Bonsoir à toutes et tous,
Voilà 2 semaines que nous sommes rentrés de Bourges, nous étions 2 couples de parents en deuil d'un fils, Marithé et son mari et nous 2, seul décès après suicide pour nous. Christophe Fauré n'a pas du tout abordé le thème du suicide, il a seulement dit pendant une pause que c'était un deuil très difficile pour des parents, ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre...
Ce compte rendu, ce sont les notes que j'ai prises, donc ce qui m'a parlé, a fait écho en moi, je vous les livre comme tel!
Dans un 1er temps, il a retracé l'histoire du site et du forum, le site a été créé pour faire suite à son livre sur le deuil
- choix de vidéos courtes, car quand est en deuil on fatigue vite et c'est plus facile d'écouter que de lire
- petite info touchante: la comédienne qui dit le texte dans les vidéos est une maman dont la fille s'est suicidée et qui a souhaité aider les autres en enregistrant ces vidéos
Le forum est plus efficace qu'un groupe de paroles (ceci est prouvé par une étude anglo-saxonne qui montre que les personnes qui écrivent vont mieux que celles qui vont à des groupes de paroles)
Sur le forum, quelqu'un qui arrive est accueilli par les autres: et puis il y a aussi le fait d'écrire qui permet de réfléchir aux mots et nous permet de faire du tri.
Savoir se poser les bonnes questions, au lieu de dire "Je n'ai pas envie!" quelqu'un m'invite pour une sortie, je n'ai pas envie, se dire plutôt "est-ce que ça m'est utile ? ", questionnement plus positif, quelques fois ça ne fait pas envie et puis finalement ça fait du bien ...
Le deuil est un processus avec un paquet de souffrance, il y a un début et il y a une fin, même si le deuil ne finit pas... on n'est plus le même après.
Jusqu'à 18 à 20 mois, on a l'intime conviction qu'on ne pourra pas en sortir"je vais continuer dans le manque"...
Le processus de deuil se fait en dehors de notre volonté, comme une plaie qui cicatrise, quelque chose se passe en nous, est en oeuvre en nous...
On ne peut pas récupérer l'insouciance, mais on peut retrouver l'apaisement, le lien conservé avec l'autre.
Lâcher prise, certitude qu'il y a quelque chose au-delà de ce que je pense. Acueillir tout ce qui vient.
revenir encore, encore et encore sur les mêmes émotions, de la colère, de la culpabilité, revenir encore et encore pour faire diminuer la charge émotionnelle qui va dégonfler à force d'y revenir.
J'exprime ma douleur, car je sais dans quel sens je vais...
Lâcher prise, lâcher l'émotion dans un cadre sécurisé, accepter de perdre le contrôle;
Quand j'aime quelqu'un j'ai besoin d'un support, le toucher, la vue, l'odeur, ...Après le deuil le support est disparu, toucher, vue, odeur..., on essaie de garder le lien. On ne lâche pas prise par rapport à la personne, on lâche prise par rapport au support. Au bout d'un moment la présence est là, sans support.
Quand on lutte contre le réel on perd toujours.
Dans le processus de deuil:
- la 1ère tâche c'est accepter la réalité
- la 2ème tâche : expression des émotions, encore, encore, il n'y a aucun rique de "pétage deplomb", une crise de larmes , de cris, dure au maximum 15 à 20 minutes...
- la 3ème tâche: préserver le lien de façon appropriée, de façon à ne pas parasiter ma vie familiale, sociale, professionnelle,
- la 4ème tâche: réinvestir sa vie, créer de nouveaux projets, aimer à nouveau
Ce qui aide le plus: perception subjective d'un réseau autour de soi, au moins 3 ou 4 personnes sur qui je peux compter, réseau de soutien de qualité
Questions à se poser tout le temps:
- Qu'est-ce que je mobilise ?
- Qu'est-ce qu'il est utile de mobiliser ?
- Ai-je assez de proches autour de moi ?
- Est-ce que je m'occupe assez de moi ?
On ne peut pas réinvestir de projets si on ne maintient pas le lien. Faire confiance en l'intelligence en nous.
11-18 mois: trop dur pour investir, le processus de deuil fait trop mal, impossible d'être apaisé aussi vite. Pendant un temps la souffrance maintient le lien, surtout chez les mamans qui se sentent de mauvaises mères si elles ne souffrent pas.
"Je suis seul", tout le monde passe par ce lieu d'ultime solitude; c'est très douloureux, mais il est nécessaire de s'habituer à ce lieu
En tibétain : méditer veut dire s'habituer à ce lieu d'ultime solitude
ne pas le fuir, c'est là que se reconstruit le lien. Ne pas fuir cet espace de solitude. Au bout de plusieurs années il y aura une force-puissance. Ne pas avoir peur de rencontrer cette solitude.
Qu'est-ce qu'un deuil compliqué?
- complications physiques, épuisement majeur, troubles cardio-vasculaires, souvent fragilité physique pré-existantes
- complications psychologiques, la dépression est différente du vécu dépressif; les crises d'angoisse nécessitent une prise en charge psychologique Pas d'antidépresseurs si pas de dépression
- deuil psychiatrique, deuil pathologique
Voilà mes notes, j'ai été un peu longue, je souhaite aider celles et ceux qui n'ont pas pu venir.
En les recopiant, j'ai repensé à mon deuil, voilà 4 ans que mon fils est mort, je crois que j'ai bénéficié d'un bon réseau de qualité autour de moi, le forum m'a aussi beaucoup aidée et puis j'ai vu ma psy, mon ostéo, des séances de Shiat-su, des soins énergétiques, des séances de massages.... tout ceci depuis 3 ans et demi, pas à pas, tout doucement, j'avance, le manque de mon fils est toujours là, je ne suis plus la même, mais je regarde le chemin parcouru et je trouve que c'est bien !
Les amis de notre fils viennent de créer une asso pour aider un projet de mutuelle de santé au Togo , pays cher à Samuel, nous sommes membres de cette asso et nous sommes heureux de voir ses copains continuer à faire vivre "l'énergie" de Samuel ! Quant à moi, je suis marraine d'une petite togolaise qui vient d'avoir 2 ans, j'attends avec impatience ma retraite dans 2 ans pour aller passer des périodes au Togo, m'investir dans d'autres projets qui mijotent déjà dans ma tête !!!
Bonne soirée à toutes et à tous
Bien amicalement
Marie-Jeanne