Auteur Sujet: Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...  (Lu 53901 fois)

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marieso

  • Invité
Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« le: 25 mars 2013 à 15:53:59 »
Bonjour à tous,

Je suis nouvelle sur ce forum, et je m'y suis inscrite car je sais qu'ici, je peux me livrer sans réserve.

Mon histoire va vous sembler improbable et pourtant elle est bien réelle.

J'ai bientôt 36 ans et suis maman d'une petite fille de 2 ans.

Tout à commencer pendant l'enfance. Mon père, alcoolique et violent nous a fait mener une vie infernale à ma mère, mon frère, ma soeur et moi. Nous pensions nous en être "plutôt bien tirés" compte tenu de notre enfance (j'ai de plus été violée à 15 ans).
Mais à l'âge de 20 ans, mon frère que j'aimais plus que tout, a commencé à avoir de bouffées délirantes. Quelques mois plus tard, après plusieurs hospitalisations, le diagnostic est tombé : skizophrénie paranoïde.

Entièrement coupée du reste de ma famille à cause de mon père, j'ai réussi à trouver du réconfort auprès de ma meilleure amie.

En février 2003, cette meilleure amie (23 ans) qui était GO dans un club de vacances, était enfin de retour après 6 mois de voyage en Tanzanie. Elle m'avait tellement manqué... Nous nous sommes donnés rendez-vous le soir même, pour prendre l'apéro chez elle, dans son petit appartement. Quand je suis arrivée, l'immeuble était en feu. Personne ne s'était préoccupé d'elle, pensant qu'elle était toujours en voyage. J'ai eu beau hurler qu'elle était chez elle, les pompiers et les voisins me disaient que l'immeuble avait été entièrement vidé... Sauf l'ascenseur... Elle y est morte devant mes yeux, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. je reverrai toujours les portes de l'ascenseur s'ouvrir, et ses ongles arrachés sur le sol, tellement elle avait essayé d'ouvrir les portes.

Les mois ont passé, et je me suis concentrée sur mon frère qui semblait plus stable. Je mettais tout en oeuvre pour son bien-être, pour éviter les crises. Il était médicamenté et avait trouvé le travail de ses rêves.

En décembre 2005, mon père (54 ans) décède des suites de son alcoolisme. Je savais que ce jour arriverait et j'avais essayé de préserver mon petit frère et ma petite soeur, en leur répétant régulièrement que papa ne vivrait sans doute pas vieux, au vu de ses excès...

Mon frère semblait plutôt bien encaisser la nouvelle. Nous sommes rassurés.

En avril 2006, mon frère (25 ans) est licencié économique. Son rêve s'effondre. Il décide alors de lui même de ne plus prendre ses médicaments et disparait dans la nature. Après 10 jours de recherches tout azimut (police, gendarmerie, sa future femme ma soeur, mes amis... tout le monde...), nous le retrouvons en pleine crise sur le parking de son ancienne école. Il ne se nourrissait que de pommes de terre crues, glanées dans le champs d'à-côté. Je préviens immédiatement son psychiatre et lui demande une hospitalisation comme c'était le cas à chaque crise. Il me dit qu'il n'y a pas de soucis, mais que cette fois, il part en vacances, et que ce n'est pas lui qui accueillerait mon frère. Je le supplie de le voir avant de partir, lui répète que mon frère n'a confiance qu'en lui, que la crise est plus violente cette fois. Il refus, et me dit que ses amis l'attendent dans le sud.
Nous faisons hospitaliser mon frère un samedi, le 21 mai 2006, et je précise bien à son entrée, qu'il s'est confectionné un petit carnet contenant des réponses types aux questions habituelles, pour minimiser son état. Il le cache sur lui, mais je ne sais pas où. Il passe l'interrogatoire d'usage, et le personnel médical estime qu'il est en crise légère, et qu'il ne faut pas le sédater avant que le traitement n'agisse à nouveau. Je leur répète qu'il est skizophrène, mais pas bête, et qu'il leur joue la comédie. "Nous connaissons notre métier Mademoiselle". Sans doute.
Le dimanche 22 mai, il fait très beau. Je décide de prendre l'air avec quelques amis, rassurée de savoir mon petit frère encadré. Puis vers 16h, le téléphone sonne, c'est ma petite soeur :
- "Où es-tu ? Tu n'es pas chez toi ? On est devant la porte ! Ouvre !"
- "Non, je ne suis pas chez moi, pourquoi, qu'est ce qui se passe ?"
- "Il est décédé, il s'est pendu avec son pantalon de pyjama à l'hôpital".

