J'ai lu votre témoignage, et je partage votre souffrance. Mon fils de 19 ans s'est suicidé en juin dernier. Comme vous je (nous) n'ai rien vu venir. Comme votre soeur il était tout sourire, toute générosité et semblait tellement déterminé à surmonter les obstacles et les difficultés de la vie. En plus de la souffrance j'ai été en colère, et le suis encore parfois, qu'il nous laisse ainsi dans une peine extrême.J'ai ressenti une grande culpabilité, de n'avoir rien vu et remis en question toute mon éducation. Puis j'ai revécu certains évènements ou certains signes qui auraient pu m'alerter. Mais après coup on peut trouver et interpréter aujourd'hui tant des faits qui avaient une autre dimension dans le passé. J'ai arrêté de me poser trop de questions, même si elles reviennent par moments, mais cela sera toujours ainsi. Je me dis que j'ai été une bonne maman, et que j'ai aimé et aime mon fils inconditionnellement, mais que mon amour, l'amour des siens n'a pas suffi et que je ne saurai jamais ce qui a rompu ce fil tenu. Sans l'idéaliser il était généreux, soucieux des autres, se posait tant de questions, et ne trouvait sans doute pas en ce monde la force de vivre. Je parle de lui avec sérénité, il est très présent en moi et en nous, frères et soeurs, et encore plus présent à travers son absence. Je pense aux bons moments passés ensemble, avec nostalgie puisqu'ils ne reviendront plus, mais une douce nostalgie, et je le remercie chaque jour d'avoir existé et d'avoir contribué à ce que nous sommes aujourd'hui. On passe par différentes phases, des "petits hauts et des grands bas", mais il faut les vivre on n'y échappe pas.
j'ai un rituel quotidien: j'allume une bougie devant son portrait et je lui parle ou j'écris. Je lui dis aussi que la vie continue sans lui physiquement mais qu'il est dans nos coeurs. Il voulait pour nous le meilleur, tout comme votre soeur le souhaitait pour les siens, et par fidélité nous profitons de ces petits moments de bonheur qui n'ont plus la même saveur. mais qu'il faut recevoir et partager en pensant à eux. j'ai foi en l'avenir. Je pense à vous et à votre soeur, vous n'êtes pas seule. Très chaleureusement.