Bonjour MaxLenny
L’épreuve que tu subis est tellement récente. Ton épouse et maman de ton fils est décédée il y a un mois. C’est si proche. Bien que la situation au regard du vivant est immorale car il est immonde que la maladie s’installe chez une maman dont l’enfant est en bas-âge et que la vie parte en trois mois. Tous les ressentis que tu éprouves aujourd’hui sont malheureusement normaux. Les jours qui se confondent avec les nuits, il n’y a plus d’unité de temps. L’immense douleur que tu éprouves avec ce vain espoir que tout cela est un cauchemar et que tout va rentrer dans l’ordre à ton réveil aussi. Tu fais bien de venir livrer tes émotions ici car c’est pas chose facile, loin de là. Personne ici ne juge ou ne va penser que tu te plains. Non ! Cette survie est devenu ton moteur, ta force d’exister, pour ton fils bien sûr, mais aussi pour toi-même. Pour le moment tu n’en a pas l’impression, mais si tu ne survivais pas pour toi-même, tu serais dans l’impossibilité de le faire pour ton fils. Sa maman va beaucoup lui manquer, mais lui va vivre et grandir naturellement. Il ne va pas survivre pour son papa ou pour quelqu’un d’autre. Il est déjà très fort ton petit bout. Tu vas voir et c’est lui qui risque de t’enseigner comment apprendre à se construire. N’essaie pas de « lui faire une vie de rêve » au sens du matérialisme car son rêve le plus précieux, tu le sais déjà, serait d’avoir sa maman vivante. Rien ne pourra compenser matériellement ce manque. Il faut au contraire la faire exister dans son coeur et répondre à ses questionnements, dans ses mots et uniquement à ses questions. Ton fils n’est pas dupe et c’est pas parce qu’il est tout petit qu’il n’a pas déjà compris que sa maman était malade puisqu’il l’a vu dans son lit d’hôpital. Mais les enfants comprennent que nous sommes mortels vers 4/5ans. Fais-toi aider d’un psychologue pour enfant pour faire comprendre étape par étape et sans tabou l’irréversibilité de la mort. Reste prudent qu’il n’associe pas la maladie directement à la mort car il pourrait penser si tu avais besoin d’être hospitalisé, que tu ne reviendrais jamais à la maison. C’est malheureux ce qui est arrivé à sa maman, mais c’est très rare à la trentaine.
Je sais, c’est facile à dire, mais fais ta vie de papa du plus naturellement que si tu l’avais fait si sa femme était toujours présente. N’essaie pas de la suppléer en « jouant son rôle » On ne joue pas à quelque chose qui est extérieur à soi. Soi toi-même, ce papa d’amour tout simplement.
Tu as remarqué que dans ton entourage beaucoup ne savent pas comment t’aborder, te consoler et te regardent comme si soudainement tu étais devenu handicapé. Ils ne comprennent pas ta détresse. Alors ils t’adressent des codes conventionnels en « bon courage » et « sincères condoléances »… Rien n’est plus irritant au bout d’un moment car cela ne réponds en rien à notre propre questionnement sur ce qui nous arrive. Les personnes qui sont ici sont passées par là et comprennent ton affliction. Tous, par un moyen ou un autre sommes parvenus à ressortir la tête hors de l’eau. Beaucoup de temps est nécessaire pour cicatriser mais tu verras que même si tu auras toujours la cicatrice, tu vas faire de ce malheur un ressort. La vie est dégueulasse. Fais donc de cette épreuve un chalenge et rends-lui ce pied de nez et construit. Construit ta vie avec ton fils. Tu vas voir, elle sera belle.