Le monde s'effondre comme jamais. J'entre aux urgence psychologique du CHR, je suis mise sous anxiolytique.

Dès le lendemain, la réalité prend le dessus, et il faut organiser les funérailles. Je décide également de suivre une psychothérapie expérimentale à l'époque (Gestalt-thérapie) qui, au bout de 3 ans, me permet de renouer avec moi même, de rencontrer un homme super et d'avoir une petite fille.

Tout allait si bien depuis 5 ans !

Et puis l'année dernière, ma soeur (31 ans) tombe enceinte de sa 2ème petite fille. La grossesse se passe mal. il y a quelque chose qui cloche. On lui trouve des cavernomes dans le cerveau et elle accouche sous césarienne avec une opération cérébrale en parallèle. Ouf, tout le monde va bien. Nous voilà rassurés.
Pourtant, les symptômes recommencent il y a environ 1 mois : "Ce n'est rien, ce sont mes cavernomes" me dit-elle.
Le neurologue lui prescrit un IRM de contrôle. Et là : stupeur, une tumeur sur l'hémisphère cerebelleux gauche avec oedeme péri-lésionnel.
On y croit, on espère que tout ça n'est qu'une mauvaise blague, que c'est bénin.
Mercredi dernier, elle se fait opérer : exérèse totale ! OUF !!!
Jeudi, le diagnostic tombe (et mon monde s'écroule) : (j'édite le nom)  avec nombreuses métastases dans le liquide céphalo-rachidien. Elle est condamnée. Il est trop tard.
Elle a 2 magnifiques petite filles de 4 ans et 5 mois, elle a été mon salut à la mort de notre frère, elle est ma meilleure amie, ma confidente, ma petite soeur que j'aime tant. Et elle aussi, elle va partir dans la souffrance, en déclinant au fur et à mesure des jours, des semaines, des mois.

Et surtout, elle me supplie de ne rien dire à notre chère Maman qui ne se remet pas de la mort de notre frère, qui est depuis dépressive et fortement diminuée physiquement. Alors je souris devant notre Maman, devant ma soeur, devant ma fille, devant mes amis, devant mes collègues... J'ai repris ma psychothérapie, et ma psy elle-même semble dépassée, mon médecin (et ami) de la famille est lui aussi accablé, et m'a encore dit ce matin "je n'y crois pas, ce n'est pas possible tout ce qu'il vous arrive, il faut que tu te battes, que tu résistes".

Je suis déterminée à résister, pour ma fille. Parce qu'elle est ma raison d'être. Mais j'ai si peur que ce soit son tour, un jour. La vie ne m'a rien épargné, alors pourquoi ne me prendrait-elle pas ma fille à l'avenir ? Je sais que je ne dois pas y penser, mais comment voulez-vous ?

Ce matin, notre médecin de famille m'a prescrit des antidépresseurs. Ils sont dans mon sac et je suis sensée commencer le traitement ce soir. Je ne sais pas si c'est une bonne idée: beaucoup d'effets secondaires, l'anesthésie des émotions, l'addiction psychologique...

Bref, en parler ici est peut-être bien meilleur.

Voilà une partie de mon histoire...
« Modifié: 20 septembre 2013 à 13:11:01 par marieso »

madâme

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #1 le: 25 mars 2013 à 20:08:02 »
Bonsoir Marieso,

