Bonjour,
Voilà, je suis prète a raconter mon histoire.
J'ai 35 ans , et une vie bien réglée ... en couple depuis 16 ans , une petite fille de 5 ans , tous en bonne santé , propriétaires de notre foyer , en CDI tout les deux , ...
Nous avions comme projet un deuxieme enfant et un mariage . Comme je ne suis pas baptisée , j'ai fait 2 ans de catéchisme pour comprendre la signification de mon bapteme , et je suis tombée enceinte la même période. Amusant , l'accouchement est prévu à une semaine prés le jour de mon bapteme.
En femme responsable, ma grossesse se passe sans aucun écart : je ne fume pas (depuis 5 ans) , pas une goutte d'alcool , pas un seul aliment risquant de me donner la toxoplasmose , pas de restaurant (au cas ou ) , je surveille mon alimentation ,j'arrete le travail à 6 mois car je suis trop fatiguée, je prend soin de moi ( siestes + marche de 30 mn par jour ) et fait mes examens tout les mois .
Visite du début du 9 ème mois chez le docteur , tout va bien, 11 kg pris au total , le bébé va bien. Il me dit que je risque d'accoucher avant le terme mais que ce n'est pas un soucis, le bébé est parfaitement développé. il était vendredi soir , du coup je fais vite mes dernières prises de sang pour la péridural.
Le week-end se passe bien et le lundi je ressens une extrême fatigue , je met ça sur le compte du week end et finalement le soir perte du bouchon muqueux . Je téléphone au mon docteur mais pas de soucis, cela veut dire que je vais accoucher dans les 24h.
Nous préparons tout, la valises, les papiers , on prévient papi et mamie pour garder notre fille etc ... et mardi soir, contractions
Direction clinique , nous sommes à la fois heureux et impatients de faire enfin la connaissance de notre fille. on nous installe dans une salle et la sage femme essaye d'installer le monitoring mais n'y arrive pas. Elle cherche sur mon ventre , me dit qu'elle a un probleme de materiel et sort. 30 mn plus tard nous voyons mon docteur débarqué, à notre grande surprise et nous amene dans une autre salle. Franchement à ce moment là on a aucune inquiétude , pas de doute, tout va bien .
Je me rappelle du regard de mon docteur et de ses mot : "je suis désolé, il n'y a plus de rythme cardiaque"
C'est le choc, on se regarde avec mon chéri avec une même idée, ce n'est pas possible , on n'y croit pas ...
Je tremble, je claque des dents , puis les larmes viennent et c'est l'incomprehension ...
On m'explique alors qu'il faut que j'accouche quand même et a ce moment , je ne veux pas. j'ai demandé s'ils pouvaient m'ouvrir le ventre car je ne voulais pas accoucher en sachant que ma fille n'allait pas respirer, mais ce n'était pas possible ...
Il a donc fallu que souffre l'accouchement en sachant que malgré mes efforts c'était fini , je ne donnais pas la vie, mais je donnais la mort, et cela entourée des cris des bébés qui naissaient dans les salles à côté. Après examen on ne sait pas pourquoi son cœur s'est arrété , elle pesait 3kg150 et était parfaitement viable.
A ce moment là je suis dans le rejet et le deni le plus total , je ne veux pas pousser , je ne veux pas la voir, je ne veux rien si ce n'est mourir avec elle. et dans notre malheur , elle est née et morte à 1h15 du matin, le jour de l'anniversaire de mon ainée...
En fin d'après-midi , mon compagnon est venu à la clinique avec ma fille pour que je lui souhaite un bon anniversaire, et j'ai souri , je l'ai embrassé et j'ai fait comme si ... on lui a dit que sa petite sœur était montée au ciel et qu'elle s'était transformée en ange.
Les obsèques ont eu lieu quelques jours plus tard , son cerceuil était si petit ....
Retour à la vie normal , je supporte et je fais face pour ma fille et pour ne pas faire pitié .Je commence à faire beaucoup de sport (25h par semaine) contre l'avis de mon medecin . Je pense que je vais bien et je reprend le travail 3 mois après. Mais quelques mois plus tard j'ai eu le retour de flamme, grosse dépression tout en essayant de préserver ma fille et mon couple de la detresse dans laquelle je me trouve mais j'arrive à peu prés à m'en sortir , même si j'ai pas été loin de me faire du mal.
L'approche de leur anniversaire à était très difficile , j'ai été a fleur de peau depuis le début du mois et le jour fatidique j'étais vraiment mal, la gorge serrée , les larmes au bord des yeux. j'ai offert à chacune un cadeau , un cadeau à ma grande et un cadeau à ma fille disparue que je conserve dans une boite souvenir.
Un fois ce jour passé je me sens forte, comme si j'étais une survivante , mais parcequ'en fait c'est ce que je suis, une survivante.
Néanmoins, aujourd'hui cela fait 1 an 4 mois et 12 jours que ma fille est partie , et pas un seul jour ne passe sans que je revois l'image de son cerceuil couvert de roses blanches.
J'ai vu et lu que c'est important de voir son bébé mort pour tourner la page et tout ça , mais moi je n'en ai pas était capable à ce moment là, je ne le regrette pas car je prefere avoir l'image de son cerceuil en tête , entourée de toute sa famille qui l'aime. Sa photo prise par la sage femme est encore scellée dans une enveloppe, je n'ai pas encore pu l'ouvrir, le moment viendra peut etre plus tard et je sais que ce sera le bon moment.
Aucune culpabilité dans mes mots, juste de la tristesse ... je ne pensais absolument pas qu'un tel drame pouvait arriver dans ma petite vie si bien réglée . J'ai lu quelque part ces mots : " la perte d'un parent, c'est le deuil des moments du passé mais la perte d'un enfant , c'est le deuil du futur et de nos projets "
C'est un peu ça pour mon compagnon et moi , nous qui avions toujours des buts a atteindre ... maintenant on voit la vie d'une toute autre perspective, on ne sais pas ce que la vie nous réserve et on vit chaque moment présent comme si c'était le dernier.
Merci à tous et à toutes, vous qui me comprenez , de m'avoir permis de m'exprimer
Je ne veux pas jouer les calimero , juste raconter mon histoire sans avoir ce regard face à moi (de la pitié? ou plutot de la surpeise que je veuille justement en parler car j'en ai besoin?)