aider. J'ai eu le privilège d'être très accompagnée, par les vivants et par ceux qui étaient partis.
Alors tu vois, 14 mois, c'est peu très peu pour toi. Bien sur que tu es destructurée, tu as perdu un énorme repère et il faut te reconstruire. C'est long, il y a des regressions comme tu dis et j'en ai eu une énorme en aout dernier, je l'ai laissée passer, je n'ai rien fait que de rester...à rien faire. et puis ensuite ça a été beaucoup mieux. le deuil ce sont des vagues, qui te fracassent au moment où tu t'y attends le moins, tu crois que tu vas mieux, et tu te fais balayer. Mais ces vagues, elles perdent de leur force, avec le temps, elles sont moins nombreuses, plus rares, tu sais comment faire, lorsqu'elles arrivent, elles font moins peur, on les apprivoise.
Il n'y a pas de délais pour être en paix, mais des périodes d'accalmie, de plus en plus nombreuses, de plus en plus longues, qui peu à peu t'amèneront à la paix. Il faut être patient, très patient, s'obliger parfois à ouvrir ses yeux et son coeur pour ressentir la beauté de la vie, une vie dont notre expérience nous a montré l'extrème fragilité. La vie,la joie de vivre, elle revient en nous, presque malgré nous, il faut être ouvert à elle, et cela nous ramène à ce que tu disais hier, on est "ouvert" si l'on réussit à faire en sorte que les sentiments négatifs ne prennent pas trop de place.
Bonne fin de soirée Madâme, et que ton réveil soit un peu plus apaisé demain.
tendresses
Adèle
PS 14 mois après la mort de mon homme, je passais des heures assise sur mon canapé à attendre qu'il apparaisse au beau milieu du salon. L'incrédulité a durée très très très longtemps. Intellectuellement je savais qu'il était mort, mais mon coeur... il attendait envers et contre tout son retour.