Je te réponds juste parce que je vois que ton post a été consulté 10 fois et que personne n' a pu te répondre, trop bouleversée par le récit de ton histoire. Simplement pour te dire, que, comme beaucoup de personnes qui doivent affronter des épreuves plus nombreuses et plus dures que le "commun des mortels", je souhaite que tu aies la force, le désir et le courage de continuer et surtout de ne pas t'effondrer malgré le fardeau de certains événements de ta vie.
Tu sais Marieso, je me dis que nous faisons partie du "Grand Tout", et que notre courage contribue à le faire vivre. Je n'ai pas connu ce que tu as vécu, mais j'ai vécu d'autres choses très dures, avec un père supérieurement intelligent qui souffrait de "graves troubles obsessionnels compulsifs invalidants", parfois violent, toujours en souffrance, et rempli d'amour malgré tout…
La condamnation de ta soeur apparaît comme une annonce violente et inadmissible, vu ce que tu as déjà vécu. Tu sembles avoir pris les bonnes décisions avec ces suivis psychologiques pour te maintenir.
Ta peur de perdre ta fille, je l'ai également, car j'ai perdu ma mère, mon père et ma soeur tant aimée. Je pense que notre peur est légitime, mais que nous devons nous battre pour maintenir l'espoir malgré tout.
J'imagine ce que l'annonce du diagnostic a pu faire à ton coeur, ton ventre, ta tête. Perdre sa fratrie, quand on les aime tellement fort, est insupportable.
Je t'envoie de la force et du courage pour tenir le coup. Dis-lui que tu l'aimes, accompagne-la. Je suis fière d'avoir accompagné ma soeur jusqu'au bout. Je sais qu'elle m'est reconnaissante de cela. Malgré la souffrance, je ne l'ai pas laissée. Je continue à l'aimer au-delà de la mort. Notre amour est éternel. La mort a échoué.
Bon courage (que dire d'autre, désolée d'être aussi "plate")

Madâme

asia

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #2 le: 25 mars 2013 à 20:14:21 »
Bonsoir Marieso,

Je suis en fait trop mal moi même pour pouvoir t'aider (il faut savoir parfois avouer qu'on est très mal) et j'en suis désolée, mais je tenais à te dire que j'ai lu ton message, qu'il m'a beaucoup ému.
J'ai également perdu 4 êtres chers d'un coup, je sais à quel point c'est dur même si mon histoire est différente...
Je sais également qu'en tant que maman je suis terrorisée à l'idée de perdre ma fille unique...

Je t'envoie plein de douceur et te souhaite beaucoup de courage
Asia


Hors ligne Lila

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Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #3 le: 25 mars 2013 à 21:09:55 »
Bonsoir Marieso,

Je viens de lire ton témoignage et les mots me manquent...
Je suis désolée pour ton petit frère, ta meilleure amie...

Ta petite soeur est VIVANTE, donne lui tout ton amour et accompagne-là pour affronter son mal.
Je ne suis pas médecin mais je suis une incorrigible optimiste qui garde de l'espoir jusqu'au bout.
Pour te dire, quand les médecins nous ont convoqués (mon beau-frère et moi) et qu'ils nous ont annoncé que ma ptite soeur chérie n'avait plus que quelques heures à vivre, j'ai continué à prier et espérer. Nous n'avons pas eu droit au miracle  :'( mais peut-être que vous si...

Dis-lui combien tu l'aimes !!!!

Il faut que tu sois forte pour ta soeur, si le médecin t'a prescrit un traitement et qu'il est nécessaire, prends-le. De plus, tu as des antécédants et il n'y pas de mal à se soigner.
Cela t'aidera à calmer tes angoisses et te "détendra".

Je te souhaite beaucoup de courage,
Lila

Je ferai une prière pour ta petite soeur.

marieso

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #4 le: 25 mars 2013 à 22:19:00 »
merci beaucoup pour votre soutien. En cet fin d'apres midi, je suis allee voir ma soeur et j'ai tenté de la faire rire par tout les moyens. Et j'y suis arrivée. Ce soir, je me sens plus sereine et je n'ai pas pris mes medicaments. Effectivement' elle est encore VIVANTE et je ne veux pas l'enterrer precocement. Je vous ecris depuis mon telephone, donc je serai breve mais je pense sincerement avoir eu raison de me livrer ici. Ca me fait du bien de trouver un echo a ma douleur. Merci. De tout coeur.

victor

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #5 le: 25 mars 2013 à 23:23:34 »
Bonjour Marieso,

Je prends un peu le relais de Lila, Asia et Madâme pour te dire à quel point j'ai moi aussi été très touché par ton histoire... Quel courage de la partager avec nous, tu as bien fait, vraiment!! Tu "cumules", il ne faut pas se voiler la face, tu n'es pas épargnée par les multiples épreuves de la vie et tu t'accroches, c'est le miracle de la vie, tu en es le témoin crois moi!!

