Auteur Sujet: premiere année sans toi  (Lu 15185 fois)

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dorie

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #15 le: 30 novembre 2014 à 14:32:40 »
effectivement zabou pour lui être fort c'est son devoir mais je crois que ce qui le rend le plus triste c'est de ne pouvoir rien faire pour m'aidée a surmonter ma tristesse nous avons passée tellement d'épreuve ensemble et pour la première fois il se sent inutile, et même si j'aimerais qu'il soit la personne qui trouve les mots pour me réconforter il a une autre façon de me soutenir en faisant tous sont possible pour que ma vie soit moins stressante  et donc je me sent obligé de ne pas craquer devant lui car au final il seras malheureux et moi aussi de cette situation
j'en profite pour poser une question voila depuis qu'angie est partie je ne suis pas retourner sur sa tombe car j'ai peur de ma réaction donc j'aimerais connaitre votre expérience quand pour la première fois ou vous vous êtes rendu sur la tombe de votre enfant ou de votre proche  (si vous vous sentez de l’écrire) et surtout des sentiments que vous avez ressentis merci pour vos réponses en espérant ne pas êtres trop indiscrète et si c'est le cas veuillez m'excuser bises

Hors ligne Gagouf

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #16 le: 30 novembre 2014 à 18:46:05 »
Comme je te le disais plus haut, ma Noémie n'était pas malade, mais elle est décédée la veille de ses trois ans, elle s'est noyée dans la piscine de mes parents... Et j'ai vécu ses presque trois années tout le temps avec elle car j'étais en congé parental. On a dû être séparées une petite dizaine de jours en tout...

Quand elle est partie, je me suis sentie amputée. Comme toi je ne savais que faire de mes journées. Ce qui m'a sauvé, c'est que j'ai dû retourner travailler. Car un congé parental complet, c'est jusqu'aux 3 ans de l'enfant. Aller au travail, seule dans ma voiture, alors qu'elle avait toujours été avec moi quand je conduisais, à pousser dans mon dossier avec ses petits pieds... Ça été très dur. Je ne sais pas comment j'arrivais au bout, entre les pleurs, les larmes, les crises de sanglots... à chanter à tue tête les chansons qui me faisaient penser à elle, à penser à en finir pour la rejoindre mais à me raisonner car j'avais toujours mon mari et mon "grand" garçon de 5 ans et demi à l'époque...

Oui le travail m'a sauvée car là bas je ne pouvais rester cloîtrée, je devais mettre entre parenthèses mon chagrin pour me concentrer, je pensais à autre chose et au fur et à mesure le temps passait. Parfois c'était trop dur alors je partais aux toilettes ou dans ma voiture pour pleurer... Pendant tout ce temps mes collègues ont été formidables car ils m'ont accueillie telle que j'étais, en tant que Gaëlle et pas en tant que maman endeuillée. Et puis mon mari et moi avions le projet de continuer notre famille, et au final, un an après avoir repris le boulot, je suis retournée chez moi car j'étais enceinte de son petit frère. Il est venu au monde 15 mois après sa disparition.

Je sais que tout le monde ne réagit pas comme moi, que certains ont besoin de se recentrer sur eux-mêmes avant de ré-affronter le monde extérieur. Il faut savoir si tu es de ceux là. Parce que si tu as besoin des autres pour te sentir revivre, tu pourrais peut-être trouver une association où te rendre "utile", pour avoir un objectif à ton réveil, afin de ne pas végéter enfermée chez toi, à ne pas savoir quoi faire.

Sinon concernant le retour sur la tombe, pour ma part ma fille ne repose pas dans le cimetière à côté de chez nous, car nous savions que nous ne resterions pas dans la région définitivement. Alors on l'a enterrée dans le cimetière près de chez nos parents à tous les deux (à une heure de chez nous), car nous avons le projet de retourner nous installer par là bas. Alors quand je reviens la voir, je ne suis jamais seule. Et quand tu es accompagnée, tu ne peux pas tellement te laisser aller. Une seule fois j'ai pu la voir sans que son père ou son frère soit avec moi, et là j'ai craqué. Mais même si après coup j'ai eu mal au crâne d'avoir tellement pleuré, ça m'a fait beaucoup de bien. Quand tu as trop de larmes à l'intérieur de toi il faut savoir laisser couler le trop plein, sinon tu finis par exploser.

