Au début, on a peur du regard des autres, c'est vrai qu'il y a ceux qui détournent la tête, et puis ceux qui s' approchent, qui avec un mot, une main sur l'épaule nous font comprendre qu'il sont avec nous. D'autres n'osent pas, c'est ainsi, il faut l'accepter. Il y a aussi les maladroits, et même après 30 mois, j'en rencontre toujours.
Il n'est pas facile de faire un premier pas vers l'autre, mais cela viendra tout doucement. Rester chez soi, c'est se protéger mais c'est aussi s' enfermer, tourner en boucle dans sa tête toutes ces questions. Avec tes autres enfants, tu dois avoir à faire, mais il faut que tu prennes du temps pour toi, que tu prennes soin de toi aussi.
As-tu des amies avec qui tu pourrais sortir marcher un peu, prendre un café ? J'ai eu la chance de retrouver quelques amies avec lesquelles nous avons fait quelques ballades, on fixait un jour, une heure et cela m'obliger à sortir, parfois je parlais de mon fils, parfois on ne disait rien, mais la fatigue de la marche aidant, cela me permettait de dormir un peu.
J'allais tous les jours sur la tombe de mon fils, elle est dans le petit village où on habite, pour arroser les fleurs, et puis maintenant je n'y vais qu'une fois par semaine ou deux fois. Il m'est arrivé de ne pas y aller pendant 2 semaines, et là j'ai culpabilisé. J'y ai versé des larmes et j'en verse encore, mais c'est moins douloureux. Je lui parle beaucoup lorsque j'y vais, du temps, de la nature.....de tout et de rien.
Là encore chacun fait comme il le sent, comme il peut. Le dernier de mes fils n'est jamais retourné sur la tombe de son frère, non pas parce qu'il l'oublie, mais il ne peut pas, c'est trop dur pour lui.
Quant à mon mari, et bien tu vois, c'est difficile, on a du mal à en parler de peur de nous faire encore un peu plus mal, de rajouter une couche de plus. La réalité, c'est que notre enfant est parti et qu'il ne nous reviendra plus, il a disjoncté et nous à laisser abasourdis au bord de la route et qu'il nous manque tant.
Avec toute mon affection Dorie.