Nous nous sentons impuissants face à tant de douleurs mais sache que tu n'es pas seule, si tu veux te lâcher, sois certaine qu'ici personne ne viendra te juger, bien au contraire, tu trouveras quelques paroles apaisantes et un soutien simple et sincère.

Après ce que tu vis, tu ne peux que hurler mais entre les lignes, je ressens de la force, de l'énergie et beaucoup de tendresse pour les personnes que tu aimes. J'aurais tendance à te dire sois encore plus présente auprès de ta soeur, tiens lui la main, parle lui, dis lui que tu es là et qu'elle peut compter sur toi, écoute là, souris lui, riez ensemble... Tu verras, il ne lui en faudra pas plus pour savoir qu'elle est entourée de ton amour!! Ce n'est pas facile, je ne l'imagine que trop bien mais si tu peux (je dis cela car je suis très pudique ;D), serre la fort contre toi, contre ton coeur...Elle est en VIE, elle est encore là, à tes côtés, ne perds pas de temps et apporte lui tout le soutien possible et imaginable...

Tu sais, nous traversons tous des eaux tumultueuses par ici... En l'espace de très peu de temps, j'ai perdu ma petite soeur de 23 ans, mon papa et ma maman...certes chacun vit sa douleur mais on peut aussi la partager!!

Reviens vers nous quand tu veux, nous essaierons de t'apporter du réconfort et quelques mots de soutien, TOUJOURS!!

Prends bien soin de toi, de ta soeur et de ta maman

Victor

Hors ligne Méduse

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Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #6 le: 26 mars 2013 à 00:08:09 »
Chère Marieso,

Moi, je fait partie de ceux qui ont lu ton message cet après-midi, mais je devais partir au travail.

Je reste sans mots. C’est tellement injuste que tu sois obligée d’affronter tous ces événements tragiques. Mais tu as bien fait de venir ici. Nous serons à tes côtés pour te lire et te soutenir même si tu devras attendre parfois un peu.

Je ne sais pas si c’est une bonne décision de ta sœur de vouloir épargner votre mère car leurs relations seront faussées au lieu de pouvoir être sincères. Ma mère souffrait d’un cancer pendant 8 ans et nous pouvions tous nous soutenir et en parler ouvertement.

Je penserai à toi et à ta petite sœur.

Méduse

marieso

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Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #7 le: 26 mars 2013 à 08:47:53 »
Bonjour,

Ma soeur a fini par dire la vérité à notre Maman qui a eu une réaction de déni. Elle a tout de suite parlé de son voisin qui avait repeint sa façade. Ma soeur et moi, nous nous sommes regardées interloquées, mais finalement, ce n'est pas plus mal comme ça. Ma soeur avait tellement peur que notre mère s'effondre. Elle veut voir des sourires et profiter pleinement de chaque seconde. Elle n'a pas la force de remonter le moral de notre mère, et entre nous, ce n'est pas à elle de le faire. Et moi, je n'en ai pas la force non plus.

Tant que notre mère tient le coup, c'est déjà ça.

Ce matin, mon moral est en dent de scie. Je n'ai pas commencé mon traitement hier soir, j'étais reboosté d'avoir vu ma soeur. J'ai tout rangé dans la maison, et ai joué avec ma fille. Mais finalement, j'aurai peut-être dû... J'ai lu beaucoup d'effets secondaires néfastes sur ces médicaments : prise de poids (je suis déjà en surpoids), dépendance psychologique, anesthésie des émotions, maux de tête et nausées, tremblement... Certains témoignages disaient quand même que ça avait été bénéfique et que ces personnes prenaient leur traitement depuis... 15 ans !!! Je ne veux pas prendre d'anti-dépresseurs pendant 15 ans !!!

Je viens à l'instant de parler à ma psy, qui me dit de ne pas avoir peur, que ca peut m'aider. Je ne sais pas encore, j'hésite...

