Julie
Je rebondi sur tes mots/maux, tant ils font écho avec les miens....et suis dont bien entendu de tout coeur avec toi....Je vourais également rajouter que, 18 mois bientôt, après le décès brutal, de mon unique enfant, à l'âge de 20 ans, le temps m'a permis de comprendre certaine choses, et mettre ainsi, des mots sur mes maux.... En effet, tout comme toi, j'en ai voulu à la terre entière, plus particulièrement à mes proches, "d'attendre" de moi quelque chose que j'étais dans l'incapacité de faire, dans le refus total de réaliser : AVANCER. Ô combien je leur en ai voulu de ne pas comprendre ma douleur, de ne pa la prendre à ma place, de ne pas consacrer leur vie à moi, rien qu'à moi...Pauvre ignorante que j'ai été de penser cela... Comment pouvaient-ils me comprendre...il n'existe pas d'école où l'on apprend cela...il n'y a pas mieux placés que nous pour le savoir...Souffrir à ma place, alors que c'est moi qui ai perdu mon enfant, et que eux-mêmes avaient et ont une double peine à gérer: celle de me maintenir en vie par n'importe quel moyens que se soit, aussi maladroits soient-ils, mais au final, si bienveillants....), tout en supportant leur propre blessure d'avoir perdu, ce petit-fils, ce frère, ce neveu, ce cousin, cet ami, ce chéri...pour tous, tant aimé... Alors oui j'ai compris que derrière leurs mots/maux, voire leurs silences, se cachaient une véritable double détresse, ajoutée à celle de ne savoir que dire ou que faire, cette impuissance à laquelle nous devons tous faire face, lorsque la mort pénètre dans nos vies, dans nos murs.....et en une fraction de seconde balaye tout sur son passage....Alors oui, je remercie presque la maladresse des uns et des autres, quasi salvatrice, qui, inconsciemment m'a permis un temps soit peu, de décharger ma haine, ma colère, ma souffrance sur quelque chose qui certes faisait mal, mais bel et bien vivant et "réparable", "contournant" ainsi, la véritable raison de ma souffrance, ma véritable déchirure, le véritable drame.....celui-ci: SI INJUSTE, SI TRAUMATISANT, SI IRREPARABLE ...m'entrainant peu à peu dans la tombe de mon enfant....Alors oui j'ai compris que j'avais des raisons d'avoir mal, oui j'ai compris que je n'avais pas d'autre choix que de vivre avec, et que je devais apprendre à faire, à grandir, à évoluer....que oui, je ne pouvais compter que sur moi-même.....qu'il n'était pas question de soit disant "tourner la page" (nous sommes loin d'un tracas de la vie quotidienne), mais continuer à écrire mon histoire de vie, celle de famme avant d'avoir été mère, celle de mère avec mon unique enfant vivant 20 ans ici-bas, celle à présent de mère sans mon enfant visible à mes côtés, mais ô combien présent, autrement... Je terminerais par dire que j'ai compris qu'aucune personne de notre entourage proche, n'est mieux placée que nous pour savoir quoi et comment faire ... que nous n'avons aucun compte à rendre à quiquonque....que nous nous devons de prendre tout notre temps....de faire et de dire ce, et seulement ce, qui nous semble bon, pour soi et pour l'Autre....et garder en tête et avoir la certitude qu'au final, ce n'est pas les Autres qui nous sauverons, mais que tôt ou tard, parce que nous aurons grandis, et compris la vie et le sens de l'existence.....alors, c'est nous qui serons là pour eux....Reçois Julie de ma part, toute ma confiance et ma compassion....