Bonsoir,
J'ai perdu mon frère depuis bientôt deux mois (déjà !). J'ai encore du mal à dire : mon frère est mort.
On était très proche pendant l'enfance puis la vie nous avait séparés. .
De nature positive, j'ai voulu l'aider dans son combat et j'ai assume chaque jour d'hospitalisation une visite. Cela nous a rapproché, nous avons discuté des heures, ou simplement avons passé le temps ensemble. Mon petit frère. Je l'ai vu pleurer, avoir peur, être en colère, déprimer, faire rire la jolie infirmière, discuter livres, se faire des copains, être malade parfois, je suis même parvenue parfois à le faire rire. Cet hôpital.... On y entre et on est changé à jamais.
Être forte pour lui, penser que la contrainte des visites n'est rien, faire le compte rendu aux parents, faire les courses pour son repas, se réjouir des kilos repris.
Il a survécu 1 an et 5 jours à l'annonce de sa maladie. Dont au total 10 mois d'hospitalisation dont 3 en chambre stériles. Il a été immensément courageux.
Entre 17h30 et 20h30 je ne peux rien faire ni me concentrer : c'était le temps que je passais à son chevet. Que faire maintenant ?
Il avait 37 ans. Il était malheureux, dépressif, souvent malade depuis l'enfance, intelligent et sensible mais ne trouvait pas sa place dans notre société. Il y a tant de gens mauvais ! Pourquoi lui ?
Je suis triste de ce gâchis, de tous ses efforts pour rien. Je suis fière de son entetement à guérir, de sa foi en la médecine, je suis immensément satisfaite de l'avoir accompagné jusqu'au bout. Mais c'est un vide.
Une absence. La vie sera toujours marquée comme si j'étais passée dans un espace de vie différent des autres.... Bien sûr j'ai eu des sympathies... Mais c'est déjà oublié et on me souhaite comme d'habitude alors que j'ai besoin régulièrement de faire référence à lui, à ce que je vis.
Avec ça il faut gérer les parents... Je ne souhaite a personne de devoir aider ses parents à écrire l avis de décès de leur enfant. Ils font de leur mieux pour afficher bonne figure quand ils me voient, ma sœur et moi somment devenus plus précieux. On est encore chacun comme abasourdis par l'événement. Il est mort. 5 jours avant il parlait au téléphone, tentait une promenade, alors même que déjà il ne mangeait plus. Il n'était pas amaigri, il était beau, ses cheveux repoussaient...
Actuellement nous passons nos dimanches à ranger et trier ses affaires. C'est un crevecoeur.
Ce soir je pense aussi aux personnes qui vivent la canicule dans l'hopital sans clim, malade de leur chimio.
L'accompagner était une leçon de vie, un privilège. Se dire qu'on est en vie, en santé et vivre intensément tous les petits moments. Grâce à lui comprendre que le temps est précieux, fuir les méchants, dépasser les petites contrariétés