Hors ligne *Ephémère*

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Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #8 le: 01 avril 2013 à 10:13:56 »


Marieso, à lire tes lignes ; à lire de si grands malheurs, je me sens tellement impuissante.
Alors je viens ce matin, te faire simplement un signe de soutien et d'amitié.

La réaction de ta maman n'est pas rare en la circonstance ; cette annonce n'était  sans doute pas "entendable" psychiquement pour elle, alors elle a parlé d'autre chose, comme si, effectivement, elle n'avait pas entendu.
Mais elle a entendu.

Et le fait qu'elle sache lui permettra, si elle le souhaite à un moment, d'échanger avec ta soeur et toi.

Et puis, Marieso, il n'est déjà pas toujours facile de se parler lorsque la maladie n'est pas là, alors il est souvent encore plus compliqué de se dire les choses  lorsqu'elle s'invite et vient lourdement peser sur nos rencontres.
Même lorsque chacun "sait", le sujet est bien souvent tabou.
On l'évite, par peur de faire mal à l'autre, par crainte que les mots ne fassent violence.
D'ailleurs, quels mots mettre sur l'impensable ?

Mais lorsque se parler est possible ; lorsque l'expression des sentiments et des émotions se libère, alors il me semble que les regrets du non-dit cèdent la place à une certaine sérénité.

Allons, Marieso, voilà que je suis trop bavarde...
Alors je vais te laisser pour ce matin, en faisant glisser sur le fil, le timide soleil qui vient frapper au carreau.

Courage à toi, Marieso ; courage à toi.


*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

Morpheus

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #9 le: 05 avril 2013 à 09:21:05 »
Bonjour Marieso,

Cela fait quelques semaines que je n'étais pas intervenue sur ce forum, je n'arrive plus à parler et à trouver des mots réconfortants. Ton histoire m'a profondément émue, cela fait plusieurs jours qu'elle me "hante". Bien entendu, je ne trouve pas les mots de réconforts adéquats, en existe-t-il face à une telle tragédie? Probablement pas...
Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir dit le dicton, si maigre soit il. J'ai lu l'histoire d'une femme qui, frappée d'un cancer et condamnée à un horizon de quelques mois, a été voir un magnétiseur. Il paraît qu'elle est guérie. Ce que je veux dire, c'est qu'il peut toujours y avoir un miracle.
En tout cas, ta force de vivre et d'avancer est admirable, probablement ce qui m'a fait sortir du silence aujourd'hui. Je te souhaite beaucoup de courage pour affronter cette nouvelle épreuve. Ici, tu trouveras du soutien lorsque tu en auras besoin.

Amicalement,
Morpheus

marieso

  • Invité
après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #10 le: 24 avril 2013 à 14:59:12 »
Bonjour,

Cela faisait un petit moment que je n'étais pas venue ici. Ma psy me l'avait déconseillé, me rappelant à juste titre que "ma soeur n'est pas encore morte". Mais il ne s'agit pas seulement de ma soeur. Il s'agit aussi de mon cher petit frère, de ma meilleure amie, de mon père...

J'ai décidé de ne pas suivre de traitement, puisque j'ai très mal supporté les anti-dépresseurs, et que les anxiolytiques ne sont que des "masques-douleurs". Finalement, une psychothérapie seule me va bien même si chaque jour, je m'enfonce dans une sorte d'hypocondrie et dans une peur irrationnelle de la mort.

Le sourire de ma petite fille de 2 ans est une thérapie à lui seul, ainsi que les yeux plein de malice de mes nièces. Ma soeur a commencé la chimiothérapie et elle fait preuve d'un courage exemplaire. Les tumeurs cérébrales sont de "drôles" de maladie... Au plus la maladie évolue, au moins elle ne se rend compte de ce qui l'attend et de son état, elle déconnecte un peu... Et pourtant, elle reste tout à fait cohérente dans ses propos. Pas de discours altéré comme pouvait l'avoir mon frère lors de ses crises schizophrènes... C'est à la fois rassurant de se dire qu'elle "le vit bien", et à la fois déroutant...

