bonsoir Mamour,
Encore une fois, fais preuve de compréhension et d'indulgence pour le ressenti négatif de ton mari. Tu as ce recul là, parce que tu as l'expérience du deuil. Et tu ne t'es peut-être pas encore retrouvée face au deuil qui te cisaille, te déstabilise et te fais oublier tout ce en quoi tu croyais jusqu'alors. Avant la perte de ma soeur, j'ai eu l'expérience de la mort de ma mère, puis de celle de mon père. Je m'en suis remise, dans le sens où j'ai retrouvé mon équilibre et suis parvenue à retrouver le goût véritable de vivre. La mort de ma soeur cadette, dernier membre de ma famille initiale a été apocalyptique. Ca fait un an et demi, et je commence à peine à ressentir la pulsion de vie. Quand on parlait de notre mort avec ma soeur, l'idée de la perte nous était rapidement insupportable. Je pensais que c'était loin, très loin, quand on serait vieilles. Elle est morte à 45 ans dans toute sa beauté. C'est jeune 45 ans, surtout quand on en fait 10 de moins…Respecte la douleur de ton mari, dis-le lui, ne la minimise pas. Nous, les endeuillés, refusons que l'on minimise notre douleur. Nous n'en souffrons que plus. Accepter notre souffrance nous donne le droit de souffrir. Nous avons besoin qu'on nous reconnaisse ce droit.
Je t'envoie du courage pour épauler ton mari. Le mien a été présent et patient dans ma traversée de l'horreur. Du coup je me suis toujours sentie obligée de rester vivante, malgré tout pour lui, pour le remercier de me comprendre, non pas à demi mot (c'est un homme…), mais sans mot. Des actes, Mamour, une présence, et comme ton surnom le laisse entrevoir, de l'amour; beaucoup.
Portez-vous bien, tous les trois
Madâme