Romane,

Je te lis à l'heure où tout le monde dort, sauf toi, peut-être.
Je lis ta douleur et je me sens bien impuissante à te consoler...
Je sens ce trou dans mon ventre aussi, comme une sangsue qui ronge de l'intérieur...
Du temps...il paraît que c'est notre meilleur allié...

Je te dis bon matin quand-même, ici il fera nuit...

Je te serre fort dans mes bras, et j'ai une pensée pour ta cocotte ( c'est l'équivalent de " louloute" ici)  qui, je l'espère, te réconforte un peu  avec ses calins XXXX

Affectueusement

Comme toi, je ne me sentais plus de ce monde et je crois qu'on restera toujours un peu à part, entre le monde terrestre et celui de nos enfants.

Le temps "bougera" pour toi aussi, mais quand on perd un enfant et de surcroît par suicide, il faut beaucoup de patience jusqu'à ce que cela arrive et qu'on apprenne à vivre avec "ça".

5 ans et demi maintenant pour moi.  Ma fille fait partie de moi. J'ai repris le cours de ma vie qui sera tellement différente maintenant. Nous étions quatre, maintenant je vis seule puisque mon mari est décédé sept mois après mon ainée et que ma cadette a quitté le nid depuis. Heureusement que ma cadette et moi, nous nous voyons souvent.
Je me considère "en devenir".  Je me bats pour retrouver des forces physiques. N'ayant pas vu la vie possible après le suicide de ma fille, ayant été en attente  pendant des mois et des mois - cette attente, j'ai lu que tu la connais aussi -, mes muscles se sont atrophiés. J'avais bien lu qu'il fallait faire attention à son corps, mais cela m'était égal. J'espère que tu y arriveras mieux que moi.

Essaie de ne pas te battre contre ce que tu ne peux pas changer.
Essaie de t'accorder quelques moments de "pause" de ton deuil.
As-tu essayé de faire de la méditation ? Cela pourrait au moins te permettre de respirer plus profondément. Tu peux le tester sur internet : https://www.youtube.com/watch?v=fuDXc1Hr9UE
Et si cela t'aide un peu, tu peux trouver le CD avec le livre : http://christopheandre.com/WP/?projects=mediter-jour-apres-jour

Patience. Il faut tenir jusqu'à ce que cela fasse moins mal.

Je vous embrasse toi et les autres parents

Merci Méduse
Merci pour le lien sur la méditation, ma concentration pour l'instant est de zéro. Ça tourne en boucle dans ma tête.
Je me sens perdue, j'oublie ce que je fais ou dois faire, ce que l'on me dit, les heures, les jours, ca n'imprime plus.
En dehors du monde, en attente et épuisée . Je ne sais pas si j'aurais la patience et le courage de tenir jusqu'à ce que ca fasse moins mal. Je survis pour ma fille, pour ne pas la laisser seule, mais mon Fils, lui, est seul.
Ca  m'effraie ,   de survivre à mon Fils. C'est inconcevable .
J'ai mal , mal .
Amitiés  Méduse

Tommy,  tant d'années j'ai laissé ce couloir allumé car tu avais peur du noir, puis je l'éteignais , lorsque tu t'étais endormi paisiblement .
Je t'aime mon chéri

     Oui, il est très dur de réaliser que c'est POUR LA VIE ...
     Mais ce ne sera pas pour la vie dans la même et continuelle atroce douleur ... on apprend à la gérer un peu ... un peu ...
     La vie ne continue plus car elle n'est tout simplement PLUS CONTINUE ...
     Nous gardons un être qui n'est plus là bien au chaud dans notre cœur, c'est autrement, c'est relativement tolérable à défaut de son impossible présence ...
     Oui, ça fait mal et ça fera toujours mal.
     Aimer est le don du manque (Lacan).
     Nous pouvons supporter d'aimer.
     
     Reposez-vous aussi, les mamans et les papas, car par moments il faut un peu endormir "tout ça", c'est si dur et si absurde ...
     Notre plus intense douleur ne les ramène pas, nous devons nous protéger un minimum, en paix un minimum, je sais que c'est pas facile du tout ... il y a des périodes de crise aigüe ... qu'il faut vivre aussi pleinement ... librement ... paradoxalement ...

    Je vous trouve tous adorables. M.

    Et tu as fait tout ce qui est humainement possible, Romane.

    Nous avons le choix de donner la vie dans un monde que l'on sait cruel, ce qui est un pari, un risque ... connaissant trop bien certains risques je n'ai pas endossé la responsabilité d'être maman, mais en tant que tata je n'ai rien deviné de ce qui se tramait dans la tête du petit ... j'ai laissé les choses suivre leur cours ... sans le moindre soupçon envers cette fatalité de merde ... je faisais tellement confiance dans mon idée que mes neveux ne manquaient de rien du tout ...

    De gentils amis vous accueillent dans leur maison proche de la Nature: c'est bien ça.
    C'est de la surveillance, la piscine avec les tout-petits !
    Ils doivent s'amuser en lançant ces adorables petits cris que font tous les enfants qui jouent.
    Je me souviens un jour j'attendais un train, il y avait une maman avec 3 gamins espiègles et elle les mettait en garde de ne pas aller trop près du bord ...
    Je lui ai souri, elle m'a dit "c'est dangereux..."
    Et comme ça faisait pas longtemps que Kalahan s'était suicidé, je lui ai répondu: "le danger ne vient pas toujours d'où on croit..."et je lui ai dit, ce qui était arrivé... c'est bizarre, il fallait que je mette en garde les autres, contre cette fourberie,  ce parasite tueur qui nous a eus sans prévenir.

   Il faut se faire tout le bien qu'on peut, pour survivre, car ça nous fait tout le mal qu'on peut aussi.
   Nous sommes devenus le lieu de conflits violents, toute trêve est indispensable.
   Tu as réussi pour ta fille à accepter cette invitation, et Tom est avec toi où que tu ailles, dans le feu, la glace et aussi ... dans la Tendresse.
   Bisou, M.
   

   

C'est à nouveau moi : Marie-Noëlle.
J'ai lu, récemment, un texte qui pourrait peut-être t'intéresser. J'ai acheté le livre (petit) sur Amazon, tout comme j'en ai acheté plein pour essayer de mieux comprendre. Tu me dis que, pour l'instant, tu ne crois pas bien que ne dénigrant pas ceux qui veulent croire. Alors écoutes, fais l'essai : va sur le site d'AMAZON à la rubrique "livres". Tu mets le titre en question "A ceux qui pleurent" . Ce livre, de C.W. LEADBEATER, est traduit de l'anglais. Tu cliques sur le 2ème livre (version kindle) qui est présenté (couverture marron) parce que tu peux le feuilleter. Et tu verras si çà t'ouvre à quelque croyance éventuelle et si tu as envie d'en savoir plus.
Ton fils est juste "dans la pièce à côté". Tout comme mon mari. Ils nous manquent physiquement bien sûr mais EUX nous voient.Ils seront toujours dans nos coeurs. Nous nous retrouverons quand l'heure sera venue. Pour l'instant il faut vivre avec le souvenir de tous les bons moments passés ensemble. J'ai compris très vite qu'il ne fallait pas penser à "s'il était encore là, nous aurions pû faire ceci cela"  mais "nous avons vécu ensemble ceci cela et c'est déjà beau. Il faut arrêter de se torturer car tu ne pourras malheureusement rien changer. Pour ton fils : c'était son choix. Même si çà fait mal, il faut le respecter.
Je m'associe à ta peine et je te fais de gros bisous (si je peux me permettre) et te dis "à bientôt" de te lire.