Concernant ton mari qui ne te parle pas de son chagrin, c'est vrai que nos hommes ne fonctionnent pas comme nous. Le mien me parle très peu de ce qu'il ressent vraiment, on a quelques conversations sur le sujet, mais généralement c'est moi qui parle, qui pleure devant l'autre. Par contre lui sait m'écouter. Jamais il ne me dit "Ce n'est pas le moment.", et même s'il dit moins de mots que moi,  il est là.
« Modifié: 30 novembre 2014 à 18:54:39 par Gagouf »

dorie

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #17 le: 30 novembre 2014 à 21:48:57 »
merci gaelle pour ton témoignage qui me touche énormément et qui m'aide a voir plus claire dans se que je traverse car après t'avoir lu je réalise que le fait de me retrouver seule a la maison la journée me renferme d'avantage sur moi même mais d'un autre coté trouver du travaille ou ne serais se qu'une place dans une association me fait peur car aujourd'hui les personnes qui me verrais pour la première fois ne connaisse pas mon passé et donc je me sentirais obligé de faire bonne figure pour être accepte se qui me semble difficile pour le moment
c'est tellement compliqué de choisir entre le fais d’être a la maison d’être protégé des regards des autres de leur peines qui te rappel que tu est en deuil mais surtout qui t'oblige a vivre seul cette souffrance avec tant de souvenir dans chaque coin de la maison et d'un autre coté pouvoir vivre une vie avec des personnes qui te change les idées te montre que la vie peu parfois être belle malgré la souffrance qui reste présente et accepter de cacher qui on est vraiment pour le bien de tous voila ma réflexion du soir
ps : gaelle le prénom de ta fille est magnifique tous comme mon aînée qui s'appelle aussi noémie  ;)

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #18 le: 01 décembre 2014 à 11:17:38 »

Au début,  on a peur du regard des autres, c'est vrai qu'il y a ceux qui détournent la tête,  et puis ceux qui s' approchent, qui avec un mot, une main sur l'épaule nous font comprendre qu'il sont avec nous. D'autres n'osent pas, c'est ainsi, il faut l'accepter. Il y a aussi les maladroits, et même après 30 mois, j'en rencontre toujours.

Il n'est pas facile de faire un premier pas vers l'autre, mais cela viendra tout doucement. Rester chez soi, c'est se protéger mais c'est aussi s' enfermer, tourner en boucle dans sa tête toutes ces questions. Avec tes autres enfants, tu dois avoir à faire, mais il faut que tu prennes du temps pour toi, que tu prennes soin de toi aussi.

As-tu des amies avec qui tu pourrais sortir marcher un peu, prendre un café ?  J'ai eu la chance de retrouver quelques amies avec lesquelles nous avons fait quelques ballades, on fixait un jour, une heure et cela m'obliger à sortir, parfois je parlais de mon fils, parfois on ne disait rien, mais la fatigue de la marche aidant, cela me permettait de dormir un peu.

J'allais tous les jours sur la tombe de mon fils, elle est dans le petit village où on habite, pour arroser les fleurs, et puis maintenant je n'y vais qu'une fois par semaine ou deux fois.  Il m'est arrivé de ne pas y aller pendant 2 semaines, et là j'ai culpabilisé.  J'y ai versé des larmes et j'en verse encore, mais c'est moins douloureux. Je lui parle beaucoup lorsque j'y vais, du temps, de la nature.....de tout et de rien.
Là encore chacun fait comme il le sent, comme il peut.  Le dernier de mes fils n'est jamais retourné sur la tombe de son frère,  non pas parce qu'il l'oublie, mais il ne peut pas, c'est trop dur pour lui.

Quant à mon mari, et bien tu vois, c'est difficile, on a du mal à en parler de peur de nous faire encore un peu plus mal, de rajouter une couche de plus.  La réalité,  c'est que notre enfant est parti et qu'il ne nous reviendra plus, il a disjoncté et nous à laisser abasourdis au bord de la route et qu'il nous manque tant.

