Bonjour Sista,
La question que je me pose souvent est : "pourquoi tant de souffrance ?". Pour ma part, je ne sais plus où puiser
la force de tenir debout, la force de venir à bout de ma culpabilité.... J'ai mené beaucoup de combats avec mon unique fille,
après mon divorce, son père lui a beaucoup manqué et peut-être que notre situation l'avait fragilisée, nos enfants vivent
nos choix et décisions, même si ce n'est pas ce qu'ils auraient voulu ! Puis elle a aimé a été aimée et après 22 ans de vie
de couple et de famille avec deux beaux enfants, elle et son conjoint ont parlé séparation ! Elle m'avait dit :"maman ne t'inquiète
pas tout se passera bien", c'était en septembre 2009 ! Puis, elle est allée de perte en perte... ce qui ne figurait pas au
programme qu'elle avait mis en place pour elle et ses deux enfants ! Trop de pertes, famille, emploi, ses biens, puis peur de
perdre ses enfants.... Sentiments de rejet de dévalorisation, se sentant diminuée par rapport à la situation de son ex-conjoint....
Elle a présumé de ses forces, n'a pas envisagé la dépression, puis l'hospitalisation, puis la coupure avec ses
deux enfants pendant presque quatre mois, elle n'a pas réalisé que son poussin chéri devenait un grand ado. Dans une crise de
panique, un soir où je l'avais accompagnée pour passer la soirée avec lui, elle a mis un terme à sa torture, à sa souffrance ! Il partait en vacances le lendemain avec ses grands-parents paternels, elle devait aller retirer son passeport avec lui. Que s'est-il passé ? Nous ne saurons pas, il est sorti et quand il est rentré sa maman était morte.... C'est lui qui a fait le reste......
Elle était venue vers moi pour aide soutien et affection, et ce dernier combat avec elle n'a pas abouti... Je dois finir ma vie avec
mes regrets de ne pas être restée avec elle -comme elle me l'avait demandé- avec sa souffrance, son absence et l'éloignement de mes petits-enfants... J'ai tout perdu à mon tour !
Car aujourd'hui, c'est l'éclatement... Je voudrais ne plus rien savoir de mon ex-gendre mais c'est par lui qu'il me faut passer pour
tenter de garder le lien avec mes petits... Et ces derniers, conscients de la non-relation avec leur père, envers qui ils ont un
devoir de loyauté, feront un choix et je ne me fais gère d'illusion !
L'espoir toutefois de maintenir un lien -quel qu'il soit- me permettra de tenir encore un peu, car ma vie s'est arrêtée avec celle
de ma Cath. Ma famille n'est pas bien grande... si elle m'a aidée pour les obsèques et pour finir d'installer la petite maison
de ma fille pour la rendre à ses enfants, non seulement elle n'a pas été près de nous deux dans la difficulté mais elle a été
de mauvais conseil ; personne n'acceptait l'idée qu' était "malade" qu'elle ne pouvait rentrer dans le moule...
Alors, vu que personne ne m'attend, n'a plus besoin de moi, je m'autorise à rester seule pour vivre mon chagrin depuis bientôt
six mois (le 10)... avec l'excuse de le leur épargner ! Combien de temps tiendrai-je ? Le temps de régler tout ce qui reste en
suspens ? Quel bout de vie !
Vous connaissez déjà une bonne partie de mon drame et si j'y reviens c'est pour vous souhaiter Sista, au seuil de cette nouvelle
année, de réussir à percer l'abcès, à extérioriser votre douleur auprès de personnes "neutres" afin de vous rapprocher de ceux
qui vous aiment, tellement bon d'être aimé(e), d'en faire une force, de parvenir à partager avec eux ce qu'il y a de positif pour
vous tous..... La personne si chère qui vous manque n'aurait-elle pas souhaité de vous voir tous réunis dans une atmosphère
aimante ?
C'est par le biais d'une assistante sociale que j'ai connu "Vivre son deuil", les groupes de paroles et le forum...
Auprès de l'entraide sociale de la ville, j'ai pu aussi avoir accès à une psychologue... Et j'ai vu que sur le forum de Phare Parents
Enfant qu' on peut chatter maintenant !
Je voudrais tant que l'amour que je porte à ma fille m'aide à tenir pour ses enfants, je sais qu'elle m'aimait, m'aime là où elle est.
Vous êtes jeune Sista, entourez-vous de ce qui est bon pour vous, privilégiez ceux qui peuvent être un soutien pour vous
même si vous êtes seule à vivre cet énorme chagrin, vous trouverez à l'atténuer ailleurs.
Affectueusement. Mammj