Morpheus, Ephémère, merci pour vos messages. Chaque mot est toujours une pierre à mon frêle édifice. Merci de tout coeur.

madâme

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #11 le: 29 avril 2013 à 21:16:24 »
Bonsoir Marieso,

Voilà quelques jours que tu as posté et nous ne t'avons pas répondu…Je voulais juste t'envoyer une pensée pour que tu saches que tu n'es pas seule et que nous pensons à toi, à ton histoire semée d'événements terribles. j'espère juste que la vie t'a dotée de la force qu'il faut pour surmonter tous les coups durs qu'elle t'envoie.
Je t'envoie plein de courage,

madâme

marieso

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #12 le: 02 mai 2013 à 11:00:06 »
Merci madâme ! Ca me fait chaud au coeur de lire ton message. Surtout qu'aujourd'hui est une journée plutôt "sans"...

asia

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #13 le: 02 mai 2013 à 19:12:25 »
Bonsoir Marieso,

C'est vrai que ta soeur est toujours là, il faut donc que tu essaies de profiter au maximum du temps que tu peux passer avec elle, même si elle est très malade. Toi qui a déjà perdu des êtres chers tu connais la valeur des moments de partage qu'on peut avoir avec ceux qu'on aime.

En ce qui concerne l'aide "médicale", tu peux te tourner vers les médecines douces (millepertuis, escholtzia) qui t'aideront sans effets négatifs. Ce qui te permettra d'être bien "présente" pour ta fille et ta nièce (j'essaie également de protéger ma fille de 6 ans au maximum). Les enfants ont cet avantage d'être naturellement centrés sur le présent ce qui est un vrai apaisement pour nous.

Je te souhaite plein de courage
Douce soirée
Asia

marieso

  • Invité
Re : Après mon petit frère, bientôt ma petite soeur...
« Réponse #14 le: 03 mai 2013 à 11:19:59 »
Bonjour asia,

On m'a parlé du millepertuis, il parait que c'est efficace. Je vois ma psy ce soir, je vais lui en parler.

Hier, c'était une dure journée. Ma soeur commence à réaliser ce qui se passe. Elle avait commencé la chimio avec beaucoup d'espoir, et surtout, avec un peu de légèreté. Mais depuis quelques jours, ses cheveux sont tombés et elle commence à réaliser ce qui lui arrive. Pour la première fois, elle m'a dit "j'ai peur, je vais peut-être mourir".

Je suis triste. D'une part parce qu'elle passe beaucoup de temps avec sa belle-famille (la famille de son mari) et qu'elle ne nous appelle pas ma mère et moi, et d'autre part, parce que justement, sa belle-famille ne l'aide pas beaucoup. Exemple : elle a besoin de beaucoup de repos (dixit les médecins) et pourtant, ils viennent faire la "fête" chez elle en lui laissant le ménage... Et pourtant, sa belle-mère est responsable d'un secteur en hôpital ! Bref, ma mère et moi nous sentons mises de côtés, et c'est très dur de voir ma maman en souffrir, elle qui ne se remet déjà pas de la mort de mon frère.

Je sais que le jour où la maladie emportera ma soeur, ma mère suivra probablement assez vite.

En ce qui me concerne, tout cela a eu l'effet d'un électro-choc. Fumeuse depuis très très longtemps, j'ai tout à coup totalement arrêté. Je me suis levée un matin, en me disant : "la vie t'impose déjà suffisamment de mauvaises surprises, pour que tu en rajoutes en jouant avec ta santé". Et pourtant, j'ai honte de l'avouer, mais même enceinte, j'ai eu du mal à ne pas fumer du tout. Et là, terminé ! Quand on me dit : "tu essayes d'arrêter ?", je réponds : "je n'essaye pas, j'arrête !". Mon entourage me dit que ce n'est pas le moment, mais y-a-t-il un bon moment ? Et puis à chaque cigarette allumée, je psychote pendant 1 heure en me disant que je vais avoir un cancer et que ma fille grandira sans sa maman...

J'ai des hauts, des bas, des prises de conscience et des psychoses... Tout cela est très dur à vivre et j'ai parfois des idées noires. Mais j'aime tellement ma petite fille que je suis prête à tout pour la voir rire !