Merci Angelik,
Je viens d'écouter cette conférence. Isabelle Constant exprime avec beaucoup de justesse ce que nous pouvons ressentir nous les parents qui avons perdu un enfant.
Oui, j'y ai souvent réfléchi : ma belle-fille est veuve, mes petits enfants sont orphelins de leur papa mais nous, les parents d'Antoine n'avons pas de statut effectivement. Rien ne se voit, c'est seulement écrit dans le livret de famille c'est tout. Nous n'avons pas changé et personne ne soupçonne notre peine alors quand on me demande combien j'ai d'enfants, je réponds toujours : 3, puis je laisse un blanc, j'attends ... et je dis : "malheureusement notre dernier fils n'est plus de ce monde, mais il a vécu avec nous 37 ans". C'est très certainement plus facile à exprimer que lorsque l'on perd un enfant petit.
J'ai constaté que parler de nos enfants disparus peut permettre d'ouvrir un espace de parole. J'en ai fait l'expérience quand je me suis retrouvée dans un gîte lors d'une randonnée, ce été, attablée avec des personnes inconnues. Alors que nous faisions connaissance, j'ai parlé du drame de notre vie comme ça naturellement. Un homme, au bout de la table m'a semblé très ému, à mi-voix il a parlé de son petit, mort à deux ans, voilà plus de 20 ans. "chez nous, nous n'en parlions pas, a-t-il dit, nous avons enfoui notre chagrin, l'avons caché à nos filles de 4 et 6 ans, nous n'avons pas fait ce qu'il aurait fallu pour vivre ce deuil" Le couple s'est séparé, chacun s'enfermant dans son chagrin. Je lui ai demandé, seul à seul, comment était mort ce bébé, il a raconté entre deux sanglots, il a parlé de ce petit dont il n'avait jamais pu parler !
Le lendemain matin, nous nous retrouvons au petit déjeuner et alors qu'il repart avec son sac à dos, discrètement il me met la main sur l'épaule et me dit ceci "merci, ça m'a fait du bien de parler, merci de m'avoir permis de parler" et nous avons échangé nos n° de portable.
Voilà, mettons des mots sur nos douleurs, parlons de nos enfants, faisons les vivre et n'hésitons pas à dire que nous sommes des mères ou des pères "désenfantés". A nous qui parvenons à parler, cela nous aide et à celui qui écoute ça lui permet parfois d'ouvrir son coeur.
Bonne journée à toi Angélik
Mamita