Perdre son enfant c'est perdre la vie, moi aussi lorsque j'ai perdu mon fils mon Nicolas de 17 ans, j'ai cru mourir, je voulais mourir, je l'aimais tellement, je l'aime tellement. Personne à part les parents qui ont vécu ce drame ne peut comprendre et c'est vrai que les gens nous délaissent car nous les dérangeons dans leur confort, ils veulent très vite passer à autre chose. J'ai souffert et je souffre encore du manque de mon enfant, je pensais ne jamais me remettre mais la foi en l'espérance d'une autre vie où je le retrouverais m'a aidée, cela n' ôte pas la souffrance car je me suis isolée depuis toutes ces années vivant en proximité avec mon enfant adoré, je lui demande de m'aider et je pense qu'il m'aide à vivre comme mon mari perdu très peu de temps après ne pouvant supporter le manque de son fils.
J'ai perdu aussi ensuite toute ma famille, Nicolas a été le premier de la liste, mon père, ma soeur, mon mari et ma maman. Aujourd'hui, il me reste un second fils qui était bien jeune lorsqu'il a perdu son frère et son père et bien entendu je vis pour lui, c'est tout ce qui me reste. Je dis toujours qu'il ne faut pas écouter les autres qui n'ont pas vécu notre drame car ils ne peuvent pas nous aider, il faut se tourner vers des personnes qui l'ont vécu car nous pouvons partager, discuter, cela dépend aussi si nous avons des amis, de l'entourage, pour ma part, le vide s'est bien vite fait car je me suis retrouvée vite seule, je souffrais trop et je me suis isolée, donc les autres cessent d'appeler, ne savent pas quoi dire, on ne peut pas vivre sans son enfant ne plus y penser, ceux que nous perdons sur la terre ne cessent de nous adresser des petits signes et nous aident car l'amour est indestructible et plus fort que la mort.
Aujourd'hui, je me dis quelle belle famille j'ai la haut... et je leur parle, je suis si convaincue de retrouver toute ma famille, ma maman me manque aussi, mon mari qui nous a laissé seuls mon dernier fils et moi et je me dis comment aurais je pu faire ce chemin sans eux si ce n'est qu'ils m'ont aidée d'où ils se trouvent.
Mammj, mon Nicolas aussi a beaucoup souffert avant de quitter ce monde, j'ai appelé partout, j'ai cherché de l'aide, je ne dormais plus parce qu'il était en grande dépression et personne n'a voulu le comprendre et s'il est parti malgré mon amour, notre amour dans notre famille, je n'ai jamais pu me le pardonner parce que je culpabilise encore bien que je sache que cela ne sert à rien parce que nos enfants n'étaient pas bien dans ce monde, ils étaient trop fragiles malgré tout nous culpabilisons parce que ce sont nos enfants et nous nous demandons si nous avons tout entrepris pour les aider.
Comme vous, il m' arrive d'aller sur des sites où l'on parle du suicide des jeunes, on donne plein d'information pour les aider et nous nous culpabilisons parce qu'ils ne sont plus là et forcement on pense qu'on a pas tout entrepris, mais nous savons que nous les aimions, il faut se dire que nous ne sommes pas toutes puissantes.
Je voudrais vous donner du courage parce que pour vous toutes c'est si récent, j'étais comme vous, anéantie, abattue et aujourd'hui malgré le manque je suis encore là, mon fils est parti en 1998 et mon mari en 2000, les années passent et j'ai hâte de les rejoindre mais ce qui m'aide il est vrai c'est l'espérance que je vais les retrouver sinon à quoi bon continuer.
Comme pour vous aujourd'hui encore, je n'aime pas les fêtes, j'attends que cela passe, comment pouvons nous nous réjouir alors que nous avons perdu nos enfants ? Je ne pense pas en tant que réjouissances aux fêtes mais en tant que fête chrétienne ce qui n'a pas la même signification, pas d'artifice, pas de consommation de nourriture ou de cadeau juste l'essentiel en fait la perte des miens surtout de mon fils et de mon mari m' a donnée les justes valeurs, je n'appartiens plus au même monde, je me sens complètement différente.
Courage à vous toutes, maman, nous sommes des soeurs de coeur et je vous embrasse,