Avec toute mon affection Dorie.


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Re : premiere année sans toi
« Réponse #19 le: 01 décembre 2014 à 16:58:25 »

J'ai oublié de te dire Dorie qu'il faut du temps pour se recentrer sur soi même avant de pouvoir extérioriser,  par la parole,  les écrits ou n'importe quel type d'activités,  son mal être,  sa souffrance, le manque de son enfant.

Parfois, on a envie de rien et surtout pas qu'on nous dise de nous bouger, de tourner la page, de faire un effort. On ne peut pas, moral et ( ou ) physique étant au plus bas.

Je crois que ce temps de recentrage est important, au risque d'occulter sa peine et de se la prendre en pleine figure plus tard avec plus ou moins de dégâts.  Ne pas la négliger,  mais ne pas s' y perdre.....le savant dosage est la chose la plus difficile à faire. On courbe souvent l'échine sous le poids du deuil, mais chaque jour on peut accomplir un petit geste pour aller un peu mieux.
Peut-être que mon raisonnement ne te conviendra pas, mais c'est ainsi que je le sens.

Je suis de tout coeur avec vous toutes et tous.

Hors ligne Gagouf

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Re : Re : premiere année sans toi
« Réponse #20 le: 01 décembre 2014 à 17:29:26 »

J'ai oublié de te dire Dorie qu'il faut du temps pour se recentrer sur soi même avant de pouvoir extérioriser,  par la parole,  les écrits ou n'importe quel type d'activités,  son mal être,  sa souffrance, le manque de son enfant.

Parfois, on a envie de rien et surtout pas qu'on nous dise de nous bouger, de tourner la page, de faire un effort. On ne peut pas, moral et ( ou ) physique étant au plus bas.

 (...)

Peut-être que mon raisonnement ne te conviendra pas, mais c'est ainsi que je le sens.

Je suis de tout coeur avec vous toutes et tous.

C'est bien pour ça que je lui ai dit que d'autres ne réagissaient pas comme moi et qu'il fallait que Dorie sache à quel "groupe" elle appartenait. Parce qu'extérioriser,  je l'ai fait dès le jour où Noémie est décédée. J'ai tenu une sorte de "journal" ouvert sur un forum public, et j'ai cherché partout à rentrer en contact avec des gens qui avaient vécu la même chose que moi.

Cela fait un an qu'Angie est partie, cela fait un an que Dorie reste chez elle à ne pas savoir quoi faire. Alors c'est sûr, aller chercher du travail alors qu'on est si mal, ce n'est peut-être pas raisonnable. Il faut faire comme on le sent. C'est pour ça que je parlais d'une association.  Pas spécialement sur la leucémie ou la trisomie, mais pourquoi pas les Restos du Coeur? Faire du bien autour de soi, se sentir utile, donner de sa personne... je suis sûre que ça doit te parler Dorie, car  tu as mis ta vie entre parenthèses pendant 4 ans pour t'occuper de ta petite chérie.

Déjà le fait d'être venue ici nous parler de ta fille, de ton manque et de ton chagrin, c'est un grand pas. Car désormais, comme je te le disais, tu n'es plus seule, et on pourra t'encourager à avancer en te faisant part de nos expériences. Ça  pourra te donner des pistes pour que tu puisses t'en sortir, peu importe le chemin que tu emprunteras. 

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #21 le: 01 décembre 2014 à 20:46:03 »
En vous lisant....je pense que .... pour  traverser le deuil ,il faut trouver un équilibre entre les moments de repli solitaire dont on a tellement besoin, comme un refuge dans sa caverne de douleur...et les moments de partage avec les autres...dont on a besoin aussi pour survivre puis vivre...
les autres... ça peut être la famille,  nos amis, une association ou  une activité de notre vie d'avant...des collègues de travail...des endeuillés de ce forum ou d'autres...d'un groupe de parole...
c'est difficile de s'écouter et de faire au mieux...

Hors ligne Mamoure

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #22 le: 02 décembre 2014 à 07:26:46 »
je pense , comme Eva Luna , qu'il faut un équilibre , en tout cas , pour moi , je sais que si je m'isole complétement , ne voit personne et ne fais rein , je ne m'en sortirais pas
mais j'ai aussi besoin aussi de moments solitaires , de me retrouver dans mon "cocon"  : notre maison pour pouvoir être avec lui , avec ma douleur complétement sans porter de masque , sans faire semblant

Oriane

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Re : Re : premiere année sans toi
« Réponse #23 le: 02 décembre 2014 à 08:19:23 »
je pense , comme Eva Luna , qu'il faut un équilibre , en tout cas , pour moi , je sais que si je m'isole complétement , ne voit personne et ne fais rein , je ne m'en sortirais pas
mais j'ai aussi besoin aussi de moments solitaires , de me retrouver dans mon "cocon"  : notre maison pour pouvoir être avec lui , avec ma douleur complétement sans porter de masque , sans faire semblant

Tout à fait..ne pas porter ce masque....faire semblant...... et pouvoir craquer

Hors ligne Gagouf

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #24 le: 02 décembre 2014 à 09:36:04 »
Oui, il ne faut pas contenir ses larmes, il faut se libérer dès que l'on sent qu'on a atteint le maximum. Et petit à petit, ces moments où l'on a l'impression de mourir de chagrin reviennent moins souvent. Sans se voiler la face, on se rend compte que la douleur est toujours aussi intense mais comme elle ne revient plus aussi fréquemment, cela nous laisse le temps pour  reprendre goût à la vie et construire de nouvelles choses, d'avoir de nouveau foi en l'avenir.


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Re : premiere année sans toi
« Réponse #25 le: 02 décembre 2014 à 21:43:17 »
Je ne sais pas si on atteindra cet équilibre un jour.
Je sais juste que nos enfants sont partis et pas nous.
Et que la seul certitude que j'ai c'est que le jour le plus heureux de ma vie c'est le jour où je mourrais.
Parce que je ne sentirais plus cette souffrance ou parce que je le retrouverais....

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #26 le: 03 décembre 2014 à 09:08:06 »
Atteindre un équilibre semble tellement dérisoire alors qu'on a perdu un enfant et que nous nous obligeons à survivre parce qu'il y en a un autre qui a besoin de nous, de notre amour et qui lui survit aussi, sa sœur ainée souffre elle aussi beaucoup, nous devons nous concentrer sur notre entraide, nous craquons souvent. leur père les avaient séparés en instaurant la jalousie entre elles, elle se sent coupable, mais ce n'est pas elle, c'est lui!
Quand elle était là, je 'aimais immensément  inconditionnellement, quotidiennement, naturellement , habituellement , présentement, sans imaginer un jour sans elle sur cette terre, et voilà , maintenant qu'elle est absente, je l'aime encore plus, sa présence est continuelle, je pense à elle tout le temps, elle me hante.
Ce cataclysme, ce tsunami, ce tremblement de terre , cette explosion, survenu il va y avoir 1 an le 20 décembre, m'a appris qu'il faut se resserrer tant qu'on est dans ce monde, aimer ceux qui nous sont le plus chers, dans mon cas ma fille qui me reste, vivre le plus en paix possible, a quoi bon ces guerres, ces crimes, ces différences entre les êtres humains, c'est ce que m'a appris la perte de ma fille, l'inutilité d'une vie futile , de la vie tout court
Pourquoi vivre pour perdre les personnes que nous aimons tant? pour les garder au fond de notre cœur et les pleurer jusqu'au moment ou nous allons les retrouver .
« Modifié: 06 février 2018 à 08:11:27 par vol du papillon »

leelou-

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Re : premiere année sans toi
« Réponse #27 le: 03 décembre 2014 à 10:11:47 »
Dorie,
Quand je vais sur la tombe de mon mari, je me dis, c'est pas possible, tu n'est pas là, ça n a pas de sens, je suis dans un cauchemar. Pourtant j y retourne comme pour me persuader que je ne rêve pas.  Pour moi, il n'est pas la.
C'est dans ma vie de tous les jours que je vis son absence, ce manque de l'autre, cette envie de le serrer dans mes bras, de lui dire combien je l'aime au-delà de tout.
J'espere que ma réponse ne te blesse pas.
Je nous embrasse